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HARRY   POTTER 

 ET   LA   CLEF  DE   LA  PAIX

 

CHAPITRE 111 – L’AUTRE JIGGER

 

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      Comment ça ? demanda Hermione.

      Stephen n’était pas tout seul, répéta Harry. Je ne sais pas qui l’a aidé, ou plutôt voulu me déstabiliser, mais ma baguette m’a échappé des mains alors que je la tenais, et mon sort n’a pas explosé tout seul.

      Tu en es sûr ? demanda Hermione.

      En tous cas ça me semble évident que les J.M.P. ne vont pas te laisser gagner, Harry, dit Ron. S’ils peuvent trouver un moyen de te faire perdre, ils le feront.

      De toute façon, ce n’est pas grave, coupa Harry, mais je suis persuadé que c’était Rogue. Et si je dois me battre contre lui en même temps, et bien je le ferai.

      Tu as raison, Harry, dit Hermione. On ne pourra rien faire si c’est Rogue en face, mieux vaut le prendre avec philosophie.

 

Ils retournèrent s’installer dans les tribunes avec leurs camarades de Gryffondor. Ginny et Luna étaient à l’affiche des matchs de sixième année, et elles gagnèrent toutes les deux avec beaucoup de facilité leur match.

Le Club de Duels avait suffi pour redonner de la joie de vivre aux élèves, et le repas avait été beaucoup plus bruyant ce soir-là, si bien que la B.D. avait pu distribuer ses premières punitions à quelques élèves un peu trop joyeux de première année à Gryffondor.

Ron était attendu par Rogue pour une retenue à vingt heures, et cela lui fit perdre toute la bonne humeur que le Club de Duels avait pu lui apporter.

      Ronnie, courage ! lui dit Hermione. Ce n’est pas grave, tout le monde a eu des retenues, mais efforce toi de rester calme pour t’en débarrasser, sinon tu ne finiras plus d’avoir des problèmes avec Rogue.

      Oui j’essaierai, répondit-il, avec un peu d’appréhension.

      Et puis je ferai le devoir de Potions pour toi, ajouta Hermione avec un sourire.

Ils s’embrassèrent longuement avant que Ron ne se décide à emprunter l’escalier sombre qui menait aux cachots.

 

La soirée fut triste sans leur ami, et ils travaillèrent sans grande conviction jusqu’à son retour, aux alentours de vingt-trois heures.

      Alors ? demanda Hermione, comme si Ron avait des choses passionnantes à raconter.

      On a passé la soirée à disséquer des crapauds pour leur récupérer l’estomac, soi-disant c’est très utile pour des potions…

      C’est vrai, dit Hermione, mais ça dépend de l’endroit où ils vivaient…

      Oui sûrement, répondit Ron, mais ça m’a suffi, je ne vais pas en mourir si je ne connais pas tous les détails !

      Et Pansy ? demanda Harry.

      Elle n’était pas contente, répondit Ron. Rogue est resté à côté de nous et on n’a pas pu trop se parler…

      De toute façon comment veux-tu parler avec une fille comme elle ? coupa Ginny.

      J’aurais voulu essayer de lui tirer des informations sur les J.M.P., dit Ron, en s’y prenant bien, elle aurait pu faire une gaffe et révéler quelque chose…

      Oui c’était une bonne idée, répondit Harry, et puis les J.M.P. ne savent pas tenir leur langue !

      Et Rogue ? demanda Hermione. Qu’est-ce qu’il faisait ?

      Il préparait des potions, il n’a pas parlé, à part pour nous dire de ne pas traîner sinon on reviendrait demain.

      Quel genre de potions ? demanda Hermione.

      Ce n’est pas à moi qu’il faut demander ça ! s’exclama Ron. Il y avait de la fumée qui sortait du chaudron, c’est tout ce que j’ai vu.

      Ca ne nous avance pas beaucoup, dit Hermione avec un sourire.

 

De la journée du lendemain, le mardi 19 novembre, Harry attendait en particulier une chose : le double cours de Sortilèges avec le frère de Joe Jigger.

Il espérait lever tous les mystères à propos de Joe Jigger en en apprenant plus sur leur famille. Il n’avait jamais compris la confiance totale que lui accordaient et Voldemort et Abelforth, alors qu’il n’était apparu que très récemment, provenant certainement d’une autre communauté magique.

Le matin, ils avaient un double cours de Botanique avec le professeur Chourave, dans la dangereuse serre n°4. Cette fois, ils partageaient le cours avec les Poufsouffle et non avec les Serpentard, et Harry s’était dit que le professeur Chourave avait certainement insisté pour éviter tout risque qu’un élève soit projeté malencontreusement dans une plante mortelle.

      Je pense qu’il est bon de vous rappeler le caractère dangereux et même mortelle de la plupart des plantes vivant dans la serre n°4. Si vous n’êtes pas bien réveillé ce matin, je vous suggère de ne pas prendre le risque de venir à ce cours. Un instant d’inattention peut vous coûter cher et comme dirait le pauvre professeur Maugrey, vigilance constante !

      Maugrey ! murmura Hermione. Il faut aller le voir absolument aujourd’hui !

      Oui, répondit Harry.

      Nous n’allons pas nous contenter aujourd’hui de rester dans l’entrée de la serre, nous allons l’explorer et faire le tour des créatures qu’elle contient. Nous en ferons aujourd’hui une présentation générale avant d’en étudier certaines plus en détail au cours de l’année. Nous allons suivre un parcours bien précis, que nous avons passé la journée à déblayer hier avec le professeur Maugrey. Aucun de vous ne doit, sous aucun prétexte, s’écarter de ce chemin. Si vous avez un problème, criez.

« Je vais commencer par vous présenter certaines de ces plantes et vous expliquer comment vous protéger dans le cas où elles vous attaqueraient. Ensuite dans quelques minutes le professeur Maugrey nous rejoindra et nous irons au cœur de la serre.

 

Le professeur Chourave leur présenta plusieurs de ces plantes, installées dans la cave, et qui étaient sagement attachées à des tuteurs. Pour chacune d’elles, elle leur expliqua comment réagir en cas d’attaque.

Puis à l’arrivée de Maugrey, ils visitèrent la serre. Celui-ci n’avait pas caché sa mauvaise humeur, et Harry le trouvait même fatigué. Mais il en fallait certainement plus que cela pour l’abattre.

La serre n°4 était beaucoup plus impressionnante de l’intérieur. La dernière fois, ils s’étaient contentés d’en rester à l’entrée. C’était un véritable paradis pour les passionnés de botanique, malgré la dangerosité des plantes qui y foisonnaient, et Neville avait semblé de plus en plus émerveillé au fur et à mesure de la visite.

Au centre de la serre, les plantes formaient une jungle inextricable, et la lumière du jour avait du mal à parvenir jusqu’au sol. Le chemin devenait de plus en plus sinueux et les professeurs devaient le déblayer des plantes qui ne cessaient de l’envahir.

      Ce serait plus sympa une épreuve ici que dans les cachots, dit Neville, alors qu’ils embarquaient dans des barques pour traverser un étang.

      C’est prévu, répondit le professeur Chourave avec un sourire. Le professeur Rogue est d’accord, il trouve que ces épreuves sont très utiles.

      Ne prononcez plus ce nom ! grogna Maugrey assez violemment en donnant un coup de rame dans l’eau.

      Excusez-moi, répondit le professeur Chourave, un peu surprise de la réaction de Maugrey.

Il y eut un silence long, interrompu par le sifflement d’une Bassine Acidifiante, une sorte de grosse plante creuse remplie d’acide, qui était attaquée par une Liane Vorace.

      Bien, euh, embarquez dans les canots ! reprit le professeur Chourave.

Le cours se déroula sans autre incident et les élèves avaient bien compris qu’il ne valait mieux s’approcher d’aucune plante, aussi inoffensive qu’elle semblât.

 

A la fin du cours, Harry, Ron et Hermione avaient à peine eu le temps de se demander s’ils devaient aller voir Maugrey que celui-ci avait déjà disparu.

      De toute façon il aurait mal réagit, dit Ron.

      C’est vrai, répondit Hermione.

      Peut-être, poursuivit Harry, mais ce n’est pas une raison pour le laisser dans cette situation, il a besoin de notre soutien.

 

Une nouvelle fois, Maugrey n’était pas venu pour le repas dans la Grande Salle. Cependant, pour la première fois depuis l’arrivée de Rogue, il y avait eu de l’agitation, apportée par les deux esprits frappeurs Peeves et Pooves, qui s’étaient précipités dans la Grande Salle pour renverser la table des Gryffondor avant de s’enfuir tout aussi rapidement qu’ils étaient arrivés.

Mais Rogue, voyant qu’il s’agissait de la table des Gryffondor, n’aurait pas songé une seconde à essayer de poursuivre les esprits frappeurs.

Au contraire, il jugea que c’était les Gryffondor eux-mêmes qui étaient responsables :

      Pourriez-vous m’expliquer pourquoi ils se sont attaqués à cette table en particulier et pas aux autres ? demanda-t-il d’un ton cinglant, un sourire en coin.

      Qu’est-ce qu’on en sait ? répondit un deuxième année, un peu terrifié.

      Et bien je pense que les esprits frappeurs avaient une bonne raison de vous attaquer, dit Rogue d’un ton malicieux. Je suppose que l’un de vous a dû les provoquer, ou peut-être simplement vous avez des têtes qui donnent envie de vous chercher des ennuis. Quoi qu’il en soit, ce sont deux bonnes raisons valables de retirer deux cent points à Gryffondor.

On entendit un énorme bruit de rubis qui tombent et le sablier qui matérialisait les points gagnés par les Gryffondor se vida de moitié, dans la Salle des Trophées qui jouxtait la Grande Salle.

Il y eut un concert d’applaudissements venant de la table des Serpentard et Rogue retourna s’asseoir à sa place, affichant un large sourire.

      Hermione, tu as du boulot cet après-midi pour rattraper tous ces points perdus, ricana Ron.

 

Après le repas, ils partirent voir Mrs Bett au Club de Duels pour savoir où ils pourraient trouver Maugrey. Elle leur indiqua avec un grand sourire qu’il était encore dans la serre n°4 pour préparer leur prochain examen.

Ils s’y rendirent donc sans attendre avec Ginny, profitant de l’heure qu’ils avaient de libre avant le cours avec Jack Jigger.

      Vous êtes sûrs qu’on devrait venir là ? demanda Ron un peu inquiet, alors qu’ils pénétraient dans l’inextricable jungle qu’était la serre n°4.

      Ne t’inquiète pas, Ronnie, répondit Hermione, en suivant le chemin de ce matin, on ne risque rien. Et puis on a déjà fait des choses bien plus risquées !

Harry repensa à leurs diverses sorties nocturnes, à leur poursuite de Quirrel pour l’empêcher de s’emparer de la Pierre Philosophale, à l’exploration de la Chambre des Secrets pour sauver Ginny…

Pendant une demi-heure, ils firent le tour de la serre, en appelant Maugrey, sans entendre de réponse de sa part, mais les plantes étaient tellement denses qu’elles étouffaient leurs bruits.

Plusieurs plantes s’intéressèrent de trop près à eux mais à chaque fois, Harry les écarta en s’entourant d’un Serpent de Feu.

      Il n’est pas là, dit Hermione sur un ton déçu. On devrait quitter la serre, il ne nous reste plus que vingt-cinq minutes avant le cours avec le professeur Jigger, il ne vaut mieux pas arriver en retard pour le premier cours.

Mais à l’autre bout de la serre, ils entendirent  soudain des grognements sourds, suivis d’un concert d’explosions dues à des sorts.

Ils repartirent en courant dans l’autre sens pour voir de quoi il s’agissait.

Ils arrivèrent essoufflés à l’entrée de la serre, où Maugrey venait à peine de venir à bout d’une vingtaine de Salamandres Géantes qui s’étaient échappées d’une énorme cage en bois.

      Qu’est-ce que vous faites là ? s’étonna-t-il en les voyant surgir de derrière un énorme tronc d’arbre.

      On voulait vous parler, répondit Harry.

      Pourquoi ? demanda Maugrey, sur un ton frustré. Ce n’est pas le meilleur moment, j’ai du travail, je dois emmener ces Salamandres ici.

      Vous n’allez quand même pas les lâcher ici ? demanda Hermione. C’est déjà assez dangereux comme ça.

      Pas assez, grogna Maugrey. Bon, qu’est-ce que vous me voulez ?

      On se doute qu’en ce moment ça ne va pas très bien, dit Harry. On voulait vous soutenir.

Maugrey ne répondit pas, il regarda Harry droit dans les yeux, semblant à la fois en colère et ému.

      Evidemment, ça ne va pas, grogna-t-il. Ce criminel est en liberté, tout le monde sait qu’il est criminel, mais tout le monde le laisse faire, et moi je n’ai pas le droit d’agir ! Comment est-ce que ça pourrait aller ? je préfère rester là et ne pas voir ça !

Harry ne répondit pas, il ne savait pas quoi dire, Maugrey avait totalement raison, mais il ne savait pas tout, et Harry ne pouvait pas le lui dire ce qui lui manquait pour tout comprendre. « Pas de gaffe » se dit-il dans sa tête avant de prendre la parole.

      Je sais bien, répondit Harry, mais ils sont en surnombre, nous ne pouvons rien faire pour l’instant à part nous organiser et attendre notre heure. Et elle viendra. En attendant, c’est dur de vivre cette situation, mais nous devons rester ici pour protéger l’école.

Harry se tut, il était satisfait de ce qu’il venait de dire, il avait l’impression d’avoir trouvé les mots justes.

      Tu as raison, Potter, et c’est pour cela que je reste ici, mais lorsque je le pourrai, je ferai regretter à ce criminel ce qu’il a fait.

      Oui, répondit Harry, en pensant au jour où Voldemort tomberait et où la vérité pourrait enfin éclater. Mais d’ici là il faut éviter toute erreur, sinon nous finirons tous emprisonnés ou tués, nous ne sommes pas en position de force et on ne peut pas renverser la situation et arrêter Rogue tout de suite.

      Je l’ai bien compris, Potter, répondit Maugrey. Ne te fais pas de souci pour moi, je vais très bien survivre à cette situation, mais moins j’entendrai parler de Rogue, mieux je me porterai. C’est tout.

      D’accord, on est rassurés, alors, répondit Harry.

      Merci, Potter, dit alors Maugrey en lui posant la main sur l’épaule. Merci d’avoir pensé à moi. Ca me touche.

Harry était heureux d’entendre dire cela de la part de Maugrey, il savait qu’il n’était pas uniquement un professeur fou qui ne ressentait pas d’émotions.

      Vous devriez filer à votre prochain cours, reprit-il alors en regardant sa montre.

      Vous savez où se trouve le Salon du Temps ? demanda Hermione. On a cours là-bas, mais je n’ai jamais entendu parler de cet endroit.

      Ah, je ne sais pas exactement, allez voir près de l’entrée du Bureau Directorial, il y a un escalier caché quelque part, vous devriez trouver !

 

Ils partirent en courant pour rejoindre le château, ils n’avaient plus que quelques minutes pour trouver le Salon du Temps, et ce n’était pas gagné. Ils quittèrent Ginny dans le Hall d’entrée, elle avait un cours avec Rogue cet après-midi.

      Je suis rassuré pour Maugrey, dit Harry, alors qu’ils empruntaient les escaliers en courant.

      Moi aussi, dit Hermione dans un souffle.

Mais alors qu’ils empruntèrent l’escalier pour aller au deuxième étage, celui-ci se mit à vibrer et se mit à monter rapidement vers le sixième étage.

      Qu’est-ce que c’est ? demanda Hermione. Il ne peut pas nous faire ça maintenant !

      Parle-lui gentiment, ricana Ron, se rappelant d’une de ses mauvaises aventures avec un escalier.

      S’il te plaît, supplia Hermione.

Mais l’escalier lévita jusqu’au sixième étage et les laissa sur le palier avant de redescendre à peine ils furent descendus.

      Tiens donc ! siffla quelqu’un derrière eux.

Tous les trois sursautèrent et se retournèrent brusquement. Rusard était face à eux, respirant la joie d’avoir pu coincer trois élèves.

      Encore vous ! pesta-t-il. Cette fois vous ne pourrez rien pour m’échapper ! Le professeur Jigger sera furieux et me permettra enfin de vous pendre par les doigts de pieds toute la nuit dans les cachots.

      C’est cela, répondit Harry, au moins vous allez nous conduire au Salon du Temps, justement on ne trouvait pas.

      Ne soyez pas insolent, jeune Potter, les choses changent ici !

      Oui, il ne manquerait plus qu’Ombrage revienne et ce serait parfait, ironisa Harry.

      Dolorès ! dit Rusard avec un sourire qui traduisait une sorte d’amour.

Harry le surprit et ricana en coin.

      Vous verriez si Dolorès était là, les élèves ne feraient pas la loi ici, vous passeriez vos nuits en retenue, enchaînés dans les cachots, et j’entendrais vos hurlements de mon bureau.

      C’est beau de rêver, murmura Ron.

Rusard les conduisit au deuxième étage et cette fois les escaliers n’en firent pas qu’à leur tête. Arrivés devant le couloir qui menait à la gargouille surveillant l’entrée du Bureau Directorial dans l’aile Sud, ils continuèrent à droite dans le couloir puis empruntèrent un escalier en colimaçon qui descendait.

Harry ne l’avait jamais emprunté, mais l’endroit était très calme et reposant. Un long couloir éclairé par de larges fenêtres avec vue sur le lac, les mena à un grand hall illuminé par des vitraux représentant les blasons des Quatre Maisons.

Au fond de ce hall, il y avait une immense double-porte en or massif sur laquelle les aiguilles d’une horloge couraient, indiquant l’heure.

Il était quatorze heures passées de presque cinq minutes.

      On ne peut l’ouvrir de l’extérieur que toutes les heures, pesta Rusard en leur lançant un regard assassin.

Il frappa à la porte et quelques instants plus tard celle-ci s’ouvrit, et la tête de Jack Jigger apparut.

Il était en tout point similaire à Joe Jigger, à la différence de ses cheveux noirs et rêches toujours coiffés en pétard.

      Ah, des élèves égarés, probablement ! Merci Rusard de les avoir conduits ici ! s’exclama le professeur Jigger.

      Professeur, ces élèves n’en sont pas à leur premier coup, je les ai surpris en train de traîner dans le couloir du sixième étage alors qu’ils avaient cours.

      C’est les escaliers ! s’exclama Ron.

      Merci, coupa le professeur Jigger, c’est vrai qu’il aurait été plus correct d’arriver à l’heure pour un cours se déroulant dans le Salon du Temps, mais on ne peut reprocher à ces élèves d’avoir été piégés par les escaliers, n’est-ce-pas, Rusard ?

      Je vous le répète, ce n’est pas la première fois qu’ils enfreignent le règlement, poursuivit Rusard, et ils ont été insolents.

      Et bien dans ce cas je vais m’occuper de les punir, merci de m’avoir prévenu, Rusard.

Le professeur Jigger lança un regard insistant à Rusard pour lui signifier qu’il était inutile d’insister.

Il fit signe à Harry, Ron et Hermione d’entrer et referma la porte derrière eux, laissant un Rusard rouge de colère en dehors du Salon du Temps.

Cet endroit était véritablement grandiose, et ressemblait à une grande cathédrale. Au fond, dans la nef, il y avait un immense et merveilleux système à la fois mécanique et magique qui animait une grande horloge.

Les élèves, de Gryffondor et Poufsouffle, étaient assis au centre de la pièce, sur des poufs rouges à l’aspect très confortable.

Le professeur Jigger les pria de s’y asseoir et se plaça au centre de la salle pour poursuivre son cours.

      Je le disais donc, nous travaillerons pour la plupart du temps avec le professeur Fitzaethelbert qui n’est pas présente aujourd’hui. Nous préparerons bien entendu les ASPIC, mais pas seulement, vous apprendrez dans ce cours beaucoup de choses qui, je l’espère, vous intéresseront.

« Severus nous a demandé d’évaluer votre niveau dans chacune des disciplines pour confirmer les choix que vous avez effectués lors des derniers conseils d’orientation. Soyez rassurés, peu de choses changent avec la nouvelle direction.

« Nous allons donc aujourd’hui beaucoup pratiquer et je vais évaluer votre connaissance de sortilèges et enchantements basiques, votre capacité à les utiliser intelligemment, et votre capacité à en apprendre de nouveaux rapidement. Je vais d’abord vous distribuer un questionnaire à choix multiples très simple pour tester vos connaissances de base, cela nous occupera jusqu’à quinze heures.

 

Même si le questionnaire était « très simple » d’après le professeur Jigger, Harry l’avait trouvé assez long et compliqué, mais il avait cependant répondu avec certitude à plus de la moitié des questions.

Harry se distingua malgré tout lors de la série d’exercices suivants. Jack Jigger leur demanda d’exécuter quelques tours difficiles par groupes de cinq, devant la classe et lui.

Le premier tour consistait à faire léviter une planche suspendue à cinq cordes, accrochées à cinq grosses billes. Chaque élève devait faire léviter une bille pour soulever la planche. Sur la planche était enfin posée une autre bille qu’il ne fallait pas faire tomber. Cela demandait une grande coordination et une grande habileté, et aucun des groupes n’avait réussi à tenir très longtemps.

Le deuxième exercice demandait à chaque élève d’allumer une bougie située à l’autre bout de la salle avec un sortilège d’Embrasement. Si tout le monde dans la salle maîtrisait ce sort, il était extrêmement difficile de l’appliquer à un objet aussi petit qu’une bougie, située qui plus est à une cinquantaine de mètres.

Enfin, le troisième tour était également un exercice de précision et de maîtrise, qui consistait à remplir avec précision des verres d’eau que le professeur Jigger faisait léviter, avec le sortilège de la Fontaine.

Harry réussit donc parfaitement les deux derniers exercices, ce qui fit sourire le professeur Jigger sans vraiment l’impressionner.

Harry l’avait beaucoup observé, et comme son frère Joe Jigger, il avait un visage familier, mais surtout, dans sa façon d’enseigner, il avait quelque chose de connu.

Durant la dernière partie du cours, Jack Jigger leur apprit deux nouveaux sorts : l’enchantement de la Flamme Dorée, de formule golden levitatis, qui a pour effet de faire léviter tout objet placé au-dessus, et le sortilège de Liaison, d’incantation momentum copiis, qui lie deux objets de manière à ce que lorsque l’un d’eux est déplacé, l’autre l’est également suivant le même mouvement.

Harry les apprit très rapidement, et la plupart des élèves les maîtrisaient à la fin du cours, ce qui ravit le professeur Jigger.

      Très bien, je suis content de vous dans l’ensemble, je crois que ce n’est pas la peine de vous donner du travail, si ce n’est de pratiquer ces deux sorts, ce n’est pas compliqué, vous pouvez le faire dans vos salles communes respectives.

Mais lorsqu’Harry s’apprêta à quitter la salle, il le retint et attendit que tout le monde soit sorti pour lui parler.

      Harry, Severus m’a demandé de te faire passer un message, il t’attend pour ta retenue ce soir à vingt heures dans son bureau.

      Quelle retenue ? demanda Harry un peu brutalement.

      Je ne sais pas, il m’a simplement demandé de te faire passer ce message.

      Ah oui ! s’exclama Harry, se rappelant que Rogue devait s’occuper de son entraînement en l’absence d’Abelforth.

      Est-ce dû à de mauvais résultats ? demanda Jack Jigger.

      Euh oui, répondit Harry un peu maladroitement.

      Etonnant, en tous cas tu as été excellent dans ce cours, et je serais ravi de t’aider si tu en avais besoin.

      Quel genre d’aide ? demanda Harry, méfiant.

      Je ne sais pas, répondit Jack Jigger, je suis en tous cas ravi de faire ta connaissance.

      C’est Rogue qui vous a choisi pour venir ici ?

      Oui, c’est le cas…

      Alors vous êtes un Mangemort ?

      En effet.

      Et pourquoi cherchez-vous à m’aider, dans ce cas ?

Jack Jigger ne répondit pas, il n’était visiblement pas très à l’aise.

      C’est compliqué, Harry, je tenais absolument à venir enseigner ici, dans cette merveilleuse école, alors je me suis fait passer pour un Mangemort auprès de Rogue, c’est vrai. Et comme il cherchait des professeurs pour enseigner ici, il a accepté. Mais s’il te plait, tu ne dois révéler cela à personne, ma vie peut en dépendre.

      Et votre frère ? demanda Harry, toujours aussi suspicieux.

      En réalité, nous sommes frères, mais nous ne nous fréquentons plus. Il me croît Mangemort, et c’est important, sinon il me dénoncerait. Je n’aurais pas dû te dire tout ça…

      Non, je ne répèterai rien, dit Harry d’un ton rassurant.

Harry était très content d’entendre tout cela, et il voulait faire durer la conversation.

      D’où venez-vous ? demanda-t-il.

      Comment ça ?

      Je veux dire, de quel pays ? Personne ne vous connaissait il y a quelques semaines, et vous voilà professeur ici, et votre frère est Ministre, il y a quelque chose de suspect, non ?

      Je comprends, Harry, nous avons totalement profité de la montée de Voldemort ces derniers temps, mon frère est rapidement devenu une personne de confiance pour lui, grâce à ses grands pouvoirs et à sa sagesse. Quant à moi, j’ai profité de la confiance qu’avait Voldemort en mon frère pour m’installer ici.

      Et alors, d’où venez-vous ? demanda Harry sur un ton insistent.

      D’Albanie.

      D’Albanie ?

      Oui.

      Votre frère vient de Russie, et vous d’Albanie ?

      Comment sais-tu ça ?

Harry s’interrompit, conscient d’avoir fait une gaffe.

      C’est ce que j’ai entendu dire, se reprit-il.

      Tu as raison, il vient de Russie, et moi d’Albanie, mais il est né en Albanie comme moi, avant de partir en Russie.

      Vous n’avez pas d’accent, pourtant !

      Non, c’est vrai, mais tu sais, j’ai beaucoup voyagé, et les accents se perdent avec l’habitude.

Harry n’était pas très convaincu, Abelforth lui avait donné exactement le même argument à propos de Joe Jigger, mais Jack Jigger ne semblait pas lui mentir et avait un air amical et bienveillant.

      Pourquoi est-ce que vous ne parlez plus avec votre frère ? demanda Harry.

      Une vieille histoire qui, je suis désolé de te le dire, ne te regarde pas, Harry.

Harry n’était bien sûr pas satisfait de cette réponse, mais le ton de Jack Jigger était sans appel.

      Très bien, Harry, une nouvelle fois, je te propose mon aide si tu la désires. Mais promets-moi de n’en rien dire à personne, il en va de ma couverture et Severus et le Seigneur des Ténèbres n’apprécieraient certainement pas de savoir que je ne suis pas avec eux.

      Je comprends, je ne dirai rien.

      Merci, Harry, et bonne soirée.

 

Harry était terriblement confus à l’issue de cette discussion, et il répéta tout ce qu’il venait d’apprendre à ses amis, alors qu’ils se rendaient au Club de Duels pour leurs matchs du troisième tour.

      Comment te connaît-il, d’abord ? demanda Ron.

      Tout le monde connaît Harry Potter, répondit Hermione, ce n’est pas ça le problème. Mais si tu dis qu’il avait l’air sincère et que tu n’as pas décelé la moindre trace de mensonge, Harry, c’est que l’on se fait peut-être trop d’idées. Ca ne nous dispense pas de nous en méfier, mais s’il dit la vérité, il faudra se résoudre à l’accepter.

      Oui, finalement ce n’est pas vraiment lui qui pose problèmes, c’est Joe Jigger, et ce serait bien de savoir pourquoi Abelforth lui fait tant confiance, s’il a réussi à berner Voldemort, il peut très bien être capable de tromper Abelforth…

      Sauf si c’est vraiment un ami d’enfance, intervint Hermione.

      Les amitiés d’enfance peuvent aussi subir des trahisons, malheureusement, répondit Harry, mais il serait bon de savoir depuis quand ils se connaissent.

      Oui, il faudra le demander à Abelforth.

      Il y aura beaucoup de choses à lui demander la prochaine fois, dit Harry d’un ton ferme, et cette fois il ne pourra pas nous esquiver.

 

Avant les matchs du troisième tour, la fin des matchs du deuxième tour s’étaient joués, et il y avait parmi eux des affiches intéressantes.

Ron se débarrassa rapidement de Morag MacDougal de Serdaigle et parmi leurs camarades de Gryffondor, Alix, Neville, Dean, Seamus et Ben se qualifièrent sans encombre.

L’un des duels les plus attendus était celui entre Scot et Lavande, certainement pas pour la qualité de la Magie qui serait pratiquée, mais pour les tentatives que Lavande mettrait en œuvre pour parvenir à ce que Scot lui fasse du bouche à bouche.

Elle avait pensé à cela toute la journée, et cela avant engendré des disputes avec son amie Parvati qui n’avait pas eu, elle, la chance de devoir affronter Scot.

Et effectivement, à peine montée dans l’arène, Lavande tomba sans raison en faisant semblant de s’étouffer, déclenchant l’hilarité générale dans la salle. Scot parut totalement décontenancé.

      Quelle harpie ! s’exclama Parvati, qui était dans les tribunes.

Elle descendit en courant les escaliers des tribunes et se précipita dans l’arène alors que Scot essayait de relever Lavande qui se faisait lourde pour rester par terre.

Parvati releva Lavande violemment en l’insultant et toutes les deux commencèrent à se battre violemment en se tirant les cheveux, sous les rires rauques de Mrs Bett, et les cris du public.

      Il est à moi ! hurla Lavande.

      Non ! tu ne peux pas, le professeur Trelawney a prédit que je l’épouserai !

      C’est à moi qu’elle a prédit ça !

      Menteuse !

Et elles commencèrent à se battre à nouveau, jusqu’à ce que Scot se décide à les séparer. Chacune tenait une touffe de cheveux de l’autre dans sa main.

      Aha ! Une baston ! Un peu d’animation ne fait pas de mal ! Ahaha ! Scot est déclaré vainqueur de son duel !

Mrs Bett lança le duel suivant, mais personne ne le regarda vraiment, pas même les deux protagonistes.

Scot venait d’embrasser sa copine Daniella Bolelli de Poufsouffle dans les tribunes, et Lavande et Parvati, redevenues soudain amies, s’étaient regardées avec horreur avant de se mettre à pleurer toutes les deux en traitant Daniella de tous les noms d’oiseaux possibles.

L’attention se tourna cependant à nouveau vers l’arène lorsque Paul vitrifia littéralement Anthony Goldstein de Serdaigle. Celui-ci, pétrifié dans sa prison de verre, ne pouvait plus bouger, et perdit le duel.

Finalement, Coìlin échoua de peu face à Adriel Arrese de Serpentard, alors qu’il n’était qu’à un match d’affronter Hermione.

Les matchs du deuxième tour terminés, Mrs Bett lança une pause en passant du Wizard Rock pendant cinq minutes, le temps que tout le monde aille se désaltérer à la cafétéria. Elle afficha le tableau du troisième tour sur un écran magique dans la salle.

 

Tournoi du Club de Duels

Tableau Septième Année

Troisième tour

 

[1] Potter, Harry (Gryffondor)

[9]  Finnigan, Seamus (Gryffondor)

- Young, Tracy (Poufsouffle)

 [8] MacMillan, Ernie (Poufsouffle)

[5] Thomas, Dean (Gryffondor)

[11] Wood, Benjamin (Gryffondor)

[14] Sanche, Scot (Gryffondor)

[3] Weasley, Ronald (Gryffondor)

[4] Londubat, Neville (Gryffondor)

- Ipolistre, Murtagh (Serpentard)

- Blake, Patrick (Serpentard)

[6] Léger, Alix (Gryffondor)

[7] Andujar, Paul (Serpentard)

- Gaston, Agustin (Poufsouffle)

- Arrese, Adriel (Serpentard)

[2] Granger, Hermione (Gryffondor)

 

Les matchs devenaient véritablement intéressants et les Gryffondor étaient nombreux à pouvoir prétendre se qualifier pour les quarts de finale.

Mais seuls quatre matchs furent joués, pour laisser place ensuite au tournoi des sixième année.

Harry, encore un peu secoué par sa discussion de tout à l’heure, avait eu toutes les peines du monde à battre son ami Seamus qui avait bien résisté à coup de Boucliers de Cuivre et de Charmes du Bouclier. Cela n’aurait probablement pas suffi si Rogue, qui était toujours assis en face de lui, n’avait pas annulé toutes ses tentatives.

Le public ne voyait que les sortilèges d’Harry exploser à mi-distance, et pensait que Seamus en était la cause.

Mais après avoir dédoublé sa concentration, il parvint à le paralyser avec un maléfice de Faiblesse, qu’il protégea en faisant apparaître un énorme Dragon de Feu que Rogue ne put faire disparaître sans lancer de sort visible.

      Pot-Pot vainqueur ! Ca a été laborieux une nouvelle fois, mais la victoire est bien là ! Premier qualifié pour les quarts de finale ! Aha !

Hermione écrasa ensuite facilement Adriel Arrese en moins d’une minute, et Neville en fit de même avec Murtagh Ipolistre.

Enfin, le dernier duel opposait Ron à Scot, et Lavande et Parvati avaient sorti une grande banderole sur laquelle était dessiné un grand cœur avec son prénom inscrit à l’intérieur.

Le duel fut acharné, et Ron utilisa plusieurs fois le maléfice du Rayon Rose, avant de le terminer magistralement avec un sortilège de Stupéfixion non prononcé parfaitement déguisé dans un Serpent de Feu, sous les pleurs bruyants de Lavande et Parvati.

      Quel bel enchaînement ! Aha ! Weasley en quarts aussi ! Bravo ! Et place aux duels des sixième année !

      Quelles cruches ! s’exclama Hermione en les voyant pleurer l’une contre l’autre. Trelawney est en train de les rendre folles !

      Elles l’étaient déjà avant, fit remarquer Ginny.

 

Ginny et Luna, qui étaient les deux meilleures élèves de sixième année en Duels, s’étaient aussi toutes les deux qualifiées brillamment pour les quarts de finale, et dans l’ensemble, la soirée avait été très agréable et ils avaient rigolé de bon cœur, avant de retrouver le calme du repas du soir.

 

Harry retrouva Rogue à vingt heures pile dans son bureau des cachots et il prit soin de ne pas être aperçu par les Serpentard en s’y rendant.

      Bonsoir, Potter, dit froidement Rogue.

      Bonsoir, répondit Harry, qui n’était pas du tout rancunier à l’égard de Rogue à propos des Duels.

      Comment s’est passé le cours avec Jack Jigger ?

      Bien, répondit Harry. Mais je me pose des questions à propos de lui, et j’ai comme l’impression que vous êtes dans la même situation que moi.

      En effet, répondit Rogue, un léger sourire sur les lèvres.

      Est-ce que vous savez où est Abelforth ? demanda Harry. J’ai beaucoup de questions à lui poser.

      Je suis navré de ne pas pouvoir vous répondre, j’ai moi aussi quelques désaccords avec lui en ce moment, mais je dois me conformer à ce qu’il m’a dit.

Harry parut surprit d’entendre cela. Finalement, Rogue et lui étaient dans la même situation, Abelforth ne leur disait pas tout, et cela les irritait.

      Mais ce n’est pas pour cela que je vous ai fait venir. Comme vous le savez, Mr Dumbledore m’a demandé de m’occuper de votre entraînement en votre absence, ce que je vais faire.

Rogue s’interrompit et se mit à sourire.

      Dernière chose, j’espère que vous ne m’en voudrez pas de vous poser quelques problèmes pendant les duels, les J.M.P. me l’ont demandé, et je ne peux pas vraiment le leur refuser.

      Il n’y a pas de problème, répondit Harry. Et je ne peux rien faire contre.

      Très bien, vous réagissez de la bonne façon. Commençons donc notre leçon du jour. L’endroit n’est pas adapté pour pratiquer l’enchantement du Déchaînement de l’Ire, je vous charge de vous en occuper vous-même, je pense que vous avez toutes les cartes en main pour progresser et le maîtriser totalement.

« Je ne suis pas un expert en dualomancie, mais pour ce que je vais vous apprendre au cours des semaines qui vont venir, mon niveau est largement suffisant.

« Il existe un sort qui permet de sonder l’âme de sa baguette magique. C’est en quelque sorte de la légilimancie, mais à un niveau différent et extrêmement plus difficile car une baguette magique ne se comporte pas du tout comme un sorcier. Pour apprendre ce sortilège et parvenir à l’utiliser efficacement, cela vous prendra plusieurs semaines voire plusieurs mois, mais son utilité est immense.

« Il faut que vous sachiez que la baguette va résister à ce que vous pénétriez dans son âme, c’est quelque chose qui est tout sauf naturel, et cela requerra une grande force d’esprit. Mais lorsque vous pénètrerez son âme et que vous l’aurez cernée, votre lien avec elle s’amplifiera et vous en tirerez un bénéfice immense en matière de dualomancie. En quelque sorte, vous utiliserez naturellement la dualomancie, et vous la comprendrez les choses comme si vous étiez une baguette magique. Par exemple, vous n’aurez pas besoin d’apprendre que le Stupéfix Vertical a tel effet, vous le saurez naturellement.

« Nous allons cependant au cours des prochaines séances, pratiquer d’autres sorts en utilisant la Magie Duale, cela vous permettra d’accéder plus facilement à l’âme de votre baguette, car il est nécessaire d’avoir une certaine expérience de la dualomancie.

« Je vais notamment vous faire travailler sur le Bouclier de la Capsule Vertical, et un enchantement à la fois terrible et puissant, dont on ne connaît que sa forme Verticale, l’enchantement de la Terreur Verticale. Cela représente des actes de Magie extrêmement avancée, qui nécessiteront toute votre implication. Je suppose que vous êtes motivé ?

      Bien sûr, répondit Harry, qui imaginait ce que cela représentait de pouvoir totalement maîtriser sa baguette en termes de Magie.

      Très bien, pour sonder l’âme de votre baguette, il existe une incantation, dualis xplorensis, la première fois, cela échouera forcément, mais je veux que vous commenciez par ça. Prenez votre baguette, prononcez cette incantation, et concentrez-vous pour essayer de pénétrer son âme.

Harry s’exécuta, après avoir pris le temps de se concentrer.

Il ressentit la même sensation que lorsqu’il essayait de pratiquer la légilimancie, à la différence que la baguette semblait inatteignable. Il avait l’impression d’être face à un mur totalement lisse, sans la moindre aspérité, sans la moindre fissure, auxquelles il pourrait s’accrocher. Mais non seulement ce mur semblait impossible à franchir, il exerçait de plus une formidable force répulsive. Et Harry ne put pas résister longtemps, le mur sembla s’éloigner, et il fut pris dans un tourbillon de Magie Verticale et de Magie Horizontale qui luttaient l’une contre l’autre avec une puissance inouïe.

Il fut finalement expulsé de sa baguette magique et se retrouva dans le bureau de Rogue. Il fixa un instant sa baguette magique, il n’avait jamais soupçonné qu’elle puisse contenir une Magie aussi puissante.

      Je suppose que vous avez échoué, dit Rogue, mais recommencez plusieurs fois encore.

Harry tenta encore une dizaine de fois de sonder l’âme de sa baguette magique, mais il avait beau lutter, il n’y pouvait rien, et il était à chaque fois rejeté.

      Il ne me semble pas utile de continuer cet exercice ce soir. Passons au Bouclier de la Capsule Vertical. Vous connaissez très bien le Bouclier de la Capsule classique. Dans sa version verticale, la capsule d’or se transforme en une boule noire et argentée très agressive. Elle donne de fortes migraines à votre adversaire et tourmente son esprit. Si elle n’est pas arrêtée, elle peut provoquer un coma profond.

« Cette boule est extrêmement difficile à contenir. La plupart des boucliers magiques de Magie Noire sont inefficaces. Seule une forte concentration de Magie Blanche semble pouvoir la contenir. Il y a toujours la possibilité de faire apparaître un bouclier matériel comme le Bouclier d’Argent, à condition qu’il soit très épais, car s’il est trop mince, la boule va le traverser.

« Pour l’instant, l’utilité d’apprendre ce sort concerne seulement le développement de vos capacités générales en dualomancie. Bien évidemment, il pourra vous être très utile, mais je vous recommande de ne jamais l’utiliser au cours de duels à Poudlard, utilisez-le seulement sur des Mangemorts.

« Vous savez comment faire, je vais vous envoyer un simple Eclair de Stupéfixion et vous n’aurez qu’à répliquer.

 

L’entraînement fut très intense, et ils ne perdirent pas une seconde. Lors des trois premiers essais, Harry avait été un peu pris de vitesse, il n’avait pas encore totalement l’habitude d’utiliser la Magie Duale. Mais cela vint rapidement, et il put faire apparaître une belle feuille d’or qui enveloppa le sort de Rogue. Mais Harry ne sentit pas de différence avec le sort habituel, et la feuille d’or aurait dû devenir noire et argentée.

      En réalité, expliqua Rogue, il faut que vous parveniez à ce que tout le processus utilise la Magie Verticale, et pas seulement lorsque vous prononcez l’incantation. Utilisez la Magie Verticale aussi lorsque la feuille d’or enveloppe mon sort, c’est là qu’elle se transformera. Et vous ne devez pas prononcer l’incantation eénnodro plusieurs fois. Il faut que vous parveniez à étendre son effet dans le temps. C’est le plus difficile.

La leçon se prolongea jusqu’à quasiment vingt-trois heures, et Harry avait finalement réussi à faire ce que Rogue lui avait expliqué. Son sort était loin d’être parfait, mais la feuille d’or qui enveloppait le sort se transformait en une boule de lumière noire et argentée qui émettait de forts rayonnements. Cependant, il s’agissait d’Eclairs de Stupéfixion, et non de maléfices très difficiles à contrer. Mais Harry était malgré tout content de lui et il avait l’impression d’avoir beaucoup progressé.

      Bonne soirée, lui dit Rogue, et je suis heureux de voir que vous avez saisi l’importance de votre entraînement. Vous devriez utiliser votre Phénix pour regagner votre salle commune, il y a des Aurors placés devant le tableau de la Grosse Dame pour vous piéger, et vous avez d’autres choses à faire en ce moment que recevoir des retenues.

Harry appela Fumseck et rejoignit ses amis qui l’attendaient dans leur appartement. Il leur décrivit son entraînement et Hermione parut impressionnée à l’idée qu’Harry apprenne à sonder l’âme de sa baguette magique.

La journée avait été pleine pour Harry, et il était très satisfait d’avoir pu parler à Maugrey, et de constater qu’il n’allait pas si mal. Mais il ne put s’empêcher de penser à Abelforth qui lui cachait tant de choses, au moment de s’endormir.

 

Harry et Ron profitèrent de leur mercredi matin de libre pour dormir un peu plus que d’habitude, alors qu’Hermione avait cours de Runes Anciennes puis d’Arithmancie.

Ils descendirent ensuite dans le parc avec leurs balais pour reprendre leurs marques. Cela faisait longtemps qu’ils n’avaient plus fait d’entraînement de Quidditch, et ils volèrent entre les tours du château pour travailler leurs changements de direction et leurs réflexes.

      Vous êtes fous ! s’exclama Hermione lorsqu’elle les rejoignit à midi dans le Hall d’entrée.

      Quoi ? demanda Ron.

      On vous a vus de notre salle ! Vous êtes passés comme des malades tout près de nos fenêtres !

      Et alors ? on maîtrise ! répondit Ron.

      En tous cas vous m’avez déconcentrée, je vous surveillais par la fenêtre pour voir s’il ne vous arrivait rien, et j’ai raté mon épreuve d’arithmancie !

      C’est malin, rigola Ron.

Hermione se frustra.

      Allez Hermiounette, de toute façon tu auras réussi mieux que quiconque !

 

Durant le repas, Peeves et Pooves firent exactement le même coup que la veille au soir en renversant la table des Gryffondor.

Ron avait tenté de réagir en se levant pour chasser les esprits frappeurs, mais ses sorts les avaient ratés et ils s’étaient enfuis rapidement après avoir commis leur bêtise.

      Ah, je crains que ce ne soit encore deux cent points de perdus ! dit Rogue, prenant un faux air déçu.

Cela déclencha les rires des Serpentard, mais les Gryffondor ne rigolèrent pas du tout.

      Il va falloir demander à Fred et George de convaincre Peeves et Pooves de faire ça aux Serpentard, murmura Ron.

      Bonne idée, ils leur obéiront peut-être ! Mais Fred et George auront du mal à venir dans le château, répondit Harry.

      On n’a qu’à leur dire que Fred et George veulent les voir à l’appartement de papa et maman, proposa Ron.

      Cool, dit Harry, je suis sûr que moyennant quelques feux d’artifices, ils accepteront de faire n’importe quoi dans le château.

      Ca va nous attirer des ennuis, dit Hermione un peu perplexe.

      Notre sablier doit être quasiment vide maintenant, dit Ron sur un ton très sérieux. Alors à moins que tu arrives à nous faire rattraper tous ces points rapidement, on n’a pas d’autre solution !

      Allez Hermione, il faut bien mettre un peu de piment ! Les repas sont trop calmes en ce moment ! sourit Ginny.

 

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