Philosophie pour le BAC - Terminale S

Cours 3 - La conscience, l'inconscient et le sujet  

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Le sujet est un sujet de droit : il a des droits et des devoirs, il est libre et responsable, il a une conscience morale, pour différencier le bien et le mal. L’homme a une conscience, l’animal a un instinct : il y a une différence de nature entre les deux.
La conscience psychologique met le sujet en relation avec les autres, lui permet de prendre de la distance avec soi. FREUD, psychanalyste montre l’existence d’un inconscient psychanalytique qui concerne la pensée.
Les notions de conscience, d’inconscient et de sujet concernent essentiellement l’être humain. En philosophie, le sujet s’oppose à l’objet et désigne l’homme. L’homme est un sujet conscient qui est en relation avec la réalité extérieure par ses cinq sens et il sait qu’il est en relation avec son intériorité ce qui signifie qu’il a un certain savoir sur lui et sur les autres.
La conscience, c’est la connaissance plus ou moins claire qu’a le sujet de ses pensées et de lui-même. La conscience fait de l’homme un sujet capable de penser le monde qui l’entoure et de se penser lui-même. Dans certaines circonstances, la conscience disparaît ou s’atténue. Pendant longtemps, on a pensé que l’inconscient ne concernait que le corps et que la pensée ne pouvait être que consciente. Mais le médecin viennois FREUD a montré que l’inconscient concerne la pensée. Il s’agit d’un inconscient psychique (mental). L’inconscient a son fonctionnement et ses caractéristiques propres : il est une structure essentielle du psychisme.
Est-ce la conscience ou l’inconscient qui détermine la vie psychique du sujet ?
 
1. La conscience détermine la vie psychique du sujet
 
KANT, Anthropologie du point de vue pragmatique.
La conscience et la pensée de soi font la grandeur de l’homme, mais dans l’Univers, il ne fait pas le poids. L’homme possède des contradictions, notamment la raison et la sensibilité, la foi peut nous sauver.
La conscience de l’homme manifeste à la fois sa force et sa faiblesse, et pour comprendre ce paradoxe, il faut revenir au pêché originel. L’homme qui est devenu imparfait n’arrive pas à se dégager de ses contradictions. Il lui faut alors revenir à Dieu, parier pour Dieu, parier une vie certaine mais finie et misérable contre un bien incertain mais infini et qui constitue le remède à nos déchirements.
Posséder le Je dans sa représentation : c’est être capable de parler de soi en disant Je, faire un retour sur soi. L’homme possède le Je : la conscience, c’est ce qui le distingue des animaux et des choses. La personne est un sujet moral qui possède des droits et des devoirs. Le sujet juridique est libre et responsable de ses actes, rien ne le pousse à agir. Le langage a un rôle décisif dans la construction de la conscience. Il y a une évolution chez l’être humain : on passe du sentiment à la pensée, on passe de se sentir à se penser.
DESCARTES, Le Discours de la Méthode XVIIe siècle. Début de la quatrième partie.
Les contemporains de DESCARTES répandent une rumeur : il aurait trouvé la vérité. En Hollande, il va rechercher la vérité où il y a moins de censure et moins de risques.
DESCARTES fait part de ses scrupules, les pensées qu’il livre sont tellement abstraites qu’il craint l’accueil que lui réserveront les lecteurs. Mais il est trop facile de garder ses pensées pour soi, il y a la nécessité d’un regard critique sur son travail, le savoir se partage. Il recherche la vérité dans les sciences. Pour ce qui concerne les mœurs, on peut se contenter de l’incertain, de l’à peu près, en fait, il nous renvoie à la morale par provision (troisième partie). Il faut s’efforcer d’être le plus ferme et le plus résolu possible dans nos actions car dans le domaine des usages, le doute ne peut conduire qu’à l’inaction. DESCARTES rejette certaines connaissances :
Les sens car ils trompent parfois, alors on considère qu’ils nous trompent toujours.
Les connaissances intellectuelles, rationnelles et les démonstrations mais car on peut se tromper.
Les pensées et la réalité car elles sont du domaine du rêve.
Au moment du doute : plus rien n’existe mais quelque chose continue de résister au doute, c’est que je pense et si je pense, je suis.
Cogito ergo sum : je pense donc je suis. C’est le fondement de la philosophie, la première vérité qui résiste au doute.
Le scepticisme est une école fondée par PYRRHON D’ELIS : le pyrrhonisme au IVe siècle avant J-C. Peut-être que le vrai existe mais l’homme ne peut pas l’atteindre. L’homme qui veut l’atteindre sera inquiet et troublé. Il faut réaliser la suspension du jugement : épochè, qui permet d’atteindre l’ataraxie (tranquillité de l’esprit, il n’est pas troublé).
Le doute cartésien a un but : parvenir à la vérité, le cogito. Le doute est fondateur, c’est la base de la science.
Le doute sceptique n’a pour finalité que lui-même. C’est un doute destructeur.
La pensée est conscience, le savoir de soi est immédiat, il n’y a pas de pensée inconsciente.
 
2. Découverte philosophique de l’inconscient
 
LEIBNIZ, Nouveaux essais sur l’entendement humain.
Il y a des perceptions inconscientes qui se produisent en nous, des changements dans l’âme. Certaines perceptions existent en nous mais nous n’en n’avons pas conscience, elles sont trop petites, trop nombreuses. L’exemple du bruit de la mer montre que nous ne percevons pas chacun des petits bruits faits par les vagues de la même manière que nous ne percevons que confusément le vacarme qui va nous réveiller. Dans nos pensées, tout n’est pas conscient : les petites perceptions inconscientes nous font prendre conscience de la perception de l’ensemble et nous relient à l’ensemble de l’univers. Mais pour LEIBNIZ, la conscience est privilégiée.
NIETZSCHE, au XXe siècle affirme que l’inconscient psychanalytique est le plus proche : « Une pensée ne vient que quand elle veut et non quand c’est moi qui veut. Quelque chose pense mais croit que ce quelque chose est l’antique et fameux moi, c’est une pure supposition ». Il y a pour NIETZSCHE une pensée inconsciente et cela remet en cause la prétention du sujet à maîtriser par la conscience ses pensées et ses sentiments.
 
3. L’exploration psychanalytique de l’inconscient par Freud
 
FREUD est un médecin viennois de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle. Il traite les hystériques par l’hypnose, qui ont des troubles psychologiques que la médecine ne voit pas. Sous hypnose, les malades racontent un souvenir : un évènement toujours traumatisant et à caractère sexuel. Lorsqu’ils ne sont pas sous hypnose, ils ne sont pas capables de le dire. Freud explique que l’évènement traumatique à caractère sexuel est inscrit de manière inconsciente dans le psychisme. Le patient développe une résistance avec cette idée que lorsque des pensées sont jugées inacceptables, elles ont refoulées dans l’inconscient ; elles s’expriment par des troubles nerveux. Chez FREUD, le refoulement permet de définir l’inconscient et le comprendre.
 
3.1 La formation de la personnalité
 
Le Ca : C’est le réservoir de pulsions inconscientes. La pulsion est une force inconsciente qui peut se satisfaire d’objets, différent de la libido. C’est l’homme avant toute éducation, le petit enfant qui n’a pas d’interdits, pas de barrières, qui veut être satisfait tout de suite : c’est le principe de plaisir. Le comportement de l’individu soumis au ça est agressif, instinctif et incohérent.

Le Moi : Il se développe chez l’enfant au contact des réalités extérieures, il tient compte des exigences du ça mais empêche leur satisfaction immédiate. Il permet à la personnalité de se dominer, de maîtriser ses pulsions. Le moi prend en compte les usages sociaux, il est animé par le principe de réalité.

Le Sur-moi : C’est l’intériorisation des interdits parentaux et sociaux. Il est tyrannique, il empêche le ça de s’exprimer et représente le poids de la tradition, du passé. Le sur-moi est à l’origine du sentiment de culpabilité, d’auto-accusation.
 
3.2 Le mécanisme du refoulement
 
Une pulsion contraire aux exigences du sur-moi ne peut parvenir à la conscience. Elle est refoulée mais pas supprimée et elle s’exprime dans les rêves, dans les oublis. Les représentations interdites sont repoussées dans l’inconscient car elles peuvent culpabiliser l’individu. Le refoulement est inévitable (du fait de la vie en société) mais il devient masculin lorsqu’il est définitif et ne trouve pas d’autre substitut pour s’exprimer. Il y a alors un risque de névrose et d’altération de la personnalité.
 
3.3 La démonstration de l’existence de l’inconscient
 
FREUD, Métapsychologie.
L’inconscient psychique concernant la pensée existe, on peut le connaître scientifiquement. En effet, si l’on veut tout connaître par la conscience, il y a des lacunes. Par exemple, les actes manqués tels les lapsus, les oublis ou les rêves ont un sens caché. L’hypothèse de l’inconscient apporte du sens, un gain d’intelligibilité. Si la psychanalyse fonctionne, alors c’était vrai. La méthode utilisée s’appuie sur une démarche scientifique (de Claude Bernard). Il y a premièrement le problème issu de l’observation, puis l’hypothèse qui est une explication anticipée et rationnelle, c’est une solution possible, et enfin la vérification expérimentale. Tout cela repose donc sur un sens caché, mais il n’y a pas forcément de sens caché.
 
4. Les critiques adressées à l’inconscient freudien
 
Les critiques adressées à FREUD sont d’ordre moral.
ALAIN affirme que FREUD prive le sujet de responsabilité : FREUD a inventé un animal redoutable pour échapper au contrôle de la conscience (l’inconscient). Il enlève à l’homme la liberté.
SARTRE affirme que l’inconscient ne saurait être le maître de nos actes et de nos choix.
Il y a contradiction à penser qu’une conscience peut ignorer ce qu’elle décide, l’inconscient n’existe pas, on ne peut concevoir une pensée qui serait totalement ignorante d’elle-même. L’inconscient est la mauvaise foi de la conscience, c’est un mensonge à soi. L’inconscient est un acte par lequel la conscience se cache le vrai et se laisse prendre à son propre mensonge.
 
Ces critiques oublient que l’inconscient ne prive pas le sujet de responsabilités, ne lui enlève pas de libertés et n’introduit pas de fatalité dans l’existence humaine. C’est le résultat de l’histoire du sujet qui peut, par la psychanalyse en appréhender le sens et se libérer.
 


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