HARRY   POTTER 

 ET   LA   CLEF  DE   LA  PAIX

 

CHAPITRE 46 : ABELFORTH OU JOE JIGGER ?

 

 

-          Ici, répondit Harry.

Il s’était caché dans l’ouverture invisible qu’il venait de créer.

Hermione, Ron et Ginny s’approchèrent de l’endroit où provenait la voix. Ils étaient juste devant l’ouverture invisible mais ils ne pouvait pas voir que Harry était à peine à un demi mètre d’eux.

Soudain, Harry sortit le bras et Ginny poussa un gémissement d’horreur. Ce gémissement se transforma en cri aigu lorsque le bras de Harry se referma sur son poignet et la tira à travers ce qu’elle croyait être le mur.

Mais elle ne heurta pas ce supposé mur, elle le traversa et se retrouva dans une sorte de placard aux dimensions d’une porte, profond d’une cinquantaine de centimètres.

Harry embrassa Ginny alors que Ron venait de passer sa main, puis sa tête.

-          Oups, dit-il en les voyant s’embrasser.

-          On arrive, lui répondit Ginny avant d’embrasser à nouveau Harry.

Ils  ressortirent enfin, quelques secondes après et Ron et Hermione en avaient profité pour s’embrasser eux aussi ce qui fit sourire Harry.

-          Harry, comment as-tu fait ça ? demanda Hermione en regardant à travers le mur.

-          J’ai fait ce que le livre disait, répondit simplement Harry.

-          Argh, s’étouffa Hermione, on va être en retard pour le repas. Elle n’avait même pas écouté la réponse de Harry et s’était précipitée vers la table pour ranger les livres.

-          On n’est pas loin de la Grande Salle, ici, lui rappela Ron.

-          Ah oui, j’avais oublié… Mais quand même, on devrait y aller, on devrait certainement nous donner des informations sur les cours de demain, dit-elle.

-          Ils nous ont déjà tout dit à midi, dit Ron.

-          Certes, mais quand même, le conseil d’administration a lieu ce soir… ils ont forcément quelque chose à nous dire. Allons-y !

Elle prit son sac pour les pousser à faire de même.

Lorsqu’ils furent sortis dans le couloir qui menait au bureau directorial, ils trouvèrent le professeur Chourave qui discutait avec deux sorciers inconnus.

-          Pomona, vous devriez accepter…

-          Je ne veux pas… je préfère continuer d’enseigner.

-          Si c’est votre décision, nous l’accepterons, mais vous avez de l’expérience, vous êtes compétente pour ce poste.

-          Certes, mais…

En voyant que Harry, Hermione, Ron et Ginny passer à côté d’eux, elle se tut et leur adressa un sourire. Elle reprit sa conversation lorsqu’ils furent suffisamment éloignés.

-          Vous avez entendu ? Chourave veut refuser le poste ! dit Hermione lorsqu’ils furent sortis du couloir.

-          Mais alors qui sera le nouveau Directeur ? demanda Ginny.

-          Pourquoi pas Lupin ? proposa Harry.

-          Ce n’est pas possible, il n’est pas professeur à temps plein, et la direction demande du temps… répondit Hermione. Sinon Flitw…

Hermione se tut, ils n’avaient pas vraiment encore réalisé ce qui s’était vraiment passé. Ils préféraient tous éviter la mort des professeurs McGonagall et Flitwick, car c’était trop difficile à supporter. Pourtant, il faudrait y penser très bientôt. Mais il était préférable pour eux de reporter ce douloureux retour à la réalité.

Sur le chemin de la Grande Salle, ils réfléchirent tous séparément à qui d’autre que Chourave pourrait remplacer McGonagall. Pour eux, il avait été évident que Chourave lui succèderait, et ils avaient du mal à envisager une autre solution.

La Grande Salle s’emplissait de manière plus chaotique que d’habitude. Certains élèves étaient arrivés avant, et d’autres n’étaient toujours pas là.

Pourtant, les professeurs étaient là au complet, à part la Directrice adjointe et Hagrid (ce qui inquiétait beaucoup Harry même s’il ne prenait généralement pas part aux repas). Il y avait également dix personnes inconnues, des sorcières et des sorciers qui devaient appartenir au conseil d’administration de l’école.

Tous discutaient assez sérieusement et un des membres du conseil d’administration, vêtu, d’une robe sombre et d’un chapeau melon noir, parlait successivement à tous les professeurs.

Tous les élèves s’étaient à présent installés et Scrimgeour entra, voulant prendre un air solennel, mais sans réussir vraiment à cause de sa démarche claudicante. Il était suivi de Chourave et des deux autres membres du conseil d’administration. Il était vêtu plus sobrement que d’habitude, mais paraissait beaucoup plus élégant et ses cheveux fauves, plutôt broussailleux habituellement, étaient beaucoup plus brillants. Il avait également des lunettes à la monture noire et non plus dorée ce qui lui augmentait l’impression de puissance qui se dégageait naturellement de lui.

On voyait qu’il s’était préparé pour un évènement.

Tous les élèves se turent, certains s’imaginaient qu’on allait leur annoncer le nom du nouveau directeur même s’ils savaient pertinemment que le conseil d’administration de l’école ne s’était pas encore réuni.

Plusieurs élèves étaient en train de faire apparaître en lettres magiques au milieu de la Grande Salle « Mrs Bett Directrice ! » sous le regard amusé des autres élèves.

Harry les observait sans vraiment faire attention à ce qui se passait, il réfléchissait à la libération de Rogue, et aux conséquences d’un échec. Il savait que Rogue ne pouvait pas rester plus longtemps enfermé, mais il se rendait compte qu’il aurait préféré le faire évader une fois transféré à Azkaban que en plein au Ministère de la Magie qui concentrait actuellement quasiment tous les Aurors du Ministère.

Il fut tiré de ses réflexions par des clameurs de plus en plus fortes dans la Grande Salle.

A présent, certains élèves commençaient à scander « Mrs Bett Directrice ! » de toute leur force et le mouvement commençait à s’intensifier.

Les professeurs et les membres du conseil d’administration semblèrent découvrir qu’il y avait des élèves dans la Grande Salle, ils étaient trop occupés auparavant dans leurs discussions.

Rusard les observait d’un air mauvais, mais on aurait dit qu’il avait désormais décidé d’ignorer les élèves durant cette période qui était plutôt risquée pour lui.

Mrs Bett se leva et tous virent clairement que le professeur Chourave avait esquissé un geste pour la retenir.

Elle venait de monter sur sa chaise et faisait de grands signes de mains pour remercier cet élan de soutien.

-          Ahaha ! merci ! ahaha ! Mais… vivent les chauves-souris ! hihihi !

Plusieurs membres du conseil d’administration la regardèrent stupéfaits monter sur la table et le professeur Chourave lui lança un regard éloquent pour la faire descendre.

Mrs Bett sembla comprendre et elle redescendit, alors qu’une grande partie des élèves l’acclamait toujours.

            Le sorcier au chapeau melon murmura quelque chose à l’oreille de Chourave qui fit clairement non de la tête.

            Ils attendirent tous encore dans la Grande Salle alors que tous les élèves discutaient fortement, riaient… Il ne manquait plus que Peeves et Pooves pour surchauffer l’ambiance.

            Personne n’avait remarqué que le professeur Chourave s’était levée pour parler.

            Maugrey s’était levé à son tour et avait brandi sa baguette. Trois détonations se firent entendre et les oreilles des élèves qui étaient aux tables les plus proches de lui grandirent énormément. Tous avaient l’air terrifiés mais ils ne bougeaient plus de peur que Maugrey ne recommence. Lentement leurs oreilles retrouvèrent leur taille normale.

-          Euh merci, professeur Maugrey, dit le professeur Chourave un peu surprise.

Elle s’éclaircit la gorge et tenta de prendre une voix forte, ce qui était difficile à cause de son ton habituellement plutôt chaleureux.

-          Bonsoir, dit-elle, veuillez s’il vous plaît être attentifs au discours de Monsieur le Ministre.

Elle se recula et Scrimgeour s’avança, montant sur une estrade que Harry n’avait pas remarquée avant.

-          Bonjour à tous, dit-il d’une voix forte. On va commencer par le plus important, il est temps de faire un bilan définitif de l’attaque de l’école dans la nuit de mardi à mercredi. Nous vous avons déjà expliqué ce qui s’était passé, c’est pourquoi je ne vais pas m’attarder sur ça. Vous savez tous que des Mangemorts ont été arrêtés, presque tous, vous devez savoir que Voldemort est affaibli, il n’agira plus pendant un certain temps. Cependant, quelqu’un l’a aidé à s’échapper et il doit être actuellement en train de l’aider à retrouver sa force et sa domination. Le Ministère s’attache donc à l’en empêcher. Vous devez savoir que vous ne risquez désormais presque rien, puisque Voldemort ne peut agir sans ses Mangemorts. Nous attachons donc une grande importance à la surveillance des Mangemorts. Tous les Aurors sont mobilisés pour le moment, en attendant leur transfert du Ministère à Azkaban. La prison est en train de subir des réaménagements en ce moment. En ce qui concerne les procès de ces Mangemorts, nous n’en avons pas encore précisé la date, mais ils seront publics et auront lieu très bientôt, ils concerneront aussi les J.M.P. qui sont actuellement à Ste-Mangouste en soins intensifs. Etant donné que vous les connaissiez tous, vous pouvez vous rendre utiles en nous apportant des informations que vous pourriez détenir sur eux. Une enquête spéciale sur la sécurité à Poudlard est en cours. Vous pouvez nous aider si vous avez des indices, en les donnant au bureau des Aurors au deuxième étage. Vous aurez désormais la possibilité de profiter du parc pendant qu’il ne fait pas encore trop froid mais les principales mesures de sécurité sont maintenues. Pour ce qui est de la rentrée, qui a été éclipsée par tous ces évènements, vous savez qu’elle est fixée au 2 septembre. Le professeur Chourave m’a indiqué qu’aucun élève n’avait eu un niveau suffisant aux examens de pré-rentrée pour pouvoir être dispensé de ces préparations.

Hermione avait l’air de quelqu’un qui venait de se prendre une gifle. Elle était en réalité la seule élève qui n’avait pas été obligée de suivre les cours de rattrapage mais elle avait tout de même souhaité y participer.

Ron la consola pendant que le Ministre continuait son discours.

-          Vous avez donc tous vos affaires ici, mais vous aurez la possibilité de rejoindre vos familles durant ce week-end. Pour cela, vous pourrez emprunter le Poudlard Express qui fera des rondes supplémentaires durant le week-end. Vous pourrez le prendre à la gare de Pré-Au-Lard demain à 23 h 30, l’arrivée à Londres étant programmée pour le matin. Pour revenir, le départ à Londres s’effectuera dimanche matin à 8 h, vos professeurs ayant besoin de vous pour la distribution des emplois du temps. Vous suivrez désormais les programmes officiellement mis en place par le décret d’éducation numéro trente et un. Vous pourrez donc également bénéficier des conseils d’orientations et les professeurs seront inspectés par une équipe de parents d’élèves, d’élèves, d’employés du Ministère et d’autres professeurs. Pour la journée de demain, vous avez déjà été informés des emplois du temps de chacun, ces cours sont obligatoires et je vous demande d’être respectueux le temps que le nouveau Directeur qui sera élu dans quelques heures prenne officiellement ses fonctions. Nous vous annoncerons demain qui a été nommé. Merci de votre attention et bonne soirée.

Scrimgeour s’écarta et laissa à nouveau la place au professeur Chourave.

-          Merci Monsieur le Ministre, dit-elle. Bien euh, et bien bon appétit maintenant !

Les plats apparurent et ils se régalèrent. Harry était affamé à cause de son entraînement de l’après-midi, et il savait qu’il aurait besoin de forces pour cette nuit qui allait être longue.

-          Quand est-ce que l’AD va reprendre ? demanda un élève de Serdaigle à Harry à la fin du repas.

Harry se tourna vers Hermione, pour lui, il n’y avait pas de problème pour continuer l’AD comme avant, un soir par semaine était possible.

-          Oui, on reprend la semaine prochaine, dit Hermione, comme d’habitude, à moins que je revoie le fonctionnement en fonction de comment ça a marché, je me souviens maintenant que j’avais réfléchi à des groupes par niveau plutôt que par année, mais on refait une semaine de tests.

-          D’accord, merci, dit le jeune, et pour les horaires ?

-          Je les afficherai sur la porte, comme d’habitude, dit Hermione.

-          Bien, merci.

Tous les quatre remontèrent vers la salle commune, accompagnés d’autres Gryffondor.

Dean, Seamus, Neville, Lavande et Parvati n’avaient pas cessé de poser des questions à Harry sur le programme de l’AD. Celui-ci leur répondait qu’il ne savait pas très bien en détail ce qu’ils feraient, mais qu’ils apprendraient des sortilèges plus complexes.

Mais il n’avait pas vraiment la tête à ça, il ne cessait de penser à ce qu’ils allaient faire pendant la nuit, il se demandait ce qui se passerait si on le trouvait en train de libérer les Mangemorts, après que Scrimgeour eût déclaré devant toute l’école qu’ils étaient maintenant en sécurité.

Apparemment, Ron et Hermione ressentaient la même crainte et ils semblaient eux aussi pensifs.

Ils finirent par tous s’installer dans les fauteuils confortables de la salle commune. Tous les trois avaient besoin de s’aérer un peu l’esprit et une discussion avec leurs amis de Gryffondor des premiers jours leur fit du bien.

Ils se remémorèrent quelques uns de leurs meilleurs moments à Poudlard, déjà nostalgiques du début de leur première année, où ils n’avaient aucune crainte à propos de Voldemort, où ils avaient découvert cette magnifique école, et où ils en avaient profité entièrement, sans responsabilités, en toute liberté…

Ils se firent ensuite le plaisir de critiquer Ombrage, Fudge, les Serpentard, Rusard, et toutes les personnes désagréables qu’il y avait à Poudlard. Cela faisait longtemps que Harry n’avait pas autant ri. Malheureusement, une autre mission importante l’attendait, et le faux Gallion ne lui indiquait toujours pas qu’Abelforth l’attendait.

-          Qu’est-ce que vous croyez que Maugrey va nous faire faire demain ? demanda Dean Thomas inquiet.

-          La dernière fois, dit Hermione, il nous avait demandé de pratiquer les sortilèges d’Humidification, de Couverture liquide et du Tourbillon d’Eau. Je pense qu’on va encore les utiliser et qu’ensuite il va nous faire faire des exercices de réflexes, de concentration… mais c’est terrible, on ne saura que demain ce que l’on aura à notre examen de samedi, ça sera impossible de réviser.

Harry et Ron échangèrent un sourire. Même dans les situations les pires, Hermione ne pouvait s’empêcher de stresser pour ses résultats scolaires, même s’il était certain qu’elle réussirait quand même ses examens.

-          Vous avez réussi à faire l’essai sur la potion de Concentration Rayonnancique ? demanda Seamus.

-          Arghh, gémit Hermione.

-          Quoi ? demanda Ron, on l’avait déjà fait !

-          Oui mais je voulais le refaire, je n’ai écrit que vingt-cinq centimètres de parchemin !

-          C’est suffisant, dit Lavande, Maugrey veut qu’on lui parle de l’essentiel, si tu en fais plus, il ne va pas être content.

-          Mais il y a tellement de choses à dire sur les potions de Concentration Rayonnancique…

-          Ah oui, je pourrais y passer ma vie, dit Ron ironiquement.

-          Il faut au moins que j’aille le relire ! dit-elle.

-          Ouais, moi aussi, dit Dean.

-          Ok, on va y aller nous aussi, à demain ! dit Parvati.

Hermione s’empressa de retourner à l’appartement, suivie de Harry, Ron et Ginny un peu plus réticents. Ils avaient apprécié cette soirée ensemble.

Il était déjà vingt-deux heures trente et Harry se demandait pourquoi Abelforth ne l’appelait toujours pas.

Hermione ressortit son essai mais était visiblement trop nerveuse pour arriver à faire quoi que ce soit.

-          Tu es sûr, Harry, que le Gallion n’est pas chaud ? demanda-t-elle en secouant son parchemin qu’elle avait relu une dizaine de fois. Et entre chaque lecture, elle lui reposait toujours cette même question.

-          Non, s’irrita Harry, c’est au moins la douzième fois que tu me demandes.

-          Est-ce que l’un d’entre vous va enfin m’expliquer de quoi vous parlez ? demanda Ginny qui assistait depuis qu’ils étaient rentrés à une conversation qui lui paraissait complètement incompréhensible.

Harry et Hermione échangèrent un regard que Ginny remarqua, ce qui ne fit que l’énerver plus. Hermione fit signe à Harry que c’était à lui de lui expliquer avant que Ginny ne se mette en colère à nouveau.

-          On a quelque chose à faire avec Abelforth, cette nuit, dit Harry sur un ton un peu las pour éviter qu’elle ne pose des questions sur quelque chose qui lui aurait parut trop intéressant.

-          Ca concerne Voldemort ? demanda-t-elle.

-          En quelque sorte, avoua Harry. Mais pas directement et on ne risque absolument rien donc tu ne dois pas t’inquiéter et tu devrais aller dormir. On se retrouvera demain matin.

-          Tu peux au moins me dire où tu vas ?

-          Chez Abelforth, mentit Harry.

-          Et je ne peux pas venir ? je le connais maintenant, insista-t-elle.

-          Non, tu ne peux pas, désolé, tu m’avais promis que tu resterais à l’écart de tout ce qui concernait Voldemort, et cela concerne Voldemort. Ils veulent t’utiliser comme arme, c’est trop risqué.

-          Qui t’a dit ça ? demanda-t-elle.

-          Je le sait, mais s’il te plaît, fais moi confiance, il ne vaut mieux pas pour toi que tu t’occupes de ça.

-          D’accord, bonne chance, alors ! se résigna Ginny.

-          Mais, pour l’instant, Abelforth ne nous a toujours pas prévenu, il est possible qu’on parte tard.

-          Je crois qu’on devrait y aller, tu ne penses pas qu’il lui est peut-être arrivé quelque chose ? demanda Hermione.

-          Je croyais qu’il n’y avait rien de risqué ! coupa Ginny.

Harry lança un regard noir à Hermione.

-          Oui, il n’y a pas de risque, mais Abelforth était en train de faire des expériences dangereuses, tout à l’heure, et Hermione voulait dire que ça aurait pu mal finir.

Hermione acquiesça et Ginny sembla satisfaite par cette réponse.

Finalement, un long silence s’installa. Hermione était de plus en plus agitée, Harry savait qu’elle hésitait beaucoup à faire ce qu’ils allaient faire, elle devait se dire qu’elle risquait la prison à vie à Azkaban en faisant évader un des prisonniers les plus recherchés par le Ministère.

Harry, finalement, avait décidé de ne plus voir les choses comme ça. Il savait que libérer Rogue était une des choses les plus importantes qu’il devait faire.

-          Tant que j’y pense, plutôt que de ne rien faire, on pourrait à nouveau s’entraîner à l’Ouverture invisible, proposa Hermione.

-          Ici, s’étonna Harry.

-          Pourqu…

-          Aïe !

Harry avait brusquement lâché le Gallion qu’il tenait dans la main. Celui-ci était devenu rouge et brûlant.

Hermione s’était levée du fauteuil en une fraction de seconde et était venue observer le faux Gallion qui était par terre.

-          Il faudra qu’Abelforth réduise la température, dit Harry en se massant la main.

-          Oui, peut-être, allons-y !

Tous les trois se levèrent. On aurait dit qu’Hermione allait s’évanouir. Ron la secouait discrètement pour qu’elle ne paraisse pas trop amorphe devant Ginny.

-          A demain Ginny, bonne nuit, dit Harry.

Et il l’embrassa alors que Ron et Hermione lui dirent au revoir avec un signe de main.

A cette heure-là, le château était toujours aussi animé, et le fait qu’aucun professeur ne surveillait les couloirs n’y était pas pour rien.

Tous étaient en effet réunis devant le conseil d’administration pour la nomination d’un nouveau Directeur.

Ainsi, il ne paraissait pas anormal que trois élèves soient dans les couloirs à onze heures. Ils rejoignirent donc sans problème la Salle du Phénix afin d’emprunter le Portoloin menant chez Abelforth.

Dobby et Fumseck étaient venus les accompagner, même s’ils ne pourraient pas les aider lorsqu’ils seraient au Ministère.

Le Portoloin les mena dans son jardin où il faisait nuit noire et une température glaciale.

Harry entendit un bruit derrière lui et se retourna brusquement. Il scruta l’obscurité pour essayer de distinguer quelque chose, mais sa vue ne s’était pas encore accommodée à la faible luminosité.

Après quelques secondes pendant lesquelles tous les trois s’étaient arrêtés pour observer les alentours,  ils se retournèrent pour se diriger à nouveau vers la maison d’Abelforth, où la fenêtre de la cuisine était allumée.

-          Aaaaahhhhhh ! s’écria soudain Hermione d’une voix suraiguë. Son cri résonna longuement dans toute la montagne et on entendit des oiseaux s’envoler d’un if proche.

Hermione s’était retournée la première mais il n’y avait rien devant elle. Tous les trois avaient dégainé leur baguette magique.

Soudain, la tête d’Abelforth apparut devant eux, à environ un mètre vingt du sol.

-          Aha ! je vous ai fait peur, mais vous pouvez ranger vos baguettes !

Il retira entièrement sa cape d’invisibilité et apparut devant eux.

-          La cape d’invisibilité fonctionne, je vois, dit Harry.

-          Oui parfaitement, on dirait même une vraie, dit Abelforth. Mais c’est normal puisque c’est une vraie… On va rentrer car il fait vraiment froid ici, l’enchantement qui protège du froid ne fonctionne pas parfaitement, il était en fait difficile de le coupler au ciel magique qui était déjà suffisamment difficile. Mais ça protège déjà un peu. Toutes les montagnes aux alentours sont sous deux mètres de neige en ce moment, on traverse une période de froid…

Abelforth marcha à grands pas malgré ses petites jambes vers sa maison et ils entrèrent. Comme d’habitude, celui-ci avait posé une boîte de sorbets à la framboise sur la table du salon qu’il finirait probablement à lui tout seul même si personne d’autre que lui n’en mangeait.

-          Alors, quelle soirée importante pour nous ! on va avoir beaucoup de choses à faire. Mais je vais d’abord vous raconter tout ce qui s’est passé depuis que l’on s’est quittés. Tout d’abord, j’ai évidemment terminé la cape d’invisibilité, ce qui m’a pris quasiment toute l’après-midi, c’est dommage que je n’ai pas eu le temps d’arroser mes poireaux à cause de ça. Je ferai ça demain, tant pis. La prochaine fois, il faudra que j’achète une vraie cape plutôt que de la fabriquer.

-          On ne pouvait pas savoir que ce serait aujourd’hui ! dit Hermione.

-          Certes, répondit Abelforth… Ensuite, reprit-il, il m’a fallu contacter Joe Jigger. Ca n’a pas pris beaucoup de temps puisque nous avons un moyen de communication particulier, nous communiquons par cabine téléphonique portable.

Harry explosa de rire, et partit dans un fou rire amplifié par sa nervosité.

Ron ne savait pas très bien ce qu’était une cabine téléphonique donc il avait du mal à en imaginer une portable.

Hermione, quant à elle, semblait se retenir de rire à cause du sérieux de la situation.

-          Qu’y a-t-il de drôle ? demanda Abelforth.

-          On appelle ça un téléphone portable, dit Harry.

-          Ah oui, je savais bien que c’était portable, mais avec Joe, nous appelons ça comme ça… bien évidemment, le mien est modifié, j’ai mis la sonnerie du journal télévisé japonais, c’est le prochain auquel je vais participer… Mais je vous raconterai ça plus tard, à moins que vous ne vouliez venir avec moi. En attendant cependant, pour en revenir à nos affaires, le problème était de convaincre notre Voldemort d’accepter ce que nous voulons faire. Et pour cela, Joe Jigger a très bien réussi, il faut dire que Voldemort était furieux contre ses Mangemorts, sauf contre Joe et Severus bien sûr. Il leur attribue l’échec alors que lui-même a échoué, mais ça devient classique. Il est notamment furieux contre Pétunia, et il regrette profondément de ne pas l’avoir tuée dès le premier jour. Mais vu l’état dans lequel tu l’as laissé, Harry, avoir Severus à ses côtés lui ferait très plaisir. Joe et lui sont ses meilleurs Mangemorts, il pense que c’est grâce à eux qu’il se reconstruira… le plan fonctionne à merveille, beaucoup plus vite et rapidement qu’on ne l’avait prévu. Mais ce n’est pas le problème aujourd’hui, l’essentiel est que Voldemort soit au courant de ce qui va se passer cette nuit. Tout se déroule donc comme prévu. Pour le moment, on va bien vérifier que tout concorde et on va entrer au Ministère de la Magie pour faire ce qu’on a à faire. Il faudra évidemment que je me déguise en Joe Jigger, ce qui tombe bien puisque le Ministère ne le connaît pas encore. On n’aura donc aucun mal à entrer. La difficulté viendra lorsque nous serons au Département des Mystères. Et justement, à propos de l’existence de Voldemort, j’allais oublier, le Ministère connaîtra son existence seulement après l’attaque. Il m’a dit que cela a fait longtemps hésiter Voldemort, il aurait voulu la garder secrète pour le moment. Mais il a finalement jugé que recouvrer rapidement la protection de Severus était bien plus important, surtout que l’avoir à ses côtés lui permettrait de guérir encore plus rapidement que ce que lui permettrait Joe. Car Severus  peut utiliser des potions bien plus avancées, et évidemment la légilimancie, bien qu’il faille éviter que Voldemort ne le sache.

-          Est-ce qu’il ne pourrait pas faire semblant de le soigner, et, au contraire, l’affaiblir ? demanda Harry qui ne comprenait pas pourquoi il était tant nécessaire de s’occuper de la santé de Voldemort.

-          Ca fait partie du plan, mais Severus va prendre son temps pour le soigner, car il manque quelque chose d’autre à faire pendant ce temps, à l’aide de Joe, et la situation est idéale. Mais tu ne peux pas savoir, Harry, pas maintenant.

-          Ca concerne les Horcruxes ? demanda Harry.

-          Ce plan concerne les Horcruxes et la mort de Voldemort, donc forcément ça concerne les Horcruxes, mais pour l’instant, il ne faut pas que tu t’occupes de ça, c’est inutile et très peu intéressant.

Harry avait du mal à comprendre pourquoi il ne pouvait pas savoir. Il connaissait pourtant tout le reste sur les Horcruxes. De plus, il avait maintenant compris qu’attendre pour dire les choses était une erreur. Mais il n’insista pas et il acquiesça pour montrer à Abelforth que néanmoins, il lui faisait confiance.

Il savait aussi qu’il faisait pareil à Ginny et que c’était pour son bien, donc il se força à ne pas penser à ça.

-          Bien, nous allons rassembler les capes d’inv…

-          Je l’ai oubliée ! coupa Harry.

-          Ah, ça arrive parfois, et tu verras qu’avec l’âge, ça ne va pas s’améliorer, je dis toujours que le cerveau se gruyérise avec l’âge. Retourne vite la prendre, j’ai de toute façon quelque chose à faire qui prend deux minutes…

-          OK.

Fumseck s’envola de l’épaule d’Harry pour se placer devant lui, à mi-hauteur de la pièce. Harry se leva également et s’accrocha à ses longues plumes rouge et or.

Il traversa un tourbillon de lumières aux couleurs du phénix, dans lequel il entendait le son mélodieux du phénix.

-          Waahhh !!

Ce chant fut interrompu par le hurlement d’une fille.

Il venait de transplaner juste dans le couloir de l’entrée de la salle commune, où était en train de passer une élève de première ou deuxième année.

Tous les autres Gryffondor qui étaient présents dans la salle commune s’étaient retournés et étaient partagés entre le rire et l’émerveillement. On ne voyait pas tous les jours quelqu’un transplaner accroché à un phénix, surtout dans un endroit où il est normalement impossible de transplaner. Sauf à Poudlard.

« Fumseck, il faudra que tu me fasses penser à aller directement dans notre chambre, j’ai encore l’habitude d’aller dans la salle commune » pensa Harry.

Pour réponse, Fumseck émit un cri perçant et ils s’échangèrent tous les deux un regard complice.

Harry entra dans l’appartement en chuchotant le mot de passe « chocolat » pour ne pas se faire entendre des autres.

Ginny était allée se coucher et il monta l’escalier en colimaçon doucement pour ne pas la réveiller.

Il entra dans la chambre doucement mais le parquet grinçait et elle se réveilla instantanément, Harry savait qu’elle n’arriverait pas à dormir sans Harry à ses côtés.

-          Harry, dit-elle, tu rentres déjà ?

-          Non, j’ai oublié quelque chose, ne t’inquiète pas, tu devrais dormir, mon amour.

La cape d’invisibilité était sous le lit et malheureusement Ginny le savait aussi.

-          Tu prends la cape d’invisibilité ? demanda-t-elle.

-          Euh…

-          Ne me ment pas, Harry, je sais très bien que vous préparez quelque chose, je te connais, Harry…

C’était purement vrai, et Harry ne pouvait mentir. Il chercha quelque chose qui ne paraîtrait pas trop faux et il trouva.

-          J’ai besoin de la cape pour notre retour. Il ne faudra pas que l’on nous trouve dans le château dans la nuit. Le problème n’est pas moi, je peux transplaner, mais Ron et Hermione, ils ne peuvent pas transplaner avec Fumseck.

Ginny fut satisfaite de la réponse, ce qui soulagea profondément Harry. Il n’avait vraiment pas envie d’avoir encore à lui expliquer le pourquoi des choses, voire de se disputer avec elle.

Il savait cependant qu’il devrait tout lui révéler rapidement pour éviter de ne le faire malencontreusement sous sa pression. Il fallait pour cela qu’il en parle à Abelforth. Mais il avait tellement de choses à demander, il fallait encore qu’il voit Slughorn et Hagrid, et il n’avait toujours pas pu trouver le temps.

-          Bonne nuit, lui dit-il lorsqu’il eut pris la cape.

Il l’embrassa et redescendit doucement, pour ne pas tomber dans l’escalier cette fois, et transplana directement dans le salon d’Abelforth.

Il trouva, exactement à l’endroit où était Abelforth quand il était parti, Joe Jigger qui semblait attendre quelque chose.

Harry l’observa puis échangea un regard intrigué avec Hermione et Ron.

-          Harry, ça va ? demanda-t-il submergé, sans que l’on sache pourquoi, par l’émotion.

-          Que faites-vous là ? demanda Harry un peu brusquement.

Finalement, il pouffa de rire.

-          Parfait, ça signifie que le Polynectar a fonctionné. C’est moi, Harry, Abelforth.

Harry finit enfin par comprendre.

-          Nous nous sommes entraînés cette après-midi, déclara Hermione.

-          Ah oui, et qu’avez-vous fait ? demanda-t-il l’air intéressé.

Harry trouvait très bizarre d’avoir devant lui Abelforth sous l’apparence de Joe Jigger. Il put voir en détail ses traits, chose qu’il n’avait pu voir lorsqu’ils s’étaient rencontrés dans la Forêt Interdite.

Joe Jigger était entièrement chauve, il avait l’air d’avoir une cinquantaine d’années, sa peau était très bizarre, elle était lisse et ressemblait à du plastique.

Il avait encore une fois l’impression de reconnaître ce regard, ces yeux bleu ciel.

Mais ce qu’il remarqué sur son bras gauche lui donna froid dans le dos, il voyait le haut de la Marque des Ténèbres dépasser du manche de sa robe de sorcier.

Finalement, Harry en conclut que Joe Jigger ressemblait à un moine, en très grand.

-          On a appris l’enchantement de l’Illusion Rose, disait Hermione.

-          Qu’est-ce que c’est ? demanda Abelforth.

Hermione lui expliqua en détail toutes les caractéristiques de cet enchantement. Harry remarqua qu’Abelforth ne l’écoutait pas vraiment, il avait les larmes aux yeux.

-          Ah oui, très intéressant en effet, dit-il lorsqu’elle eut terminé de parler. C’est pour ce soir que vous vous êtes entraînés ?

-          Oui, répondit Hermione. Mais ce n’est pas tout, Harry a appris l’enchantement de l’Ouverture invisible.

Abelforth réfléchit un instant, sans expression sur le visage (peut-être était-ce dû au fait que Joe Jigger avait l’apparence de quelqu’un d’assez inexpressif).

-          De quelle manière ? demanda-t-il ?

Harry ne savait pas vraiment quoi répondre, c’est pourquoi, il commença à lui réciter la liste des sortilèges qu’il avait utilisés.

-          Le sortilège Liant, Disséquant, Rélinéique…

-          Surprenant… vraiment ! le coupa Abelforth. Et tu as aussi dû dédoubler ta pensée ?

-          Oui, répondit Harry.

-          Félicitations, mais j’espère que tu as pris toutes les précautions qui s’imposent pour ne pas prendre de risques. Tu t’es bien concentré ?

-          Oui, le livre le disait, il fallait être prêt à pouvoir faire un sortilège d’Engorgement énergétique.

-          C’est une solution, en effet, si tout explose. Et tu serais capable de le faire maintenant ? Par exemple, si je te demande de créer un passage dans ce mur pour passer dans la pièce à côté, tu peux le faire ?

-          Oui, répondit Harry.

-          Alors vas-y ! proposa Abelforth avec un sourire.

Harry se leva et se plaça debout face au mur.

Il se concentra, dédoubla sa pensée, en concentra une partie à fixer le mur, puis réalisa successivement les étapes comme il l’avait fait dans la Salle du Phénix quelques heures auparavant.

Pendant ce temps, Abelforth, observait attentivement le mur disparaître, puis réapparaître.

Enfin, lorsque Harry eut manifestement terminé l’enchantement, il s’approcha du mur, tendit sa main droite qui passa à travers. Harry remarqua qu’elle était extraordinairement ridée.

-          Très intéressant, je te remercie Hermione d’avoir suivi mes conseils pour cet enchantement. Ca me rassure beaucoup que tu le connaisses aujourd’hui, Harry. Vous pourrez ainsi toujours vous réfugier au cas où vous seriez pris au piège par les Aurors. Si je me fais attraper, ce n’est pas grave, mais le problème est pour vous, vous avez toute votre vie devant vous.

-          Vous aviez prévu que j’apprenne ce sortilège ? demanda Harry.

-          Oui, tout à fait, je me suis mis d’accord avec Abelf… je veux dire, nous avons réfléchi, avec Severus et euh… Joe.

Ce cafouillage, mais surtout le long silence qu’il engendra, firent réfléchir Harry. Il venait soudain d’avoir le pressentiment que Abelforth et Joe devaient s’échanger les apparences par du Polynectar. Ainsi, il pensa qu’il avait devant lui le véritable Joe Jigger, et non pas Abelforth.

Mais cette idée fut rapidement chassée par un autre. Abelforth avait dit qu’il avait pris du Polynectar, et il l’avait pendant l’absence de Harry, mais en présence de Ron et Hermione.

Cependant, il n’abandonna pas l’idée que Abelforth et Joe devaient parfois changer d’apparence, probablement par pure folie. Et Harry aurait toujours bien voulu savoir qui était ce Joe Jigger, quel était son vrai nom, son histoire, et d’où venait-il. Ce qui l’intriguait le plus était le fait qu’il connaisse si bien Abelforth, et qu’il soit au courant d’absolument tout sur les Horcruxes. Harry supposa même qu’il devait connaître le plan de Dumbledore.

Cela l’amena à se demander pourquoi Dumbledore ne lui avait jamais parlé de lui. Il aurait pu au moins l’évoquer…

La personne devant lui, qui, selon Harry, devait finalement être le véritable Abelforth, remarqua que Harry se doutait de quelque chose et préféra reprendre pour ne pas le laisser réfléchir.

-          Bien, cet enchantement sera très utile, reprit Abelforth. Et j’étais en train de te remercier, Hermione, de m’avoir écouté, merci aussi à toi, Dobby, d’avoir transmis le message.

L’elfe s’inclina devant Abelforth.

-          De rien, répondit Hermione, je vous fais entièrement confiance dans les sortilèges que vous nous recommandez.

-          C’est donc uniquement pour la libération de Rogue que j’ai appris cet enchantement ? demanda Harry.

-          Tu devrais l’appeler Severus, maintenant, Harry, lui dit Abelforth sans attendre de réponse. Cet enchantement ne sera pas utile que pour la libération de Severus, il te sera utile pour beaucoup d’autres choses également. Mais il fallait en effet que tu le connaisses en priorité pour ce soir, j’y ai bien réfléchi et j’ai demanda à Dobby de prévenir Hermione qu’elle te le fasse apprendre. J’ai cru un moment qu’il était trop tard mais c’est une bonne surprise de voir que tu le connais. Bravo, ce sera un gros avantage pour nous. Cependant, tu devras prendre quelques précautions d’utilisation, notamment lors de certaines étapes où l’on voit de la lumière, c’est un problème non négligeable, car elle est de plus puissante. En fait, il aurait été bien que tu connaisses d’autres sortilèges pour accompagner cet enchantement, d’Assombrissement par exemple, c’est assez basique mais peu connu.

-          Parassolem ? demanda Hermione.

-          Par exemple, tu le connais ? demanda Abelforth intéressé.

-          J’en ai déjà entendu parler, c’est tout.

-          C’est suffisant, il fait apparaître un dôme qui absorbe un excédent de lumière par rapport à la lumière ambiante, il porte d’ailleurs mal son nom mais c’est comme ça.

-          Oui, c’est celui-là, confirma Hermione.

-          Très bien, et par contre, connais-tu le sortilège de Déphasage ?

-          Non, pas du tout, répondit Hermione prise en défaut une rare fois.

-          Dommage, il est très utile aussi, mais je ne veux pas vous embrouiller avec ça aujourd’hui. On va se contenter de ce que l’on sait, et avec moi, on en sait beaucoup, pardonnez-moi mais j’ai des difficultés à rester modeste, cependant, on ne peut pas m’accuser de mentir…

Abelforth, qui avait toujours l’apparence de Joe Jigger, sortit un sachet de réglisses de sa robe et le posa sur la table et chantonna en français « Haribo c’est beau la vie, pour les grands et les petits ! ».

-          Prenez-en, dit-il !

Harry, Ron et Hermione en prirent chacun un, plus pour lui faire plaisir que par envie. Harry observait scrupuleusement le moindre signe qui aurait pu trahir le fait que Abelforth soit en fait Joe Jigger, mais il ne trouvait pas.

-          C’est quand que l’on y va ? demanda Ron.

-          Quand vous voulez, allons-y ! répondit Abelforth en se levant.

Il reprit le sachet de réglisses qu’il remit dans sa poche, avant de le reposer finalement sur la table du salon.

-          Ah oui, pour les capes d’invisibilité, prenez-en une chacun.

Il les prit sur le canapé, juste à côté de où il était assis avant de se lever. Il en donna une à Ron et une à Hermione. Harry avait déjà la sienne avec lui.

-          Mais, on n’a pas encore dit ce que l’on allait faire ! dit Hermione paniquée.

-          C’est très simple, récapitula Abelforth. On va au Ministère, on neutralise le sorcier d’accueil sans lui faire trop mal, on descend au Département des Mystères, on se sert du plan pour aller jusqu’à Severus, et on neutralise tous les Aurors en essayant d’être le plus discrets possibles. Enfin, on laisse sortir Severus et on enferme les autres Mangemorts afin qu’ils ne s’échappent pas.

-          On ne va quand même pas attaquer les Aurors, dit Hermione de plus en plus terrifiée.

-          C’est pour ça qu’il nous faudra rester discrets, sinon, on devra leur faire mal, et je ne voudrais pas, ce n’est pas leur faute s’ils ne sont pas au courant de mon plan ingénieux. Mais il est préférable qu’ils ne le soient pas, bien sûr. Donc la seule solution qui reste est de rester discrets, vous savez tout de même faire ça, après six années passées à vous promener la nuit dans l’école, vous êtes des experts en la matière. Mais il faut avouer que pour moi ça remonte à longtemps et que j’en ai perdu l’habitude. Cependant, vous savez que l’on reprend toujours facilement les mauvaises habitudes… Mais de toute façon, je saurai très bien me débrouiller sans la cape d’invisibilité. Le sortilège de Déphasage devrait fonctionner parfaitement si les Aurors sont organisés de la même manière que je le pense. Je connais trop bien Rufus Scrimgeour pour savoir sa manière de procéder.

-          Vous le connaissez ? demanda Harry.

-          Euh non, pas personnellement, bien sûr, mais Albus m’en avait un peu parlé… dit-il sur un ton évasif.

-          Pourriez-vous nous préciser ce qu’est ce sortilège de Déphasage ? demanda Hermione. Je n’en ai jamais entendu parler.

-          Même toi, tu n’en as jamais entendu parler, c’est que ça c’est perdu, alors. Je me souviens qu’une question portait dessus à l’épreuve théorique des ASPICS de défense contre les forces du Mal à mon époque, mais il n’était bien évidemment pas au programme de pratique car il est beaucoup trop compliqué. Ce sortilège consiste à faire voir à la personne sur qui vous le jetez, ce qui se passait à l’endroit où elle est, quelques minutes auparavant. C’est-à-dire qu’elle ne vous verra pas si vous vous placez devant elle, si vous n’y étiez pas quelques minutes avant. Evidemment, il faut faire vite car la personne se rendra compte rapidement de ce qui lui arrive, car elle risque de reconnaître ce qu’elle a déjà vu il y a quelques minutes. Ou pire, se rendre compte, que les personnes qu’elle voit ne sont que virtuelles. Elle risque même d’heurter des gens qui avaient bougé depuis. Il nous faudra donc faire vite une fois que l’on aura utilisé ce sortilège. On utilisera ensuite l’ouverture invisible. On créera en fait des abris dans les murs et on y fera passer Severus jusqu’à la sortie. Il faudrait éviter qu’ils découvrent notre façon de procéder, sinon ils vont chercher dans les murs et c’est le risque principal. Par moments, je vais donc placer des sortilèges de sens unique, pour bloquer les ouvertures qui nous ont déjà servie, ou quand nous serons dedans. Je suis cependant convaincu que l’on réussira, on improvisera en cas de problème… Je pense que nous pouvons y aller.

Le moment était venu, Abelforth, déguisé en Joe Jigger, se leva le premier, suivi de Harry, Ron et Hermione qui était à nouveau agitée de tremblements.

Abelforth enfila une cape imperméable grise et se dirigea vers la sortie. Il ouvrit la porte, éteint la lumière – par des interrupteurs – et sortit, s’exposant au vent glacial.

Il referma la porte, sans toutefois utiliser de clef et de verrous, mais par sa baguette magique.

-          Vous vous sentez prêts à transplaner à Londres, devant la cabine téléphonique ? demanda-t-il.

-          Oui, répondirent-ils ensemble.

-          Et bien on se retrouve là-bas…

Abelforth fit un tour sur lui-même et transplana. Tous les trois l’imitèrent.

Il faisait soudain beaucoup moins froid à Londres, devant la cabine téléphonique, même si il faisait quand même froid. Tous les quatre étaient arrivés à des endroits différents : Abelforth, exactement devant la cabine, Harry, en plein milieu de la route et il faillit d’ailleurs se faire renverser par une voiture. Ron se retrouva sur un banc, à côté d’un clochard qui ne sembla pas se rendre compte que quelque chose de tout à fait anormal venait de se produire, ce qui était peut-être dû à la bouteille vide de vin qu’il y avait à côté de lui.

Enfin, Ron était apparu sur le balcon de l’immeuble en face, et il dut transplaner une seconde fois pour en descendre.

Abelforth ne se soucia pas vraiment du fait qu’ils avaient éventuellement pu être repérés et ouvrit la porte de la cabine téléphonique, entrant le premier.

Il était difficile de tenir à tous, c’est pourquoi Abelforth s’empressa de taper le numéro 62442.

L’habituelle voix féminine se fit entendre :

-          Veuillez s’il vous plaît indiquer vos noms et prénoms, et le motif de votre visite.

-          Bien sûr, répondit Abelforth, Joe Jigger, Harry Potter, Hermione Granger et Ronald Weasley. Nous venons pour neutraliser le sorcier d’accueil, tous les Aurors et libérer Severus Rogue, et bien sûr souhaiter le bonjour à Monsieur Rufus Scrimgour.

 

 

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