HARRY   POTTER 

 ET   LA   CLEF  DE   LA  PAIX

 

CHAPITRE 12 : MYSTERES AUTOUR DE REGULUS ALPHARD BLACK

 

 

            Le lundi matin, Dobby vint les réveiller pour qu’ils se préparent. Tous étaient en effervescence et avaient vêtu leurs plus beaux habits. Un hibou avait apporté deux beaux bouquets d’un assortiment de fleurs parfumées à Harry qui voulait les offrir aux mariées. Le petit déjeuner fut pris dans la bonne humeur mais il y avait moins à manger que d’habitude car le repas de midi promettait d’être chargé.

            La Gazette du Sorcier n’avait pas apporté de mauvaises nouvelles qui auraient pu gâcher la journée et Harry s’efforça de ne pas penser à Voldemort et aux Horcruxes ce jour-là. Lupin, Tonks, Bill et Fleur n’étaient pas à Poudlard car le décor devait être une surprise pour eux. Ils devaient arriver aux alentours de dix heures et tout le monde s’activa.

            Mrs Chourave avait planté des graines magiques et de magnifiques plantes géantes de toutes les couleurs avaient poussé le long du chemin que les mariés allaient emprunter, du portail aux grandes portes en chêne. Fred et George avaient prévu un immense feu d’artifice au-dessus du lac pour le soir et avaient déjà disposé les fusées. Dans la Grande Salle, d’immenses rubans blancs avaient été suspendus aux poutres du plafond magique qui révélait un ciel d’un bleu splendide. Le professeur Flitwick avait fait un enchantement qui faisait que la lumière venant des fenêtres avait un aspect scintillant de couleur doré. McGonagall avait convié les Bizarr’Sisters pour un concert sachant que Tonks en était fan. Une scène avait été installée au fond de la Grande Salle à la place de l’emplacement habituel de la table des professeurs. Guitares, luths, violoncelles et cornemuses y étaient installés. Des projecteurs magiques de toutes les couleurs étaient installés pour un concert qui s’annonçait tonitruant.

            La table était prête mais les plats n’y étaient pas encore et les elfes s’activaient en cuisines. Tous avaient prévu d’offrir des fleurs aux mariés et ils en auraient beaucoup cette fois-ci. Scrimgeour était là pour faire officiellement les mariages.

            Les mariés ne tardèrent pas à arriver et tous les préparatifs furent finis à temps. La cérémonie se déroula comme prévu, ils marchèrent lentement le long des magnifiques fleurs qu’avait plantées Pomona Chourave. Le ciel était magnifique et la journée s’annonçait heureuse pour tous. Le ciel se reflétait sur le lac dont la surface lisse était étincelante. La forêt interdite était verdoyante à cette époque de l’année et la prairie n’avait pas commencé à se dessécher. Le château était plus beau que jamais perché sur sa falaise.

            Ils arrivèrent devant les portes de chêne et tous adressèrent le bonjour aux futurs mariés. Ils traversèrent la Grande Salle. Lupin et Bill étaient très élégamment vêtus, avec un costume noir et des chaussures bien cirées. Les mariées avaient des robes blanches particulièrement splendides et tous étaient restés bouche bée devant la beauté de Fleur lorsqu’elle avait adressé à tous un sourire splendide. Scrimgeour, lui aussi très élégant les attendait au bout de la Grande Salle sur l’estrade où allaient se produire les Bizarr’Sisters l’après-midi.

            Sans plus attendre, Scrimgeour, prononça un discours pour unir les mariés, il commença par Bill et Fleur. Enfin, il demanda aux deux mariés de sortir leurs baguettes et de les faire se toucher entre elles par le bout. Avec sa propre baguette il prononça une formule en langue ancienne et des étincelles dorées tourbillonnèrent autour des deux baguettes pendant plusieurs secondes. Enfin, il arrêta le sortilège et ils s’embrassèrent. Il maria ensuite Lupin et Tonks.

            Mais Harry avait vu que Ginny avait les larmes aux yeux. Lentement, il se glissa vers elle.

-          Un jour ce sera à notre tour, lui murmura-t-il à l’oreille.

Cela lui avait effacé ses larmes et elle souriait à présent. Harry ne pouvait être plus heureux mais sa raison l’emporta. Il ne montrerait qu’il aimait Ginny que lorsque Voldemort ne serait plus là.

Tous offrirent leurs cadeaux aux mariés et leur prononcèrent leurs vœux de bonheur. Avant le repas, ils firent tous une promenade dans le parc et autour du lac. Ils se recueillirent un instant lorsqu’ils passèrent devant la tombe de Dumbledore en se disant qu’ils auraient voulu qu’il soit présent en ce moment de bonheur. Mais la fête devait continuer et ils rentrèrent au château.

Comme d’habitude le repas était excellent et ils mangèrent jusqu’à plus faim toute l’après-midi. Les Bizarr’Sisters avaient commencé leur concert et chantèrent à la suite leurs plus grandes chansons comme Fais le hippogriffe.

Et toute l’après-midi ils rirent beaucoup. Rarement Harry n’avait passé une aussi bonne journée en compagnie des gens qu’il aimait.

Le soir, à la tombée de la nuit, Fred et George allumèrent un feu d’artifice. Le spectacle était grandiose, les fusées magiques explosaient dans le ciel en écrivant « vive les mariés » avant de s’abîmer dans le lac. Ils rentrèrent ensuite au château pour leur dernière nuit avant le retour au Terrier.

 

Pendant la nuit, ils devaient absolument regarder en détail ce que contenait la salle que leur avait aménagé Dumbledore dans la Salle du Phénix. Ils baptisèrent d’ailleurs cette salle la « Salle Albus Dumbledore ».

Ils ouvrirent l’armoire pour voir ce qu’elle contenait. Harry reconnut la Pensine dans laquelle il avait vu bon nombre de souvenirs.

 

Harry je te laisse ma Pensine, je pense qu’elle te sera plus utile à toi qu’à moi désormais.

 

C’est ce qui était inscrit dessus. Mais Harry ne savait pas comment s’en servir.

-          Nous demanderons à Abelforth, il doit savoir comment ça marche, proposa Hermione.

-          Nous pouvons aller chez lui par ce Portoloin, dit Harry, en montrant le vase posé sur la table.

-          Ah, très bien, dit Hermione. Harry, tu ne nous a pas dit, qu’a-t-il suggéré à propos de R.A.B., je veux…

-          Ah oui !! j’avais oublié, cria Harry.

-          Alors ? demanda Ron impatient.

-          Regulus Alphard Black…

-          Black ? demanda Hermione.

-          Oui, le frère de Sirius.

Et il raconta tout ce qu’avait suggéré Abelforth.

-          Donc, Regulus Black aurait fait ça pour prendre la place de Voldemort ! s’exclama Ron.

-          Oui, mais le problème c’est que son corps n’a pas été retrouvé, dit Harry.

-          Qu’est-ce que tu suggères ? demanda Hermione.

-          Je ne sais pas, mais peut-être qu’il est toujours en vie. Nous pourrions lui demander s’il a détruit l’Horcruxe.

-          Tu plaisantes, il aurait voulu prendre la place de Voldemort et je ne sais pas si cela lui ferait très plaisir si nous étions nous aussi au courant à propos des Horcruxes.

-          Oui, c’est logique, admit Harry.

-          Mais je vais quand même chercher, je voudrais savoir pourquoi on n’a pas retrouvé son corps, il pourrait en effet ne pas être mort. Et je crains que s’il était au courant pour les Horcruxes, il en ait fait lui aussi…

-          Quoi ! s’exclama Harry. C’était tout à fait compréhensible, il avait déjà du mal à trouver les Horcruxes de Voldemort, alors qu’est-ce que ce serait si en plus il y avait un deuxième mage noir immortel.

-          C’est possible, n’importe quel Mangemort essaierait, s’il était au courant, de faire des Horcruxes pour se rendre immortels. N’oublie pas que ce sont des Mangemorts, Harry !

-          Oui, je sais mais c’est terrible…

-          Je sais, c’est pour cela que j’aimerais bien vérifier, dit Hermione, tu as décelé un vrai problème Harry. Car si Black n’est pas mort et qu’il est encore en vie, mais faible comme l’était Voldemort, c’est encore le moment d’agir.

-          Oui, c’est évident, répondit Harry. Nous devrons absolument prévenir Abelforth à propos de cela, je ne pense pas qu’il y avait pensé.

-          Maintenant que tu sais où il habite nous pourrons y aller en transplanant, dit Hermione.

-          Demain, absolument, dit Harry.

-          Et je pense aussi que nous devrions peut-être aller au 12, square Grimmaurd pour essayer de trouver des informations sur lui. Tu crois que la mère de Sirius pourrait nous dire quelque chose ?

-          Euh… remarqua Ron. Je ne sais pas si c’est une très bonne idée.

-          Kreattur ! cria Harry.

Immédiatement, il sortit sa cape d’invisibilité et tous se rendirent précautionneusement aux cuisines de l’école. Mais ils se rendirent compte qu’elles étaient vides et malheureusement pour eux ils ne connaissaient pas où dorment les elfes.

Harry pensa que Fumseck saurait et il pensa très fort à lui, il cria son nom dans sa tête. Et à sa plus grande surprise cela fonctionna. Fumseck apparut au milieu des airs devant eux. Hermione poussa un petit cri mais Harry lui plaqua la main sur la bouche. Fumseck se précipita sous la cape et ils attendirent plusieurs minutes sans bouger. Heureusement pour eux, ils n’avaient pas été entendus.

Harry demanda à Fumseck de lui apporter la carte du Maraudeur qu’il avait bêtement oubliée alors que cela aurait pu leur être très utile pour éviter de se faire repérer. Mais le fait qu’ils ne risquaient pas de retenues, mais seulement de se faire réprimander par McGonagall leur avait fait oublié la carte. Fumseck transplana et, après quelques secondes d’attente, il apparut à nouveau avec la carte du Maraudeur pliée dans ses serres d’or.

-          Je jure solennellement que mes intentions sont mauvaises, murmura Harry, sa baguette pointée sur la carte. Lentement se dessina le plan de l’école avec la localisation des personnes qui se trouvaient à Poudlard. Harry chercha où pouvait bien être les elfes.

-          Au sixième étage, murmura Hermione. En effet, on voyait dans une salle du sixième étage les noms d’une cinquantaine d’elfes qui étaient tous inscrits à côté. Harry vit Dobby, puis enfin Kreattur.

Ils s’y rendirent en évitant les Aurors grâce à la carte. Pour cela, ils connaissaient suffisamment de passages secrets pour trouver une voie libre. Ils prirent pour cela un passage secret qui menait directement du troisième étage au sixième étage. Il fallait emprunter un escalier très étroit où vivait d’ailleurs une colonie de gnomes qu’ils faillirent écraser dans les escaliers puisqu’ils n’avaient pas de lumière. Il fallait cependant faire attention à une marche de cet escalier qui était une fausse et si on y mettait le pied dessus, elle s’enfonçait laissant apparaître un trou d’une bonne hauteur qui menait à une salle des cachots ou poussaient des Filets du Diable. C’est pourquoi il était judicieux d’éviter cette marche.

Ils arrivèrent donc sans difficulté au sixième étage. L’entrée du dortoir des elfes était un tableau de Bridget Wenlock, une célèbre arithmancienne née en 1202 selon Hermione. Le mot de passe était Pi, c’est ce qu’indiquait la carte du Maraudeur. Hermione prononça le mot de passe et ils entrèrent.

Harry pointa sa baguette droit devant lui et, dans un mouvement de sa baguette alluma toutes les lumières de la pièce. La pièce était grande et comportait plusieurs petits lits à baldaquin dans lesquels dormaient les elfes qui se réveillèrent lentement à cause de la lumière. Hermione qui fut indignée baissa l’intensité de la lumière dans le même mouvement de baguette qu’avait fait Harry pour l’allumer, de sorte qu’il n’y avait plus qu’une lumière ambiante qui leur permettait de se diriger parmi les lits.

-          Kreattur ? demanda Harry.

-          Chut !! murmura Hermione, tu vas les réveiller.

-          Ils sont déjà réveillés, lui dit Ron. En effet, tous les elfes étaient assis sur leur lit et les regardaient avec un air abasourdi. Probablement qu’aucun être humain n’était venu ici depuis bien longtemps pensa Harry.

-          Kreattur ? répéta Harry.

-          Oui, dit une petite voix derrière eux. Ils se retournèrent et virent l’elfe qui les regardait d’un air mauvais, visiblement énervé d’avoir été réveillé à cette heure-là.

-          Kreattur refuse de parler à cette sale Sang-de-Bourbe, marmona-t-il comme il avait l’habitude de le faire… et à ces deux traîtres à leur sang.

-          Justement, nous venons t’annoncer que maintenant nous sommes du côté de Voldemort, mentit Harry. Kreattur fut très étonné par ce que venait de lui dire Harry et apparemment Ron et Hermione ne comprenaient pas non plus. Mais Harry leur fit signe de se taire.

-          Vous… vous êtes du côté du Seigneur des Ténèbres, marmonna l’elfe.

-          Oui, affirma Harry à nouveau.

-          Il… il n’aurait jamais accepté ça, une sale Sang-de-Bourbe à son service, non jamais… L’elfe essaya de se rassurer en disant cela mais Hermione acquiesça et il dut se résoudre à les croire.

-          Et le Seigneur des Ténèbres voudrait avoir des informations à propos de Regulus dit Harry. Ron sourit car il venait enfin de comprendre pourquoi Harry racontait tous ces mensonges.

-          Regulus, mais, il l’a lui-même tué…

-          Pourtant son corps a disparu, et le Seigneur des Ténèbres veut savoir pourquoi, il pense qu’il ne serait pas mort en réalité.

-          Je ne sais pas, je n’en ai plus entendu parler depuis longtemps, j’ai appris sa mort comme tout le monde…

-          Tu es sûr de ne pas me mentir ? lui demanda Harry d’un air sévère.

-          Oui Monsieur, je suis certain de ce que je dis, je n’ai jamais eu de nouvelles de Regulus depuis sa mort, je le promets.

-          Bien, merci quand même Kreattur, et ne dis à personne ce que nous t’avons dit, c’est d’accord ?

-          Oui Monsieur, répondit l’elfe d’une voix tremblotante. Apparemment le fait de savoir que Harry était pour Voldemort l’avait profondément choqué. Dobby qui avait tout entendu paraissait lui aussi frappé de terreur et Harry lui fit signe de le suivre pour se mettre à l’écart de Kreattur. Il lui expliqua à l’oreille que tout était faux et Dobby fit toujours semblant d’être terrifié pour que Kreattur ne se doute de rien.

Ils retournèrent donc déçus à la Salle du Phénix puis à la Salle Albus Dumbledore. Mais ils n’étaient pas sûrs que Kreattur n’ait pas menti. Hermione fit cependant une remarque judicieuse, si Black avait été réduit à une ombre comme l’avait été Voldemort pendant treize ans, comment aurait-il pu prendre contact avec Kreattur, à moins que lui-même ne soit allé le chercher là où il a été tué.

Il devenait donc nécessaire de rechercher le lieu du meurtre et d’y retourner, il était donc urgent pour eux de voir Abelforth qui pourrait leur donner des renseignements précieux. Il était près de deux heures du matin mais ils devaient absolument lire ce qu’il y avait dans l’armoire.

Ils furent stupéfaits de voir que Dumbledore leur avait préparé un programme de tous les sortilèges que Harry devait apprendre, avec les livres dans lesquels les trouver. Il avait en outre laissé tous les ses souvenirs dans des bocaux sur lesquels des étiquettes indiquaient la date et le lieu, ainsi que à qui appartenait le souvenir. Il avait laissé une lettre expliquant le fonctionnement de la Pensine qu’ils n’avaient pas vu lorsqu’ils avaient ouvert l’armoire pour la première fois. Mais ils ne pourraient pas de toute évidence commencer à regarder ce soir, ils feraient cela plus tard. Il pouvait en effet venir ici quand il voulait, il lui suffisait d’aller chez Abelforth en transplanant, et il savait qu’il était le bienvenu, pour venir ensuite à Poudlard.

C’est pourquoi ils retournèrent à leur appartement se coucher.

 

Le mardi matin, ils firent les préparatifs pour retourner au Terrier, ils n’avaient en fait pas vraiment sorti leurs affaires. C’est pourquoi ils eurent rapidement terminé. Hermione avait dit qu’elle n’aurait pas le temps de prendre son petit-déjeuner parce qu’elle devait aller à la bibliothèque.

Mais Harry et Ron ne l’accompagnèrent pas pour le moment, ils mangèrent comme d’habitude leur petit-déjeuner et la rejoignirent ensuite. Ils la trouvèrent dans l’allée réservée aux vieux numéros de la Gazette du Sorcier. Elle en avait sorti une pile qu’elle avait posée sur les tables de travail.

-          Aidez-moi à trouver l’exemplaire du jour ou Black a été tué, nous devons savoir le lieu du meurtre. Ca devrait faire les gros titres normalement. Et elle leur donna une pile de journaux de un mètre de haut.

-          Comment veux-tu que l’on trouve ça là-dedans, il y a des siècles de journaux ! s’exclama Ron.

-          Ron, ne soit pas bête, nous savons à peu près l’époque à laquelle cela s’est passé, il est mort à la fin des années 1970, c’est évident. Ron se demandait bien comment elle arrivait à cette déduction mais il se tut et commença ses recherches.

-          Y avait-il quelque chose de spécial dans la Gazette ce matin ? demanda-t-elle en regardant les journaux à un rythme fou qui montrait qu’elle était habituée à le faire.

-          Non rien, quelqu’un est mort mais c’est un accident. Un vieux sorcier est mort écrasé par un troll alors qu’il essayait de l’apprivoiser, dit Harry.

-          Il y a vraiment des gens qui sont inconscients ! s’exclama-t-elle. Elle avait déjà passé la moitié de sa pile de journaux alors que Harry et Ron n’en avaient vu que quelques uns. Harry était stupéfait de voir que quasiment chaque jour la une des journaux était couverte de meurtres et d’attaques de Mangemorts, mais il savait que cette époque était celle où Voldemort semait la terreur parmi les sorciers.

-          Bien, heureusement que Mme Pince n’est pas là, elle ne nous aurait jamais laissé sortir tout ça, dit Hermione alors qu’elle venait de terminer sa pile de journaux. Elle prit une partie de celle de Ron pour aller plus vite.

-          Enfin, j’ai fini, dit Harry, mais il n’y avait rien.

-          Rien en 1978, passons à l’année 1979, dit Hermione en rangeant les journaux et en sortant une autre pile qu’elle sépara en trois.

-          On ne va pas faire ça pour tous les ans, dit Ron effrayé par la nouvelle pile de journaux à regarder.

-          Et oui, au travail ! dit-elle. Ils fouillèrent chacun leur pile de journaux et passèrent ensuite à l’année 1980.

-          J’ai ! s’écria Harry. Il tenait le journal daté du 5 janvier 1980. Hermione le lui arracha des mains et faillit le déchirer.

-          Euh, excuse-moi, dit-elle. Et tous commencèrent à lire l’article qui était accompagné d’une vieille photo d’une cabane en bois au-dessus de laquelle flottait la Marque des Ténèbres.

 

REGULUS BLACK ASSASSINE PAR LE SEIGNEUR DES TENEBRES

 

Hier soir, Regulus Black, qui était entré au service du Seigneur des Ténèbres depuis quelques mois selon le Ministère, a été assassiné par celui-ci alors qu’il se réfugiait dans un cabanon situé en plein de cœur d’une forêt de Russie située sur le mont Iaman Taou.

Le Ministère soupçonnait déjà que Regulus Black avait voulu quitter le Seigneur des Ténèbres depuis que ce dernier lui avait demandé de commettre des meurtres qu’il n’aurait voulu accomplir. Sa famille interrogée a révélé qu’il préférait se cacher plutôt que d’être protégé par le Ministère.

Le problème est que son corps n’a pas été retrouvé, et nous savons que le Seigneur des Ténèbres laisse toujours le corps de ses victimes comme preuve de ses meurtres. Après cela, le Ministre a reçu dans la matinée une lettre du Seigneur des Ténèbres qui revendiquait le meurtre même si le corps avait disparu. Cette lettre, qui est prise comme une véritable humiliation semble renforcer la terreur semée par le Seigneur des Ténèbres ces temps-ci, rappelons qu’il a commis ou fait commettre plus de deux cent meurtres en cinq mois.

La disparition du corps reste donc un véritable mystère que personne ne pourrait certainement jamais élucider, le Ministère étant actuellement submergé de travail.

Par ailleurs, nous ne savons pas si le Seigneur des Ténèbres a commis en personne ce meurtre ou s’il a demandé à l’un des ses Mangemorts de le faire.

Ce sont des moldus affolés par la Marque des Ténèbres qui flottait au-dessus du cabanon qui ont donné l’alerte qui s’est répercutée jusqu’au Ministère, les Aurors étaient sur place dès hier soir pour fouiller les lieux.

Le Ministère promet une récompense à quiconque pourrait donner des indices sur la disparition inexpliquée du corps de la victime.

 

-          Nous devons aller en Russie, s’exclama Harry, quelque chose de louche s’est produit là-bas.

-          Cela m’étonne que Dumbledore n’ait jamais pensé à enquêter là-dessus, dit Hermione en réfléchissant.

-          Il n’est pas censé t’avoir dit toutes les choses auxquelles il a réfléchi, dit Ron.

-          Ou peut-être qu’il était plus concentré sur Voldemort à cette époque-là.

Mrs Weasley vint les chercher pour leur dire d’aller chercher leurs affaires car ils allaient bientôt partir. Hermione s’empressa de reposer les journaux et prit l’exemplaire de la Gazette du 5 janvier 1980, de toute évidence Mme Pince ne s’en rendrait sûrement jamais compte.

Pour rentrer au Terrier, il n’était plus nécessaire de prendre le Poudlard Express, en effet, il leur suffisait de se rendre au Ministère de la Magie par la Porte à Transplaner puis se rendre chez les Weasley par une seconde Porte à Transplaner.

C’est pourquoi, en dix minutes, ils étaient de retour dans le salon du Terrier. Cette semaine à Poudlard avait été l’occasion de se détendre un peu mais avait aussi permis à Harry, Ron et Hermione d’apprendre beaucoup de choses.

De toute évidence, la fin de l’été s’annonçait chargée pour eux. Et Hermione l’avait compris, elle avait absolument tenu à ne pas perdre de temps dans leur entraînement. Selon elle, Harry allait bientôt devoir faire des missions dangereuses et il était grand temps qu’il sache de nombreux sortilèges de défense, même si il devrait certainement être accompagné par Abelforth. Pendant la fin de la journée, ils s’entraînèrent à l’aide de la liste de sortilèges qu’avait préparée Dumbledore. Harry était maintenant parfaitement au point sur le sortilège du Serpent de Feu, sur le Bouclier d’Argent et sur les Flèches de Mort.

Hermione voulait lui apprendre à faire des sortilèges de métamorphoses qui pourraient être utiles. Ces sortilèges, que McGonagall avait évoqués lorsqu’ils avaient fixés les nouveaux programmes scolaires permettaient d’animer certains objets pour en faire des boucliers. Il en existait selon Hermione un très grand nombre qui dépendaient en fait de l’objet utilisé. Il fallait d’abord savoir bien réaliser certaines métamorphoses élémentaires et Harry dut d’abord s’entraîner à métamorphoser certains objets en petits animaux tels des souris ou des escargots.

Cela était nécessaire car en effet, il avait un peu oublié tout cela, il faut dire qu’il n’avait pas jamais été vraiment attentif en cours de métamorphoses malgré la sévérité du professeur McGonagall.

Après plusieurs erreurs, une notamment qui l’avait conduit à transformer une tasse en pigeon, ce qui avait singulièrement étonné Hermione, il commençait à maîtriser le sortilège. C’est pourquoi Hermione avait proposé de commencer à pratiquer des sortilèges plus difficiles.

La formule était en fait différente pour chaque objet. C’était un peu comme pour les sortilèges d’attraction, il fallait prononcer le nom de l’objet sur lequel on voulait utiliser le sortilège. Le sortilège fonctionnait notamment sur des objets ayant l’apparence d’un être vivant, c’est-à-dire les statues, les armures… Il fallait donc, pour rendre vivante une statue, prononcer la formule animent statue et pour la pétrifier à nouveau mortent statue. Ils avaient demandé à Mrs Weasley à pouvoir utiliser la fontaine qui se trouvait dans le jardin et qui représentait un centaure. Hermione lui avait assuré qu’il n’y aurait aucun risque qu’elle soit détériorée.

Harry était un peu terrifié à l’idée de devoir contrôler un centaure et il aurait préféré commencer sur quelque chose de plus petit. Mais il gardait confiance en lui car il savait que Fumseck le regardait et l’aiderait mentalement à réussir.

 

Le contrôle de l’objet animé se fait par la pensée et il n’est pas nécessaire de tenir sa baguette pour continuer d’animer l’objet. Une fois que le sortilège est lancé, l’objet est animé jusqu’à ce que le sorcier effectue le sortilège inverse. Pour les petits objets, il n’est pas difficile de les contrôler mais pour les gros objets, il est nécessaire d’avoir une grande force mentale et de l’autorité.

Seul le sorcier qui a lancé le sortilège peut contrôler l’objet mais n’importe quel sorcier peut annuler son effet.

 

Ceci était indiqué sur le livre intitulé Sortilèges de métamorphoses avancées, et Harry le relut plusieurs fois avant de poser le livre.

Tous s’écartèrent et le laissèrent se concentrer. Pendant quelques secondes il regarda la statue du centaure et enfin il se lança.

-          Animent centaure ! cria-t-il en pointant sa baguette vers la statue. Une légère lumière argentée en sortit et fut absorbée par la statue qui s’éveilla.

Le centaure ne savait visiblement pas trop quoi faire et il regarda tous les sorciers d’un air très instable. Soudain, il détala sans que Harry ait le temps de le contrôler.

-          Mortent centaure ! hurla Hermione, alors que celui-ci s’apprêtait à sauter la clôture.

-          Je n’ai rien eu le temps de faire, se lamenta Harry.

-          Ce n’est pas grave, on va recommencer, personne ne peut réussir cela du premier coup, et je dois reconnaître que contrôler un centaure n’est pas chose facile.

Il recommença à plusieurs reprises en se concentrant le plus possible. Il avait toujours du mal à diriger le centaure au bout de plusieurs essais mais on voyait qu’il le maîtrisait et le centaure ne s’éloignait jamais trop loin, il avait ralentit ses courses.

On ne pouvait pas attendre d’Harry qu’il sache le contrôler parfaitement dès le premier jour et donc Hermione avait proposé de continuer le lendemain.

Mais leur préoccupation première était d’aller voir le plus rapidement possible Abelforth, et ils se demandaient comment ils allaient pouvoir sortir la nuit sans se faire repérer, car on ne pouvait plus transplaner au Terrier. Il aurait fallu qu’il parte par la fenêtre sur leur balai mais il n’était pas possible de rester à trois sur un balai avec la cape d’invisibilité, ni de voler côte à côte vu l’agilité d’Hermione. Et pourtant la cape d’invisibilité était nécessaire pour éviter d’être vus par les Aurors qui montaient la garde.

Ils résolurent donc d’aller au Ministère de la Magie par la Porte à Transplaner et de descendre jusqu’au hall d’entrée pour pouvoir transplaner, en effet, c’était le seul endroit du Ministère qui n’était pas protégé par des sortilèges Anti-Transplanage.

Ils avaient donc tout planifié, et après le repas du soir qui se déroula tout à fait normalement, ils s’évadèrent comme ils l’avaient prévu, ils avaient bien sûr dû mettre leur cape d’invisibilité pour passer par la Porte à Transplaner pour ne pas être vus par Molly qui était dans la cuisine, et Hermione avait diversion en jetant un sortilège pour renverser un vase pour qu’elle s’éloigne de la Porte et n’entende pas le léger bruit au passage par la Porte.

Ils arrivèrent donc dans le bureau de Kingsley qui était désert à cette heure-là et ils durent être très prudents lorsqu’ils passèrent dans le couloir. Ils savaient en effet que des Aurors veillaient en permanence, notamment au fond du couloir, où se situait la Porte à Transplaner à direction de Poudlard. Mais l’expérience qu’ils avaient acquise à Poudlard à chacune de leurs sorties nocturnes leur était très utile à présent.

Ils descendirent par les escaliers pour éviter que quelqu’un ne rentre et les piège dans l’ascenseur. Le hall était désert, seul le sorcier de garde ronflait montrant qu’il ne faisait pas vraiment le travail qui lui était demandé. Il aurait en effet dû surveiller que personne n’entre dans les étages sans autorisation. Mais ils ne dirent rien et s’éloignèrent. La cafétéria était fermée et ils se cachèrent derrière des tables avant d’enlever leur cape d’invisibilité. Harry la rangea dans sa poche et Ron et Hermione s’agrippèrent au bras de Harry qui se concentra fortement sur la maison de Abelforth Dumbledore.

Ils ressentirent à nouveau l’horrible sensation du Transplanage mais ils se retrouvèrent en quelques instants à quelques dizaines de mètres de la maison.

-          Désolé pour la précision, dit Harry. Mais Rogue a fait moins bien que moi.

-          Au fait Harry, où habite-t-il ? demanda Hermione alors qu’ils marchaient vers la maison.

-          Dans les Andes, répondit Harry.

-          Dans les Andes ! s’exclama Hermione.

-          Oui, il veut être isolé car il dit que Voldemort le recherche…

-          Mais ce n’est pas ça Harry, il est dangereux de transplaner sur de si grandes distances, en plus avec deux personnes avec toi ! dit-elle gravement.

-          Pourquoi ? demanda Harry, et il se rappela ce que lui avait dit l’examinateur et qu’il avait d’ailleurs oublié. Mais Hermione se chargea de lui répéter.

-          Plus la distance augmente plus le Transplanage est difficile, Harry, seuls des sorciers expérimentés peuvent transplaner sur de si grandes distances !

-          Et bien cela montre que Harry est expérimenté, dit Ron simplement.

-          Oui mais quand même, tu aurais dû faire attention.

-          Je le saurais maintenant, dit-il. Et sans plus attendre il cogna à la porte de la maison d’Abelforth.

-          Qui est-là ? demanda celui-ci.

-          C’est Harry, Ron et Hermione, dit Harry clairement.

-          Ah bon ? Euh… d’accord. Quel est mon parfum de glace préféré ? demanda Abelforth.

-          Framboise ! dit Harry.

-          Bien, bien, entrez. Et il ouvrit la porte.

Ils entrèrent et il les pria de s’asseoir dans le salon. Harry avait remarqué qu’il y avait deux tasses sur la table du salon et il vit aussi que Abelforth s’était empressé de les enlever. Mais il ne dit rien, pensant que Rogue avait dû passer avant eux, ou peut-être un ami à Abelforth.

-          Pourquoi êtes-vous venus me voir ? demanda Abelforth.

-          C’est important, nous devons aller en Russie, dit Harry.

-          En Russie ! s’exclama Abelforth. Et pourquoi ?

-          Enfin Harry, s’indigna Hermione, tu devrais peut-être commencer par exposer la situation. Elle sortit l’article de la Gazette du 5 janvier 1980 et le montra à Abelforth.

-          En fait, expliqua Harry, nous sommes persuadés que Regulus Black n’est pas mort. Mais il entendit un mouvement dans un coin de la pièce, comme un bruit d’air et il se retourna brusquement. Il regarda dans le coin et il ne vit rien.

-          Qu’y a-t-il ? demanda Abelforth soudain très inquiet.

-          Rien, j’ai entendu un bruit, dit Harry, pensant qu’il avait rêvé.

-          Oui, tu disais ? demanda Abelforth.

-          Je pensais que Regulus Black n’est pas mort. Puisqu’il était au courant pour les Horcruxes, nous pensions qu’il aurait pu en faire lui aussi et donc que lorsque Voldemort l’avait tué, il n’aurait pas disparu complètement.

-          Euh… commença Abelforth en réfléchissant. En fait, tout cela paraissait logique même si il fallait avoir de l’imagination pour en arriver à s’imaginer pourquoi le corps de Black avait disparu.

-          Alors ? demanda Harry.

-          Oui, c’est possible, admit Abelforth. Harry le surprit à regarder dans le coin où il avait entendu un bruit tout à l’heure mais il releva rapidement les yeux. C’est très possible, reprit Abelforth. En fait, mon frère et moi n’y avions jamais pensé…

-          Et donc nous souhaiterions aller sur le lieu du meurtre, sur le mont Iaman Taou en Russie, poursuivit Hermione. Si jamais ce que nous pensons est vrai, il doit être une ombre comme l’était Voldemort, et je ne pense pas que quelqu’un ait été pour le sauver comme Queudver l’avait fait pour Voldemort, personne ne le craignait en particulier, ni ne l’appréciait.

-          Et nous devons absolument faire quelque chose dès maintenant, dit Ron, sinon quelqu’un passera bien dans la forêt où il est et il l’obligera à retrouver son corps comme Voldemort.

-          Oui, je vois, c’est urgent, mais nous ne pourrons y aller cette nuit, j’ai des choses à faire…

-          Monsieur, pourquoi fait-il nuit ici alors qu’il fait nuit aussi en Grande-Bretagne, normalement, avec le décalage horaire, il devrait faire jour ici.

-          Aha ! Albus m’avait dit que tu étais une jeune fille très intelligente. En effet, il devrait faire jour ici. Et d’ailleurs il fait jour mais c’est l’effet d’un sortilège. Pour vivre aux mêmes horaires que vous en Grande-Bretagne, j’ai mis un puissant enchantement qui simule l’état du ciel là-bas, seuls les sorciers qui passent autour de ma maison peuvent le voir, les moldus voient le ciel normalement. Ainsi, on croit qu’il fait nuit alors qu’il fait jour.

-          Ingénieux, dit Hermione, je ne savais pas que cela existait.

-          C’est comme le plafond magique de Poudlard, mais en plus grand, dit Abelforth.

-          Bien, quand est-ce alors que nous pourrons y aller ? demanda Harry qui savait que le temps pressait même si, en près de dix-sept ans, personne n’avait encore rencontré l’ombre de Regulus Black car sinon, ils en auraient eu la connaissance.

-          Demain, nous pourrions faire cela, proposa Abelforth. Ah oui, mais vous ne pouvez que la nuit je suppose, Albus m’a prévenu que vous aurez des difficultés à venir en pleine journée.

-          La nuit prochaine, c’est possible ? demanda Harry.

-          Oui, c’est toujours possible avec moi, vous savez, je suis à la retraite… Vous venez dans la soirée pour que l’on ait toute la nuit devant nous, je ne suis jamais allé là-bas et il nous faudra chercher avant de pouvoir y arriver.

-          D’accord, répondit Harry.

 

Le lendemain, la journée leur paraissait interminable. En effet, le soir, ils auraient enfin le sentiment d’agir face aux forces du Mal, et non pas de les subir. Ils auraient l’occasion de traquer secrètement un mage noir qui n’était certes pas Voldemort mais qui aurait pu s’avérer dangereux lui aussi.

Cela troublait profondément Harry, il aurait aimé que Dumbledore sache tout cela, mais il était tout seul, et, comme Dumbledore avait écrasé Grindelwald, il devrait vaincre d’autres mages noirs. Il devait vaincre Voldemort, ce qui lui paraissait déjà énorme, et il venait de se rendre compte depuis quelques jours, qu’il y avait la possibilité qu’un autre puissant mage noir soit encore en vie, en train de préparer son retour. Il se demandait si un jour cela cesserait, et si la communauté magique vivrait enfin en paix.

A cela s’ajoutait la crainte de voir sa tante devenir une Mangemort, même si il est vrai, il était seul à avoir vu la forme de la Marque des Ténèbres se dessiner lorsqu’elle avait tenté de réparer le vase. Il avait prévu de retourner au 4, Privet Drive, pour y chercher les affaires qu’il avait laissé, et il était pressé de ne plus jamais retourner dans cette maison. Il aurait en effet dix-sept ans, la majorité chez les sorciers le 31 juillet, et il serait enfin libre de partir.

Toute l’après-midi, Hermione avait voulu qu’ils s’entraînent, et cette fois Ron et Hermione s’étaient entraînés eux aussi. Ils avaient appris plusieurs maléfices qui étaient très peu utilisés et dont seuls des vieux livres savaient encore leur existence.

Ils avaient par exemple appris un sortilège qui empêchait son adversaire de réfléchir pendant quelques minutes. Ce sortilège bien appliqué pouvait même provoquer une amnésie provisoire de la victime qui pouvait être très utile en cas de combat.

Mais ces sortilèges étaient durs à pratiquer et très épuisants. Et le soir, ils se couchèrent très tôt ce qui ne manqua pas de surprendre Mrs Weasley. Hermione lui avait seulement dit qu’ils se devaient de savoir se défendre au cas où il y aurait une attaque à Poudlard. Elle lui avait également dit que pour apprendre plus facilement les sortilèges, il fallait beaucoup dormir. Bien que cela soit vrai, ils devaient en fait rattraper les nuits qu’ils avaient perdu ces derniers temps.

Mrs Weasley avait d’ailleurs fini par conseiller de faire pareil à Ginny mais elle préférait restait dans sa chambre la plupart du temps. Harry savait qu’elle était triste même si ce qu’il lui avait dit le jour du mariage lui avait remonté le moral. Fred et George étaient retournés travailler à leur magasin de Farces pour sorciers facétieux.

Grâce à la Porte à Transplaner, Arthur Weasley avait un rythme de vie plus détendu, il rentrait à des heures normales et pouvait manger à table avec tout le monde. De temps à autres, Scrimgeour, Kingsley, ou d’autres sorciers venaient le chercher pour lui demander ou lui dire quelque chose. D’ailleurs l’atmosphère était plus détendue au Terrier, et Bill et Fleur avaient profité de ces quelques jours pour partir faire un voyage au Pérou, pays où la communauté magique était très importante. Lupin et Tonks avaient prévu, eux, de partir quelques jours au Canada, pays où se déroulerait la coupe du monde 1998 de Quidditch.

Vers vingt-deux heures, alors que la nuit était déjà presque tombée, ils se levèrent comme la veille et se rendirent chez Abelforth. Celui-ci les attendait et avait préparé une carte de la région du mont Iaman Taou qu’il avait achetée dans une librairie moldue.

Comme ils ne savaient pas où se trouvait la cabane où avait été tué Regulus Black, ils allaient devoir passer beaucoup de temps à la chercher. C’est pourquoi ils transplanèrent vers Moscou d’où ils prirent le Magicobus russe. Abelforth savait par chance parler le russe et il put faire comprendre au contrôleur, un sorcier chauve avec une grande moustache et de petits yeux noirs et vêtu d’un long manteau de fourrure, qu’il voulait se rendre au Mont Iaman Taou.

Le Magicobus les déposa à la ville de Proudki, qui était au pied du Mont. Le contrôleur leur indiqua qu’il y avait un Cracmol qui détenait une auberge pour moldus dans cette ville et ils s’y rendirent après avoir cherché longtemps dans la ville. Le jour commençait à se lever ce qui allait les arranger dans leurs recherches.

Ils se posèrent à l’auberge et Abelforth leur offrit d’ailleurs un chocolat chaud. En effet, il faisait ne faisait pas très chaud même si on était en plein mois de juillet. Abelforth discuta avec l’aubergiste comme si ils se connaissaient depuis longtemps et ils riaient à propos de choses que Harry, Ron et Hermione ne comprenaient pas.

Après une demi-heure de pause, Abelforth leur annonça qu’ils devaient y aller. L’aubergiste connaissait le lieu du meurtre mais disait que personne n’y allait jamais depuis, notamment les moldus car ils croyaient qu’elle était hantée. A chaque fois que quelqu’un y allait, il disparaissait plusieurs jours et perdait la tête. Et comme il n’avait plus vu de sorciers ici depuis des années, personne ne le savait et le Ministère n’avait plus enquêté, en fait il semblait que l’affaire du corps disparu avait été complètement oubliée de la communauté magique. C’était tout à fait logique, à cette époque, il était plus utile de préserver des vies que de s’occuper des corps des morts.

Cependant, Harry, Ron et Hermione étaient surexcités par ce qu’ils venaient d’entendre, si des moldus perdaient la tête ou disparaissaient plusieurs jours avant de revenir de cette montagne, c’est qu’il devait s’y passer quelque chose.

C’est pourquoi, ils pressèrent Abelforth de partir gravir la montagne. Gravir était bien sûr exagéré puisqu’ils se rendirent au sommet en transplanant. C’était là que se trouvait la cabane selon l’aubergiste.

Le sommet de la montagne était perdu dans la brume et la lumière du soleil qui se levait n’arrivait pas à la percer. Ils durent allumer leurs baguettes pour voir les alentours. Il était en effet difficile de se repérer. La montagne était couverte d’immenses sapins qui s’agitaient dans le vent. Mais l’épaisse brume étouffait tout bruit et l’endroit donnait une impression terrifiante.

Ils entendaient au-dessus d’eux le bruit éloigné de corbeaux qui volaient. Mais ils étaient près d’une clairière au milieu de laquelle se trouvait un vieil arbre mort cassé en deux. L’endroit était désolant par ce temps.

Le vent soufflait très fort et ils devaient marchait difficilement pour ne pas trébucher sur les pierres qui parsemaient ce sol quasiment sans végétation, du moins cette végétation paraissait complètement asséchée.

Il leur était quasiment impossible de se repérer et Abelforth dut utiliser la magie pour réduire la brume.

-          Reducto, dit-il en agitant sa baguette au milieu de la brume. Petit à petit la brume se désépaissit dans les alentours mais il en restait un peu encore.

Cependant, cela était suffisant car on pouvait voir les alentours et s’y repérer sans problème.

-          L’aubergiste a dit que la cabane se situait au cœur de la forêt, un petit sentier y mène selon lui, mais s’il n’a plus été emprunté depuis des années, je pense qu’on aura du mal à le repérer. Ils se dirigèrent vers la forêt qui était encore à une cinquantaine de mètres devant eux.

La forêt était très ombre et lorsqu’ils entrèrent, cela changeait radicalement avec les prés environnants qui étaient en fait plus verdoyants depuis que la brume avait disparu. Les arbres étaient tellement grands que l’on ne voyait quasiment plus le ciel. Les herbes étaient très hautes et épineuses et cette forêt ressemblait grandement à la forêt interdite.

Abelforth leur avait demandé de sortir leur baguette au cas où ils seraient attaqués. Mais il ne semblait pas qu’il y ait le moindre animal ici. Plusieurs fois, ils marchèrent sur des squelettes d’animaux de toutes tailles. Apparemment, ils avaient tous été décimés.

L’atmosphère était lourde et terrifiante, il n’y avait pas un bruit à part le sifflement continu du vent dans les arbres. De toute évidence plus personne ne pouvait vivre dans les parages, étant donnée la hauteur des herbes. Harry réfléchissait et il lui paraissait donc impossible que Regulus Black soit encore vivant dans les parages. Mais s’il était une ombre comme l’était Voldemort, il aurait très bien pu rester ici. Et puis il se souvint une phrase de Voldemort le jour où il s’était retrouvé dans le cimetière « parfois, je m’installais à l’intérieur d’un animal… aucun de mes hôtes n’a duré bien longtemps ».

Et cela confortait Harry dans ce qu’il pensait, Regulus Black avait possédait des animaux pour survivre et ils mourraient, et c’était pour cela qu’il y avait tant de cadavres. Aussi, il s’attendait à voir une ombre surgir devant lui et il scrutait attentivement les alentours. Il aurait souhaité pouvoir entendre les moindres bruissements dans les feuilles mais tout cela était brouillé par le bruit des rafales toujours aussi puissantes.

Après plusieurs heures de fouilles qui les avaient exténués, ils trouvèrent enfin la cabane. Elle était complètement délabrée et les planches qui la composaient étaient en train de pourrir. Elle était envahie de plantes qui courraient le long de ses murs. Ils firent le tour pour trouver la porte et furent stupéfaits de voir que le devant avait été dégagé. La porte avait été ouverte les jours précédents. Les plantes avaient été coupées pour permettre à la porte de s’ouvrir, mais elle était actuellement fermée.

Ils se tinrent à distance et Abelforth lança un sortilège d’explosion qui défonça la porte. Tous se tenaient prêts avec leur baguette et s’attendaient à ce que quelqu’un sorte mais rien ne bougea. Ils s’approchèrent lentement et Abelforth entra le premier, sa baguette allumée. Il y avait un lit dont les planches étaient craquées et le tissu moisi. Il y avait également une table dans un autre coin avec une casserole et un gobelet rouillés. C’était là que s’était réfugié Black lorsque Voldemort le poursuivait. On voyait que de l’herbe avait poussé à l’intérieur et qu’elle avait été coupée très récemment également. Mais on voyait que le mur avait un peu brûlé très récemment aussi, et pourtant, il n’y avait pas de trace au sol qu’il y avait eu un feu. Abelforth examina cela et déduit qu’un feu magique avait été allumé ici.

Ils fouillèrent ensuite autour de la cabane puisqu’il n’y avait rien dedans et trouvèrent le corps d’un cerf mort par terre. Il était étonnant que le corps ne souffre apparemment d’aucune blessure. En fait le cerf paraissait en bonne santé.

Abelforth avait compris ce qu’Harry pensait avant même qu’il le dise. C’est pourquoi il commença à réaliser des sortilèges complexes sur le cerf et des volutes noirâtres de fumée commencèrent à sortir de sa tête. Ableforth les faisait tourbillonner au fur et à mesure qu’elles sortaient. Il disait quelque chose du bout des lèvres mais sans qu’aucun son ne s’échappe de sa bouche. Soudain, la fumée se dissipa en un bruit de râle.

-          Le pauvre, son âme est complètement détruite, dit Abelforth gravement, après quelques secondes de réflexion. Plus rien, si ce n’est de la Magie Noire, rien que de la Magie Noire et des horreurs inimaginables.

-          Il a été possédé ? c’est cela ? demanda Harry.

-          Oui, et la personne qui l’a possédé est maintenant loin d’être humaine, on pourrait même croire que c’est Voldemort si je ne savais pas qu’il est loin d’ici.

-          C’est Regulus Black ? demanda Harry, apparemment frappé d’horreur.

-          Je ne sais pas, mais si c’est lui, il a changé et nous devons le retrouver avant que les choses ne deviennent catastrophiques. Abelforth avait un air terriblement grave, alors que d’habitude, il était plutôt calme et souriant. On voyait une profonde agitation en lui.

-          Quelqu’un est venu récemment, est-il possible… Harry était horrifié et il n’osa pas même pas prononcer la fin de sa phrase dans sa tête. Mais Abelforth acquiesça tristement.  Ron et Hermione avaient l’air eux aussi profondément choqués par tout cela.

-          C’était juste, vous aviez bien jugé du danger mais il est maintenant trop tard. Regulus Black est de retour, au moins aussi terrible que Voldemort.

-          Et on ne peut plus rien faire ? demanda Harry ne voulant pas accepter ce qui allait les attendre.

-          Non, je le crains, je ne sais pas qui est venu le retrouver mais nous sommes malchanceux, nous serions venus il y a quelques jours et nous l’aurions définitivement anéanti. Il peut être n’importe où maintenant.

-          Va-t-il entrer au service de Voldemort à nouveau ? demanda Ron.

-          Je ne pense pas, non, répondit Abelforth. Il a trop de pouvoir lui aussi pour vouloir se soumettre à Voldemort, ils vont vouloir se faire la guerre entre eux et malheureusement je crains que cela déchaîne leur soif de pouvoir… le plus fort sera celui qui sèmera le plus la terreur.

Ils commencèrent à traverser la forêt pour regagner le pré dans lequel ils étaient arrivés, oubliant que pour rentrer, ils auraient pu transplaner directement. Mais ils étaient dépités, découragés par la perspective d’avoir à lutter désormais contre deux puissants mages noirs.

Le soleil s’était levé et toutes les brumes s’étaient dissipées. La journée était magnifique en Russie sur ce Mont Iaman Taou. Mais cela ne comptait par pour le moment. Ils ne savaient plus quoi penser et plus personne n’avait parlé pendant la traversée de la forêt. Lorsqu’ils arrivèrent au pré, ils transplanèrent vers la maison d’Abelforth.

Harry se demandait comment aurait réagit Dumbledore en ces circonstances. C’était terrible, tous les progrès accomplis des derniers temps par le Ministère dans la lutte contre Voldemort, il avait lui-même découvert comment l’anéantir et tout n’était plus qu’une question de temps ; tout ça ne servirait plus à rien selon Harry.

Ils savaient maintenant que Black avait fait un Horcruxe et Harry était terrifié à l’idée qu’il ait pu en faire plusieurs. Harry se demandait qui était allé le secourir, qui d’autre que lui savait que l’âme de Regulus Black était restée dans cette forêt, qu’il attendait patiemment que quelqu’un vienne le secourir pour retrouver sa force.

C’était terrible aussi pour Harry de ne rien savoir sur Regulus Black, car cette fois, Dumbledore ne lui avait pas laissé ces souvenirs sur lui, il devrait faire de longues années de recherches sur lui, peut-être même toute sa vie, alors que la communauté allait entrer dans une des plus terribles guerres qu’elle n’ait jamais connu.

C’est ainsi que sans penser à rien, découragés, ils retournèrent se coucher au Terrier. Harry n’osait pas s’endormir mais il ne pouvait rester à se torturer l’esprit comme cela. Il espérait que demain lorsqu’il se réveillerait, tout cela ne serait qu’un terrible cauchemar.

 

 

 

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