Par Thierry Albertin - 15/12/2007 - Tennis - 2008 arrive
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2008 arrive

 La saison de tennis 2008 s’annonce époustouflante. Présentation de ce qui nous attend.

 Roger Federer tutoiera les sommets en 2008

 

2007 est terminée, les joueurs sont en vacances, mais ils pensent tous à 2008, la saison de tous les enjeux.

 Roger Federer

 L’incontestable numéro un mondial depuis maintenant quatre ans n’aura pas à chômer en 2008. S’il est considéré maintenant par beaucoup comme le meilleur joueur de tous les temps, il pourra prouver aux derniers sceptiques qu’il l’est vraiment. Il ne manque à son palmarès que Roland Garros et les Jeux Olympiques (qui seront joués en 2008). Federer a prouvé l’année dernière qu’il pouvait battre Nadal sur terre battue à Hambourg. Mais il reste à savoir quand il le fera sur la terre battue parisienne. Quelques signes annoncent que Federer a vraiment l’intention de réagir après ses trois échecs successifs face à son grand rival. Après son triomphe à la Masters Cup, il a bien évoqué un changement dans sa stratégie, avec un meilleur équilibre entre points au filet, et points de fond de court. Cela pourrait être la solution pour qu’il brise le rythme imposé par Nadal pour imposer le sien, bien moins prévisible, car l’option du service-volée systématique (évoqué par certains) n’est certainement pas la meilleure. Un des points essentiels sera la préparation, et pour cela, Federer a ajouté un tournoi sur terre battue à son programme, Estoril. Un tournoi qui pourra lui permettre d’effectuer quelques ajustements supplémentaires. Le rendez-vous parisien s’annonce donc palpitant, et il est difficile d’envisager une autre solution qu’une finale entre les deux meilleurs mondiaux, tant leur domination sur la surface ocre est grande (une défaite en trois années pour Nadal, une défaite avant la finale pour Federer en deux années). Ensuite, Federer pourra envisager une victoire aux Jeux Olympiques, lui qui avait malheureusement échoué face à Berdych en 2004. Mais il n’avait alors pas remporté déjà 12 titres. Il partira donc en grand favori pour embellir un peu plus son palmarès. L’Open d’Australie en janvier ne sera bien sûr pas à négliger, car 2008 devrait être l’année où Federer, s’il poursuit sur son rythme, battra le record de Pete Sampras du nombre de titres en Grand Chelem. Un 13e en Australie le mettrait en position d’égaler Sampras à Paris, une motivation de plus… S’il gagne, Wimbledon prendrait alors une importance capitale, puisque Federer y battrait tous les records, lui qui est quintuple tenant du titre. Un 6e Wimbledon consécutif serait du jamais vu dans l’histoire du plus prestigieux tournoi de tennis. Un 14e titre, voire un 15e, le placerait à la première place (ex aequo dans le premier cas). Il deviendrait alors le meilleur joueur de tous les temps, et plus personne ne pourrait le contester. Quant à l’US Open, il est trop tôt pour en parler, mais une cinquième victoire consécutive ne serait pas de refus. Cependant, si l’enjeu est de plus en plus grand, la concurrence est de plus en plus rude, car derrière lui, deux poursuivants se détachent. Le premier, et le plus menaçant, Nadal, a talonné Federer jusqu’au bout en 2007, le poussant même au cinquième set à Wimbledon, où il n’est pas passé loin de la victoire. Ensuite Djokovic, même si ses performances sont encore bien trop irrégulières (avec notamment cinq défaites consécutives en fin d’année), a montré qu’il pouvait jouer à un très haut niveau. Cependant, il semblerait qu’il ait besoin d’encore un peu d’expérience avant de pouvoir menacer Federer au meilleur des cinq sets.

 Rafael Nadal

 Le majorquin a lui aussi beaucoup à faire en 2008. Triple vainqueur de Roland Garros, il tentera d’égaler Borg, comme Federer l’a fait en 2007, avec un quatrième titre à Roland Garros. Il est évidemment favori, mais il devra se méfier beaucoup plus de Federer qui pourrait avoir tiré des leçons de ses défaites passées. L’enjeu majeur pour Nadal est les deux tournois majeurs où il n’a jamais brillé : l’Open d’Australie et l’US Open. Il n’y a en effet jamais dépassé le stade des quarts de finale (2007 à l’Open d’Australie, et 2006 à l’US Open). Pour cela, Nadal devra réfléchir à un jeu moins fatigant, et gagner ses matchs plus rapidement, pour s’épargner trop de souffrances et de fatigues lors des longs matchs. Il est en effet facilement menacé par d’autres joueurs du top 10 sur dur, tels que Djokovic, Ferrer ou Nalbandian. Cependant, Nadal est bien plus attendu à Wimbledon, où son parcours exceptionnel en 2007 prouve qu’il est capable de remporter le tournoi londonien, et même d’y battre Federer. Souffrant d’une programmation désastreuse (cinq jours joués consécutivement) avant la finale cette année, personne ne le voit menacer Federer qui a lui bénéficié de quelques vacances. Pourtant, il domine le jeu pendant quatre sets, et Federer résiste grâce à son service des grands jours. Au cinquième set, alors qu’il se procure quatre balles de break qui auraient pu lui permettre de prendre le large, il craque à chaque fois. Ensuite, trop épuisé pour pouvoir lutter, il doit sauver ses premières balles de break depuis le premier jeu du premier set (!), une performance incroyable qui révèle à quel point il a mené cette finale. Il ne peut pas les sauver, car Federer se met à jouer incroyablement bien, et perd. Cependant, si l’on sait qu’il peut gagner, il lui faut arriver en finale. Et la route est longue, il a bien trop bataillé face à des joueurs beaucoup moins bien classés que lui. Il lui faudra éviter cela au cours des prochaines années. Ce sera donc l’enjeu principal de la saison de Nadal, améliorer encore plus son jeu sur gazon. Personne ne l’y attendait, mais il a développé un jeu redoutable, une deuxième solution parallèlement à celle de Federer. La sécurité de ses frappes lui permet de pouvoir tenir des échanges difficiles sur gazon, ce que personne d’autre ne sait faire aussi bien que lui, sa volée est excellente (des statistiques époustouflantes lors de la finale, au-dessus de celles de Federer), et son endurance toujours aussi incroyable. Il ne lui manque qu’un peu plus de percussion au service, quelques services gagnants et/ou aces auraient pu lui permettre en 2007 de tenir dans le cinquième set, même fatigué. Nadal pourra d’abord bénéficier de la saison sur terre battue, où il évolue comme un poisson dans l’eau pour accumuler un maximum de confiance pour la suite de la saison, où il devra être meilleur que les années précédentes, pour sauver sa place de N°2 et éventuellement de bousculer un peu plus Federer.

 Novak Djokovic

 C’est la révélation de la saison 2007, certes, il était déjà talentueux en 2006, mais personne n’avait prédit une telle explosion en 2007. Vainqueur du Masters Series de Miami, du Masters Series de Montréal, et finaliste à l’US Open, il a montré qu’il pouvait être bon même dans les moments importants, et pas seulement face aux joueurs moins bons que lui. Il faut partie des deux seuls joueurs à avoir battu Federer et Nadal en 2007, chacun en finale d’un Masters Series. Cependant, en Grand Chelem, il semble encore bien loin d’eux, battu en trois sets par Nadal (sèchement) à Roland Garros, et en trois sets également à l’US Open en finale par Federer, où il avait pourtant eu quelques occasions. S’il est favori face à Nadal sur surfaces rapides, il semble à des années lumières de pouvoir le battre sur terre battue. Face à Federer, il a très bien joué à l’US Open, mais il faut bien dire que Federer est resté en roue libre durant toute la finale, se contentant de hausser son niveau de jeu aux deux ou trois moments importants du match (les deux premiers tie-break notamment). S’il a parfois pris trop de risques en laissant Djokovic arriver à 40-0 à 6-5 sur son service au premier set, il a cependant profité de la nervosité de son adversaire pour l’emporter tout en s’économisant. S’il avait perdu le premier set, il n’aurait qu’à eu à hausser un peu son niveau. Autant dire que même s’il est apparu menacé durant cette finale, ce n’était pas comme à Wimbledon où il jouait lui-même très bien, c’était principalement parce qu’il était loin de donner son maximum. Djokovic pourtant, a très bien joué, et n’a pas pu battre un Federer qui n’était pas à son meilleur. Il lui faudra donc franchir un pas s’il veut battre les deux meilleurs mondiaux en Grand Chelem. Mentalement et physiquement, il s’est améliorer, mais il a eu quelques gros passages à vide qui ne pourraient pas arriver ni à Federer ni à Nadal. Perdre cinq matchs consécutifs à Madrid, Paris et à la Masters Cup est indigne d’un tel niveau, même si la fatigue pouvait expliquer une baisse de régime. Le pire est qu’il n’a même pas remporté le moindre set, et n’a même pas pu aller ne serait-ce qu’à un tie-break. Soyons sûrs cependant qu’il saura rebondir après ce passage à vide, durant la période de repos. Que sera-t-il capable de faire en 2008 ? Il est difficile de le dire. Il peut soit lancer sa carrière en remportant un Grand Chelem, soit attendre encore un peu et rester légèrement en retrait des deux leaders pour une année de plus, soit régresser parce qu’il réfléchirait trop, ou parce qu’il aurait trop de pression, ce que nous ne lui souhaitons pas et qui ne devrait normalement pas arriver. La question est plutôt de savoir quand il franchira un pas de plus, et gagnera son premier titre du Grand Chelem.

 Les autres joueurs

 Même s’ils sont bien loin des trois premiers, ils n’ont pas l’intention de faire partie du paysage. Davydenko et Roddick se sont un peu essoufflés, on peut penser. Roddick n’a atteint qu’une seule fois les demi-finales en Grand Chelem cette année, à l’Open d’Australie, et n’a joué aucune finale, une première depuis quatre ans. Il a de plus présenté des bilans catastrophiques face aux joueurs du top 10 cette saison, et en particulier face aux trois premiers. Davydenko n’a remporté qu’un seul titre cette saison, et, secoué par les affaires de matchs truqués, pourrait perdre un peu de son assurance. Il n’a jamais battu ni Federer, ni Nadal (si mes souvenirs sont bons), et il est dur de le voir les battre en 2008. Gonzalez semble être le plus menaçant des poursuivants. Il peut battre Nadal facilement sur dur comme le prouve sa victoire expéditive en trois sets secs à l’Open d’Australie. Il peut battre Federer pourtant à son meilleur niveau, comme le prouve sa sublime victoire à la Masters Cup, il ne lui manque qu’un peut plus de régularité, qui lui permettrait d’accumuler plus de confiance pour les grands évènements. A l’Open d’Australie, il devra défendre sa finale, et il arrive en bonne position. Boosté par son beau parcours (bien que décevant sur la fin) à la Masters Cup, il sera certainement redoutable, et quelques vacances lui permettront d’arriver bien en forme mentalement en Australie. Il devrait donc pouvoir défendre en grande partie ses points accumulés, même si une finale, avec l’arrivée de Djokovic, semble bien difficile à envisager. Ferrer, lui, a bien progressé en 2007, mais il ne semble pas pouvoir menacer Federer et Nadal sur leurs surfaces de prédilection. Cependant, on peut l’attendre bien plus loin à Roland Garros, sur sa surface favorite. Il devrait se maintenir, mais il sera très difficile de progresser. Et puis il y a les jeunes, Murray, Berdych et Gasquet, que l’on attend toujours. Gasquet a obtenu sa qualification pour la Masters Cup, a atteint les demi-finales à Wimbledon, mais il est encore trop irrégulier et manque beaucoup de maturité. Il est temps pour lui qu’il se révèle encore plus afin de ne plus stagner. Murray est sûrement le plus attendu, il a raté Roland Garros et Wimbledon la saison dernière, et cela lui permettra d’accumuler beaucoup de points. Il aura certainement soif de victoire et de bons résultats. Je pense qu’il sera la grande révélation de 2008, et qu’il pourra rivaliser avec les trois meilleurs. Ensuite, Berdych est attendu de beaucoup, mais il lui faudra plus de conviction, plus de volonté de gagner s’il veut progresser. Il lui manque encore des résultats dans les tournois importants.

 
Rendez-vous en janvier à l’Open d’Australie pour les réponses à toutes ces questions.

 Roger Federer Revers long de ligne

Thierry Albertin

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