HARRY   POTTER 

 ET   LA   CLEF  DE   LA  PAIX

 

CHAPITRE 15 : HARRY ET L’OCCLUMANCIE

 

 

            Le lendemain, le bonheur d’avoir détruit un autre Horcruxe de Voldemort se faisait sentir et ils dormirent tous très tard. Ce fut d’ailleurs Mrs Weasley qui vint les réveiller.

-          Bonjour, dit-elle une fois qu’ils furent descendus pour prendre leur petit déjeuner. Préparez-vous vite, votre Directrice veut vous parler, elle vous attend !

-          McGonagall ? s’étonna Harry.

-          Le professeur McGonagall, Harry, corrigea-t-elle.

-          Oui, pardon, mais pourquoi ?

-          C’est à propos de l’AD, elle aurait une proposition à vous faire.

-          Bien, dit Harry.

Ils se dépêchèrent donc de manger et Harry fut satisfait de voir que la Gazette du Sorcier n’annonçait pas de mauvaises nouvelles. Il était seulement question de l’attaque provoquée par la tante Pétunia, si on pouvait encore dire « la tante ». Le Ministère de la Magie avait enfin terminé de modifier la mémoire de tous les moldus qui avaient été témoins de la scène.

Mais la Gazette annonçait également plusieurs autres bonnes nouvelles qui étaient les bienvenues après tout ce qui s’était passé ces temps-ci. En effet, deux Aurors supplémentaires venaient de finir leur formation, une Porte à Transplaner avait été installée entre le Ministère de la Magie et l’hôpital Sainte-Mangouste pour les maladies et blessures magiques, les Aurors blessés par l’attaque étaient sortis de Sainte-Mangouste, les travaux de construction de la grande bibliothèque étaient sur le point d’être terminés, et le Ministère de la Magie avait annoncé qu’il allait être créée une série de mesures relatives à l’éducation et notamment quelque chose qui intéressait particulièrement Harry, une classe spéciale qui avait pour but de former des Aurors dès la septième année à Poudlard et qui se poursuivait sur un ou deux ans après.

Autre nouvelle qui allait sûrement faire plaisir à Abelforth, la Gazette publiait désormais chaque jour une grille de mots croisés magiques ce qui révélait que la situation s’améliorait.

C’est donc parfaitement heureux qu’ils se rendirent à Poudlard pour rencontrer McGonagall. Celle-ci les attendait au Ministère de la Magie et elle discutait joyeusement avec Kingsley de quelque chose mais ils stoppèrent leur discussion lorsqu’ils les virent arriver par la Porte à Transplaner.

Ils allèrent donc à Poudlard par la seconde Porte à Transplaner et se retrouvèrent dans le bureau des Aurors de Poudlard qui avait maintenant été complètement aménagé. McGonagall les fit aller jusqu’à son bureau et ils croisèrent Miss Teigne sur leur passage qui les observa de ses yeux flamboyants. Mais McGonagall lui fit soudainement « pschh » et elle s’en alla en courant, heurtant une armure au passage ce qui fit les fit tous les trois éclater de rire.

-          Cette chatte est détestable, dit-elle, mais s’il vous plaît évitez de dire cela, j’aimerais le plus possible éviter de voir Rusard. Ces temps-ci il est terriblement énervant à propos du règlement intérieur qui n’est pas assez sévère selon lui. Il a proposé d’en rédiger un autre mais biens sûr il est hors de question que son règlement soit accepté. Mais c’est bien pour lui, ça lui fait une distraction.

Ils allèrent directement dans le bureau directorial et McGonagall les pria de s’installer et de prendre un biscuit comme elle avait l’habitude de le faire.

-          Bien, j’ai plusieurs choses à vous demander. Tout d’abord à propos de l’AD. Je pense que ce club sera à recommander à tous les élèves. C’est pourquoi, avec les lettres envoyées aux parents à la rentrée, je propose d’y mettre un bulletin d’inscription à remplir pour ceux qui veulent s’y inscrire dès la rentrée. Etes-vous d’accord ?

-          Oui, répondirent-ils tous les trois en même temps. 

-          C’est très bien, je sais que vous aurez prévu des travaux très utiles, j’ai constaté avec plaisir les excellents résultats à leurs épreuves de BUSE de vos anciens élèves de l’AD. Je dois vous féliciter et vous encourager à continuer. Je souhaite aussi vous annoncer qu’il y aura un club de duels qui se présentera plutôt sous la forme d’un tournoi par niveau de classe. C’est le professeur Bett qui se chargera de s’en occuper. Il y aura par ailleurs un club de divination, dit-elle avec un air renfrogné dont se chargera le professeur Trelawney. Elle sourit quand elle vit les expressions de tous les trois. Mais je doute fortement qu’elle ait beaucoup d’inscriptions. Enfin je dois accepter pour ne pas la contrarier pour vous savez quoi. Les autres clubs, reprit-elle, continueront normalement. Tout est bon ?

-          Oui, d’accord répondit Hermione.

-          Bien, Miss Granger, cela ne vous dérange pas si vous êtes nommée Préfète-en-Chef de Gryffondor ? proposa McGonagall avec un sourire.

-          Oh ! mais c’est merveilleux, s’exclama Hermione, merci, biens sûr j’accepte, c’est un honneur.

-          Bien, dans ce cas, vous recevrez votre insigne avec les lettres annonçant la rentrée. Je dois vous informer que la rentrée sera avancée cette année pour ceux qui ont mal réussi leurs examens de fin d’année. Ils devront prendre des cours de remise à niveau pour se préparer aux nouveaux programmes qui sont très chargés, croyez-moi. D’ailleurs Miss Granger, à propos des programmes, vous savez que les professeurs seront inspectés pour vérifier qu’ils appliquent bien les programmes. Le Ministère a pour cela prévu des commissions qui seront composées d’un représentant du Département des Métiers, des Formations et des Etudes, de la Directrice de Poudlard, et d’un élève. Acceptez-vous d’être cette élève ?

-          Oh oui, bien sûr, dit Hermione, très honorée par toutes ces propositions.

-          Je ne vous propose pas à vous, dit-elle en se tournant vers Harry et Ron, car je sais que vous serez occupés par vos entraînements de Quidditch.

-          Ne vous inquiétez pas, dit Harry, je ne pense pas que j’aurais aimé ce travail. Et Ron acquiesça.

-          Vous savez, commençant à vous connaître Harry, je m’en serais doutée. Et elle leur adressa un sourire bienveillant qui fit beaucoup plaisir à Harry. McGonagall semblait moins froide et elle avait apparemment accepté le fait que c’était lui qui devait devenir le chef de l’Ordre du Phénix.

Lorsqu’ils retournèrent à la Porte à Transplaner, ils se retrouvèrent nez à nez avec Rusard à l’angle d’un couloir. Celui-ci avait l’air furieux et était essoufflé comme s’il venait de courir. De toute évidence Miss Teigne était allée se plaindre de ce que lui avait fait McGonagall.

-          Je vois qu’on se promène illégalement dans le château pendant les vacances, dit-il de sa voix sifflante en les regardant de ses yeux vitreux. Ils pouvaient sentir son haleine de poisson frit.

-          La Directrice nous a convoqué ! dit sèchement Hermione sur un ton glacial en lui lançant un regard noir.

-          Ce n’est pas tout, poursuivit Rusard sur un ton mauvais. Miss Teigne m’a dit que vous avez commis des actes interdits.

-          Miss Teigne vous a dit ? s’étonna Harry sur un ton très moqueur.

-          Ne soyez pas insolent, jeune homme, suivez-moi nous allons immédiatement voir Madame la Directrice. Sachez que le nouveau règlement me permettra de vous punir dans mon bureau. Je vous pendrai par…

-          Les doigts de pieds, on sait, coupa sèchement Hermione.

-          Mais si vous croyez qu’on va se laisser pendre, dit Ron.

-          C’est ce qu’on verra, dit Rusard.

Ils entrèrent dans le bureau de McGonagall.

-          Qu’y a-t-il, Rusard ? demanda-t-elle sèchement en le voyant entrer.

-          Il se trouve que j’ai surpris ces jeunes gens, dit-il en leur faisant signe d’entrer, en train de violer le règlement intérieur de l’école.

-          Que faisaient-ils ? demanda-t-elle sèchement à Rusard, mais en adressant un clin d’œil à tous les trois.

-          Eh bien, Miss Teigne est venue me voir pour me dire…

-          Miss Teigne parle ? s’étonna McGonagall, c’est étonnant, voudriez-vous me dire comment vous avez fait ça ? demanda-t-elle sur un ton faussement poli.

-          Ce n’est pas le problème, dit Rusard, ils ont commis…

-          Et vous croyez cette stupide chatte ? demanda McGonagall. Rusard commença à rougir et sa bouche entr’ouverte laissait apparaître un filet de bave qui coulait sans que celui-ci ne s’en rende compte. Harry remarqua que ses mains tremblaient.

-          Miss Teigne…

-          est une complètement folle, coupa McGonagall alors j’aimerais que vous me laissiez, j’ai suffisamment de travail comme ça, dit-elle montrant clairement qu’il fallait que Rusard sorte de son bureau.

-          Ils ont été insolents ! s’exclama Rusard.

-          Ca se comprend, poursuivit McGonagall en colère.

-          Et le nouveau règlement…

-          qui n’est pas encore appliqué et qui ne le sera certainement jamais ! cassa McGonagall. Mr Rusard, je vous le répète, j’ai du travail. Et elle se leva pour ouvrir la porte et lui montrer la sortie.

Enfin, ce fut Harry, Ron et Hermione qui partirent en dernier et McGonagall leur adressa un large sourire en leur faisant signe que ça suffisait avec Rusard maintenant.

C’est pourquoi ils évitèrent soigneusement son regard lorsqu’ils le doublèrent dans le couloir sortant du bureau directorial.

Ils retournèrent au Terrier où ils trouvèrent une Mrs Weasley en forme et particulièrement heureuse. Elle s’étonna que Harry n’ait pas de leçons d’occlumancie aujourd’hui mais Harry lui avait répondu que l’amie de Dumbledore ne pouvait pas aujourd’hui.

C’est pourquoi ils s’entraînèrent au Quidditch dans le jardin avec Ron. Harry lui faisait des tirs et il s’entraînait Ron essayait de les bloquer. Cette année à Poudlard, ils seraient certains de gagner la coupe pour plusieurs raisons. D’abord, Rogue ne pourrait plus leur enlever des points injustement, l’équipe de Serpentard ne seraient plus avantagés par leurs balais puisque Malefoy n’était plus là pour les financer… Ils étaient donc résolus à remporter la coupe des Quatre Maisons.

Cet entraînement avait beaucoup fait progresser Ron qui était à l’aise car il savait que personne ne le regardait.

Mais vers la fin de l’après-midi, Hermione avait insisté pour qu’ils s’entraînent. Elle tenait très au sérieux ce que lui avait rapporté Harry à propos de l’attaque que voulait faire Voldemort à Poudlard. Elle avait trouvé un puissant sortilège de défense qui enfermait l’adversaire dans un puissant tourbillon d’eau et l’empêchait d’attaquer. Ils le pratiquèrent dehors tous les trois. Hermione apprit ce sortilège à une vitesse époustouflante et Harry un peu moins rapidement. Ron y arriva aussi finalement après plusieurs essais. Tous trois avaient énormément progressé mais surtout beaucoup mûri, cela se voyait à leur concentration. Ils n’auraient jamais été capables quelques années auparavant de se concentrer si bien pendant un cours qui n’était pas obligatoire. C’était en fait leur immense détermination qui les avait aidés.

Ce sortilège du mur d’eau se produisait lorsque l’on prononçait la formule waterwhirloo. Ils s’entraînèrent donc tous les trois à ce sortilège en l’essayant à leur tour les uns sur les autres. Mrs Weasley était d’ailleurs très impressionnée, elle avait tenu à assister à leur entraînement. Elle disait qu’elle n’avait jamais entendu parler de ce sortilège mais elle avait avoué n’être pas très sérieuse lorsqu’elle était à Poudlard.

-          Et après tu nous embêtes sans arrêt lorsqu’on fait la moindre chose de travers ! s’exclama Ron.

-          Ronald Weasley ! dit-elle, je te signale que j’aurais bien aimé que l’on me force à être un peu plus sérieuse, j’aurais été un peu plus puissante et j’aurais pu faire un métier plus intéressant. Alors Ronald, si tu ne veux pas finir conseiller d’orientation, tu ferais mieux de travailler.

-          C’est vrai que c’est un métier pour moldus, dit Ron en grimaçant, il y a bien d’autres métiers plus intéressants…

La journée se passa tranquillement, plusieurs membres du Ministère passaient parfois au Terrier et Scrimgeour y resta le soir pour manger ce qui montrait que la tension était retombée. Harry savait qu’il n’y aurait plus d’attaques de Mangemorts au moins jusqu’à la rentrée ce que personne au Ministère ne savait. Mais il ne fallait pas qu’il le laisse entendre pour que les efforts accomplis ces derniers temps se poursuivent.

En fait, Scrimgeour avait annoncé que les Mangemorts semblaient avoir complètement disparu. Même les brumes qui montraient que les détraqueurs se multipliaient s’étaient un peu dissipées et ceux-ci semblaient être mis à l’abri par Voldemort. De toute évidence, comme Rogue l’avait prévenu, Voldemort était en train de rassembler son armée mais ils ne pouvaient pas l’en empêcher pour le moment. Ils devaient se contenter de le bloquer dès qu’il attaquerait.

Cette stratégie ne plaisait pas à Harry qui aurait préféré attaquer directement les Mangemorts plutôt que de s’en protéger. Mais Rogue lui avait bien dit  qu’il ne pouvait pas trop en dire pour éviter que Voldemort ne le soupçonne.

Il est clair que si tous les Horcruxes avaient été détruits, Rogue aurait risqué sans problème de se mesurer à Voldemort et il aurait tenté de le détruire mais cela aurait été inutile alors qu’il restait des Horcruxes car il aurait perdu son rôle d’espion.

Scrimgeour devait l’après-midi aller visiter le nouveau stade qui venait d’être construit et qui accueillerait la finale de la coupe du monde de Quidditch 1998 au Canada. Le Ministère canadien de la Magie avait demandé de l’aide à tous les autres Ministères pour qu’ils placent les sortilèges repousse-moldus aux alentours du terrain. Apparemment, la coupe du monde s’annonçait très sûre et le Ministère canadien avait pris des mesures pour éviter que ne se reproduise le fiasco au niveau de l’organisation de la dernière coupe du monde. Mr Weasley avait d’ailleurs pris des places pour tous dans les meilleures tribunes.

L’après-midi, son faux Gallion s’était mis à chauffer et le numéro sur la tranche lui indiquait qu’il devait se rendre chez Abelforth le lendemain dimanche 28 juillet à dix-huit heures.

La journée du lendemain se passa à peu près comme la veille, ils s’entraînèrent beaucoup au Quidditch et Hermione tint absolument à apprendre à Harry un maléfice de magie très noire qui consistait en un jet de flammes noires qui bloquaient la respiration de l’ennemi. Mais Hermione avait jugé que c’était un maléfice qui était particulièrement dangereux et elle n’avait pas voulu l’apprendre pour le moment à Ron ni elle-même. Il était important d’ajouter qu’une fois que Harry savait utiliser un sortilège, elle exigeait absolument qu’il le pratique sans en prononcer la formule. Et Harry était devenu particulièrement doué en ce qui concernait les sortilèges informulés alors qu’il arrivait toujours très mal à les utiliser à la fin de l’année dernière.

Ainsi, à dix-huit heures précises, il frappa à la porte d’Abelforth pour ce qui serait sa première leçon d’occlumancie. En fait, son niveau était tellement nul dans cette discipline qu’on pouvait considérer qu’il n’en avait jamais fait.

-          Installe-toi, Harry, dit-il d’une manière très calme. Avant de commencer notre leçon, je dois d’abord te prévenir que Severus Rogue a préparé une leçon demain quatorze heures. Il a dit qu’il souhaiterait que tu sois déjà bien préparé dès la rentrée. C’est donc possible demain ?

-          Oui, bien sûr, répondit Harry.

-          Aujourd’hui, nous allons donc commencer nos leçons d’occlumancie. Tu connais le principe même si les leçons avec Severus ont été d’après ce que j’ai entendu été particulièrement catastrophiques. C’est pourquoi je pense que tu sais l’importance de savoir vider son esprit. Et je pense qu’il serait préférable que Fumseck soit ici. Je suppose que cela ne le dérange pas de venir ?

-          Non, je vais l’appeler, répondit Harry. Et il pensa très fort à Fumseck. Puis il sentit que Fumseck avait compris car il crut entendre dans sa tête le chant du phénix. Puis soudain Fumseck apparut.

-          Ah excellent, bonjour Fumseck. Je suis heureux de voir que le lien entre Fumseck et toi est déjà fort, dit-il en s’adressant à nouveau à Harry. Albus aurait été très fier de toi.

-          Merci, balbutia Harry. Il aurait été difficile de lui faire un plus beau compliment.

-          Bien, donc pour en revenir à notre leçon, je pense que Fumseck pourra t’être utile à vider ton esprit. Est-ce que tu connais les propriétés du chant du phénix ?

-          Non, dit Harry intéressé.

-          Bien, je suis certain que tu trouves ce chant agréable. Ce chant a donc la propriété de faire oublier momentanément ses soucis à celui qui les entend, c’est exactement comme si tu les mettais dans une Pensine pour un moment, mais bien sûr ils reviennent après. En fait, il faut savoir que l’esprit du sorcier considère d’abord un certain type de pensées, les autres sont refoulées. C’est-à-dire que en fait tu penses soit à ce qui te fait plaisir ou soit à ce que tu n’as pas envie de penser. Le chant du Phénix t’aide donc à ne penser que à ce que tu as envie de penser. Et il se trouve que lorsque le sorcier s’est lié très récemment avec un phénix, cela ne fonctionne pas comme cela. Disons que le sorcier se laisse un peu submerger par le chant et ne pense plus qu’à cela. Et il devient inutile de pénétrer son esprit car il n’y sera perceptible qu’un sentiment d’immense bonheur. Mais ce n’est pas à cela que Fumseck va nous être utile. Il va d’abord te faire écouter ton chant pour que ton esprit ne soit pas encombré et ensuite tu seras plus concentré et tu arriveras plus facilement à me repousser lorsque j’essaierai de rentrer dans ton esprit. N’oublie pas Harry que c’est ta seule volonté et ta seule détermination qui te permettra de me repousser. Il faudra que tu veuille très fort me repousser. Si tu te laisses emporter dans les souvenirs que je vais réveiller en toi, tu auras beaucoup de difficultés à t’en détacher. Fumseck va donc te simplifier la tâche car ainsi tu pourras ne penser qu’à me repousser et non pas à tes soucis du quotidien. C’est seulement une histoire de concentration, tu comprends ?

-          Oui, répondit Harry.

-          Bien, nous allons commencer. Fumseck, s’il te plaît es-tu d’accord pour chanter quelque chose à Harry qui pourrait lui faire oublier tout ce qu’il ressent en étant venu ici ?

Et le phénix se mit à chanter un chant merveilleux. Harry se sentait très bien à l’entendre, il était heureux et il lui semblait impossible qu’un tel bonheur puisse cesser, mais rapidement, Abelforth l’interrompit.

-          Déjà ! s’exclama Harry.

-          Bien, Fumseck a été efficace, merci dit-il en caressant le plumage brillant de Fumseck qui venait de se percher sur son épaule. En effet, tu étais tellement bien que tu ne t’es pas rendu compte que près de dix minutes viennent de passer, Harry.

-          Dix minutes ! mais…

-          Bien, si tu me le permets nous allons commencer, l’interrompit Abelforth. Et Harry se tut. Legilimens ! dit-il calmement en pointant sa baguette sur Harry.

Harry n’avait encore jamais ressenti cette sensation. Il avait l’impression que quelqu’un pensait à sa place pour lui. Il entendait Abelforth comme s’il cherchait quelque chose dans sa tête. Mais Harry ne voulait pas que Abelforth cherche dans sa tête. Il dit non fermement mais cela ne suffisait pas, Abelforth continuer de se balader dans son cerveau, il répéta non encore une fois mais cela ne suffisait pas, Abelforth était toujours présent dans sa tête. Et puis soudain, il était au milieu d’une forêt… des Mangemorts arrivaient en transplanant… il gravait la Marque des Ténèbres dans le bras de Pétunia.

-          Je crois que nous allons arrêter là, dit calmement Abelforth alors que Harry était à présent assis sur le tapis qui représentait un hippogriffe et d’ailleurs Harry ne l’avait jamais remarqué.

-          J’étais prêt de réussir, dit Harry avec un large sourire.

-          En effet, c’était bien pour un premier essai. Mais Harry tu dois comprendre qu’il ne te suffit pas de  refuser que j’entre dans mon esprit, il faut que tu m’ordonnes de sortir, que tu sois très clair et que ta détermination se montre plus. J’ai clairement compris que tu ne voulais pas que je voie tes souvenirs mais c’est comme si tu disais à Voldemort que tu ne veux pas qu’il tu des gens.

-          Ah ! s’exclama Harry qui comprenait soudain, je dois vous pousser à sortir et pas attendre que vous le fassiez de vous-même !

-          Voilà, dit Abelforth avec un sourire mais je crois t’avoir ravivé certains souvenirs peu joyeux et si Fumseck voulait bien à nouveau t’aider à oublier tout ça, ce serait bien.

Et Fumseck répéta son magnifique chant. Harry se sentait à nouveau parfaitement détendu après cela et Abelforth recommença.

-          Legilimens.

Harry sentit à nouveau la présence d’Abelforth dans ses pensées et il se força à le repousser. « Non, sortez ! » se disait-il dans sa tête et il sentait que par sa détermination il arriverait à le repousser. Il poussait de toutes ses forces rien que par sa pensée et il sentait petit à petit Abelforth s’éloigner.

Puis soudain, il était ailleurs, il n’était plus dans sa tête, il savait qu’il était dans la tête d’Albus. Et puis il était ici, chez lui, il se retourna et vit Albus Dumbledore dans le canapé où était assis Harry actuellement, il s’approcha…

-          Ca ira comme ça, dit Abelforth calmement.

-          Excusez-moi, dit Harry, je…

-          Ce n’est rien, Harry, cela fait plaisir. Tu viens de montrer que tu disposes de facultés particulières…

-          Des facultés particulières ? s’étonna Harry.

-          Oui, dit Abelforth amusé, tu es un très bon légilimens, c’est-à-dire que tu peux facilement entrer dans l’esprit de quelqu’un d’autre. Mais je t’enseignerai la légilimencie plus tard. Nous en sommes pour l’instant à l’occlumancie et il serait imprudent de vouloir brûler les étapes. Tu as donc parfaitement compris ce que je t’expliquais et suis surpris que tu y sois arrivé si rapidement. Severus m’avait dit que tu n’avais apparemment aucun don pour l’occlumancie mais tu peux être content de savoir qu’il se trompe.

-          Monsieur ? demanda Harry, est-ce que ce ne serait pas la même chose que pour lutter contre le sortilège de l’Imperium ?

-          Oui, ta remarque est juste, Harry, c’est là aussi toute la détermination du sorcier qui fait la différence, et aussi bien sûr la force d’esprit. En fait, le chant du Phénix t’a placé dans la même situation où tu ne penses à rien, je sais que tu as vécu ça, n’est-ce pas ?

-          Oui, répondit Harry.

-          Et donc, c’est une situation où tu peux réussir plus facilement. Cela ne veut pas dire que c’est facile car très peu de sorciers sont capables d’accomplir les progrès que tu as fais depuis une vingtaine de minutes. Mais c’est un début et il faut savoir que lorsque tu auras à utiliser l’occlumancie, la situation ne sera pas toujours aussi idéale…

-          Je le conçois, dit Harry.

-          Il te faudra parvenir à aller au-delà de la confusion de ton esprit pour parfaitement détecter la présence de ton agresseur, de le cerner bien pour pouvoir le repousser, c’est là toute la difficulté mais je suis certain que tu pourras y arriver très bientôt. Je te suggère seulement de recommencer encore une ou deux fois pour être certain que tes progrès soient durables. Es-tu prêt ?

-          Oui, euh… le chant du Phénix ? demanda Harry.

-          Tu verras que ce n’est pas nécessaire, je veux faire un test, dit Abelforth. Bien attention, legilimens !

Il sentit à nouveau Abelforth l’envahir. Mais il était légèrement masqué par le souvenir très récent qu’il avait de ce qu’il avait vu dans la tête d’Abelforth. Et puis se souvenir lui en fit rappeler d’autres et il revit la mort de Dumbledore, ce qui se passait dans la caverne.

-          Vois-tu, lui dit Abelforth alors qu’il se relevait lentement ; il s’était à nouveau retrouvé par terre sur le tapis, le moindre souvenir peut créer une confusion profonde dans ton esprit. Tu as vu un souvenir et rapidement tu as été submergé, et ainsi, c’est comme si tu m’avais donné une Pensine dans laquelle tu aurais mis quelques uns de tes souvenirs. Le problème est donc d’arriver à vaincre ta curiosité, ton envie de te remémorer certains souvenirs. Dès que tu as senti que je m’étais introduit dans ton esprit, il fallait immédiatement me contrôler, ne pas me laisser au milieu de tes pensées, Harry. Mais c’était la première fois, et je voulais te montrer ce que c’était. Je suis certain que tu peux y arriver. Recommençons. Legilimens.

Harry sentit à nouveau la présence d’Abelforth. Immédiatement il essaya de le faire sortit de son esprit, mais plusieurs images lui passaient devant mais il ne devait pas savoir ce qu’elles étaient, cela n’était pas important ; Abelforth s’éloignait, il sentait qu’il allait le perdre mais non, il ne devait pas le perdre, il ne fallait pas qu’il voie les souvenirs, Abelforth se rapprochait, il ne sentait maintenant plus que lui, les souvenirs avaient  disparu, il devait le faire sortir, et après ce qui lui sembla une lutte acharnée, guidée par sa seule volonté, il repoussa Abelforth et entra dans sa tête. Mais non, il ne voulait pas entrer dans sa tête. Et il se força à retourner dans la sienne maintenant que Abelforth n’y était plus. Enfin, il revit le salon dans lequel il se trouvait et Abelforth qui était assis en face de lui souriait.

-          Harry, je suis impressionné, vraiment très impressionné, c’est excellent ce que tu viens de faire… Ta force d’esprit est immense… arriver à te contrôler comme cela, à repousser d’abord tes propres souvenirs, puis à imposer ta volonté, et enfin ne pas vouloir rester dans ma tête… Tu as atteint un niveau exceptionnel. Je vois que tu es donc maintenant capable de maîtriser également ta légilimencie… tout simplement incroyable Harry...

-          Merci, bredouilla Harry. Il était utile de dire que même lui était stupéfait de sa performance.

En une demi-heure, il venait d’en faire infiniment plus qu’en plusieurs heures avec Rogue. Si seulement Rogue lui avait expliqué aussi clairement que venait de le faire Abelforth et si il n’avait pas tout fait pour paraître désagréable, Harry savait qu’il aurait déjà progressé avant. Et Sirius ne serait pas mort…

-          Harry, il va maintenant falloir que tu te reposes, car ce que tu viens de faire a dû t’épuiser.

-          Oui, j’ai un peu mal à la tête, répondit Harry.

-          C’est vrai mais je dois avouer que je n’y suis pas allé doucement sur le sortilège, et puis il faut dire que je suis un très bon légilimens ce qui augmente encore ta prestation, Harry, dit-il en souriant. Je vais donc te laisser rentrer. N’oublie pas demain à  quatorze heures ta leçon avec Severus.

-          Merci, à demain, dit Harry.

Et puis il rentra au Terrier. Il avait hâte de dire à Ron et à Hermione les progrès qu’il venait d’accomplir.

-          Oh Harry, c’est merveilleux ! s’exclama Hermione.

-          Dommage que je n’ai pas su faire ça avant.

-          Il faut dire que tu ne faisais pas d’efforts, combien de fois t’avais-je répété d’essayer de fermer ton esprit le soir avant de t’endormir, dit Hermione gravement.

-          Si Rogue n’avait pas tout fait pour être le plus désagréable possible avec moi et s’il m’avait expliqué clairement comment fermer son esprit, j’aurais peut-être progressé, dit Harry très sèchement.

-          Désolé, Harry, s’excusa-t-elle, je comprends, oublions cela, bravo encore pour tes progrès.

Le soir, il ne se fit pas prier pour aller dormir. La leçon l’avait vraiment épuisé et il s’endormit d’un sommeil très profond dont il ne garda le souvenir le matin d’aucun rêve.

Le matin, ce fut Mrs Weasley qui vint le réveiller vers midi moins dix alors que le repas de midi allait commencer. Harry avait très bien dormi et sa fatigue de la veille s’était totalement dissipée. Il se sentait à présent parfaitement en forme.

Il était d’ailleurs complètement agité et il fit une partie de Quidditch pour se calmer avant d’aller voir Rogue qui avait certainement décidé de lui faire travailler d’autres maléfices plus difficiles encore.

Il se rendit donc chez Abelforth à quatorze heures précises et Rogue arriva quelques secondes après lui.

-          Bien, Potter, je vois que vous avez perdu votre fâcheuse habitude d’arriver en retard, c’est un progrès, dit-il d’une voix moqueuse mais Harry, comme il avait pris l’habitude de le faire depuis quelques jours, l’ignora ; Rogue allait certainement comprendre qu’Harry était plus intelligent que lui et que cela ne servirait à rien si ce n’est à passer pour un imbécile.

-          Bonjour, lui répondit Harry avec une voix forte.

-          Bien, Potter, aujourd’hui nous allons passer à quelque chose de plus difficile comme je vous l’avais promis mais d’abord je dois vous mettre en garde, dit-il d’une voix sifflante. Le Seigneur des Ténèbres fait un élevage de Cocatris, bien sûr vous ne savez pas ce que c’est ? demanda Rogue.

-          Non, avoua Harry.

-          Je m’en doutais, dit Rogue avec un ton doucereux. Mais votre encyclopédie ambulante pourra vous renseigner là-dessus, poursuivit-il avec un ricanement mauvais. Je vous préviens donc Potter, il est décidé à s’en servir pour attaquer Poudlard !

-          Bien, d’accord, dit Harry se demandant quelles horreurs pouvaient bien être les Cocatris.

-          Severus, dit Abelforth calmement. Harry vient d’accomplir des progrès énormes en à peine une demi-heure hier en ce qui concerne l’occlumancie, et il se révèle qu’il est également un excellent légilimens.

-          Potter ? s’étonna-t-il, pourtant il n’a jamais montré le moindre signe avec moi qu’il était doué pour cela. En revanche, il m’a laissé beaucoup de signes pour montrer sa nullité.

-          De toute évidence, dit Harry d’un ton glacial, ne pouvant se retenir de réagir cette fois, je pense que cela dépend du professeur.

-          Potter, je crois que vous devriez vous calmer, dit Rogue en lui lançant un regard noir. Harry s’apprêta à répliquer mais Abelforth leur fit signe de se taire.

-          S’il vous plaît, je crois que l’essentiel dans tout cela est le progrès énorme qu’a accompli Harry. C’était juste pour information Severus, vous saurez donc que Harry pourra éventuellement apprendre des maléfices de torture mentale lorsqu’il en aura atteint le niveau.

-          Des maléfices de quoi ? s’étonna Harry. Le mot de « torture mentale » ne lui inspirait pas grand-chose de bon, il connaissait déjà le maléfice Doloris mais un maléfice de « torture mentale » ne devait pas être quelque chose de très différent apparemment.

-          Tu verras plus tard, Harry, lui dit Abelforth, ce sont de toute évidence des maléfices qui sont très noirs par rapport au reste de la Magie Noire et pour le moment il ne faut pas s’occuper de cela. Allons donc à Poudlard pour la leçon, dit Abelforth.

Et ils passèrent par le Portoloin à nouveau. La salle Albus Dumbledore n’avait pas bougé depuis la dernière fois. La table était toujours poussée laissant un large espace pour pratiquer de la Magie.

-          Parfait, dit Rogue. Bien, Potter, j’ai aujourd’hui prévu de vous apprendre le sortilège de la Morsure du Diable. Ce sortilège engendre d’atroces souffrances à la personne sur laquelle vous le pratiquez, c’est pourquoi il vous faudra attendre d’être un jour confronté à un Mangemort pour le pratiquer. Les Mangemorts n’utilisent jamais ce sortilège, car pour la plupart d’entre eux, ce sont des imbéciles qui ne sont capables de maîtriser que les trois Sortilèges Impardonnables. Le Seigneur des Ténèbres connaît ce sortilège mais il ne l’utilise pas. Pour lui, comme Mr Albus Dumbledore a dû vous le dire, il n’existe rien de pire que la mort, c’est pourquoi il a prévu de se rendre immortel en faisant ses Horcruxes. Sa bêtise fait qu’il n’utilise que le Sortilège de l’Avada Kedavra. Mais pour vous, Potter, ce sortilège peut être un atout considérable. Son effet est terrible. Vous provoquez une douleur interne terrible à la personne sur qui vous l’appliquez et je peux vous assurer que vous pouvez envoyer cette personne à vie à Sainte-Mangouste si vous faites durer votre sortilège. Il aboutit à force au même effet que le baiser d’un détraqueur, il détruit complètement votre âme. Mais je sais, que vous saurez utiliser ce maléfice avec prudence, et je peux donc vous l’apprendre. L’action de ce sortilège se fait en insérant une telle dose de mal dans l’âme de votre victime que cela agit sur tout son corps et notamment sur son cerveau et son système nerveux. Vous insérez dans ses pensées une telle confusion en détruisant toute pensée logique, toute pensée bonne que la personne est incapable de réfléchir, elle s’invente une douleur intense et cela est transmis à tout son corps, comme si ses nerfs s’enflammaient lentement, comme si un poison se répandait dans tout le corps de votre victime. L’application de ce sortilège quelques fractions de secondes sur une personne vous suffit à l’immobiliser plusieurs heures, si vous l’appliquez plusieurs secondes, vous l’envoyez pour plusieurs mois à l’hôpital et si jamais vous allez à la minute, la personne est fichue. Si donc vous n’exagérez pas trop en appliquant ce sortilège, la confusion et la douleur s’effaceront très lentement de la personne et tout se remettra en ordre. Nous allons donc commencer par prononcer l’incantation sans votre baguette Potter. Répétez après moi : evil invasium.

-          Evil invasium, dit Harry lentement.

-          Bien, maintenant je vais vous dire dans quelles conditions d’esprit vous pourrez réussir ce sortilège. Je vous rappelle pour cela toute l’importance de la concentration. Mais c’est le même principe que pour le précédent maléfice que je vous ai appris, Potter, vous devez être déterminé à vouloir faire du mal. Dans ce cas, cela vous sera difficile, c’est pourquoi… Spero destructum apparecium ! dit-il avec un ton féroce en pointant sa baguette au-dessus de lui.

Un détraqueur surgit de nulle part au milieu de la pièce en se dressant de toute sa hauteur devant Harry. L’atmosphère était soudain devenue glaciale et sombre. Le détraqueur s’approcha lentement de Harry en émettant son râle horrible et en dégageant une horrible odeur de pourriture.

-          Vous savez quoi faire, Potter ! dit Rogue férocement. Et Harry se concentra, il devait absolument détruire ce détraqueur.

-          Evil invasium ! hurla-t-il en pointant sa baguette vers le détraqueur qui n’était plus qu’à un mètre devant lui.

Quelque chose que, par analogie avec un jet de lumière, l’on pouvait qualifier de « jet d’obscurité » parti de sa baguette et heurta le détraqueur qui émit un râle beaucoup plus puissant et long que d’habitude.

Le détraqueur fut projeté en arrière en se tordant de douleur mais après quelques secondes, il se redressa et dans un horrible sifflement, recracha un nuage de fumée sombre, épaisse et glaciale. Cette fumée se dissipa rapidement en un long bruit de soufflement qui glaçait le sang.

-          Spero destructum disparecium ! dit-il et le détraqueur disparut aussi subitement qu’il était apparut.

Abelforth semblait impressionné par ce qu’il venait de voir et sourit à Harry. Rogue aussi était impressionné puisque apparemment il n’avait pas de sourire moqueur sur son visage. Il semblait cependant chercher ses mots.

-          Je crois Potter, que si vous aviez fait cela en classe je n’aurais pas eu d’excuse pour donner des points à Gryffondor, c’était excellent pour un début, vraiment excellent… Je suppose que cela est dû en partie à l’effet de surprise et à votre peur terrible des détraqueurs mais quand même, je suis forcé d’avouer que vous avez un talent inimaginable pour la Magie Noire, talent d’ailleurs que je n’ai pas remarqué dans les autres disciplines. Je suppose que c’est le Seigneur des Ténèbres qui vous l’a transmis lorsqu’il a tenté de vous tuer, mais il est clair que vous avez ce pouvoir. Cela vous sera bien sûr très utile pour vous débarrasser de lui. Nous allons si vous le voulez bien recommencer. Il est tout à fait normal que le détraqueur ait repoussé le sortilège au bout d’un certain temps. Il est vrai que ces créatures sont tellement cruelles que ce sortilège ne les affecte pas longtemps. Vous pouvez cependant essayer d’y mettre un peu plus de volonté mais bien sûr, je ne vous en demanderais pas plus pour le moment. Et pour satisfaire votre curiosité, Potter, sachez que je ne fais pas apparaître un détraqueur comme cela, je ne fais que l’appeler, préparez-vous, Potter ! Spero destructum apparecium !

Le détraqueur apparut à nouveau au milieu de la pièce et s’approcha de Harry lentement.

-          Evil invasium ! hurla Harry encore plus fort que la première fois.

Il se produisit approximativement la même chose que lors du premier essai.

-          Non, non, non, Potter, vous n’avez pas bien compris, dit Rogue après avoir fait disparaître le détraqueur. Il vous faut avoir plus de conviction, plus de volonté, plus de concentration, et le fait de crier ne vous apporte pas cela, bien au contraire. Vous pouvez réussir le sortilège parfaitement tout en le murmurant tant que vous avez la force d’esprit suffisante. Car vous devez avoir les idées très claires, Potter, pour pouvoir créer suffisamment de mal nécessaire pour lancer ce maléfice. Recommençons.

Rogue fit apparaître le détraqueur qui s’avança toujours aussi lentement vers Harry, dans la pièce glacée. Harry se concentra. Il voulait faire subir à ce détraqueur tout le mal que les détraqueurs avaient pu lui faire subir auparavant. Il lança le sortilège sans le formuler et cela fonctionna parfaitement.

D’ailleurs, le souffle était tel que lorsque le maléfice était passé devant Rogue, sa cape avait été emportée. Le maléfice avait atteint le détraqueur en pleine poitrine et celui-ci se mit à hurler de douleur. Harry n’avait jamais entendu un cri aussi horrible, un cri aussi perçant, et il savait que tout le mal qu’avait pu infliger ce détraqueur était en train de ressortir. Le détraqueur se tordait de douleur mais se calma lentement en enfin recracha cette fois un nuage noir beaucoup plus épais et gros. Il recula et essaya de s’enfuir mais Rogue le fit disparaître.

-          Potter, j’avoue même que vous commencez à me faire peur, lui dit Rogue.

-          Oui, Severus, était intervenu Abelforth, je crois qu’il faut s’arrêter là pour aujourd’hui, c’est amplement suffisant.

-          Vous venez de réaliser ce sortilège avec une force inouïe ! s’exclama Rogue, et sans le formuler. C’est vraiment exceptionnel… vraiment exceptionnel… Félicitations, Potter, je suis content de voir enfin votre détermination, vous avez enfin compris qu’il y a des choses plus importantes dans la vie que des amusements débiles, la seule chose en fait que vous aviez pu faire jusqu’à maintenant. Votre puissance est exceptionnelle et pour votre sécurité, je pense qu’il ne faudrait pas que l’on refasse des cours de Magie Noire avant une bonne semaine.

Lorsque Rogue avait dit cela, il n’avait plus rien sur son visage de moqueur, ni aucune trace de colère, Harry crut même y déceler de la peur.

Et il retourna au Terrier pour expliquer tout cela à Ron et Hermione.

-          Il est vrai que tu dois faire attention avec la Magie Noire, Harry, lui avait dit Hermione, je sais que tu saurais être prudent dans son application mais il ne faudrait pas que tu prennes goût à ce genre de maléfices où il te faut vouloir la souffrance de l’autre.

-          Je sais, dit Harry gravement.

-          Il faudra que tu saches n’utiliser ces maléfices que lorsque tu auras affaire à un Mangemort, Harry, jamais lors d’une dispute avec un autre élève…

-          Ne t’inquiète pas Hermione, je sais, dit Harry.

-          Bien, je pense alors qu’il faudrait que tu développes aussi parallèlement ta Magie Blanche, Harry, de manière à ce que tu gardes toujours un équilibre. Il faudra que tu parles de cela avec Abelforth.

-          J’irai le voir après, dit Harry.

-          J’aurais voulu te dire autre chose, Harry, je pense que tu devrais t’occuper un peu plus de Dobby et Kreattur, le fait d’avoir des elfes demande que tu leur accordes une attention particulière. Harry avait complètement oublié Dobby et il n’avait pas vraiment envie de penser à Kreattur.

-          Si tu veux que je m’occupe de Kreattur, tu peux toujours rêver ! s’exclama-t-il.

-          Tu devrais ! dit Hermione gravement, si tu veux éviter ce qui s’était produit…

-          Kreattur travaille dans les cuisines de Poudlard, les autres elfes le surveillent ! dit Harry sèchement.

-          Et Dobby ? peut-être que tu devrais au moins lui donner son salaire, la fin du mois approche !

-          Tu sais quoi, je vais aller à Gringotts pour qu’ils lui donnent plusieurs mois d’avance au moins on sera tranquille avec ça, dit Harry.

-          Et tu devrais aussi lui rappeler qu’il a droit à ses vacances !

-          Je ne vais pas l’empêcher de travailler !

-          Harry, tu sais très bien qu’il a peur d’être punis s’il part en vac…

-          Mais je ne l’ai jamais puni ! s’exclama Harry d’un air indigné.

-          Je sais, mais je propose que tu devrais le faire venir vivre ici au moins pendant les vacances, ça montrerait que tu lui portes un peu plus d’attention !

-          Mais ce n’est pas moi qui décide, dit Harry qui ne comprenait pas pourquoi Hermione s’énervait sur lui alors qu’il n’y pouvait strictement rien.

-          Ron, je pense que tu devrais insister pour que Dobby puisse venir ici !

-          D’accord, d’accord mais si c’est pour que la maison devienne le QG de la SALE, il n’en n’est pas question !

-          Société d’Aide à la Libération des Elfes ! s’exclama Hermione indignée. Finalement, je vois que vous êtes pareil que les Mangemorts qui n’acceptent pas les Sang-de-Bourbe, sauf que vous c’est avec les elfes !

-          Mais Hermione ! balbutia Harry profondément choqué par ce qu’elle venait de dire.

-          Enfin, Hermione, nous ne tuons pas d’elfes, dit Ron, lui aussi choqué.

-          Et bien alors montrez que vous les défendez ! dit-elle.

Ils avaient donc demandé à Mrs Weasley d’accueillir Dobby et l’idée l’avait ravie. Elle avait juste demandé à ce qu’on attende l’avis de Mr Weasley. Elle était sinon enchantée par l’idée de Hermione et de pouvoir participer à la S.A.L.E.

Hermione était contente d’avoir enfin trouvé quelqu’un qui se rattachait à sa cause et elle n’avait d’ailleurs pas lâché Mrs Weasley à propos de cela toute l’après-midi. Elle lui avait raconté l’histoire des elfes depuis le Moyen-Âge et Mrs Weasley ne pouvait s’empêcher d’être impressionnée. Mais elle faisait la cuisine et elle se contentait d’acquiescer pendant que Hermione parlait. Il est vrai qu’elle était au début intéressée par tout cela mais au bout de deux heures pendant lesquelles Hermione lui avait raconté l’histoire d’une vingtaine d’elfes célèbres et pourquoi il fallait les protéger, elle avait décroché tout à fait involontairement.

Elle avait été sauvée par Ginny qui lui avait proposé de faire une partie d’échecs version sorcier qui avait duré jusqu’au repas du soir.

 

 

 

 

 

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