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HARRY   POTTER 

 ET   LA   CLEF  DE   LA  PAIX

 

CHAPITRE 109 – LE RETOUR DE ROGUE

 

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Un long silence s’était installé, il sembla durer une éternité. Chacun des deux groupes qui se faisaient face attendait une réaction de l’autre.

Le premier était constitué des professeurs, d’Harry et de ses amis, une sorte d’Armée de Dumbledore qui luttait tant bien que mal pour sauver la communauté et Poudlard, alors que tout s’acharnait contre elle.

Le second était mené par Rogue. Derrière lui se tenait un large groupe de personnes qui ne pouvaient s’entendre, mais qui s’entendaient quand même, parce qu’ils étaient unis derrière la plus grande des forces, le pouvoir. Les Mangemorts étaient prêts à tout pour faire plaisir à leur Maître, croyant ainsi qu’un jour ils obtiendraient une place de choix auprès de lui. Mais ils n’étaient que condamnés à vivre dans une malheureuse et misérable stupidité. Mais, et cela prouvait encore plus toute la puissance du pouvoir, il y avait autant d’Aurors, de membres du Ministère, qui ne se doutaient pas vraiment de ce qui se passait dans leur dos, trop obnubilés par ce pouvoir qu’ils croyaient pouvoir atteindre mais qu’ils n’effleureraient jamais. Parmi eux, il y avait Stridus Shiner, qui avait pourtant tant lutté face à ceux aux côtés desquels il se tenait en ce moment-même. Mais lui-aussi avait succombé aux sirènes du pouvoir.

Rogue avait une expression impassible. Contrairement à son Maître Voldemort, il savait attendre et cueillir la victoire au bon moment, et ne pas se précipiter. Harry savait que ce défaut de Voldemort lui avait certainement sauvé la vie. Même s’il savait que Rogue était bien de son côté, du bon côté, il était aussi convaincu que revenir à Poudlard, et en tant que Directeur, était un de ses souhaits les plus chers.

Une nouvelle fois, ce pouvoir que Voldemort convoitait tant, était le trait d’union entre le Bien et le Mal, un trou noir que l’on devait absolument éviter sous peine d’entrer dans une vulnérabilité totale et dont il était difficile de sortir.

Rogue était accompagné de Joe Jigger, le nouveau Ministre de la Magie, qui dégageait, malgré son calme apparent, une impression de puissance assez déstabilisante pour Harry et ses amis. Les visiteurs semblaient attendre de voir l’accueil qui leur serait réservé avant d’agir.

Mais parmi tous, Harry était probablement celui qui était le plus confus. Il portait sur ses épaules une responsabilité immense, à la moindre erreur, il pouvait remettre en cause tout un plan qui lui était même en partie obscur. Il ne savait pas comment prendre le retour de Rogue à Poudlard, était-ce une bonne chose vis-à-vis de ce fameux plan ? Abelforth lui avait toujours dit que plus Rogue était proche de Voldemort, plus le plan progresserait, mais c’était l’inverse qui était en train de se produire, et ils ne pouvaient rien faire contre sans risquer de mettre en danger la couverture de Rogue auprès de Voldemort. Harry avait de plus l’impression inexplicable que même Abelforth voulait que Rogue revienne à Poudlard et il avait l’impression que le semblant de lutte qu’ils menaient, serait inutile d’avance.

 

Quelque part dans le château, une bataille devait être en train de s’engager, Mrs Bett n’avait probablement pas pu résister à son envie d’attaquer les Mangemorts, et un concert de rires et d’explosions de sortilèges se répandait.

Et dans le Hall d’entrée, il semblait qu’une telle situation n’était pas loin de se produire, au moindre mauvais geste de l’un d’eux.

Ce fut finalement Rogue qui rompit ce silence :

      L’accueil n’est pas ce qu’il y a de plus chaleureux, ricana-t-il.

Mais personne ne répondit ce qui ne déstabilisa pas pour autant Rogue qui ne cligna même pas des yeux. Harry était en sueur, ses mains tremblaient, et il aurait préféré que la situation évolue, quitte à dégénérer, plutôt que de devoir subir cette attente.

      Bien, reprit Rogue, prenant un ton soudain plus affairé. Le Ministre est là pour faire appliquer la loi. Il est dans l’intérêt des élèves que tout se passe dans le calme. Professeur Fitz, je vous propose que nous nous associions et que votre équipe actuelle soit conservée.

      Non, répondit le professeur Fitz d’un ton ferme. Il est dans l’intérêt des élèves que vous quittiez cette école. S’il y a bien un endroit dans le monde qui doit rester hors du contrôle de Voldemort, c’est bien Poudlard.

       Vous devenez paranoïaque, Bradaigh, intervint Joe Jigger sur un ton qui se voulait compatissant.

Pendant ce temps, le professeur Dillantis venait de sortir une petite boule de cristal à peine plus grosse qu’un œuf, qui émettait des reflets irisés de toutes les couleurs.

      Qu’est-ce que vous faites ? demanda le professeur Fitz, un peu inquiet à l’idée que le professeur Dillantis fasse une nouvelle bêtise.

Il y eut un nouveau long silence et le professeur Dillantis se tourna finalement vers Joe Jigger. Les deux hommes, pour une raison inexplicable, se regardèrent droit dans les yeux pendant quelques instants.

Le professeur Dillantis se retourna finalement vers le professeur Fitz, le regard plein d’étonnement.

Harry ne comprenait rien à ce qui se passait, tout le monde semblait bizarre autour de lui.

Enfin, le professeur Dillantis se tourna à nouveau vers Joe Jigger, Rogue, et les Mangemorts. Des éclairs verts commencèrent à sortir de sa boule de cristal, de plus en plus grands. Mais si certains Mangemorts semblaient inquiets et tenaient fermement leur baguette, Joe Jigger avait un sourire sur le visage.

Et soudain, sans prévenir, le professeur Dillantis se tourna brusquement, envoyant les éclairs vers le groupe des professeurs et d’Harry sans que personne ne songe à réagir.

Pendant un instant, Harry ne sentit rien. Et puis lentement, sa baguette lui glissa des mains pour aller se ranger dans sa poche, et ses bras se croisèrent avant de devenir comme rigides. Il ne pouvait plus les bouger. En plus de cela, une force semblait lui interdire de vouloir lutter.

Lorsqu’il se rendit compte de ce qui venait de se produire, Harry ne songea même pas à réagir. Il était sous le choc et se demandait si ce n’était pas un rêve. Tout semblait si étrange ce soir. Cela avait commencé avec Abelforth aux côtés de Rogue sur la Carte du Maraudeur, puis avec le retour inattendu du professeur Dillantis, puis ce silence cuisant et l’arrivée surnaturelle de Rogue, et enfin, cette trahison de Dillantis.

Harry n’arrivait pas à croire que le professeur Dillantis était du côté de Voldemort. Il avait en fait préparé son coup, et même Rogue et Abelforth semblaient ne pas avoir été au courant. Mais Harry était certain que Joe Jigger le savait, puisqu’il était sûr que lorsque lui et Dillantis s’étaient échangés ce long regard, ils s’étaient donnés une sorte de signal.

Il était donc maintenant encore plus perdu dans ses pensées, si c’était possible. Joe Jigger était le personnage le plus mystérieux qu’il n’avait jamais rencontré. D’une part il avait un visage familier alors qu’il ne le connaissait pourtant pas, et d’autre part Abelforth lui accordait une confiance inébranlable, tout comme Voldemort. Cela était d’autant plus étonnant que Joe Jigger était apparu très récemment, comme sorti de nulle part.

      Dans ce cas vous n’avez plus vraiment le choix, siffla Rogue sur un ton mielleux, le visage plein de satisfaction. Vous n’avez plus qu’à coopérer, sinon, vous serez emprisonnés dans les cachots.

Il s’interrompit pour contempler ses adversaires qui ne pouvaient plus rien faire pour lutter.

      Monsieur le Ministre, il nous faut maintenant régler le côté administratif, est-ce que nous pouvons aller dans le Bureau Directorial, pour ne pas être dérangés ?

      Bien sûr, répondit Joe Jigger. Il y a beaucoup de choses à changer dans cette école.

      Nous devrions aussi emmener Potter et sa bande, dit Rogue, ils peuvent être dangereux et il vaut mieux les prévenir de ce qui les attend s’ils persistent à vouloir troubler l’ordre dans l’école.

      Bien sûr, répondit Joe Jigger, un sourire malin sur le visage.

Harry s’efforça de lancer un regard noir à Rogue. Cela n’était pas très difficile, il n’appréciait pas du tout de s’être fait piéger de cette façon, même s’il savait que Rogue était avec lui. En fait, il semblait lancer des éclairs avec ses yeux et il ne faisait pas bon croiser son regard.

Ils montèrent tous dans le Bureau Directorial, suivant Rogue et Joe Jigger. Ils ne pouvaient pas lutter et on pouvait lire la détresse sur leur visage. Le professeur Dillantis semblait un peu déboussolé mais il suivit le mouvement, ne regardant pas le professeur Fitz qui essayait de capter son regard, semblant vouloir l’assassiner simplement en lui envoyant un regard le plus noir possible.

Mais sur le chemin ils rencontrèrent Mrs Bett et Maugrey qui venaient de terrasser les J.M.P. et une dizaine de Mangemorts et d’Aurors qui avaient rallié le nouveau Ministère.

Ils comprirent tout de suite que c’était perdu, mais leur instinct reprit le dessus et tous les deux pointèrent leur baguette vers Rogue.

      Alastor, s’il vous plaît, dit le professeur Fitz.

Tout le monde se tourna vers lui. Il avait retrouvé une expression convaincante et forte. Harry savait que le professeur Fitz et Lupin avaient tout fait pour convaincre Maugrey de rester dans le cas où Poudlard tomberait aux mains de Rogue. Mais une piqure de rappel était nécessaire tant Maugrey réagissait à l’instinct.

      Poudlard a besoin de vous, Alastor, poursuivit le professeur Fitz. Il viendra un jour où les choses tourneront et où nous pourrons rendre justice, mais pour le moment nous devons agir dans l’intérêt des élèves.

      Voilà qui est bien sage, ajouta Joe Jigger.

Maugrey rangea sa baguette, suivi de Mrs Bett. Mais on pouvait lire une énorme réticence sur son visage. Sa haine pour Rogue était immense et Harry pouvait en ressentir tous les rayonnements.

Une fois arrivés devant la gargouille qui marquait l’entrée du Bureau Directorial, la plupart d’entre eux restèrent dehors, sous la surveillance de ceux dont on ne savait pas s’ils étaient des Mangemorts ou des Aurors. Seuls Rogue, Joe Jigger, le professeur Dillantis, le professeur Fitz, le professeur Lupin et Harry y entrèrent.

Lorsque Rogue poussa les portes de chêne qui marquaient l’entrée du bureau circulaire qui représentait tant pour lui, Harry décela une lueur de joie dans ses yeux. Mais rapidement, les affaires reprirent et il alla s’asseoir derrière le bureau, proposant des chaises aux personnes qu’il recevait en tant que nouveau Directeur de Poudlard.

      Nous n’avons que peu de temps, je souhaiterais que les cours reprennent très rapidement, et me présenter tout à l’heure aux élèves. Je crois qu’ils sont réunis dans la Grande Salle ?

Le professeur Fitz acquiesça.

      Parfait. Commençons par votre cas, Potter, qui est similaire au votre, Remus. Vous connaissez très bien la politique actuelle du Ministère qui a enfin décidé de mettre fin à cette dictature de l’Ordre du Phénix. Toute personne qui serait prise à collaborer avec cette association sera immédiatement emprisonnée, nous ne laisserons personne mettre en danger la sécurité de la population et des élèves de Poudlard. Vous serez particulièrement surveillés, vous vous en doutez. Cependant, dans notre immense bonté, nous vous laissons une seconde chance.

Harry se contenta de continuer d’assassiner Rogue du regard. Et Lupin semblait faire de même à côté, même s’il savait qu’ils devaient se contrôler, car il était essentiel qu’ils restent à Poudlard.

      Professeur Fitz, je ne vois pas de raison de modifier l’équipe actuelle, j’ai entendu que vous avez été un très bon Directeur. Il est malheureusement dommage que vous ayez été un peu trop compatissant à l’égard de Potter et sa bande. Je sais que vous souhaitez que cet imbécile de Maugrey et sa femme restent, je vous l’accorde, mais au moindre faux-pas de leur part, ils le regretteront.

Le professeur Fitz semblait terrifié. Rogue, lui, était parfaitement à l’aise dans cet exercice de se faire passer pour quelqu’un de généreux. Mais sa cruauté et son arrogance transparaissaient inévitablement.

      Je vais bien sûr ajouter ma touche personnelle à cette nouvelle équipe, poursuivit Rogue, j’ai trouvé un excellent professeur qui se chargera d’apprendre la Magie Noire aux élèves à mes côtés. Professeur Dillantis, vous pourrez vous joindre à nous également.

Mais le professeur Dillantis était depuis le début très confus, il semblait regretter ce qu’il avait fait il chercha en vain un soutien de la part de Joe Jigger. Il acquiesça alors, un peu fébrilement. Pour la première fois, Harry le trouva humain. Habituellement, il semblait ne pas ressentir d’émotions, et n’être animé que par une sorte de folie indéchiffrable.

      Parfait, tout se passe bien, les cours reprendront donc dès lundi, nous mettrons tout en place demain. Il est maintenant temps d’aller annoncer les changements à tous les élèves, je suis certain qu’ils seront ravis.

 

Le nouveau Directeur envoya immédiatement un messager à la Gazette du Sorcier, pour annoncer la nouvelle dès l’édition du lendemain.

Rogue entra ensuite triomphalement dans la Grande Salle. Il portait une longue cape noire qui traînait derrière lui. Lorsque tous les élèves et professeurs qui y étaient restés croisèrent le regard abattu du professeur Fitz, ils comprirent que tout était fini.

Rogue fit signe à tous les professeurs de s’installer comme d’habitude, à leur table, et il s’avança sans attendre vers un pupitre pour faire un discours.

      Bonsoir, dit-il de son habituelle voix traînante.

Un frisson parcourut la salle. Tous les élèves qui l’avaient connu, à l’exception des J.M.P., ne supportaient pas cette voix qui avait une consonance si cruelle.

      Le Ministre de la Magie est venu en personne pour mon intronisation. Je salue mon prédécesseur qui a fait en sorte que la transition se passe sans problème.

Il eut un rictus ironique et à l’expression dépitée du professeur Fitz qui n’avait même pas réagi, tout le monde avait compris que les choses ne s’étaient pas vraiment passées de cette façon.

      Les cours reprendront normalement lundi. Mais ce n’est pas le plus important… Avec la nomination de Joe Jigger, que l’on n’espérait plus, c’est la fin de vingt ans d’une dictature menée par l’Ordre du Phénix et maintenant par Harry Potter.

Tout le monde se tourna vers Harry qui s’était discrètement assis à la table des Gryffondor avec ses amis, profitant du fait que Rogue avait toute l’attention pour lui.

Harry s’efforça de rester impassible et de continuer de fixer Rogue.

      Enfin, nous vivons dans une communauté libre et nous allons pouvoir aller de l’avant. Nous devrons lutter sans relâche contre l’Ordre du Phénix et tous ceux qui le soutiennent. Certains de ses anciens membres se sont repentis. Nous les en remercions au nom de notre communauté. Et les autres doivent savoir que tout ira bien s’ils se dénoncent.

Visiblement, Rogue avait décidé de ne pas choquer pour son premier discours, et certains élèves semblaient même se dire qu’il n’était pas aussi méchant qu’on le disait. Et cette stratégie semblait fonctionner à merveille, ces mêmes élèves s’imaginaient déjà qu’Harry avait menti à propos de Rogue, idée que les J.M.P., qui rayonnaient de bonheur ce soir, s’efforçaient de faire passer autour d’eux.

      Nous vous souhaitons une bonne soirée.

Rogue termina son discours par cette phrase, affichant un sourire presque démentiel qu’il oublia d’essayer de masquer.

La Grande Salle se vida progressivement et Rogue passa volontairement à côté d’Harry.

      Méfiance, Potter, vous ne souhaiteriez sûrement pas être exclu de l’école…

Et Rogue s’en alla, avec Joe Jigger et un homme qui lui ressemblait comme deux gouttes d’eau, si ce n’est qu’il n’était pas chauve, mais avait des cheveux noirs qui étaient en pétard.

      Qui c’est ? demanda Harry.

      Aucune idée, on dirait Joe Jigger, répondit Hermione.

      Peut-être son frère, suggéra Ron.

      Que s’est-il passé ? demanda Neville.

Plusieurs autres élèves, qu’Harry connaissait bien et dont il savait qu’ils seraient toujours avec lui, vinrent se masser autour d’eux, formant un groupe imposant dans le Hall d’entrée.

      Ne restez pas là, on ne doit pas se faire repérer dès le début, dit Harry. Dispersons-nous, on trouvera rapidement un moyen de communiquer.

Tous obéirent immédiatement, un peu déçus.

Une fois que tous les quatre furent seuls, Hermione reprit la parole :

      Harry, il ne faut pas croire Rogue, il ne t’exclura jamais, au contraire !

      Comment ça ? demanda Harry surpris. Au contraire, il fera tout pour me virer !

      Non, tu as bien vu comment il a agi ce soir, il veut que tu restes à Poudlard, et ça doit faire partie des ordres de Voldemort. Si tu es à Poudlard, désolé de te le dire comme ça, mais s’il veut te tuer, ce serait plus facile pour lui, il peut y venir facilement maintenant. Mais si tu coures dans la nature, ce sera un échec pour lui.

Harry trouva qu’Hermione avait raison. Après tout, si Voldemort avait tant voulu s’emparer de Poudlard, c’était pour trouver un moyen de se rapprocher d’Harry pour le tuer.

      Alors j’aurais plutôt intérêt à partir ? Comme ça Voldemort laisserait Poudlard tranquille.

      Attendons de voir comment ça va se passer, je ne crois pas que Voldemort va se précipiter une nouvelle fois. Cette fois, il a toutes les cartes en main, mais il ne doit pas faire n’importe quoi avec.

      On devrait peut-être aller voir Abelforth, proposa Ginny. Il doit savoir mieux que nous ce que l’on doit faire.

      J’en ai marre que l’on doive toujours faire ce qu’Abelforth nous dit de faire, lança soudain Harry d’un ton tonitruant.

Cela surprit ses amis qui se turent un instant, le regardant avec des yeux abasourdis.

      Harry, voyons, tu n’es pas sérieux, dit Hermione. Sans Abelforth, on ne ferait rien et on ne saurait rien.

      Non, on ne ferait pas rien ! répliqua Harry, haussant le ton. Et j’aimerais bien que l’on ne soit pas que des pions qui doivent faire ce qu’on leur dit de faire sans savoir pourquoi. Je suis sûr qu’Abelforth savait pour Dillantis et qu’il voulait pour je ne sais quelle raison que Rogue prenne finalement Poudlard. Tout ce qu’on a fait pour lutter n’a servi à rien. Il pourrait au moins nous dire ce qu’est le plan.

      Harry, ce n’est pas la peine de déverser ta bile sur nous, nous n’y sommes pour rien.

      Désolé, mais c’est ce que je pense.

      Harry, tu réagis à chaud, répondit Hermione, essayant de le tempérer. Tu sais très bien que tu ne penses pas ça !

      Oui, je pense ça ! J’en étais sûr, avant même que ça se passe.

Hermione s’interrompit et regarda Harry comme s’il avait soudain contracté une affreuse maladie, ou pire, comme s’il avait soudain acquis des dons de voyance.

      Pourquoi vous me regardez tous comme ça ? Ca ne vous paraît pas bizarre tout ça ? Et Joe Jigger qui est sorti de nulle part. Abelforth lui fait confiance sans raison, ce pourrait être un vrai Mangemort, on se ferait piéger !

      Harry, il ne prendrait jamais le risque de mettre le plan en danger de cette façon, et il ne ferait pas confiance à n’importe qui. C’est peut-être un ami qu’il connaît bien. Ce n’est pas parce qu’on ne le connaît pas qu’il ne le connaît pas. C’est peut-être un ami d’enfance. Après tout, on ne connaissait pas Abelforth il y a encore pas longtemps !

      Il pourrait, alors…

      Harry arrête, le coupa Hermoine. Si tu penses vraiment ça, alors il faut aller voir Abelforth tout de suite et il t’éclairera mais il ne faut pas te triturer l’esprit comme ça !

Harry n’avait pas vraiment envie d’aller se confronter avec Abelforth ce soir. Il était sûr de toute façon que ce dernier ne lui dirait rien et essaierait de le convaincre de rester sage et de ne pas poser de questions, comme d’habitude.

« Ne pose pas de questions », c’est cette phrase que lui répétaient sans cesse la Tante Pétunia et l’Oncle Vernon lorsqu’il était prisonnier des Dursley, et malheureusement, elle était une nouvelle fois de mise.

Mais il acquiesça, au moins pour rassurer Hermione qui avait l’air très inquiète.

Ils se rendirent donc chez Abelforth en passant par la Salle du Phénix. Mais tout était éteint chez lui. Ils frappèrent quand même à la porte, mais personne ne répondit. Abelforth n’était pas chez lui.

 

      Je suis désolée, Harry, lui dit Hermione, une fois retournés dans leur appartement de la salle commune des Gryffondor.

      Laisse tomber, je dois être devenu fou, aujourd’hui, répondit Harry.

      Mais non, tu te poses des questions, c’est tout, et c’est normal, tu verras Abelforth la prochaine fois.

Harry ne répondit pas, il ne voulait pas risquer de se disputer avec ses amis.

 

Il n’avait quasiment pas dormi cette nuit-là, ne cessant de repenser à tout depuis le début, essayant de mettre à bout tous les éléments pour deviner ce plan. Mais à chaque fois, il se perdait dans des détails et tout lui semblait incompréhensible. Il n’avait cessé de se retourner, et à côté de lui, Ginny avait fait de même, il savait au fond de lui qu’elle pensait la même chose.

Plusieurs fois, Harry avait eu l’impression qu’elle avait fait semblant de dormir, peut-être qu’elle voulait éviter de parler de ce genre de choses.

Il réussit finalement à voler à la nuit quelques minutes de sommeil, trop épuisé par toutes ces réflexions, avant que le lever du soleil ne vienne le tirer du lit.

Il avait toujours l’esprit confus au petit matin mais Fumseck en chantant et Dobby en lui préparant une tisane relaxante, lui permirent de se calmer.

A la une de la Gazette du Sorcier, il y avait évidemment une photo animée de Rogue assis dans le Bureau Directorial, en train d’écrire sur des parchemins. Mais Harry n’avait pas la motivation pour lire toutes les bêtises racontées dans le journal, seule Hermione semblait pouvoir y résister et continuait de dévorer le journal tous les matins.

 

En fin de matinée, ils rendirent visite à Lupin et les Weasley, en s’assurant de ne pas être suivis, il ne valait mieux pas que la nouvelle Direction sache qu’ils se voyaient trop souvent.

      Entrez vite ! leur dit Lupin lorsqu’ils frappèrent à la porte.

      Oh les enfants ! s’exclama Mrs Weasley, en les voyant arriver.

Elle avait l’air très soulagée de les voir.

      Nous ne sommes plus en sécurité ici, poursuivit-elle, je ne veux pas que vous restiez plus longtemps dans cette école.

      Molly, répondit Lupin, il ne faut pas réagir comme ça, nous ne sommes pas moins en sécurité ici qu’ailleurs, au contraire, il vaut mieux lutter pour reprendre l’école. Nous avons été trahis par Dillantis, on ne pouvait pas s’y attendre.

      Maugrey a réussi à ne pas attaquer Rogue ? demanda Ron.

      Oui, mais ce n’est pas facile, il ne vaut mieux pas le laisser tout seul, il est capable de sauter sur tout le monde et ça pourrait faire un massacre si les Mangemorts s’attaquent à des élèves en représailles.

      Est-ce qu’on va pouvoir continuer l’A.D. ? demanda Hermione.

      Hum, je pense qu’il vaut mieux attendre un peu de voir comment ça va se passer, répondit Lupin. Rogue n’a rien dit d’intéressant hier, mais c’est certain qu’il va faire interdire ce genre de clubs. Il a réuni dans son bureau les J.M.P. ce matin, et certains Mangemorts, j’ai cru comprendre qu’il veut leur confier une grande mission d’espionnage. Nous n’aurons désormais plus le  droit à l’erreur.

Lupin s’interrompit. En réalité, ils n’avaient jamais eu le droit à l’erreur, mais cette fois, c’était encore pire.

      Comment s’en sort papa au Ministère ? demanda Ron.

Mrs Weasley baissa la tête, ce qui signifiait que tout n’était pas au mieux.

      L’une des premières mesures prises concernant la réorganisation du Ministère a été l’interdiction d’accès aux plus hauts postes à tous les Sangs-de-Bourbe et à tous ceux qui entretiennent des liens étroits avec eux. Cela n’a pas été dit officiellement comme cela, mais dans les faits c’est ce qui s’est passé. Arthur a déjà été muté à la Brigade d’Entretien Magique des locaux…

      Son salaire va être divisé par dix, intervint Molly.

      Ce n’est vraiment pas le plus important, Molly, répondit Lupin. On peut très bien vivre avec, et être heureux, l’essentiel est qu’il a gardé un poste au Ministère. Cependant, ce qui m’étonne le plus, c’est que Joe Jigger l’a déjà fait intervenir de nombreuses fois pour faire des travaux magiques dans son bureau. La plupart du temps, cela n’avait pas vraiment d’utilité, et Arthur avait l’impression que c’était plus un prétexte pour lui parler. On lui a dit de faire attention, peut-être que Voldemort va essayer de lui soutirer des informations.

Cela eut pour effet d’accentuer encore plus la méfiance d’Harry à l’égard de Joe Jigger.

      Comment vont se passer les cours ? demanda Hermione. Est-ce que nous allons être bien préparés pour les ASPIC ?

      A priori oui, répondit Lupin. Rogue n’a pas prévu de changer énormément de choses, la principale différence est que tout sera beaucoup plus orienté vers la Magie Noire. Maugrey vous donnera beaucoup moins souvent des cours, le professeur Jigger prendra sa place.

      Le professeur Jigger ? demandèrent Harry, Ron, Hermione et Ginny d’une même voix.

      Jack Jigger, le frère de Joe Jigger, expliqua Lupin. C’est vrai que Rogue ne l’a pas présenté hier soir, je l’ai vu ce matin, il ne donne pas l’air d’être un mage noir en puissance, au contraire, il semble plutôt sympathique à première vue, mais les apparences peuvent être trompeuses.

      Vous savez d’où ils viennent, les Jigger ? demanda Harry. Je veux dire, on ne les connaissait pas il y a encore pas longtemps, et ils sont apparus d’un coup...

      Voldemort a dû les dénicher quelque part dans une autre communauté, mais c’est vrai que c’est étonnant qu’il confie si rapidement de si grandes responsabilités à Joe Jigger. Si seulement l’Ordre arrivait à en savoir plus... Mais Voldemort semble vraiment inexpugnable là où il est. On ne peut pas risquer d’explorer la Forêt Interdite sans faire courir trop de risques aux membres de l’Ordre. Et puis on est déjà très peu nombreux pour aller risquer de se faire décimer…

 

Ils avaient pris soin de ne pas arriver dans la Grande Salle pour le repas de midi en même temps que Lupin pour que rien ne puisse leur être reproché.

Quelques changements avaient eu lieu, matérialisant l’arrivée de Rogue à la direction. Les J.M.P. avaient désormais une table à part et portaient de nouvelles robes d’une couleur vert émeraude, avec un insigne argenté représentant les lettres « B.D. ». Ils arboraient de larges sourires de satisfaction et surveillaient les autres élèves à la recherche de personnes à dénoncer.

      Ne nous faisons pas remarquer dès le début, leur dit Hermione. Pour l’instant, on observe !

Cela semblait être la stratégie de beaucoup d’élèves. Le repas s’était tenu dans un silence inhabituel. Personne ne voulait risquer d’être la première victime du nouveau système. Beaucoup d’élèves regardaient souvent Harry et ce dernier se demandait si c’était parce qu’ils attendaient une réaction de sa part, peut-être se lever, stupéfixer Rogue et les J.M.P. et ainsi sauver Poudlard, ou si c’était parce qu’ils le prenaient pour un menteur à propos de Rogue qui finalement, ne semblait pas si méchant que ce qu’on l’avait dit.

      Que veut dire « B.D. » ? demanda Neville, rompant le silence de plomb à la table des Gryffondor.

      Probablement « Brigade Directoriale », répondit Hermione. Mais c’est sans importance. Je me demande bien quels droits ils ont… A mon avis, ils font les malins, mais ils vont vite le regretter !

      Hermione ! s’exclama Ron surpris. Je croyais qu’on devait « observer » ?

Hermione rougit un peu, croyant que c’était un reproche, mais Ron était évidemment le premier satisfait d’un tel changement d’avis.

      Oui bien sûr, je me suis un peu emportée.

      Non, tu as raison, répondit Harry, on ne va pas les laisser mener une vie tranquille. Mais pour l’instant, il ne faut pas se précipiter.

Peeves et Pooves avaient eux aussi décidé d’adopter la politique de la discrétion et de la prudence. Ils avaient fait une brève apparition devant la Grande Salle juste avant le déjeuner mais s’étaient contentés de se moquer d’élèves de première année parfaitement inoffensifs. Mais à l’arrivée de Rogue, ils avaient rapidement déguerpi.

Les grands absents de ce repas avaient été Maugrey et Mrs Bett, et Harry pensa qu’ils préféraient ne pas venir plutôt que de rester sans agir, ce qui serait le pire des supplices pour eux.

N’ayant pas cours cet après-midi, ils décidèrent de se rendre chez Abelforth.

Mais, au plus grand désarroi d’Harry, il était toujours absent.

      Harry, ne t’inquiète pas, dit Hermione, il nous avait prévenus qu’il serait absent.

      Je ne m’inquièterais pas s’il nous avait dit pourquoi ! Mais apparemment, il ne faut pas poser de questions, alors allons nous entraîner pour oublier ça !

Harry avait répondu d’un ton très sec et son autorité naturelle avait fait que ses amis l’avaient suivi sans protester jusqu’à la Salle du Phénix.

      Il y a une enveloppe sur la table, fit remarquer Hermione lorsqu’ils entrèrent.

Ils s’approchèrent et Hermione la prit dans ses mains.

Mais elle poussa un cri aigu alors que l’enveloppe venait de s’enflammer et de retomber en cendres au sol. Et finalement, une autre enveloppe, exactement identique, apparut, et les cendres disparurent.

      Elle n’était pas pour moi, tu devrais essayer, Harry, proposa Hermione.

Harry la ramassa, mais cette fois, elle ne s’enflamma pas.

      Ouvre-la ! pressa Hermione.

 

Bonjour,

 

Je serai très peu disponible en ce moment comme je vous l’avais dit. J’ai appris les dernières nouvelles de Poudlard et la situation ne va malheureusement pas être facile à gérer pour vous, mais je suis sûr que vous saurez vous débrouiller. En attendant mon retour, vous devriez poursuivre les recherches sur la Clef de la Paix, c’est très important.

 

Bon courage !

Abelforth

 

      Et voilà, il nous prend encore pour des pions et nous fait bouger à sa guise, il nous dit ce qu’on doit faire, mais surtout, on ne doit pas comprendre !

Hermione ne répondit pas, et Harry comprit que cette fois elle était d’accord. Ron et Ginny semblaient confus eux-aussi.

      Tu vois que j’avais raison, dit alors Harry à Hermione.

      Hey ! protesta Hermione. Ce n’est pas parce que je n’ai rien dit que je suis d’accord. Je pense même que tu te trompes. C’est vrai qu’Abelforth est un peu négligent par moments. Il doit penser que ce n’est pas le plus important et qu’on doit avoir d’autres choses à penser. Mais le mieux sera de discuter avec lui. En attendant, cela ne sert à rien de t’énerver à chaque fois que tu entends le nom d’Abelforth !

      Excuse-moi de vouloir réfléchir, tonna Harry, agacé, mais si on avait su avant pour cette prophétie, Sirius ne serait pas mort !

      Et qu’est-ce que je peux y faire ? répondit Hermione, haussant la voix à son tour. Je te dis seulement que le seul moyen d’éclaircir la situation est une bonne discussion avec Abelforth. Ca ne sert à rien de nous harceler avec ça, on ne peut pas savoir, et on ne peut rien faire tant qu’on n’a pas vu Abelforth. Tu ne veux quand même pas qu’on fasse exprès de faire le contraire de ce qu’il nous dit de faire, par pur esprit de contradiction ?

      Pourquoi pas ? répondit Harry, d’un ton un brin cruel. Abelforth peut se tromper, comme Dumbledore s’était trompé !

      Alors qu’est-ce que tu proposes que nous fassions ? demanda Hermione.

Harry ne répondit pas, il n’avait pas réfléchi à cela.

      Voilà, répondit Hermione. Nous n’en savons pas assez pour pouvoir nous permettre d’agir n’importe comment. En attendant, faisons des recherches sur la Clef de la Paix, de toute façon, ce sera forcément utile pour comprendre la prophétie. Et on ne va pas en plus se mettre à se disputer entre nous sinon on n’est pas sortis de l’auberge !

Harry acquiesça, la gorge nouée. Il était énervé, mais en même temps, il savait qu’il était important de ne pas gaspiller de temps dans ce genre de disputes futiles. Il aurait forcément l’occasion à un moment ou à un autre de s’expliquer avec Abelforth franchement, et il attendait ce moment tant avec impatience qu’avec crainte de se froisser avec une personne envers laquelle il portait tout de même une grande estime.

Ils reprirent alors leurs recherches sur la Clef de la Paix en s’organisant de manière à ne pas recommencer des recherches dans des livres qu’ils avaient déjà explorés.

Mais après trois bonnes heures de recherche, ils n’avaient toujours pas trouvé la moindre information. Mais surtout, ils avaient l’impression de n’avoir rien fait, quand ils voyaient les milliers de livres autour d’eux qu’ils n’avaient pas encore fouillés.

Un peu lassés, ils interrompirent leurs recherches et décidèrent alors de s’entraîner. Harry voulait absolument poursuivre l’apprentissage du Bouclier du Filament Doré. Mais une nouvelle fois, il n’arriva pas à effectuer de progrès notable et décida de passer à quelque chose de plus abordable. Il feuilleta alors quelques livres au hasard comme il aimait bien le faire.

Il trouva un livre intitulé Mémoriamancie des regards qui semblait parler de Magie des souvenirs et de la mémoire. Mais cela semblait assez compliqué. Il se décida alors finalement à travailler avec le livre intitulé Dualomancie des maléfices qui était une sorte d’encyclopédie qui présentait les effets de maléfices utilisés sous divers formes de Magies Duales, dont les Magies Horizontale et Verticale qu’Harry connaissait.

Par curiosité, il consulta la page de l’Avada Kedavra. Les Avada Kedavra verticaux et horizontaux avaient le même effet que l’Avada Kedavra classique : la mort inévitable de la victime. Mais il en existait de nombreuses autres formes :

 

« Il existe des milliers de formes de l’Avada Kedavra détaillées dans le livre de K. Karkaroff, Mille utilisations duales de l’Avada Kedavra. La plupart sont considérées comme la traduction de légendes plus ou moins connues et étranges, dont on ne sait pas s’ils existent vraiment. Très peu d’entre eux ont déjà été produits, et les sorciers susceptibles de les produire, en raison de la difficulté de pratiquer la dualomancie, sont très peu nombreux. Les exemples les plus célèbres sont, par couples : l’Avada Kedavra Etoilé et l’Avada Kedavra Noir, l’Avada Kedavra Phoenixien et l’Avada Kedavra Serpentin, l’Avada Kedavra Vital et l’Avada Kedavra Funéraire, l’Avada Kedavra Spirituel et l’Avada Kedavra Froid. »

 

Harry était très impressionné par cela, pour lui, l’Avada Kedavra avait toujours été un maléfice qui ne pouvait servir qu’à tuer froidement une personne, et rien d’autre. Mais en réalité, il en existait une multitude de formes différentes. Il essaya de s’imaginer ce qu’elles pouvaient être et les Avada Kedavra Noir et Funéraire devaient être des maléfices horribles, alors que l’Avada Kedavra Phoenixien avait quelque chose d’attirant.

Il tourna les pages à la recherche de quelque chose de plus utile, et trouva celle du maléfice du Rayon Rose, il s’arrêta au paragraphe des Magies Horizontale et Verticale, les seules qu’il connaissait pour le moment.

 

« Le maléfice du Rayon Rose est l’un des rares maléfices dont les deux formes Horizontale et Verticale, ont un effet propre très utile et totalement différent de celui du maléfice original.

Le Rayon Rose Horizontal a l’effet d’un puissant sortilège de soin de toutes formes de paralysies, qu’elles soient consécutives à des sorts ou même à des empoisonnements par des potions ou des créatures magiques paralysantes. Le rayon reste de couleur rose, mais est toutefois plus pâle et plus léger.

Le Rayon Rose Vertical a pour effet de faire durcir la peau des personnes et créatures à qui on l’applique. La peau devient épaisse, et prend une couleur rose vif. Des boursouflures peuvent apparaître selon la puissance du sortilège. Appliqué longtemps, les muscles et les organes peuvent être atteints, risquant de provoquer de graves lésions et, à long terme, la mort de la victime. L’anti-sort est le Rayon Rose Horizontal qui en annule immédiatement l’effet, mais des potions de Désenflement ou de Décompression sont également relativement efficaces. »

 

Harry trouva cela utile, d’autant plus que le maléfice du Rayon Rose était l’un de ses sorts préférés. Très rapidement, il en apprit les deux formes duales, et il était content du résultat, même s’il sentait que ses sorts n’étaient pas vraiment très purs.

Pendant que ses amis s’entraînaient à épaissir leur Bouclier d’Argent, il continua de parcourir la bibliothèque. Apparemment, la bibliothèque n’était pas autant en désordre qu’il avait pu le penser, puisque tous les livres qui se trouvaient dans cette rangée traitaient de dualomancie.

Son regard fut attiré par une collection de livres intitulée Application de la dualomancie aux potions. Cette collection se composait de vingt-quatre tomes qui faisaient près de deux mille pages chacun. Il resta bouche bée devant l’étendue de connaissances que cela représentait. Il prit le premier tome et le parcourut rapidement. Tout était écrit en petit, sur trois colonnes.

Se demandant quel pouvait être l’intérêt de la dualomancie dans la préparation des potions, il parcourut la longue introduction à la recherche de cette information, et ne tarda pas à la trouver.

 

« La dualomancie permet de revisiter toutes les connaissances établies sur les potions, déjà innombrables. Cet ouvrage recense donc les propriétés de divers ingrédients lorsqu’ils sont utilisés sous diverses formes de Magie Duales ainsi que des nouvelles techniques de préparation de potions issues de la dualomancie. Il présente également de nombreuses potions préparées à l’aide de ces nouveaux ingrédients et techniques. »

 

Harry se disait qu’il lui faudrait une dizaine de vies pour connaître tout ce que contenaient les livres de cette bibliothèque.

 

Ils passèrent un peu de temps avant le repas avec leurs camarades de Gryffondor dans la salle commune. Ils pouvaient s’y réunir sans que Rogue et les J.M.P. ne puissent le leur reprocher. Ceux qui ne connaissaient pas Rogue étaient assez inquiets, et Ben, Coìlin, Scot et Alix ne cessaient de poser des questions à leurs camarades pour savoir comment les choses allaient se passer. Egogonde, elle, était plongée dans des livres et ce débat ne l’intéressait évidemment pas.

      Il a vraiment tué Dumbledore ? demanda Ben.

      Oui, répondit Harry. Il fait exprès de donner l’air d’être gentil, mais il ne l’est pas, il ne faut pas tomber dans le panneau.

      J’espère qu’on n’aura pas de cours de potions avec lui, dit Neville, qui ne voulait pas revivre son pire cauchemar.

      Oui, il n’y a rien de pire que de se retrouver dans les cachots avec lui, dit Ron.

Harry repensa à ses cours d’occlumancie lors de sa cinquième année, et il se disait que c’était encore pire que les cours de potions, car il s’était trouvé tout seul face à Rogue.

      Rogue ne va sûrement plus donner des cours de potions, dit Hermione. On sait qu’il préfère la Défense contre les forces du Mal, il va redonner plus d’importance à cette matière et l’enseigner lui-même.

      Vous avez vu, dit Alix, ils ont mis des panneaux, le repas est avancé à dix-neuf heures, maintenant.

      Ah non, on n’est pas passés par le couloir du troisième étage, répondit Hermione.

      L’ambiance a sacrément changé, dit Alix. Mrs Bett n’est plus là pour nous divertir, et puis Rusard surveille, et contrairement à d’habitude, tout le monde lui obéit.

      Ca ne va pas durer, ça, dit Ron, il finira toujours par se retrouver enfermé dans un placard à balais.

      Oui, et j’espère bien que tu sauras te retenir, Ronnie, je n’ai pas envie que tu sois exclu à cause de ça !

      Scot n’est pas là ? demandèrent soudain Parvati et Lavande, qui venaient de descendre du dortoir des filles.

Elles dégageaient une forte odeur de parfum et s’étaient habillées comme si elles allaient à une soirée.

      Je ne sais pas ! répondit Ben, avec un sourire, il ne doit pas être dans la salle commune.

      Oh dommage, on avait des questions à lui poser ! gloussa Parvati.

      Oui, on a besoin de quelqu’un pour nous aider à faire notre devoir de divination, expliqua Lavande.

      Si vous avez besoin, je suis là, mais je suis nul en divination, intervint Coìlin.

      Ah non, on ne va surtout pas vous déranger, et puis personne parmi vous n’a le Troisième Oeil.

Et elles s’écartèrent en gloussant.

      Et comment elles savent ça ? murmura Hermione, qui n’appréciait pas vraiment les glousseuses.

      Si elles savaient qu’il est avec Daniella depuis aujourd’hui, ricana Alix.

      Qui c’est ? demanda Ron.

      Daniella Bolelli, une fille de Poufsouffle. Tous les garçons lui courent après.

      La jolie brune aux yeux verts, un peu mate ? demanda Ron, avec un air béat d’admiration rien qu’à l’imaginer.

      Ron ! s’insurgea Hermione.

      Pardon ! répondit Ron, devenu tout rouge.

Hermione garda cependant un air renfrogné, se plongeant dans un livre. Ron rapprocha son fauteuil du sien et la prit dans ses bras, la sortant de son livre.

      En tous cas, il va faire des jaloux, conclut Alix.

 

Ils discutèrent joyeusement au coin du feu jusqu’à l’heure du repas. Plusieurs élèves avaient fait une bataille Polochons Bondissants de chez Fred et George, une activité qu’Hermione aurait habituellement interdite, mais la salle commune était devenue une sorte de refuge et elle avait décidé de leur laisser un peu plus de liberté, d’autant plus que cela avait semblé beaucoup irriter Egogonde qui était en train de travailler juste à côté et qui plusieurs fois avait vue sa table renversée.

Mais l’ambiance était totalement différente dans la Grande Salle, et les J.M.P. qui portaient maintenant des lunettes teintées noires, semblaient encore plus cruels et fiers que d’habitude. La plupart des élèves étaient un peu tétanisés et préféraient ne pas parler. Maugrey et Mrs Bett n’étaient toujours pas venus pour le repas, et Lupin, Tonks et le professeur Chourave arboraient des têtes d’enterrement. Le professeur Fitz, lui était sans réaction, il avait des cernes profonds sous les yeux et semblait fatigué au point de ne pas avoir la force de réfléchir. Le professeur Dillantis, Rogue, et Jack Jigger étaient, eux, en grande discussion, au centre de la table.

A la fin du repas, Rogue se leva pour faire une annonce, et les tintements des couverts s’interrompirent, laissant la place à un silence complet.

      Bonsoir, dit-il sans chercher à hausser la voix.

Ceux qui étaient à l’autre bout de la salle devaient faire un effort pour l’entendre.

      Les professeurs vont passer vous donner vos emplois du temps de la semaine. Comme vous l’avez vu sur les panneaux, l’heure du repas est avancée à dix-neuf heures. Je vous annonce également que l’accès au parc est rétabli dans la journée entre sept heures et dix-neuf heures. Il a été établi que Pétunia Dursley et Regulus Black sont en mission dans des pays étrangers et ne constituent pas une menace directe en ce moment, même si à long terme ils préparent une offensive contre l’école.

« Afin de remettre un peu plus de sérieux dans cette école, un couvre feu va être instauré à partir de vingt-et-une heures et jusqu’à sept heures le matin. Tout élève pris à se promener dans les couloirs pendant la nuit sera exclu. Les professeurs veilleront également à ce que personne ne traîne dans les salles communes après vingt-trois heures, heure à laquelle toutes les lumières seront éteintes et où vous devrez être couchés.

« Le tournoi de Quidditch va reprendre et nous vous communiquerons rapidement les dates des prochains matchs. Les capitaines d’équipes devront venir me voir dans mon bureau, le bureau directorial…

Il s’interrompit, semblant savourer le fait qu’il était devenu Directeur de l’école.

      … s’ils veulent réserver le terrain pour s’entraîner. De plus, le professeur Bett a gracieusement obtenu l’autorisation de poursuivre son Club de Duels. Les élèves doivent s’inscrire dans la journée de demain, les premières épreuves se dérouleront à partir de dix-huit heures et s’étendront sur toute la semaine. Je vous rappelle que ces épreuves vous rapportent des points pour le Tournoi du Serpent Ambitieux, qui remplace le ridicule Tournoi du Gnome Vaillant. Etant donné que de nombreux points ont été injustement attribués par la précédente Direction, nous repartons à zéro.

« Tous les samedis, vous aurez tous des examens toute la journée et en particulier les élèves qui préparent les BUSE et les ASPIC que je réunirai bientôt pour leur remonter les bretelles. Bonne soirée.

      Nous remonter les bretelles ? demanda Ron.

      Il doit penser que l’on ne travaille pas assez, et je crois qu’il a raison, ça ne nous fera pas de mal, répondit Hermione.

      On conteste les décisions du Directeur, Weasley ? ricana une voix de fille derrière eux.

 

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