HARRY   POTTER 

 ET   LA   CLEF  DE   LA  PAIX

 

CHAPITRE 84 : LE SANCTUAIRE DES MARQUES

 

         

-          Mr Potter, votre jambe est guérie.

-          Hein ?

          Harry se redressa sur sa civière, sa jambe semblait tout à fait normale, et il n’y avait plus la moindre trace d’une blessure.

          Il était resté absorbé dans les conversations entre Shiner et le sorcier du Magenmagot, puis dans celle avec Arthur Weasley, le professeur Dillantis, et Alastor Maugrey. Il n’avait pas fait attention au sortilège que la Guérisseuse avait utilisé pour guérir son os, et avait bu la potion lorsqu’elle lui avait tendue, sans réfléchir à ce que pouvait contenir le verre.

          Il ne savait pas vraiment que penser. Il était un peu d’accord avec Stridus Shiner sur le fait qu’il fallait empêcher à Voldemort de contrôler le Ministère, et nommer rapidement un Ministre efficace. Mais il désapprouvait totalement la façon de faire.

          Il pensait pourtant qu’il était bon d’installer provisoirement le Ministère en sécurité à Poudlard, mais il était impensable pour lui de fermer l’école et de déloger les élèves. Il avait également très peu apprécié la critique des professeurs et de Scrimgeour. A ses yeux, Shiner n’était qu’un homme qui profitait de la situation pour prendre le pouvoir.

-          Est-ce que quelqu’un qui venait avec nous de Poudlard manque à l’appel ? demanda Lupin.

          Tous se regardèrent, ils étaient tous en forme, même Mrs Bett qui n’était pas encore soignée.

          La Guérisseuse qui s’occupait d’elle avait bien du mal à la faire tenir en place, et avait attaché le chariot à un piquet de la tente pour l’empêcher de vouloir l’utiliser pour rouler à toute vitesse dans la tente en évitant de justesse les soigneurs et les blessés.

-          J’vous dis que ma jambe va bien ! dit Mrs Bett avec un large sourire.

-          Vos deux jambes sont cassées ! répondit la Guérisseuse.

-          Oh ben ça arrive, elles vont bien finir par guérir ! Héhé !

          Mrs Bett descendit du chariot.

-          Non !

          Il était trop tard, ses jambes s’étaient pliées, mais pas au niveau de ses articulations.

-          Ahaha !

-          Ne bougez plus !

          Mrs Bett partit dans un fou rire incroyable et elle s’agitait tellement que la Guérisseuse ne pouvait pas lui lancer le sortilège sans risquer de se rater.

          Ils se mirent à une dizaine pour la tenir, et enfin le traitement put lui être administré. Ils purent donc quitter la tente.

          Harry se rendit compte que son Eclair de Feu devait être cassé sous les décombres. Il tenta quand même de le récupérer.

-          Accio Eclair de Feu !

          A sa plus grande surprise, le balai ressortit des décombres, seulement rayé et pas cassé.

          Ils transplanèrent ensemble à l’entrée du parc de Poudlard qui était plongé dans l’obscurité.

          Tout était très calme, il n’y avait pas un mouvement, pas un bruit. Le ciel était dégagé de toute brume, et la Lune et les étoiles brillaient de tous feux.

          Le château était bien là, et la plupart des fenêtres étaient illuminées.

          Ils traversèrent le parc jusqu’aux portes d’entrée du château.

          Lorsqu’ils entrèrent, ils furent envahis d’une sensation de désespoir et de froid.

          Le hall était envahi de Détraqueurs qui s’avancèrent vers eux au moment où ils entrèrent.

          Ils utilisèrent tous leurs Patronus pour se frayer un passage et grâce au balai d’Harry et de Mrs Bett, et à Fumseck, ils montèrent rapidement à l’étage supérieur, même si l’escalier avait été totalement détruit.

          Ils passèrent dans le couloir du deuxième étage et ils regardèrent si la Porte à Transplaner fonctionnait toujours.

          L’arche émettait des éclairs bleus et il n’y avait qu’un fond noir. Ils préférèrent ne pas s’en approcher et continuèrent leur toute vers la tour de l’aile Ouest.

          Mrs Weasley rappela à Ron de se taire en passant sur l’escalier qui leur avait causé des problèmes un peu plus tôt, dans l’après-midi.

          A un angle que formait le couloir, ils entendirent des bruits de pas et Harry sortit immédiatement la Carte du Maraudeur, une dizaine de personnes qui semblaient être des Mangemorts à leur nom étaient en train de courir droit sur eux.

          Quelques secondes plus tard, les deux groupes se trouvèrent face à face, s’éclairant avec leur baguette magique pour s’observer.

-          Ahaha !

          Mrs Bett avait été la première à réagir et un éclair jaune avait fait exploser le sol sous les Mangemorts

          Des éclairs verts avaient été envoyés comme riposte.

-            Biancker ! dit Harry en se concentrant sur le groupe des Mangemorts.

          Ils tombèrent tous et avant qu’ils n’aient pu se relever, ils étaient tous stupéfixés.

-          On ne va pas les laisser au milieu, cachons-les dans ce placard, proposa Lupin.

          Ils enfermèrent les Mangemorts et continuèrent leur route. Le château était désert, ils ne rencontrèrent que deux fois un groupe de Détraqueurs à la recherche de victimes, qu’ils repoussèrent sans difficultés.

          Ils entrèrent dans la salle commune des Serdaigle et retrouvèrent les autres professeurs et élèves.

-          Que se passe-t-il ? demanda le professeur Fitz.

          Lupin résuma tout ce qui s’était passé au Ministère, ainsi que leur rencontre avec Stridus Shiner.

-          Ce n’est pas possible, on ne va pas renvoyer les élèves, il faut qu’ils continuent à étudier. Il va dans le sens de Voldemort si l’on ferme l’école !

-          Nous résisterons ! dit le professeur Dillantis.

-          Je pense que les professeurs doivent se réunir, dit Lupin, pour décider du comportement à adopter.

-          On peut le faire ici, répondit le professeur Fitz. Nous pourrons surveiller les élèves en même temps.

-          Tous les autres professeurs sont là ?

-          Oui, les autres salles communes ont été évacuées, le professeur Tanghudaï s’en est occupé avec quelques Aurors. Ils ont rencontré plusieurs patrouilles de Mangemorts et de Détraqueurs. C’est inquiétant.

-          Voldemort veut donner l’impression d’être partout et de contrôler l’école, expliqua Lupin. Mais tant que les élèves sont ici sous notre sécurité, il n’y a pas de problèmes. Ils vont finir par quitter les lieux, s’ils ne sont pas déjà en train de le faire, après le désastre au Ministère.

-          Pourtant, les Aurors ont aussi été beaucoup touchés, répondit Maugrey.

-          Certes, mais la différence est que les Aurors sont chez eux, alors que les Mangemorts agissent en terrain inconnu, ils n’ont pas d’endroit pour se reposer, ils sont constamment chassés par les Aurors et par nous…

-          Bien, ne restons pas là pour discuter, venez dans un endroit plus confortable, proposa le professeur Fitz.

          Ils étaient pour l’instant restés dans le tunnel qui menait à la salle commune.

          Harry trouvait cette salle commune vraiment magnifique, et encore plus accueillante que celle de Gryffondor.

-          Des livres ! s’exclama Hermione.

          La salle commune et les dortoirs occupaient toute la tour. La pièce était circulaire, et les murs étaient percés par quelques fenêtres étroites et hautes. De nombreux tableaux occupaient les murs, de tailles variées. Au sol, il y avait un tapis rond très épais, représentait l’emblème de la maison Serdaigle. En face du tunnel, il y avait une grande cheminée dans lequel un crépitait un bon feu qui réchauffait la pièce.

          Deux escaliers en marbre blanc, situés de part et d’autre de la tour, permettaient de monter à l’étage supérieur, qui était une immense bibliothèque. De hautes étagères épousaient la forme arrondie de la tour et étaient couvertes de centaines de livres. Cette bibliothèque surplombait l’étage sur lequel il se trouvait. Le balcon en pierres était porté par plusieurs colonnes de marbres qui se prolongeaient pour soutenir la balustrade du balcon de l’étage supérieur.  Plusieurs gargouilles perchées sur le haut de ces colonnes, sur le long de la balustrade, tenaient chacune une torche pour éclairer la pièce, et un étendard aux armoiries de la maison.

          Les étages se superposaient sous forme de balcons jusqu’en haut de la tour. Il était d’ailleurs difficile d’en apercevoir le haut tellement elle était haute.

          Les élèves s’étaient assis partout où ils le pouvaient, la plupart du temps dans les fauteuils confortables, et occupaient les étages.

          Harry sortit la Carte du Maraudeur pour observer ce qui se passait dans l’école. Un groupe de Mangemorts était en train de patrouiller devant la Porte à Transplaner au deuxième étage.

          Harry remarqua qu’une cinquantaine de personnes étaient réunies dans la Grande Salle. Il chercha des noms qu’il connaissait, et repéra celui de Stridus Shiner.

-          Remus ?

          Lupin s’approcha.

-          Ce sont des Aurors ? demanda Harry en montrant le regroupement dans la Grande Salle.

-          Hum, oui, des Aurors, je ne les connais pas tous, mais j’en reconnais beaucoup.

          Lupin montra la Carte du Maraudeur à Maugrey et Tonks.

-          Ils ne peuvent pas faire de mal, dit Tonks. De toute façon, c’est certain que le Magenmagot nommera quelqu’un d’autre que lui, après ce qu’il a dit…

-          Ils devraient nommer Arthur ? demanda Lupin.

-          Non, il n’a aucune chance, répondit Tonks d’un ton catégorique, ils le trouvent trop proche de l’Ordre et trop proche des Moldus.

-          Je comprendrai si c’était des Mangemorts, dit Lupin.

-          Fudge a laissé des traces, le Magenmagot comprend beaucoup de personnes qui regrettent son départ, on ne peut que rarement leur parler car ils ne parlent qu’aux gens qu’ils connaissent, mais on a une idée claire de ce qu’ils pensent…

-          Qui va être nommé ? demanda Maugrey.

-          Aucune idée, Kingsley aurait été nommé à l’unanimité, ensuite, c’était plutôt Shiner, mais maintenant, je ne sais pas…

          Le Gallion d’Harry se mit à chauffer et il le sortit de sa poche. Il en avait maintenant plusieurs et les confondait. Il était inscrit « dans mon jardin » et ce ne pouvait être qu’Abelforth.

-          Vous venez ? demanda Harry à Ron, Hermione et Ginny.

-          On va te faire perdre du temps, vas-y seul, si jamais il a besoin de nous, tu nous avertis avec Fumseck ou Dobby.

          Hermione avait proposé cette solution qui ne semblait pas plaire à Ginny mais Harry venait d’acquiescer et la décision était sans appel.

          Il transplana avec Fumseck et Dobby les suivit.

          Abelforth était debout dans son jardin et regardait les étoiles. Il était vêtu de la même façon que lorsqu’il était apparu dans le hall du Ministère de la Magie et portait les lunettes en demi-lune de son frère.

-          Harry, tu ne viens pas avec tes amis ?

-          Il y a besoin d’eux ?

-          Non, tu pourras leur raconter ensuite, il est préférable que nous soyons seuls, je me ferai comprendre plus rapidement.

-          D’accord.

-          Tu as entendu tout aussi bien que moi Sibylle Trelawney. Et il faut dire que pour une fois, il était bon de l’écouter. Commençons par le commencement, et pourquoi tu n’es pas mort lorsque le maléfice t’a touché. Tu te souviens peut-être de ce que je t’ai dit lorsque nous en avions parlé ? La prophétie te confère une protection puisque si quelqu’un d’autre que Voldemort tente de te tuer, la prophétie serait rendue impossible. Aujourd’hui, nous en avons eu la confirmation.

-          C’est ce que disait la première prophétie ? demanda Harry.

-          Oui, répondit Abelforth. Tu ne l’as pas entendue ?

-          Pas vraiment, j’étais en train de me demander si j’étais mort ou vivant à ce moment-là.

-          Oui, je comprends. Le plus étonnant est que Dolohov est mort. Dans notre sens, ça nous arrange, car les Mangemorts ne peuvent pas te tuer, mais il y a aussi un inconvénient. Voldemort a la même protection que toi : personne d’autre que toi ne peut le tuer. Cela fait que si un Auror tente de le tuer, il mourra lui-même. Je pense que les Aurors auront compris la prophétie et qu’ils feront attention, mais si ce n’est pas le cas, je compte sur toi pour insister.

-          D’accord, répondit Harry.

-          Nous pouvons passer à la deuxième prophétie. Comme je l’avais dit, la prophétie attend trop, et elle va finir par être modifiée par une autre, ce soir à minuit. Il est évident que tu ne détruiras pas Voldemort ce soir, mais lui peut te détruire ce soir. Maintenant que tout s’est calmé, je pense qu’il est sage de ne pas forcer la confrontation. Attendons la prophétie.

-          On ne va pas la connaître si on reste ici, dit Harry.

-          C’est vrai, répondit Abelforth, mais nous irons au Ministère à minuit.

-          Où est Trelawney ? demanda Harry.

-          Personne ne l’a secourue ? demanda Abelforth.

-          Je ne l’ai pas vue, dit Harry.

-          Mince, il vaudrait mieux savoir ce qu’il en est, il serait préférable que Voldemort ne la capture pas.

-          Rogue pourrait toujours nous dire ce que dit la prophétie.

-          En effet, mais il vaut mieux protéger Sibylle Trelawney et l’entendre de nos propres oreilles. Voldemort pourrait très bien la garder pour lui et en donner une version déformée aux Mangemorts ou à Severus et Joe. Ca m’étonnerait fortement qu’il veuille la cacher à tous les deux, mais cela dépendra de son contenu. Je préfère que nous agissions par nous-même. Préviens tes amis, nous allons au Ministère…

-          Fumseck, tu peux leur envoyer un signal pour qu’ils viennent, on les attend devant la salle commune de Serdaigle.

          Fumseck couina et acquiesça. Quelques fractions de secondes plus tard, une plume de Phénix faisait son apparition au-dessus de Ron, Hermione et Ginny dans la salle commune de Serdaigle.

-          Revenez rapidement ici et ne perdez pas de temps à combattre des éventuels Mangemorts, les Aurors sauront très bien s’en occuper.

          Harry transplana et quelques instants plus tard, Ron et Hermione sortaient de la salle commune.

-          On va chez Abelforth, dit Harry.

          Ils se mirent en marche rapidement.

-          Est-ce que vous avez vu Trelawney sortir des décombres ? demanda Harry.

-          Non, répondit Hermione. Pourquoi ?

-          Abelforth craint que Voldemort tente de la capturer pour n’avoir la prophétie que pour lui. Il faut la mettre en sécurité.

          Ils coururent dans les couloirs sans ne rencontrer personne dans l’aile Ouest. Harry ne regardait pas la Carte du Maraudeur, il ne voulait pas perdre de temps et prenait le plus court chemin, qu’il soit encombré ou vide.

          Ils passèrent devant trois Détraqueurs dans un couloir qui menait au hall du deuxième étage. Ils n’eurent pas le temps de se retourner qu’ils étaient déjà passés. Ils dévalèrent les escaliers, pour descendre vers le couloir de la Salle du Phénix.

          Ils empruntèrent le Portoloin et retrouvèrent Abelforth qui les attendait dans le jardin.

-          Vous avez fait vite… allons-y !

          Ils transplanèrent vers l’endroit où s’était trouvé quelques heures auparavant le Ministère de la Magie.

          Il y avait toujours le gigantesque cratère empli de gravats. Plusieurs immeubles étaient en feu à cause d’explosions de conduites de gaz et les pompiers moldus tentaient de combattre les flammes.

          La tente où les blessés étaient soignés par les Guérisseurs était toujours là, plantée au milieu des gravats.

          Les consignes de Stridus Shiner n’avaient apparemment pas été respectées, les Aurors continuaient de patrouiller, fouillant les décombres à l’aide d’appareils bizarres.

          Abelforth s’en approcha, enjambant les blocs de béton et les poutres. Harry reconnut le cadre d’une Porte à Transplaner brisé en deux morceaux.

-          Le Ministre a demandé une réunion de tous les Aurors.

-          Le Magenmagot a jugé illégale cette réunion, une procédure d’arrestation a été lancée à l’encontre de Mr Shiner. Il met en danger le secret de la communauté en éloignant les Aurors qui doivent protéger les lieux et écarter les Moldus. Les Oubliators ont trop de travail et si les Moldus continuent d’approcher, notre communauté finira par être révélée. De plus, Stridus Shiner n’est pas Ministre de la Magie !

-          Et qui voulez-vous mettre à sa place ? demanda un Auror.

-          C’est au Magenmagot de décider.

-          Arthur Weasley ferait un bon Ministre.

-          Il ne fait pas partie des cas étudiés, le Magenmagot planche sur le cas de Cornélius Fudge.

          Harry s’arrêta net de marcher.

-          Fudge, Ministre ! s’exclama-t-il.

          Le membre du Magenmagot et l’Auror se retournèrent.

-          C’est une conversation privée, répondit sèchement le sorcier.

          Et il fit signe à l’Auror de s’écarter.

          Harry s’apprêta à protester mais Abelforth l’interrompit.

-          Harry, ne t’en occupe pas, Fudge a certainement changé depuis qu’il a quitté le poste, et je pense que le Ministère a toujours une organisation suffisamment claire et efficace pour que Fudge ne puisse pas agir comme il le veut… Mais pour le moment, nous cherchons Sibylle Trelawney.

          Abelforth entra dans la tente, il y avait beaucoup moins de monde, et les Guérisseurs étaient en train de ranger le matériel.

-          Excusez-moi !

-          Oui, répondit la Guérisseuse.

-          Auriez-vous pris en charge Sibylle Trelawney, le professeur de Divination à Poudlard.

-          Je vais consulter les registres…

          La Guérisseuse consulta un parchemin et revint vers eux.

-          Non, je suis désolée, nous n’avons pas reçu de Sibylle Trelawney. Est-ce que cette femme fait partie des victimes.

-          Peut-être pas, répondit Abelforth sur un ton évasif. Ne vous inquiétez pas, dans ce cas, bonne soirée.

          Il quitta la tente, laissant la Guérisseuse qui n’avait pas tout compris de ses derniers mots.

          Abelforth ressortit de la tente et parcourut des yeux l’ensemble du cratère.

-          Elle doit donc être encore là, la tâche ne sera pas facile.

-          Ne peut-on pas demander à Rogue si Voldemort ne l’a pas déjà capturée. Ca ne sert à rien de chercher pour rien.

-          Il ne l’a pas capturée, je lui ai parlé avant que tu viennes chez moi.

-          Ah, et que compte faire Voldemort ? demanda Harry.

-          Se reposer quelques temps, il veut retenter de te combattre plus tard. Il ne sait pas que tu sais…

          Abelforth regarda autour de lui pour être certain qu’il n’y ait personne.

-          Il ne sait pas que tu sais qu’il a fait des Horcruxes et que tu ne peux pas le tuer ce soir. Il pense que tu vas revenir pour tenter de le trouver, et veut en profiter pour te tuer avant minuit. Il ne doute pas une seconde qu’il réussira, comme d’habitude.

-          Il devrait commencer, intervint Ron.

-          En effet, répondit Abelforth. Etre contraint de combattre en pyjama rose n’est jamais une bonne chose pour une mage noir de l’ampleur de Voldemort…

-          Comment va-t-on chercher ? demanda Harry.

-          Bonne question, répondit Abelforth… Ollivander pourrait nous être très utile…

-          Ollivander ? demanda Harry, surpris.

-          Oui, mais on ne va pas le déranger pour ça, et surtout, on va le laisser en sécurité chez lui. Donc je pense que je vais…

-          Excusez-moi, mais en quoi Ollivander aurait pu nous être utile ? demanda Harry.

-          Pardon… Il aurait pu utiliser un sortilège de reconnaissance de la baguette de Trelawney. Il en connaît toutes les caractéristiques et l’a créée, ce qui fait qu’il peut la repérer à partir d’un sortilège que je ne connais pas. Mais tant pis, je vais combiner plusieurs sortilèges qui révèlent la présence humaine et on finira par la trouver. Pour ne pas perdre de temps, je ne vous l’apprends pas, il ne vous servira pas beaucoup et est compliqué. Si un jour on a plus de temps, alors oui.

          Abelforth sortit sa baguette et l’agita, au-dessus du sol, en avançant. Pendant une demi-heure, ils firent le tour du cratère.

          Tous les quatre n’avaient rien dit et avaient regardé Abelforth faire. De temps à autres, sa baguette s’était agitée, mais Abelforth avait à chaque fois continué sa route.

          Ils allèrent enfin à peu près au centre du cratère et Abelforth utilisa un sortilège qui le fit tourner comme une toupie. Il s’arrêta lentement vers une direction qu’il emprunta.

          Il continua de scruter le sol avec sa baguette et à un endroit, elle se mit à vibrer très fortement et Abelforth la lâcha.

          La baguette se planta dans le sol entre deux blocs de pierres.

-          Et bien Sibylle se cache par ici… creusons.

          Avec des sortilèges de Lévitation, ils enlevèrent tous les blocs un à un, formant un gros tas à côté du trou.

          Ils creusèrent très profondément et à une quinzaine de mètres de profondeur, ils trouvèrent le placard dans lequel elle avait été enfermée, intact.

          Ils le remontèrent jusqu’en haut et Abelforth ouvrit la porte.

         

Si ce soir à minuit… l’un d’eux n’est pas mort de la main de l’autre…

 

-          Oui, oui, on a compris, dit Abelforth. Venez avec nous.

-          Où suis-je ? demanda Sibylle Trelawney.

-          Vous avez malencontreusement transplané sur la planète Mars, répondit Abelforth… mais tout va bien.

-          Sur la planète Mars ? Laissez-moi récupérer des grenouilles lunaires ! On dit qu’on peut lire l’avenir dans leurs yeux !

 

Alors les choses se compliqueront pour tous les deux…

 

          Trelawney s’était encore une fois mis soudainement à parler d’une voix rauque, comme si elle s’étouffait. Lorsqu’elle eut fini sa phrase, elle les regarda tous les cinq comme si elle ne les avait jamais vu.

-          Où suis-je ? demanda-t-elle.

-          Sur Mars ! répondit Abelforth.

-          Mars ! Oh, mon garçon !

          Elle se tourna vers Harry.

-          Comment se fait-il qui vous émettiez tant de mauvaises ondes ! Je suis certaine que vous allez mourir prochainement !

          Elle sortit des cartes de sa poche…

 

Car rien ne pourra empêcher…

Que l’un d’eux meure de la main de l’autre…

 

            Trelawney les regarda à nouveau tous les cinq et regarda ses cartes.

            Elle se tourna vers Harry.

-          Jeune homme, je vois votre mort, ce soir, à minuit !

          Hermione lui confisqua les cartes et Trelawney la regarda avec de grands yeux surpris.

-          Je vous reconnais, aucun don pour les prédictions, je l’ai toujours vu, mais ce n’est pas de votre faute, ma petite…

 

Aucun d’eux ne peut vivre… tant que l’autre survit…

 

-          Bien, rentrons, dit Abelforth…

          Il fut interrompu par un grondement qui fit vibrer le sol. Le trou qu’ils avaient creusé pour libérer Trelawney s’était effondré et s’était refermé.

-          Qu’est-ce que c’est ? Un présage de mort ?

          Abelforth se tourna vers le centre du cratère.

-          Un séisme ? demanda Hermione.

-          Non, répondit Abelforth.

          Le grondement continua et le sol vibrait toujours. Les Moldus qui assistaient à la scène depuis le bord du cratère se mirent à courir dans tous les sens en hurlant.

-          Ecartons-nous, dit Abelforth.

          Le grondement s’intensifia et des pierres furent projetées dans les airs par le centre du trou.

          Quelques secondes plus tard, un pyramide dorée tronquée sur sa partie haute apparut à l’endroit où les pierres sortaient.

          Elle était percée par un puits circulaire très sombre qui descendait quelque part dans les profondeurs.

          Quatre piliers en marbre blanc apparurent aux quatre coins du sol, au sommet de la pyramide. Enfin, un joli toit, recouvert de fines tuiles qui semblaient être en  peau de dragon, se posa sur les piliers.

-          Qu’est-ce que c’est ? demanda Ginny.

-          Aucune idée, répondit Abelforth.

          Mais le grondement continua et par le puits au centre de la pyramide, une lumière blanche intense s’échappa.

          Le faisceau s’intensifia et le ciel s’éclaira presque comme s’il faisait jour.

          Les Moldus continuaient de criés et prenaient la fuite dans les rues adjacentes.

          Le faisceau de lumière blanche se scinda en quatre autres faisceaux qui prirent chacun une couleur distincte. Chacun d’entre eux s’échappait du temple par un côté de la pyramide, en passant entre le toit, le socle en or, et les deux piliers.

          L’un d’eux était vert, le deuxième rouge, le troisième jaune, et le dernier bleu.

          Le sol continua de vibrer et quelques secondes plus tard, une gigantesque tête de mort s’échappa du puits et suivit le faisceau de lumière verte. De la bouche de la tête de mort, sortait un long serpent qui s’agitait.

          La tête de mort se mit à tourner dans les airs majestueusement, lentement, bien au-dessus des immeubles londoniens.

          Le sol gronda encore, et un immense dragon s’échappa du puits et suivit le faisceau de lumière rouge. 

          Il agita lentement les ailes et fit un tour dans les airs. Sur son dos, un squelette était perché, et semblait ricaner.

          Dans un autre grondement, un immense cerf sortit du puits, suivant le faisceau de lumière jaune. Il se mit à galoper en faisant de grands bonds et fit un tour sur lui-même avant de se stopper.

          Le sol gronda une dernière fois et une autre tête de mort en sortit, suivant le faisceau de lumière bleue. Dans sa bouche, la tête de mort tenait une rose dans sa bouche.

          Le grondement cessa lentement. Harry contemplait le grand cerf. Celui-ci le regarda et fit un bond sur lui-même.

          La pyramide brillait de tous feux au centre du cratère, et personne n’osait s’en approcher.

          Le sol ne vibrait plus, et un calme plat avait envahi le lieu. Seul le bruit des sirènes des policiers et des pompiers venait jusqu’à eux.

          Un hélicoptère s’approcha et survola les quatre marques et le temple. Il descendit lentement et se rapprocha du temple.

          C’est alors qu’il s’enflamma et disparut dans une forte explosion.

          Des flammes sortirent par le puits et le sol gronda à nouveau. Elles disparurent et le calme total revint.

-          Qu’est-ce que c’est ? demanda Harry.

-          Aucune idée, répondit Abelforth après un moment de réflexion.

-          Les marques ? demanda Hermione, c’est ?

-          Voldemort, Regulus, Harry, et Pétunia, dit Abelforth.

-          Mais la prophétie n’a pas encore été faite ! dit Hermione.

-          Non, répondit Abelforth, mais je ne pense pas que ceci ait le moindre rapport avec la prophétie. Si vous voulez mon avis, quelque chose de très ancien est au fond de ce puits… et a un rapport avec quelque chose de très important. Je pense que ça peut confirmer une de mes hypothèses. J’ai besoin de réflexion et de lecture. Je ne veux pas dire de bêtises… Ca peut peut-être nous en apprendre sur Pétunia, et je crains que ce soit des mauvaises nouvelles.

-          On va visiter ce trou ? demanda Harry.

-          Non, répondit Abelforth. Tu as vu ce qui est arrivé à cet hélicoptère !

-          Peut-être que c’est parce que ce sont des Moldus.

-          Oui, en partie, mais je crois plutôt que seules quatre personnes peuvent entrer là dedans.

-          Alors je dois y aller ? demanda Harry.

-          Non, tu ne dois pas y aller. Attendons de savoir ce qu’il en est. Ne nous précipitons pas.

-          C’est quoi qu’il y a au fond du trou ? demanda Harry.

-          Aucune idée, répondit Abelforth. Il n’y a peut-être rien, on ne peut faire que des suppositions. C’est peut-être un endroit important du Ministère qui doit être sauvegardé, je ne sais pas.

-          Mais, quel est le rapport avec moi, est-ce que ça veut dire que je suis un mage noir, comme eux ?

-          Non, ça ne veut pas dire ça, répondit Abelforth. Je le répète, on ne peut avoir que des idées, et je ne sais pas pourquoi ce phénomène s’est produit, il nous faudra faire des recherches à ce sujet.

-          Pourquoi ça ne concerne pas la prophétie ? demanda Harry. C’est pourtant ce que vous disiez, que la prophétie pourrait nous lier tous les quatre !

-          Oui, peut-être, mais la prophétie doit être énoncée à minuit, et rien ne peut anticiper le contenu d’une prophétie.

          Sibylle Trelawney ne bougeait plus, elle contemplait les quatre marques sans même cligner des yeux.      

          De nombreuses silhouettes apparurent près de la tente. Les Aurors étaient tous venus, menés par un homme qui devait être Stridus Shiner. Il était facilement reconnaissable à sa silhouette massive.       

          Harry ressentit soudain une vive douleur à sa cicatrice, et un rire terrifiant se fit entendre quelque part au fond de son esprit.

          Voldemort était très content. Harry essaya de savoir pourquoi mais il se rendit compte qu’il était allé un peu trop loin et il se sentit expulsé de l’esprit de Voldemort.

-          Qu’y a-t-il ? demanda Abelforth.

-          Voldemort est heureux, répondit Harry, mais je ne sais pas pourquoi.

-          Il est heureux ? Bizarre, je ne pense pas cependant que ce soit en lien avec ce qui vient de se passer.

          Les Aurors tentèrent de s’approcher des quatre marques et de la pyramide.

-          On ne peut pas ! hurla l’un d’eux.

-          Il fait trop chaud !

-          C’est horrible !

          Il leur était impossible d’approcher la pyramide sans subir de terribles souffrances, et Shiner dut se résoudre à ramener ses troupes.

          D’autres silhouettes apparurent près de la tente. Ils étaient vêtus de robes de couleur prune.

-          Ah, je pense que le Magenmagot a délibéré, annonça Abelforth.

          Un homme était au devant du Magenmagot. Il portait un chapeau-melon vert ainsi qu’un imperméable.

-          Fudge ! cracha Harry.

          Abelforth insista pour qu’ils s’approchent, et ils entendirent les discussions.

-          Messieurs les Aurors, nous vous annonçons officiellement que Monsieur Cornélius Oswald Fudge a été nommé Ministre de la Magie. Voici l’acte de nomination signé par le Magenmagot.

          Stridus Shiner prit une couleur rouge et s’apprêta à exploser de colère.

-          Monsieur Shiner, les poursuites sont abandonnées à partir du moment où vous coopérez et que vous respectez le Code du Secret International. Monsieur Fudge, nous vous souhaitons bonne chance dans votre nouvelle fonction.

          Le Magenmagot quitta le lieu, sans faire attention à ce qui se passait au centre du cratère.

-          Bien, répondit Fudge, sur un ton affairé. Poudlard est en danger et il n’y a plus personne pour protéger, je veux une vingtaine d’entre vous là-bas en permanence. L’école doit être rendue aux professeurs et aux élèves. Relancez la construction de la muraille et la mise en place de toutes les sécurités. L’école doit être sécurisée avant minuit. Je viendrai inspecter. Les autres, vingt d’entre vous resteront ici pour protéger les lieux, nous allons reconstruire le Ministère.

          Il y eut des murmures de désapprobation que Fudge ignora royalement.

-          Occupez-vous de faire évacuer le quartier sur cinq cent mètres à la ronde, je ne veux plus aucun Moldu dans les parages. Les spécialistes du camouflage sont déjà en train de placer des enchantements Repousse-Moldus. Les Oubliators font oublier tout souvenir de cette soirée aux Moldus qui y ont assisté, ils vont en avoir pour des heures, ne leur donnons pas plus de travail. Les autres, vous allez rester mobiles et patrouiller dans tous les lieux publics magiques. Les postes du Chemin de Traverse et de Pré-au-Lard sont déserts, ce n’est pas normal. C’est parti ! Organisez-vous, Stridus, je veux vous parler.

          Harry n’aurait jamais imaginé entendre un tel discours de la part de Fudge. Lui qui avait toujours dit que tout allait au mieux, était en train de prendre des mesures efficaces contre les Mangemorts et Voldemort.

          Il avait cependant gardé la manière autoritaire d’agir de la fin de son précédent mandat.

          D’autres silhouettes sombres firent leur apparition dans le cratère, mais Trelawney venait d’émettre un râle, comme si elle s’apprêtait à faire une prophétie.

 

Le Sanctuaire des Marques…

         

 

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