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HARRY   POTTER 

 ET   LA   CLEF  DE   LA  PAIX

 

CHAPITRE 94 : LA PLUME ET LA NOIRDESITE

 

 

-       Je sais bien que vous avez envie d’agir face à cela, mais la meilleure chose que vous pouvez faire maintenant, c’est vous relaxer, dit Zhao Huang après les avoir laissé réfléchir un moment.

          Harry n’avait pas vraiment envie de se relaxer, la situation était trop urgente pour qu’il puisse se permettre de ne pas réagir. Il se demandait ce qui pourrait les sortir de cette situation catastrophique. Y’avait-il une solution miracle ? Il fallait réfléchir et Harry s’efforçait de la trouver.

-       Vous ne pouvez rien faire d’ici le retour d’Abelforth, poursuivit Zhao Huang, alors pour ne pas vous torturer l’esprit, vous allez vous efforcer de vider votre esprit.

-       Nous ne l’avons jamais fait, répondit Hermione, seul Harry sait le faire.

-       Oui, mais vous aussi vous pouvez le faire, je suis certain que le peu de temps passé ici jusqu’alors vous a été très bénéfique et que vous êtes suffisamment calmes pour pouvoir réussir cet exercice très difficile. Malheureusement, ces quelques nouvelles ne vont pas vous aider à être le plus apaisés possible, alors je suggère que nous retournions le plus près possible de la rivière pour que les rayonnements qu’elle dégage vous affectent le plus possible.

         

          Tous s’assirent dans les herbes au bord de la rivière et regardèrent le paysage à la demande de Zhao Huang. Plusieurs embarcations en bois flottaient sur la rivière et transportaient des sorciers qui ne faisaient rien d’autre qu’observer calmement la nature.

          Harry regarda pendant un bon moment plusieurs créatures qui vivaient dans les arbres. Il y avait de nombreux perroquets multicolores, et des sortes de mammifères bizarres qui sautaient de branche en branche en émettant des étincelles et qui fascinaient véritablement Harry.

-       Je me demande bien ce que c’est, se dit Harry dans sa tête.

-       Moi aussi.

          Harry fut surpris qu’on lui réponde. Il regarda autour de lui, personne n’avait parlé, pourtant, et lui-même n’avait fait que parler dans sa tête.

          Ginny se retourna alors et lui adressa un sourire malicieux qui donna à Harry une furieuse envie de l’embrasser.

          Il n’avait toujours pas parlé à Abelforth du fait qu’il pouvait parler avec Ginny rien que par la pensée, et maintenant que celle-ci semblait s’en être rendue compte elle-aussi, il se dit qu’il était temps de le faire. Il avait pensé au début que cela pouvait être une illusion, mais maintenant il en était sûr, il savait que son amour sincère pour Ginny ne pouvait être qu’une force, et il voulait la développer.

          Cette nouvelle capacité fut d’ailleurs très utile lorsque Zhao Huang leur demanda de vider leur esprit. Ginny, qui n’avait jamais essayé de le faire, avait pu observer Harry faire grâce au fait qu’elle pouvait facilement entrer dans son esprit. Elle avait ainsi pu observer Harry agencer ses pensées comme il le voulait.

-       C’est impressionnant de réussir si rapidement, fit remarquer d’un air très enthousiasmé Zhao Huang à Ginny.

          Et tous les deux s’échangèrent un clin d’œil.

          Pendant ce temps, Shaiming était entrée dans l’esprit de Ron pour vérifier s’il avait réussi ou non, et ce-dernier avait le visage livide, certainement à cause de l’idée que quelqu’un soit dans sa tête.

          Harry savait bien que la sensation d’avoir son esprit visité par une autre personne était très désagréable. Il se rappelait très bien des cours d’occlumancie avec Rogue qui avaient été un véritable cauchemar. Mais il était cependant beaucoup plus agréable de recevoir cet enseignement de la part de la gentille Shaiming.

          Peu de temps après, ils virent Abelforth arriver au loin et tous se déconcentrèrent de l’exercice en même temps, comme des élèves de Poudlard qui se déconcentrent dès que la sonnerie signalant la fin d’un cours retentit.

          Sauf que le motif était ici tout autre, Abelforth apportait des nouvelles qui pouvaient se révéler très importantes.

-       Non, non, répondit Zhao Huang, restez concentrés et terminez ce que vous êtes en train de faire calmement.

          Harry eut terriblement de mal à se forcer à faire le vide dans son esprit, il ne pouvait s’empêcher de suivre Abelforth qui s’approchait en parcourant lentement le pré. Cependant, il réussit, mais c’était devenu un exercice courant pour lui, certes pas dans ces conditions.

          Ron, lui, n’y arrivait pas du tout et faisait des grimaces comme si cela pouvait l’aider. Hermione, elle, était trop surexcitée à l’idée d’avoir des nouvelles qu’elle ne put refaire l’exercice dans de bonnes conditions.

-       Comment se passe l’entraînement ? demanda Abelforth le plus naturellement du monde à son arrivée.

-       Plutôt bien, mais ils se sont déconcentrés à votre arrivée, répondit Zhao Huang.

-       Eh bien poursuivez comme si je n’étais pas là…

-       Si vous préférez parler des nouvelles de chez vous…

-       C’est à vous de voir, lorsque vous aurez terminé, je m’en chargerai, dit Abelforth toujours aussi calmement, avec un petit sourire.

-       Alors continuons, dit Zhao Huang.

          Tous les quatre ne cachèrent pas leur déception et commencèrent à vouloir protester.

-       Du calme, dit Abelforth d’une voix claire.

          Son sourire s’était effacé de son visage au moment où il avait parlé.

          Instantanément, ils se turent tous les quatre, comme si une force les avait empêchés de parler.

-       Je crois que vous n’avez plus l’âge de protester de cette façon, dans une telle cacophonie, poursuivit Abelforth sur un ton froid.

          Harry baissa la tête, un peu honteux et ouvrit la bouche pour s’excuser ; mais Abelforth reprit.

-       Pour chaque évènement, il y a un moment idéal pour qu’il se produise. La précipitation peut conduire à des désastres. La découverte des nouvelles que je vous apporte n’est peut-être pas un évènement si important que cela, mais il est plus sage d’attendre. De toute façon, nous allons poursuivre l’exercice en cours jusqu’à ce que vous obteniez tous des résultats convaincants. Ensuite seulement je vous parlerai de ce que j’ai appris tout à l’heure. Essayez de faire comme si je n’étais pas là. 

          C’était malheureusement beaucoup plus difficile à dire qu’à faire et Hermione et Ron n’y arrivaient pas du tout.

          Harry avait finalement réussi à faire le vide complet dans son esprit, malgré l’immense curiosité qui le rongeaient, et, grâce à cela, il put aider Ginny à réussir l’exercice, ce qui n’échappa pas à Abelforth.

-       Tu as réussi, Ginny ? demanda-t-il.

-       Oui, répondit Ginny en rougissant.

-       Et je suppose, Harry, que tu n’es pas étranger à cela… glissa Abelforth.

-       Je voulais vous en parler, répondit Harry.

-       Alors, vas-y, raconte-moi.

          Harry lui expliqua ce qu’il ressentait et la façon dont il pouvait communiquer avec Ginny, la façon dont leur esprit était lié.

-       Ce que tu me dis me fait très plaisir à entendre Harry. Cela veut dire que votre lien d’amour s’intensifie. Vous en sortez grandis tous les deux.

-       Comment ça se fait que cela ne se produit que maintenant ? demanda Harry.

-       Oh, il y a plusieurs raisons, mais c’est quelque chose que l’on ne peut véritablement expliquer. En réalité, votre amour a mis beaucoup de temps à se concrétiser d’un point de vue magique, et je pense même qu’Albus s’en inquiétait. Il pensait qu’en réalité votre amour n’était qu’un amour de jeunesse et c’est peut-être pour cela qu’il a jugé bon de ne pas m’en parler comme si c’était le véritable amour, de votre vie. Aujourd’hui, il n’y a plus de doute, rien qu’à vous voir, cela se sent, votre amour resplendit, il est incassable.

-       Et c’est grâce à l’amour que l’on peut communiquer sans parler tous les deux ? demanda Ginny.

-       Oui, cela créé un lien entre vous, c’est un peu comme si vous ne formiez qu’une seule personne. D’ailleurs, il est à prévoir que le lien avec Fumseck ou avec Dobby se mêle à tout cela, si ce n’est pas déjà le cas. Lors de cet entraînement, Ginny, tu as pu progresser rapidement grâce à Harry. En fait, je pense que c’est un peu comme si Harry te donnait son pouvoir de sorcier primaire. Tous les deux, vous allez énormément bénéficier l’un de l’autre et il est impératif maintenant que vous suiviez un entraînement commun.

-       Est-ce que Ginny va devenir une sorcière primaire ? demanda Harry.

-       Non, répondit Abelforth, mais tant que vous vous aimerez, elle le sera presque…

          Harry et Ginny s’échangèrent un sourire.

-       Cependant, car malheureusement tout n’est jamais toujours parfait, un tel lien vous demandera une grande méfiance à partir de maintenant. Votre amour est très largement perceptible. Je me demande même, du fait de ton lien avec Voldemort, Harry, si celui-ci ne s’est pas rendu compte déjà de la force de ton amour avec Ginny ces derniers temps. Evidemment, c’est quelque chose qu’il ne supporte pas, mais ce n’est pas le plus important. Voldemort, en sachant cela, possède une arme contre vous. Car si votre amour lui fait du mal, le fait de briser votre amour pourrait vous faire encore plus de mal. Ginny, je suis désolé de te l’annoncer comme ça, mais tu es certainement très en danger, Voldemort va peut-être essayer de t’utiliser comme un moyen de pression pour obtenir ce qu’il veut d’Harry.

-       On ne le laisserait pas faire, répondit Harry.

-       Oui, et je vous demande de toujours rester ensemble, quoi que vous fassiez, ou, au moins, si vous ne pouvez pas être ensemble, d’avoir un moyen de vous rejoindre rapidement et de communiquer ensemble.

-       On le savait qu’il y avait un danger, répondit Harry. Mais rien ne pourra nous empêcher de nous aimer.

          Abelforth acquiesça et sourit.

-       Très bien, vous êtes avertis maintenant. Lorsque nous retournerons en Angleterre, nous nous arrangerons pour adapter notre entraînement à la nouvelle situation. En attendant, je suis curieux de savoir comment s’en sort notre autre couple, dit Abelforth sur un ton malicieux. Pendant ce temps, vous pouvez peut-être réessayer une autre fois !

          Abelforth alla prendre des nouvelles de Ron et Hermione. Ron avait toujours eu beaucoup de mal avec ce genre d’exercices théoriques et cela se voyait aujourd’hui, il semblait n’avoir fait aucun progrès. Hermione, quant à elle, n’arrivait pas à se concentrer à cause de Ron qui n’y arrivait pas, et de la découverte imminente des nouvelles.

          Harry et Ginny utilisèrent une nouvelle fois leur lien d’amour pour remettre de l’ordre dans leur esprit et faire le vide.

-       Bien, Ron et Hermione, dit Abelforth, je pense que c’est inutile de forcer. Nous essaierons une nouvelle fois. Passons maintenant aux nouvelles que je vous apporte.

-       Vous avez pu voir Rogue ? demanda Harry.

-       J’ai pu voir Severus, effectivement, pas très longtemps, malheureusement, mais suffisamment pour savoir l’essentiel, et l’essentiel, c’est que Voldemort est en train de monter un plan machiavélique pour s’emparer de tous les pouvoirs. Son objectif est de sortir vainqueur de la prophétie, et il veut se donner des conditions favorables et se concentrer sur son travail. Il contrôle déjà la Gazette du Sorcier, il veut prendre le contrôle du Ministère et de Poudlard. Son arme principale sera la pagaille, et il est en train de la semer grâce à la Gazette du Sorcier. Il a décidé d’infiltrer le Ministère en soumettant ses principaux membres à l’Imperium, et notamment Cornélius Fudge, ce n’est pas encore le cas mais c’est imminent, Fudge est une proie facile, et en plus il n’aime pas l’Ordre du Phénix et il ne t’aime pas, c’est l’homme idéal à la tête du Ministère pour Voldemort en attendant.

-       En attendant quoi ? demanda Hermione. Il veut lui-même devenir Ministre ?

-       Je ne pense pas que la fonction de Ministre l’intéresse, mais j’ai appris tout à l’heure qu’il prévoit de la donner à Joe Jigger. Dans le même temps, il souhaite le retour de Severus à Poudlard, et qu’il en devienne Directeur, c’est pour cela qu’il commence à semer le trouble à propos du  meurtre d’Albus.

-       Vous pensez que ça va marcher, qu’il va réussir à ce que Rogue revienne à Poudlard ? demanda Hermione.

-       Je pense que oui…

-       Mais le Ministère ne voudra jamais, répondit Harry.

-       Sauf si le Ministère est déjà sous son contrôle avant, répondit Abelforth.

-       Et les gens, les élèves, ils auront peur ! poursuivit Hermione.

-       Pas si la Gazette et le Ministère disent tous les deux la même chose au sujet de Severus… Mais nous pouvons de notre côté faire de notre maximum pour empêcher cela. Les moyens d’action de l’Ordre du Phénix sont limités voire nuls. Cependant c’est à Poudlard que vous pouvez agir car souvent les jeunes sont moins bornés que les adultes et ils savent penser par eux-mêmes. La rentrée de vendredi sera très importante, et j’ai décidé que nous rentrerons pour que vous puissiez être à Poudlard dès jeudi soir. Selon les informations qu’a obtenues Voldemort grâce à ses espions au Ministère, Ombrage a déjà prévu des mesures pour vous faire surveiller et vous faire exclure à votre moindre faute, il va falloir agir en toute discrétion. Voldemort a repris contact avec les J.M.P. qu’il a invités au Gouffre des Clordes. Comme ils l’ont déjà fait, ils vont retirer les sortilèges Anti-Transplanage à un endroit pour pouvoir prendre leurs ordres tous les jours auprès de Voldemort. La tâche ne sera pas facile, vous aurez tout contre vous, et vous aurez obligation d’agir. Voldemort était face à un mur il y a quelques mois encore, mais maintenant ce mur s’est fissuré et Voldemort s’infiltre dans toutes les brèches à une vitesse folle.

-       Vous ne pensez pas que l’on devrait rentrer rapidement ? demanda Harry.

-       Non, vous avez besoin de vous revigorer avant d’avoir à affronter tout ça. De votre côté vous ne pourriez pas agir efficacement et c’est le moment idéal pour faire ce voyage. Mais comme je vous l’ai expliqué, nous ferons en sorte d’être rentrés jeudi, ce qui nous laisse la journée de demain entière pour faire ce que nous avons à faire ici. Dès notre retour, nous nous occuperons de notre plan pour retarder Voldemort, l’inondation du Gouffre des Clordes, j’en ai parlé à Severus et il pense que c’est une très bonne idée, qui pourrait faire perdre à Voldemort plus de deux mois de travail pour son armée, et c’est considérable. Nous mettrons tout cela en place dans la nuit de jeudi à vendredi, c’est-à-dire la nuit de la rentrée. Cela aura en plus l’avantage de retarder les plans des J.M.P.

-       Voldemort ne risque pas de s’en douter ? demanda Ron.

-       Non, Joe Jigger va s’occuper dès mercredi soir de mettre en place les enchantements qui vont concentrer les nuages sur les montagnes de Poudlard, nous allons déchaîner les orages et tout s’écoulera naturellement vers le Gouffre des Clordes.

-       Est-ce que le professeur Fitz ne peut pas faire en sorte que les J.M.P. soient surveillés ? demanda Hermione.

-       Je ne sais pas, Severus n’a rien à voir avec le professeur Fitz, il m’a juste dit ce que sait Voldemort. Au moins, vous avez dans le professeur Fitz un allié fiable. Il fermera, j’en suis sûr, les yeux sur ce que vous faites et cherchera au maximum à vous protéger. Cependant je doute qu’il ne va prendre des risques face à Dolorès Ombrage, ce serait trop risqué pour lui, il pourrait être suspendu. Tout devra venir de vous-mêmes, vous devrez rassembler le maximum d’élèves à vous de manière à pouvoir maintenir une pression permanente face aux J.M.P.

-       Quand Voldemort va-t-il venir en Chine ? demanda Harry.

-       Ah oui, malheureusement, nous serons partis quand il arrivera à mon avis. Severus estime que Voldemort ne partira pas avant deux jours, cependant rien n’est sûr. Voldemort est toujours aussi discret et mystérieux. Il passe beaucoup de temps dans ses livres et il s’entraîne. Par moments il appelle des Mangemorts ou des créatures pour tester ses sortilèges sur eux. Il a aussi récupéré tous les livres de Lucius Malefoy et a décidé de lancer une offensive pour dérober tous les livres de Magie Noire de la bibliothèque Dirk Dawlish. Apparemment, ce n’est pas prévu dans l’immédiat donc nous aurons le temps de l’en empêcher.

-       Nous ne pouvons pas le laisser faire ça ! s’exclama Hermione. Nous sommes allés à la bibliothèque et les livres semblent tellement atroces qu’ils sont interdits d’accès et gardés par des Aurors.

-       Je doute que les Aurors y soient toujours en ce moment, fit remarquer Abelforth. La bibliothèque est fermée en ce moment, en attendant que le Hall de la Paix soit rouvert. Le Ministère, apparemment, ne souhaite pas l’ouvrir à nouveau, mais plutôt tout déménager à Poudlard, encore une folie. Heureusement, les commerçants se sont opposés et ont décidé de rouvrir leurs boutiques, l’activité devrait revenir progressivement, d’autant plus que les trains du réseau London Lap devraient reprendre le service. Bref, nous nous occuperons de cela en temps voulu. Cependant cela montre que Voldemort veut apprendre et progresser et ce n’est pas bon signe pour nous. Jusque à présent, il lui était incapable de se remettre en question, mais il semble s’ouvrir un peu plus avec le temps.

-       Et au sujet des Horcruxes, il y a un moment, on avait peur qu’il découvre ce que l’on faisait, rappela Harry.

-       Oui c’est vrai, c’était à craindre, mais finalement la prophétie est arrivée au bon moment et lui a fait sortir cela de la tête. Il est trop occupé pour penser à cela, cependant, il va nous falloir à un moment ou un autre savoir réellement ce qu’il en est. J’ai très peur qu’il pense que le fait qu’il possède des Horcruxes lui laisse croire qu’il peut passer au-delà de la prophétie. Je ne sais pas s’il y a pensé, mais Severus m’en aurait parlé si Voldemort avait semblé chercher de ce côté-là. D’ailleurs il ne s’est plus trop intéressé à la signification des tombes du Gouffre des Clordes, même s’il est clair que c’est maintenant un Horcruxe.

-       Et son armée ? demanda Hermione.

-       Elle ne cesse d’augmenter au point que le Gouffre des Clordes va finir par être rempli d’enclos remplis de créatures. Mais ce n’est pas le nombre que nous devons craindre, une armée de créatures qui s’entretueraient toutes et qui attaqueraient les Mangemorts serait mieux pour nous qu’une armée avec un faible nombre de créatures, bien contrôlées, et lancée au bon moment, au bon endroit. N’oubliez pas que notre inondation prévue du Gouffre des Clordes devrait détruire une large partie de cette armée. Voldemort a ramené de Bulgarie quelques chevaux. Tu dois te souvenir, Harry, du cheval qui nous avait attaqué, qui possède une sorte de tête de Détraqueur. Severus m’a expliqué que Voldemort essaye de les croiser avec des véritables Détraqueurs, je ne sais pas si c’est possible, mais un tel croisement pourrait rendre les Détraqueurs beaucoup plus efficaces en leur donnant la possibilité de se déplacer beaucoup plus rapidement. Evidemment, il tente de ressusciter les Clordes, c’est un acte magique très difficile qui va lui demander énormément de travail, mais il semblerait qu’il soit sur la bonne voie. Je ne sais pas comment nous devons prendre cette nouvelle – sûrement mal, bien sûr – car nous ne savons pas quels sont les pouvoirs réels des Clordes. On peut peut-être espérer qu’elles chassent Voldemort du Gouffre s’il en perd le contrôle. Mais nous devons attendre encore un peu pour savoir.

         

          Les nouvelles n’étaient pas rassurantes et même très inquiétantes, cependant, ils oublièrent rapidement tout cela alors qu’ils poursuivirent leur remontée de la rivière Tanh Thuy.

          Alors qu’ils étaient assis sur leur radeau, les pieds dans l’eau, Zhao Huang leur proposa une leçon de Magie chinoise.

-       Vous le savez maintenant, dit-il, la Magie chinoise est basée sur votre détermination et la relaxation, et nous n’avons pas besoin normalement des sortilèges. Cependant, pour notre leçon d’aujourd’hui, je vais vous en apprendre un. Vous n’aurez pas besoin de votre baguette magique, mais il faudra que vous vous concentriez bien pour l’expulser de vous. Sans cela, vous ne pourrez pas réussir. Vous le classeriez parmi les enchantements chez vous, il s’agit donc de l’enchantement du Tapis de Nénuphars. Son incantation est shui lian meng ya. En gros cela demande aux nénuphars de germer. Vous allez peut-être juger inutile de l’apprendre, mais croyez-moi, il est très important pour plusieurs raisons. D’abord le nénuphar est une plante symbolique chez nous. Vous avez dû remarquer qu’il y en a partout ici, elle nous est utile pour nous soigner, mais aussi car c’est une plante qui émet beaucoup de rayonnements bienfaiteurs. Je vais vous en faire découvrir encore un autre, il s’agit du rayonnement de wan qian, cela signifie à peu près « variété ». Le nénuphar contient en fait en lui-même toute la richesse de notre Magie et c’est en cela que c’est l’un de nos symboles. Je vous laisse essayer et je vous rappelle l’incantation, répétez-la d’abord plusieurs fois, ce ne sera pas facile pour vous car vous n’êtes pas habitués à parler notre langue. C’est shui lian meng ya.

          Ils répétèrent plusieurs fois l’incantation pour se la mémoriser.

-       N’oubliez pas d’être très concentrés sur ce que vous voulez faire et je vais vous demander en quelque sorte de transformer ce que vous imaginez en réalité. Pour vous aider, je vais faire l’enchantement devant vous. Shui lian meng ya.

          Un tapis de nénuphars magnifiques s’étala sur l’eau à côté d’eux. Une grenouille sortit de l’eau et vint se poser sur une feuille, puis croassa.

-       Bien, à vous maintenant. Vous pouvez vous aider de votre main au début, ça vous aidera à mieux expulser l’enchantement hors de vous.

-       On ne peut pas du tout le faire avec la baguette ? demanda Ron.

-       Ca provoquerait des problèmes, répondit Zhao Huang.

-       Ron, tu te souviens du maléfice Electrisant que nous avait appris Maugrey, et bien il faut sûrement faire pareil, il faut expulser le sortilège.

-       Effectivement, c’est un peu la même chose, ajouta Abelforth. Même si vous n’avez jamais pratiqué de magie sans baguette, vous pouvez réussir sans trop de difficultés !

-       Allez, essayez !

-       Shui lian meng ya ! dit Harry.

          Un tapis de nénuphars apparut dans l’eau autour du radeau. Il y en avait de plus en plus, si bien que le radeau s’immobilisa, coincé dans les feuilles.

-       Stop ! Stop ! dit Zhao Huang.

          Avec un mouvement de la main, il fit disparaître tous les nénuphars.

-       Très bien, c’est vraiment très bien, Harry. Maintenant à vous, Ginny, essayez !

          Ginny réussit quasiment parfaitement du premier coup. Il n’y avait que peu de nénuphars, mais c’était excellent pour un premier essai et elle ne put s’empêcher de sourire.

-       Très bien, Ginny, répondit Abelforth.

          Hermione réussit elle aussi plutôt bien, et obtint son premier résultat convainquant au troisième essai.

          Cependant Ron eut beaucoup plus de mal et cela venait du fait qu’il avait du mal à expulser l’enchantement de lui sans sa baguette magique.

          A cause de cela, des feuilles lui étaient apparues sur les mains, que Zhao Huang retira facilement.

          Mais après plusieurs essais, il commença à faire des progrès et même s’il ne réussissait pas aussi bien que ses amis, Zhao Huang jugea que c’était un progrès suffisant et ils continuèrent leur route.

          La rivière Tanh Thuy se séparait en deux et, alors que la plupart des radeaux prenaient l’embranchement de gauche, Zhao Huang dirigea le leur vers la droite.

-       Nous nous séparons du chemin le plus emprunté, mais nous nous rendons dans un lieu que tout visiteur de notre communauté doit venir voir au moins une fois dans sa vie, le Pen Quan. C’est un lieu sacré pour nous. Il s’agit en fait d’une source d’où jaillit une partie de la rivière Tanh Thuy. C’est de là que vient notre Magie. Cette source est apparue il y a très longtemps. Dans les récits, on dit qu’elle est apparue il y a dix mille ans, et c’est à ce moment-là qu’est née véritablement notre communauté magique. Avant, les gens qui vivaient n’avaient pas de pouvoirs magiques. Depuis, les sorciers sont apparus en grand nombre, et nous avons développé une Magie atypique, qui nous est propre.

-       Votre communauté est bien plus ancienne que la nôtre, fit remarquer Hermione. Les débuts de la nôtre se situent aux alentours des années neuf-cent cinquante…

-       Hum, en quelle année êtes-vous, exactement ? demanda Zhao Huang.

-       En mille neuf cent quatre-vingt-dix-sept.

-       C’est vrai que votre communauté est jeune, c’est peut-être cela qui fait qu’elle est encore instable…

          Harry fut une nouvelle fois absorbé par les mêmes animaux. Des sortes de chats qui sautaient de branche en branche dans les arbres au-dessus d’eux.

-       C’est quoi ? demanda Harry, alors que l’un d’eux traversa la rivière au-dessus d’eux en sautant d’un arbre à un autre, de l’autre côté.

-       C’est un li mao rou, je sais que le nom que lui ont donné les premiers anglais qui les ont vus est « Charboricolo ». Les Charboricolos possèdent de nombreux pouvoirs magiques. Ce sont des créatures magiques très intéressantes à étudier, car elles possèdent leur propre Magie. A notre image, elles peuvent utiliser des sortes de sortilèges et elles utilisent comme intermédiaire magique… leurs griffes !

-       Leurs griffes ? s’étonna Hermione.

-       Oui, en réalité, leurs griffes sont constituées de deux matières qui ont toutes deux des propriétés magiques différentes. L’ensemble constitue une sorte de baguette qui leur permet de transformer leurs pensées en Magie. Ils peuvent faire beaucoup de choses, d’autant plus que ce sont des créatures très intelligentes.

-       Celui-ci est en train de faire léviter une pomme de pins ! dit Shaiming, en pointant l’un des Charboricolos du doigt.

-       Y’en a un qui fait du feu ! s’écria Ron.

          En effet, l’un d’eux faisait sortir des flammes du bout de ses griffes, alors qu’il était accroché par sa queue autour d’une branche.

-       Ils savent parler ? demanda Ron.

-       Non, mais il n’y a pas besoin de savoir parler pour faire de la Magie, répondit Zhao Huang. Nous profitons du fait que nous pouvons le faire, mais nous saurions faire autant de choses sans la parole.

          Ils poursuivirent leur voyage mais la rivière devenait de plus en plus étroite et les arbres se rejoignaient au-dessus d’eux si bien que la luminosité avait beaucoup baissé. Par moments, leur radeau restait coincé dans les plantes aquatiques, ou touchait le fond de la rivière. Mais ils arrivèrent finalement face à une immense cascade.

-       Nous allons abandonner ici le radeau, annonça Zhao Huang. A partir de maintenant, nous ferons tout à pieds.

-       C’est loin ? demanda Ron, qui commençait à sentir la faim.

-       Oui, nous n’y serons pas ce soir, mais nous ferons une pause bientôt.

-       Pourquoi ne pas transplaner ? demanda Ron.

-       Parce que nous avons tout notre temps, répondit Zhao Huang.

          Ce n’était pas le genre de réponse qui était pour plaire à Ron, ce long voyage commençait sérieusement à l’ennuyer et il avait de toute évidence du mal à en saisir l’intérêt.

-       Bien, reprit Zhao Huang, le meilleur moyen de remonter cette cascade est d’escalader les arbres. Ensuite, nous sauterons sur la plaine qui est en haut.

-       Escalader ? demanda Ron.

          Tous regardèrent en haut des arbres, mais il était difficile d’en apercevoir la cime.

          Ils commencèrent leur escalade. Cela n’était pas très difficile. Les arbres étaient très denses et ils purent atteindre rapidement les cimes.

-       Mrraaaouu !

-       Aaah !

          Harry se retourna et aperçut Ron en train de dégringoler plus bas dans les branches. Il s’était retrouvé nez à nez avec un Charboricolo qui n’avait pourtant eu aucune mauvaise intention.

          Zhao Huang, d’un mouvement de bras, fit bouger les branches de l’arbre qui attrapèrent Ron juste avant qu’il ne tombe dans la rivière.

-       Il a essayé de m’attaquer ! dit Ron lorsqu’il fut remonté.

-       Mais non, répondit Shaiming, ils ne font de mal à personne, sauf si on les attaque, et ils se défendent très bien.

          En passant d’arbres en arbres, ils purent atteindre le bord de la falaise et sauter au bord de celle-ci.

          Ils se trouvaient sur une sorte de plateau qui surplombait la vallée au fond de laquelle coulait l’autre partie de la rivière.

          Ils poursuivirent leur marche pendant un long moment et aperçurent même de très près un tigre qui venait s’abreuver.

-       Aha ! dit soudain Zhao Huang.

          Il s’approcha de la rivière.

-       Regardez ces pierres, dit-il en montrant le fond de l’eau.

          Il sortit des pierres noires qui semblaient briller.

-       Sont-ce des hei you you ? demanda Abelforth.

-       Exactement, répondit Zhao Huang, mais vous appelez cela de la Noirdésite.

-       Ce sont les pierres dont vous nous avez parlé ? Je veux dire, celles qui absorbent les rayonnements de Wei ? demanda Hermione.

-       Non, on ne trouve pas ces pierres ici, mais dans l’autre rivière.

          Harry ramassa l’une des pierres et regarda son reflet sur une face bien polie. Il était fasciné, ces pierres avaient quelque chose de particulier, et il recevait des rayonnements qu’il ne connaissait pas.

          Mais immédiatement il fut pris d’une violente migraine et il ressentit la sensation qu’il était en train de se vider. Une sorte de fumée noire sortit de lui dans un sifflement suraigu.

          Il eut le réflexe de jeter la pierre le plus loin possible puis il tomba et immédiatement, tout redevint normal, il se retrouva étendu dans l’herbe.

-       Qu’est-ce que c’est ? demanda Hermione, la voix emplie de terreur.

          Ginny était penchée sur Harry et fut ravie de voir qu’il respirait.

-       Occupez-vous d’Harry, dit Abelforth, qui emmena Zhao et Shaiming à l’écart pour leur parler.

-       Comment ça ? demanda Hermione. Où allez-vous ?

-       Il n’y a rien de grave, répondit Abelforth. J’en ai pour une minute, occupez-vous d’Harry.

          Harry se releva, encore étourdi par ce qui venait de lui arriver et il regarda Abelforth, Zhao et Shaiming en train de se parler un peu plus loin.

-       Harry, ça va ? demanda Ginny.

-       Oui, ça va… Mais qu’est-ce qu’ils ont ?

-       Je ne sais pas, répondit Hermione.

          Dobby sauta soudainement sur le ventre d’Harry et avec des gestes bizarres de la main, il lui appliqua un sortilège qui lui fit le plus grand bien.

-       Merci Dobby, je me sens mieux comme ça.

-       Merci Dobby, dit à son tour Abelforth qui était revenu.

-       Qu’est-ce que vous disiez ? demanda Harry. Qu’est-ce que c’était ?

          Harry croisa le regard de Zhao Huang et y décela une sorte de peur. Mais à l’instant même Zhao Huang ferma son esprit et regarda ailleurs.

-       Qu’est-ce qu’il y a de grave ? répéta Harry.

-       Rien de bien méchant, Harry. Cette pierre s’appelle une Noirdésite. Sa propriété principale est d’absorber toute la Magie Noire qui se trouve autour d’elle.

-       Alors elle était remplie de Magie Noire, c’est pour cela que ça m’a fait cela ?

-       Non, au contraire, elle a essayé d’absorber toute ta Magie Noire avant que tu ne la jettes.

          Abelforth s’approcha de la pierre qu’Harry avait jetée et la ramassa.

-       Cette pierre est très redoutée par les Mages Noirs, car elle peut détruire leur âme.

-       Pourquoi elle ne vous fait rien ? demanda Harry à Abelforth, qui tenait la pierre dans sa main, sans qu’il ne se passe quelque chose.

-       Harry, tu sais bien que ton âme est liée à celle de Voldemort depuis qu’il t’a attaqué quand tu étais jeune. C’est pour cela que la pierre a eu cette réaction.

-       Alors ça a absorbé une partie de l’âme de Voldemort ?

-       Oui, et non. Ce n’est peut-être pas exactement ça, mais c’est le principe.

-       Alors si je mets encore cette pierre près de moi, ça pourrait absorber toute l’âme de Voldemort ?

-       Non, malheureusement…

-       A-t-il senti quelque chose ?

-       Je ne pense pas, répondit Abelforth. Mais nous ne pouvons pas vraiment savoir.

          Harry se tut, il trouvait qu’Abelforth avait une façon très bizarre de lui répondre, et il était certain qu’il ne lui disait pas tout.

-       Pourquoi êtes-vous partis parler à l’écart ?

-       Parce que Zhao a pris peur, croyant que tu étais un Mage Noir. Je lui ai expliqué ce que je viens de te dire.

          Harry n’y croyait pas du tout. Il savait qu’Abelforth lui cachait quelque chose. Il aurait voulu continuer à poser des questions pour en savoir plus, mais quelque chose en lui-même lui demanda de se taire.

          Il y eut un long silence, très maladroit et Zhao Huang reprit.

-       Ces pierres sont très utiles. Elles ont permis la conception d’enchantements très puissants pour lutter contre les Mages Noirs.

          Zhao Huang sortit un collier de sous sa robe. Une perle brillante faite de Noirdésite y était enfilée.

          Qu’est-ce que c’est ? demanda Hermione.

-       C’est une Noirdésite. C’est une pierre qui nous permet de produire des enchantements forts contre la Magie Noire. En plus de cela, elle absorbe en chacun de nous notre part de Magie Noire. Tous les sorciers du Yunnan en possèdent une. C’est aussi pour cela qu’il n’y a pas de Magie Noire dans notre communauté.

          Zhao Huang s’arrêta puis en vint à ce qu’il voulait dire.

-       Harry, une Noirdésite vous sera d’une grande utilité par la suite.

-       Comment ça ? Elle va me faire pareil que ce qu’elle m’a fait.

-       Non, pas si nous lui ajoutons une protection pour l’en empêcher. Montrez-moi votre baguette magique…

          Harry hésita mais Abelforth acquiesça discrètement et il la sortit de sa poche.

-       En intégrant cette pierre à votre baguette magique, vous disposerez de nouveaux enchantements qui seront terribles pour Voldemort. De quoi est-elle constituée ?

-       La pierre ?

-       Non, la baguette ! répondit Zhao Huang tout en l’examinant.

-       Ah, euh, c’est du houx, 27,5 centimètres, elle contient une plume de Phénix, qui vient du père de Fumseck.

          Harry montra Fumseck qui était perché sur son épaule.

-       C’est Fumseck, le Phénix d’Albus Dumbledore ? s’étonna Zhao Huang.

-       Non, celui-ci, c’est son fils, mais il s’appelle aussi Fumseck.

-       Ahhh !

-       En fait, vous comptez ajouter la Noirdésite à la plume de Phénix ? demanda Abelforth.

-       Oui c’est exactement ça. C’est assez compliqué parce que les deux cœurs de la baguette peuvent interférer.

-       Oui, je le sais bien, je connais très bien les baguettes magiques, répondit Abelforth. J’ai déjà travaillé dans une boutique de baguettes magiques, chez Ollivanders, vous en avez peut-être déjà entendu parler ?

-       Oui, je sais que c’est un très bon fabricant.

-       Vous avez fabriqué des baguettes ? demanda Hermione.

-       Oui, mais c’était il y a très longtemps, quand je cherchais du travail, à l’époque, c’était le grand-père d’Ollivander qui tenait la boutique. Qui sait, j’ai peut-être fabriqué votre baguette…

-       Il n’y a pas de risques pour la baguette ? demanda Harry, qui tenait vraiment à la sienne.

-       Ne t’inquiète pas, Harry, répondit Abelforth. A partir du moment où on connaît les bons sortilèges, ce n’est vraiment pas compliqué.

          Zhao Huang récupéra la pierre qui avait tenté d’absorbé la Magie Noire d’Harry et, simplement en la regardant, la polit et la réduisit pour lui donner l’aspect d’une petite perle.

          Abelforth prit la baguette d’Harry dans ses mains et, avec sa propre baguette, l’ouvrit.

          Un halo intense de lumière rouge et dorée entoura la baguette et lentement, une fine plume rouge en sortit.

          Abelforth envoya une sorte de fil doré vers la plume et celle-ci se mit à briller tel un métal en fusion.

          Ensuite, Zhao Huang donna la Noirdésite à Abelforth qui lui fit la même chose. Elle se mit elle-aussi à briller.

          C’est alors que la plume et la Noirdésite se mirent à tourner l’une autour de l’autre avant de se rejoindre lentement.

          Harry vit qu’Abelforth était très concentré, il avait confiance.

          Et à la plus grande surprise d’Harry, les deux objets fusionnèrent lentement, il y eut plusieurs éclats de lumière de toutes les couleurs. Mais soudainement le mélange s’agita, c’était comme si les deux objets refusaient de fusionner.

          Plusieurs éclairs verts sombre sortirent de la baguette d’Abelforth et pendant un instant, à cause de la lumière, on ne pu plus rien voir.

          Harry vit Abelforth grimacer mais finalement le tout se calma et un objet tomba dans sa main.

-       Voilà le nouveau cœur de ta baguette, Harry.

          Harry récupéra l’objet. C’était une sorte de petite plume noire, faite dans la même matière que la Noirdésite, mais qui avait des reflets rouges.

          Harry ne savait pas pourquoi, mais il aimait bien le nouveau cœur de sa baguette, il avait hâte d’utiliser à nouveau sa baguette.

-       Il est temps de rendre son cœur à sa baguette, dit Abelforth.

-       Oui.

          Abelforth reprit la baguette ouverte et le nouveau cœur.

          La baguette s’entoura d’un halo noir, rouge et doré puis le nouveau cœur se plaça dans la baguette et celle-ci se referma, lentement.

          Harry la prit dans ses mains et ressentit une sensation agréable, la même que lorsqu’il avait pris dans les mains pour la première fois sa baguette.

-       Essaie quelque chose, Harry, dit Abelforth.

-       Rossiweak !

          Un rayon rose puissant et large fusa de la baguette d’Harry.

          Harry ne sentit pas de différence avec d’habitude.

-       Tout va bien, dit Harry, rassuré. C’est comme d’habitude.

-       Oui, ça ne change rien. Ca changera quelque chose seulement pour certains sorts que tu n’aurais pas pu réussir avec la plume de Phénix seule.

-       On va les apprendre ?

-       Oui, bien sûr, répondit Zhao Huang à la place d’Abelforth. Mais il serait mieux que nous avancions encore un peu avant que la nuit ne tombe, il y a des endroits beaucoup mieux qu’ici pour s’arrêter.

          Ils continuèrent leur route pendant encore une bonne heure, et arrivèrent près d’un grand étang qui était au pied d’une falaise, juste au moment où le Soleil disparaissait derrière les montagnes.

          Harry n’avait cessé pendant sa marche de contempler sa baguette magique. Il s’était imaginé beaucoup de choses au sujet des nouveaux sortilèges qu’il pourrait apprendre grâce à la Noirdésite.

          Zhao Huang dessina un tourbillon avec ses bras et le repas apparut dans les airs.

          Tous mangèrent tranquillement, Zhao Huang raconta rapidement l’histoire de leur communauté magique en réponse aux nombreuses questions d’Hermione. Harry, lui, n’arrivait pas à s’y intéresser, il avait hâte d’utiliser sa baguette magique.

-       Harry, je peux peut-être commencer à vous apprendre un enchantement qui utilise la pierre de Noirdésite, proposa Zhao Huang. Qu’en dites-vous Abelforth ?

-       Avec plaisir, mais je vous laisse faire, ma connaissance de la Noirdésite s’arrête là.

-       Très bien, je vais commencer par la base. Il s’agit de l’enchantement du Trou Noir. C’est un enchantement qui détruit la Magie Noire. Bien entendu, c’est grâce aux propriétés de la Noirdésite que cela est possible. L’idée est de faire un geste tourbillonnant avec la Noirdésite, donc avec votre baguette magique. Il faut réussir à s’imaginer que la pierre absorbe toute la Magie Noire et la fait disparaître, ce n’est pas facile et ça change des sortilèges que vous utilisez habituellement, mais avec un peu d’entraînement, ça viendra. Je vous donne l’incantation et vous allez essayer dans le vide… C’est hei you you spirapear.

          Harry se concentra et se remémora ce que venait de lui dire Zhao Huang. Il regarda sa baguette et se lança.

-       Hei you you spirapear !

          Harry avait fait exactement tout ce que lui avait dit Zhao Huang, mais rien ne s’était passé. Il n’avait même pas émis le moindre rayonnement.

-       Allez Harry, réessaye, il ne fallait pas s’attendre à ce que cela marche du premier coup, tu ne connais pas du tout ce genre de Magie, expliqua Abelforth.

          Mais à son deuxième essai, il se produisit toujours la même chose, c’est-à-dire… rien.

-       Ne peut-on pas faire une démonstration ? demanda Abelforth.

-       Oui, bien sûr, répondit Zhao Huang.

          Il sortit son collier à nouveau et détacha la perle de Noirdésite. Il la serra dans sa main et prononça l’incantation, en dessinant une spirale avec.

          Une sorte de tourbillon noir apparut devant lui.

-       Pourriez-vous essayer un maléfice très noir sur moi, Abelforth ? demanda-t-il.

-       Oui… euh… animus torensis !

          Un énorme jet de lumière noire aux reflets argentés jaillit de la baguette d’Abelforth et fut immédiatement absorbé dans le trou noir. Il y eut un gros bruit de souffle et le tout disparut.

-       C’était quoi comme maléfice ? demanda Hermione.

-       Oh, c’est très très noir, c’est le maléfice de Divagation Spirituelle. La victime perd la tête et se met à avoir des pensées folles. Son âme finit par s’échapper de son corps…

          Harry fit une grimace, il y avait tellement de choses atroces dont il ne soupçonnait même pas l’existence.

-         Allez, Harry, il est temps de réessayer, dit Abelforth.

-       Hei you you spirapear !

          Cette fois-ci, Harry réalisa un progrès. Quelque chose était sorti de sa baguette et avait légèrement tourbillonné. Mais immédiatement, les effets de l’enchantement avaient cessé.

-       Recommencez, dit Zhao Huang.

          Harry s’employa et après une quinzaine d’essais, le progrès était conséquent. Il était capable de faire apparaître un tourbillon, certes pas aussi grand que celui de Zhao Huang, mais qui pouvait absorber des maléfices de base que lui envoyait Abelforth.

-       Je pense que c’est suffisant pour aujourd’hui, dit Zhao Huang. On reprendra demain. C’est plutôt un bon progrès et il est inutile de pousser trop loin un premier entraînement. Demain nous aurons encore un bon moment à marcher, mais nous aurons le temps de pratiquer pendant ce temps. En attendant nous allons dormir à la belle étoile.

          Tous se couchèrent les uns à côté des autres, étendus dans l’herbe. La nuit était maintenant noire et les étoiles brillaient de mille feux au-dessus d’eux.

          Harry put reconnaître plusieurs constellations et étoiles qu’il avait étudiées en cours d’Astronomie à Poudlard.

          Une étoile filante passa et vint mourir près de l’étoile qui scintillait le plus ce soir-là.

          Harry n’avait jamais vu une étoile briller de cette façon, il le savait, c’était la planète Mars, le messager des batailles.

          Et comme si c’était un clin d’œil, il lui sembla que Mars clignota, comme pour annoncer les pires catastrophes.

 

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