HARRY   POTTER 

 ET   LA   CLEF  DE   LA  PAIX

 

CHAPITRE 65 : DANS LES FORETS BULGARES

 

          Il faisait jour en Bulgarie, ou du moins, c’était où Harry pensait avoir atterri.

          Il venait de pleuvoir, ici, et il faisait jour. Le ciel était envahi de gros nuages gris, et la verdure était encore ruisselante de gouttes d’eau.

          Ils étaient dans un pâturage sur une zone où se dressaient quelques hautes collines arrondies. A une cinquantaine de pieds de là, il y avait un chemin en terre escarpé.

-          Hum, je suppose que c’est par là-bas, dit Abelforth en montrant le côté du chemin qui partait vers le haut de la colline.

-          Où va-t-on ? demanda Harry.

-          Il nous faut trouver un petit village de sorciers, nommé Beghlez, celui dont je t’ai parlé tout à l’heure… Je n’y suis jamais venu, mais il semble qu’Albus y était venu lorsqu’il était plus jeune.

-          Il voyageait beaucoup ? demanda Harry, avide d’en savoir plus.

-          Je te vois venir, tu aimerais en connaître un peu plus sur la vie d’Albus…

-          Euh…

          Harry ne voulait pas avoir l’impression de paraître trop curieux.

-          Je comprends ta curiosité. Pour ton information, Albus était venu étudier la Magie Noire dans le coin, c’est la Magie la plus répandue ici. Il y a de nombreux mages noirs très puissants, mais qui ne recherchent pas la domination comme Voldemort, et qui préfèrent vivre en paix. En revanche, la nouvelle génération pose un peu trop de problèmes et se laisse un peu trop convaincre par certains mages noirs tels que Voldemort… A l’époque, Albus avait rendu visite à un certain Helsan, un mage noir très vieux qui lui avait appris beaucoup de choses. Il y a des créatures magiques inconnues chez nous qui vivent ici, dans ces forêts.

          Il montra les forêts qui bordaient le chemin. Harry essaya de regarder s’il pouvait distinguer quelque chose dans les sous-bois, mais le peu de lumière qui filtrait des nuages était capturé par les arbres.

-          Il y avait des mages noirs célèbres, ici ? demanda Harry.

-          Oui, bien sûr, d’ailleurs, pendant que j’y pense, c’est à propos des Clordes, il y avait un Mage Noir de la même époque que Grindelwald, et il ne figure pas sur les tombes du Gouffre des Clordes, je pense que tout cela n’est qu’une légende et que les différents magies noirs qui ont suivi le livre ont pris les noms pour se donner un peu plus de grandeur… En revanche, pour Voldemort, le Seigneur des Ténèbres en l’occurrence, je pense que ce n’est qu’une coïncidence car ce nom semble assez classique pour un mage noir. Je crois vraiment qu’en fait, nous n’avons rien à craindre du côté de cette légende-là.

          A cet instant, un aigle passa au-dessus du chemin et interrompit Abelforth. Celui-ci s’arrêta pour le regarder.

-          Une méthode de divination consiste à étudier le vol des oiseaux ; il faut avoir beaucoup d’imagination et de sagesse mais c’est accessible. Par exemple, je crois comprendre que nous allons nous rassasier à midi.

-          Comment voyez-vous ? demanda Harry, qui contemplait l’aigle qui montait dans les airs au gré des courants ascendants.

-          Disons qu’il faut que tu libères ton Troisième Œil…

          Abelforth sourit.

-          On dirait le professeur Trelawney, remarqua Harry.

-          Ce n’est pas très gentil, répondit Abelforth.

-          Je ne voulais pas vous offenser.

-          Oui, j’en suis sûr, mais ce que je dis est vrai, la divination est une belle Magie, mais pas celle qui est enseignée à Poudlard. Si tu laisses vraiment aller ton Troisième Œil, alors des images vont t’apparaître à l’esprit, pas forcément très exactes, mais tu verras l’idée générale. Il faut cependant prendre garde de ne pas les interpréter de la manière qui t’arrange, ni à la manière de Sibylle Trelawney.

          Les collines se suivaient et ils ne rencontraient toujours pas le village cherché par Abelforth.

-          C’est loin ? demanda Harry, impatient d’avoir un peu d’action.

-          Non, je ne pense pas, regarde, on voit des traces de bétail, ici…

          Dobby les suivait silencieusement, il marchait à grands pas pour suivre le rythme d’Abelforth, mais cela semblait lui faire plaisir de pouvoir les accompagner. Il était vêtu d’une cape bien trop longue qui traînait longuement derrière lui.

-          Profitons du chemin pour parler un peu, Harry. Je vais te parler plus précisément de certaines choses. D’abord, comment se porte Poudlard, depuis l’attaque ?

-          Très bien, répondit Harry, trop bien, même…

-          As-tu des nouvelles des autres J.M.P.. Je veux dire, ceux qui n’ont pas été arrêtés.

-          Je n’en ai plus entendu parler, ils doivent être en observation.

-          Je pense qu’il va falloir être vigilant dès ton retour à Poudlard. Voldemort risque de leur demander de semer le trouble par ci, par là, afin de ne pas se faire oublier.

-          D’accord, j’en parlerai aux autres…

-          J’ai lu dans la Gazette du Sorcier dans la rubrique sur Poudlard, que les professeurs ont l’air très compétents. Je constate que vous commencez à parler de certaines choses dont je t’ai déjà parlé.

-          Oui, on se rapproche, répondit Harry.

-          Ca veut dire qu’on va pouvoir intensifier notre entraînement, puisque certaines bases te sont déjà enseignées à Poudlard. Est-ce que par hasard tu te souviens du Sortilège de la Capsule ?

-          Oui, je pense.

-          Rappelle-moi d’abord l’incantation.

-          Euh, c’est projaura, c’est ça ?

-          Tout à fait, ce sortilège te sera très utile, crois-moi. Pense à t’entraîner si tu as du temps libre sur celui-ci. En attendant, je souhaite te parler globalement d’un certain type de sortilèges qu’utilise fréquemment Voldemort ; il s’agit des flèches, tu connais déjà les Flèches de Mort, elles font partie des plus efficaces, et un bon bouclier matériel te permet de les arrêter si tu es suffisamment rapide et… vigilant. Voldemort, à ma connaissance, utilise les Flèches de Cloquage, c’est un maléfice effroyable qui provoque avant tout d’atroces souffrances, elle fait apparaître des bulles d’air dans la chair, qui finissent par exploser en déchirant la peau en lambeaux.

-          C’est horrible, s’exclama Harry.

-          Oui, très. C’est pour cela que j’aimerais que tu sois au courant. Il existe bien sûr des remèdes, mais il est préférable de stopper le maléfice avant qu’il puisse atteindre sa victime. Et cela peut être un inconvénient puisque tu dois attendre un peu au lieu d’utiliser ce temps pour attaquer, et que Voldemort peut lui aussi utiliser ce temps à son avantage. En fait, le Bouclier d’Argent est un moyen de défense très efficace, mais seulement en générale. Tu dois bien sûr le connaître, mais tu es à un stade où il faut passer à autre chose. Pour l’exemple que j’ai pris, dès que Voldemort t’envoie une telle flèche, tu dois l’arrêter au moment où elle sort, ou même avant puisque tu es désormais capable d’utiliser la légilimancie. Un autre grand intérêt est que tu prends moins de risques pour toi et pour les autres. Lorsque beaucoup de sortilèges fusent dans tous les sens, ils peuvent interférer et les effets sont difficilement prévisibles.

-          Quel sortilège peut arrêter une flèche ? demanda Harry.

-          J’en connais plusieurs, mais un très bon moyen est de la faire éclater. Ce n’est a priori qu’une simple flèche en bois, même si elle est ensorcelée. Si tu la détruis matériellement, le maléfice va se briser car la Magie qui y a été introduite n’aura plus de support.

-          Pourtant les sortilèges normaux n’ont pas besoin de support pour se propager.

-          Certes, mais ils sont conçus par la baguette magique pour s’auto-supporter, alors que la magie des flèches y est contenue.

-          D’accord.

-          Tu peux donc utiliser le sortilège d’Eclatement, qui fait apparaître des fentes qui finissent par casser en morceaux ce genre de matériaux. Hum, tu devrais l’essayer sur un arbre, la formule est infendillis.

          Harry se tourna vers l’arbre le plus proche.

-          Infendillis !

          Il y eut un craquement de bois et l’arbre se fendit sur toute sa longueur, en quatre troncs plus petits.

          Harry se recula pour ne pas être touché par la chute de l’arbre.

-          Voilà, dit simplement Abelforth.

-          Mais la flèche va se séparer en quatre, comme l’arbre, dit Harry.

-          Non, elle n’est pas très grosse, et à moins que Voldemort t’attaque en t’envoyant des arbres, ce sortilège fonctionnera parfaitement. La flèche se transformera en brindilles minuscules qui finiront par être emportées par le vent. Ah ! J’aperçois le village ! s’exclama Abelforth au détour d’un tournant du chemin.

          Le chemin traversait un village qui était typiquement un village de sorciers. Les maisons étaient tordues et très hautes, les pièces s’entassaient les unes au-dessus des autres contrairement aux maisons moldues où elles se juxtaposent.

          Il y avait de nombreux commerces le long de l’allée qui traversait le village, et de nombreuses contre-allées sombres et brumeuses s’y joignaient.

-          Ne risqué-je pas d’être reconnu ? demanda Harry.

-          Je ne pense pas, mais cache ta cicatrice quand même, tu as assez de cheveux pour cela. Voilà l’auberge.

-          On ne risque pas de croiser Voldemort ? lui nous reconnaîtrait ! demanda Harry.

-          Aucun risque, il se cache plutôt près du village voisin, mais surtout, il ne sort pas beaucoup, il préfère conduire Severus et Joe chercher les personnes qui l’intéressent. Dépêchons-nous, il commence à pleuvoir. Ah oui, Fumseck, il va falloir te cacher, malheureusement, tu attirerais trop l’attention. Peux-tu nous attendre, nous t’appellerons de l’hôtel et tu transplaneras pour nous rejoindre.

          Fumseck comprit très bien le message et s’envola pour aller se poser sur le toit d’une maison proche.

          Abelforth entra dans l’auberge en poussant une porte grinçante. L’ambiance n’était pas joyeuse, la salle était pleine de sorciers cachés sous des capes, mais dont on pouvait cependant voir les visages. La salle était sombre, très faiblement éclairée par quelques bougies dont les flammes vacillaient dangereusement. Il n’y faisait pas très chaud.

          Abelforth s’approcha du barman, un homme à la forte moustache et à l’apparence dure, mais qui les accueillit chaleureusement lorsqu’Abelforth lui expliqua en un langage incompréhensible pour Harry qu’ils venaient d’Irlande. Heureusement, le barman parlait aussi l’anglais car il recevait très souvent des visiteurs étrangers.

-          Très bien, je parle aussi très bien l’anglais, vous savez, dit-il avec cependant un fort accent. Vous restez plusieurs nuits ici, ou vous ne faites qu’une escale pour une nuit ?

-          Je pense que l’on va rester deux ou trois jours, avant de repartir vers d’autres régions du monde, dit Abelforth sur un ton évasif. J’accompagne mon neveu John qui a fini ses études et qui veut voyager pour compléter ses connaissances. J’ai moi-même beaucoup voyagé par le passé.

-          Vous êtes les bienvenus, je vais vous conduire à des chambres de libres, je suppose que vous préférez ne pas être trop loin l’un de l’autre ?

-          Si possible, en effet.

-          Suivez-moi.

          A droite du comptoir, une porte en bois menait sur un escalier étroit et aux marches bancales. Ils montèrent au dernier étage où il y avait quatre petites chambres sous les toits, toutes libres.

-          Prenez ces deux là, vous aurez la vue sur la rue centrale, si vous voulez une chambre pour votre elfe, il y en a deux autres, prenez celle que vous voulez.

-          Merci, c’est très aimable à vous, remercia Abelforth.

-          Est-ce que vous déjeunerez en salle, où je vous apporte ici ?

-          On descendra, dit Abelforth, merci.

          Harry posa ses affaires sur son lit qui grinça dangereusement. Quelques secondes plus tard, Fumseck transplanait à côté de lui et se posait sur la barre du lit.

          Il jeta un coup d’œil à l’extérieur, le ciel s’était encore assombri, et de grosses gouttes tombaient du ciel.

-          Qu’allons-nous faire, maintenant ? demanda Harry à Abelforth.

-          Nous allons attendre un moment ici, puis il faudra aller retrouver Severus dans la forêt en début d’après-midi, je ne sais pas où il nous attendra, mais je saurai le retrouver, il a laissé des traces, j’attends uniquement le signal, par Gallion. Nous ne devrions cependant pas attendre très longtemps, normalement. Profite-en pour me poser les questions que tu veux, on s’est toujours entraînés mais nous n’avons jamais vraiment parlé. J’ai toujours cru comprendre que la vie de mon frère t’intéressait ?

-          Oui, personne ne savait beaucoup de choses de lui, pourtant, il doit y avoir beaucoup de choses à savoir.

-          Oui et non. Albus était à la fois quelqu’un d’extraordinaire et de tout ce qu’il y a de plus normal au monde. Nous avons toujours été une famille modeste, et impossible de prouver que nous puissions être de Sang-Pur, ce qui n’a aucune importance, tu es d’accord avec moi. Beaucoup de gens le pensent, mais je ne le crois pas. Nous vivions très à l’écart de la société, dans une maison au beau milieu de la campagne allemande, même si tout le monde pensait que nous habitions en Angleterre. La maison existe toujours et est très bien cachée, mais je n’y retourne pas souvent. Tout ce que je peux te dire d’important à propos de cette demeure, c’est qu’il y avait une grande bibliothèque que nos parents avaient constituée depuis bien longtemps. Ils étaient d’ailleurs totalement inconnus de la société magique. Leurs seuls revenus consistaient en la vente de foie de dragons, qui vaut une fortune, et qui a toujours valu une fortune. Ils étaient très impliqués dans la recherche magique en dehors de leur travail, et nous avons toujours appris énormément de choses d’eux. Ils voyageaient aussi beaucoup, et pendant notre jeunesse, lorsque nous n’étions pas encore à Poudlard, ou pendant les vacances , ils nous emmenaient avec eux, on a toujours eu l’habitude de parler couramment plusieurs langues, et la langue Anglo-Saxonne  n’était pas répandue autant que maintenant, il ne faut pas oublier que ce que je te décris se passait non loin de l’an 1850.

-          C’est vrai, répondit Harry qui avait oublié ce détail.

-          Ca fait beaucoup de différence, la communauté magique a beaucoup évolué depuis ce temps-là. Disons que beaucoup de connaissances et de traditions se sont perdues de nos jours. Nous n’avons qu’une société moderne où tout le monde se ressemble. Le Quidditch par exemple, plus personne ne connaît les centaines de règles qui existent, et le Ministère s’évertue à les conserver au Département des Sports, même les joueurs, c’est pour dire. A l’époque, chaque pays avait son Quidditch, avec ses règles, mais le tout s’est uniformisé pour former le Quidditch actuel qui est beaucoup moins riche qu’avant, c’est regrettable. Revenons-en à ce que je disais au début ; Albus et moi voyagions beaucoup et nos voyages étaient très intéressants car on y découvrait énormément de choses. De nos jours, il faut aller dans des communautés totalement perdues pour voir des choses différentes des nôtres. Nous avions donc appris beaucoup de choses, mais lors de ma quatrième année à Poudlard, nos parents avaient été tués par des Moremplis, alors qu’ils dormaient dans une forêt au cours de l’un de leurs voyages. Nous étions très tristes, mais nous nous sommes entraidés, et nous sommes finalement ressortis plus forts. C’était une fin triste pour des sorciers si brillants.

-          Je ne pensais pas que des Moremplis pouvaient être si dangereux, dit Harry effaré.

-          Disons que si tu es éveillé, tu ne risques rien. Mais s’ils arrivent à te recouvrir, ils t’étouffent rapidement. A l’époque, ils n’étaient pas encore connus, mais beaucoup de sorciers ont enquêté à propos de toutes ses morts mystérieuses, et on a fini par découvrir leur existence. Les Moremplis pénétraient parfois dans les maisons, en passant sous les portes, et le matin, la famille entière avait disparu sans que personne ne soit entré ou sorti. Il est probable qu’un sorcier aux intentions mauvaises les ait conçus en croisant plusieurs autres espèces.

          Harry était un peu secoué par tout ce qu’il apprenait. Il n’aurait pas pu s’imaginer que les parents de Dumbledore soient morts de cette manière. D’ailleurs, il n’avait jamais pensé à quoi ils pouvaient ressembler.

          En fait, cela lui faisait bizarre d’apprendre tout cela d’un coup. Il n’avait quasiment jamais rien su de la vie d’Albus Dumbledore, et aujourd’hui, tout lui était raconté comme si c’était une belle histoire passée.

-          Nous avons bien sûr continué à voyager et Albus s’est beaucoup plongé dans les livres pour étudier, si bien qu’à la fin de sa scolarité à Poudlard, il savait plus de choses que les meilleurs professeurs. Quant à moi, j’étais naturellement bon mais je ne forçais pas beaucoup. Il m’arrivait parfois d’aider Albus dans ses entraînements, ce qui m’entraînait moi aussi. Il quitte donc Poudlard à ton âge. Son niveau de Magie exceptionnel dans toutes les disciplines lui permet de postuler à tous les emplois qu’il veut. Les professeurs le voient Ministre de la Magie, mais il ne le veut pas, et il part à nouveau voyager. Enfin, plus de cent ans après, il t’a rencontré… C’est intrigant de voir en fait que l’une des plus grandes choses de sa vie aura été son combat contre Voldemort à tes côtés. En fait, tu as été sûrement la personne la plus importante pour lui, car tu as eu des problèmes très proches des siens, et pourtant, il a connu de nombreuses personnes au cours de sa vie.

          Harry était très touché par cela, et à la fois mal-à-l’aise, il ne voulait pas que la vie de Dumbledore se résume à Voldemort, il savait qu’il y avait eu plus de cent ans d’une vie grande avant cet aventure finale.

-          Comment a-t-il vaincu Grindelwald ? demanda Harry, pensant soudain à cela.

-          Il te l’a expliqué dans sa lettre, Harry.

-          Comment le savez-vous ?

-          Je l’avais rédigée avec lui, bien sûr ! Il a tout simplement détruit l’Horcruxe puis l’a tué. La recherche du Horcruxe avait été très longue et difficile, car contrairement à Voldemort, Grindelwald n’apportait aucune importance à la grandeur, et l’Horcruxe n’était qu’un vulgaire plan du métro de Londres, qui a terminé gravé sur le genou d’Albus. Il s’était d’ailleurs trompé et s’attendait à quelque chose de beaucoup plus fort, et, il est vrai, à un objet magique.

-          Et ensuite, comment l’a-t-il tué ? Est-ce que je vais devoir utiliser l’Avada Kedavra sur Voldemort ?

-          Bonne question, à laquelle je t’aurais répondu de toute manière un jour ou l’autre. Albus n’a pas utilisé l’Avada Kedavra car il existe un sortilège de Mort très puissant, issu de la Magie Blanche. Celui qui tente ce sortilège avec le moindre soupçon de haine, ou qui le fait seulement pour tuer, ne le réussira jamais, et il mourra lui-même à la seconde. Il va falloir beaucoup de temps avant de prendre ce risque, Harry.

-          Mais je ne veux pourtant faire que la Paix ! Ca va marcher !

-          Oui, j’en suis sûr, mais au fon de toi, tu ne peux pas t’empêcher d’avoir un peu de haine…

-          Ne peut-on pas la faire disparaître, comme on met ses pensées dans une Pensine ?

-          Les sentiments et les pensées sont différents, Harry. Tu ne peux pas masquer vraiment tes sentiments, alors que tu peux masquer tes pensées par l’occlumancie. En revanche, tu peux les dissimuler, les retenir. Je comprends que la distinction est infime, mais tu vas la comprendre, et pour l’instant, tu n’as pas suffisamment d’expérience et de sagesse pour cela. Ce n’est que parce que tu es jeune, et malgré ta grande maturité.

-          Je crois comprendre un peu, dit Harry.

-          Très bien, tu vois donc que tu ne tueras pas Voldemort avant l’été prochain, et même si nous avons les Horcruxes avant. Nous ne sommes donc pas pressés autant que tu le penses, et le plan qu’a établi mon frère privilégie la sécurité. Te rends-tu compte du nombre de catastrophes qui auraient pu être évitées depuis ton arrivée à Poudlard, et même avant ?

          Harry réfléchit, pensa à la mort de Dumbledore, qui était une catastrophe même si Abelforth prétendait le contraire. Il pensa ensuite à la mort de Sirius qu’il aurait pu éviter s’il avait suivi correctement les leçons d’occlumancie. Il pensa au retour de Voldemort, à la coupe transformée en Portoloin, au faux Maugrey…

-          Oui, répondit-il, beaucoup de choses.

-          Tu vois, c’est pour cela que cette fois, nous allons réussir, Albus a longuement préparé son plan, et tromper Voldemort pour lui faire révéler ses plus profonds secrets est la meilleure solution.

           La dernière phrase d’Abelforth résonna plusieurs fois dans la tête d’Harry : « tromper Voldemort pour lui faire révéler ses plus profonds secrets ». En quoi Voldemort était-il trompé, il ne le voyait pas… à part Rogue qui était vraiment dans leur camp, mais que Voldemort considérait désormais comme son plus fidèle Mangemort. Harry comprit la mission de Rogue, il devait essayer de décourvrir ce que Voldemort savait de ses Horcruxes, et c’était le seul à tout savoir : il avait tout fait dans le secret le plus total, même ses Mangemorts les plus proches n’en savaient rien.

-          D’ici à ce que tu sois capable de le détruire, continua Abelforth, il ne faut pas prendre de risques, et c’est l’objet de notre mission, l’empêcher de reconstituer une armée trop forte, qui sèmerait une panique totale. Mais nous devons agir dans la plus grande discrétion. Tu imagines sûrement très bien les conséquences désastreuses qui pourraient se produire si Voldemort apprenait que quelqu’un sait ce qu’il fait, et surtout ce que nous faisons.

-          Qu’est-ce que l’on va faire, concrètement ? demanda Harry.

-          Et bien prendre contact avec les personnes que Voldemort a contactées pour leur parler. Nous devons faire tout dans le plus grand hasard. Nous sommes seulement deux voyageurs irlandais qui nous arrêtons quelques jours ici.

-          Vous êtes-sûr que l’on ne va pas me reconnaître ? demanda à nouveau Harry. L’aubergiste lui-même parle anglais, c’est qu’il rencontre beaucoup d’anglais…

-          Tu as raison, je vais te faire apparaître quelques taches de rousseur et t’éclaircir les cheveux.

          Abelforth tapota avec sa baguette sur la tête d’Harry et à son sourire, il comprit que la transformation avait réussi.

          A cet instant, on frappa à la porte, et Abelforth alla ouvrir lorsque Fumseck eut effectivement transplané.

-          Bien, je suis désolé pour le retard, vous voulez manger maintenant ? demanda-t-il.

-          Ne vous inquiétez pas, avec le transplanage, nous avons un léger décalage horaire, mais un bon repas ne se refuse jamais.

          L’aubergiste regarda Harry d’un œil intrigué.

-          Votre neveu ? demanda-t-il.

-          Qu’y a-t-il ? demanda Abelforth, amusé.

-          Il était blond, tout à l’heure ?

-          Oui, il était blond, répondit Abelforth.

-          Ca alors, je n’avais pas remarqué…

-          Il fait plus sombre en bas.

          Ils descendirent dans la salle de restaurant de l’auberge.

-          Puis-je vous proposer une daube de sanglier aromatisée avec des plantes magiques locales, c’est le plat traditionnel de tout voyageur qui s’arrête ici.

-          Excellent ! s’exclama Abelforth, ça faisait une éternité que je n’en avais plus mangé. Tu vois, John, je t’avais dit que nous nous rassasierions ce midi.

          Quelques secondes plus tard, l’aubergiste revint avec deux assiettes qu’il faisait léviter, remplies à en déborder d’une viande succulente et à l’odeur apétissante.

          Harry trouva le service très rapide, et il était habitué – ce qui était un bien grand mot pour rappeler l’unique fois où les Dursley l’avaient conduit au restaurant – aux restaurants moldus.

          Abelforth dévora le repas à une vitesse étonnante ce qui surprit énormément Harry. Il était étonnant que cet homme ne soit pas plus gros avant tout ce qu’il mangeait comme friandises.

          Lorsque l’aubergiste vint débarrasser la table, Abelforth engagea une discussion sur les activités magiques commerciales locales, et il se fit expliquer en détails les différents lieux magiques les plus importants de la Bulgarie, dont son Ministère de la Magie se trouvait sous un lac proche.

-          Je suis intéressé par la Magie Noire, dit Abelforth, par simple curiosité, bien sûr, connaîtriez-vous un endroit où une personne pourrait m’éclairer, nous ne la connaissons que très peu en Irlande.

-          Hum, la Magie Noire est très répandue ici, il vous suffit de parcourir les allées de la ville. En apparence, tout est beau, c’est un petit village tranquille, mais les forêts sont peuplées de créatures maléfiques assoiffées de chair humaine. Les Moldus qui s’aventureraient par ici ne resteraient pas en vie plus de dix minutes. Il y a beaucoup de mages noirs, ce sont des personnes très isolées qui font des expériences chez elles, ou qui se regroupent dans les forêts, ou les endroits les plus sombres de la ville. Le Ministère de la Magie a du mal à savoir ce qu’ils font, on dit qu’ils préparent des meurtres de Moldus, mais tout est très flou et peu de personnes en parlent.

-          Je vois, je suppose que beaucoup de personnes doivent être attirées par le pouvoir, y a-t-il des mages noirs recherchés par ici ?

-          Oui, mais on ne les connaît pas, ils se produisent anonymement, ce qui rend leur recherche délicate, et le Ministère ne s’en préoccupe que lorsque le nombre de morts devient vraiment gênant. En fait, seul le flagrant délit peut faire avancer les enquêtes, mais les Brigades Ministérielles ne s’avancent pas dans les zones où ces mages noirs se regroupent, ils ne feraient pas le poids.

-          C’est bien dommage, la Magie Noire est très belle lorsque l’on ne s’en sert pas à des mauvaises fins. Et bien nous allons alors nous promener dans la ville, et nous rentrerons ce soir pour le dîner.

-          Bonne visite, et gardez toujours votre baguette à portée de main.

-          Oui, ce sont des vieilles précautions de voyageurs prudents, dit Abelforth.

          Ils sortirent de l’auberge et furent immédiatement agressés par le vent violent et glacial qui soufflait dans la rue.

          Rapidement, ils s’engouffrèrent dans une étroite contre-allée pour se protéger.

          On n’y distinguait pas grand-chose à travers l’épais brouillard. Ils croisèrent une vieille sorcière que suivait un chat maigre et qui ne leur adressa pas un regard. Ils avaient cependant l’impression d’être épiés, et Harry était certains que certains villageois les regardaient par les fenêtres de leurs maisons.

          Le cœur du village était beaucoup plus peuplé, et un peu moins brumeux que les ruelles.

          Ils tombèrent sur une boutique de créatures magiques à l’aspect tout à fait normale et Abelforth tint à y entrer. Certaines créatures étaient totalement inconnues aux yeux de Harry, mais il y en avait cependant certaines plus classiques, tels les chouettes et les hiboux.

          Harry les observa pendant qu’Abelforth discutait en bulgare avec le gérant de la boutique.

          Après une bonne demi-heure, Abelforth quitta la boutique, apparemment très heureux.

-          De quoi avez-vous parlé ? demanda Harry.

-          Oh, rien de très important, mais rien d’inutile pour autant. Cet homme n’a pas vraiment l’habitude de discuter avec sa clientèle, mais il m’a raconté quelques choses très intéressantes, comme la disparition depuis ce matin d’un villageois après une balade en forêt.

          Abelforth visita plusieurs autres boutiques, et le plus souvent, il discutait assez facilement en bulgare puis retranscrivait les discussions à Harry dès qu’ils quittaient les boutiques.

          Harry était étonné par la quantité d’informations qu’Abelforth avait pu tirer de toutes ces discussions. Il avait ainsi appris qu’un sorcier mystérieux avait attiré un voyageur dans la forêt, et que lorsqu’il était revenu, il avait semblé que sa mémoire avait été modifiée. Enfin, un ami proche du gérant d’une boutique d’ingrédients de potions avait acheté sans raisons apparentes une quantité impressionnante d’ingrédients qui pourraient servir dans la préparation de potions puissantes et potentiellement dangereuses.

          Harry réfléchit à tout ce que cela pouvait signifier sans trop poser de questions à Abelforth. Il était très surpris de la vitesse d’action de Voldemort. Cela ne faisait maintenant qu’un jour qu’il était arrivé ici, et il commençait déjà à s’y produire des évènements étranges.

          Ils mirent fin à leur visite du village lorsqu’Abelforth reçut le signal de Rogue qui lui indiquait qu’ils devaient le retrouver dans le lieu prévu.

          Ils quittèrent le village, et, à sa sortie, ils entrèrent dans la forêt où l’on n’y distinguait pas grand-chose.

          Abelforth semblait savoir parfaitement où il allait, ce qui surprenait Harry car il n’avait jamais mis les pieds ici auparavant.

-          Vous savez où nous allons ? demanda Harry.

-          Evidemment, sinon, je ne m’engagerais pas comme ça dans ces forêts… Severus a laissé des traces magiques de son passage qu’il me suffit de suivre.

Harry regarda autour de lui, il ne voyait aucune trace de Magie aux alentours.

            Abelforth comprit ce qu’il cherchait et il lui répondit avant qu’il n’ait le temps de poser sa question.

-          Non, Harry, ce ne sont pas des traces visibles, mais des traces magiques qui émettent des forts rayonnements. Tu peux ensorceler des objets pour qu’ils émettent des traces. Cependant, je ne pense pas que tu puisses ressentir ceux-là, ils sont normalement très légers. Severus a pris de nombreuses précautions et bien sûr, il m’a donné quelques indications au cas où nous devrions malencontreusement quitter le chemin….

-          Pourquoi devrait-on quitter le chemin ? demanda Harry.

-          On ne sait jamais, si l’on y fait de mauvaises rencontres, mais rassure-toi, le vieux monsieur de la boutique d’objets de Magie Noire m’a dit beaucoup de choses, il se trouve que nous suivons en parallèle un raccourci assez fréquenté de la forêt, et qui mène lorsqu’on va jusqu’au bout au village le plus proche, nous n’avons pas grand-chose à craindre pour le moment.

-          Je ne m’inquiète pas, répondit Harry qui pensait qu’avec sa baguette et sa vigilance, il ne craindrait rien.

          Après un quart d’heure de marche, la forêt était devenue beaucoup plus sombre et Harry sentait une atmosphère pesante, il sentait que tout y était imbibé de Magie Noire, même les arbres semblaient dangereux, ils étaient tortueux et certains bougeaient leurs branches d’un air menaçant.

-          Tu n’as rien à craindre des arbres, Harry, ils aiment intimider les voyageurs mais ils n’attaquent pas comme les Saules Cogneurs. Ce sont des Hêtres des Pendus, il existe de nombreuses légendes les concernant, on dit que ces arbres sont issus d’arbres normaux, mais qu’ils acquièrent leurs pouvoirs magiques lorsqu’une personne meure pendu à l’une de ses branches. D’ailleurs, certains mages noirs s’amusaient à une certaine époque à pendre leurs victimes pour faire durer la légende… Mais bien sûr, ces arbres peuvent se reproduire entre eux, et rien ne dit que la légende est vraie…

          Abelforth se pencha sur un petit arbuste d’à peine vingt centimètres. Il approcha sa main et au moment où il toucha la première feuille de l’arbre, celui-ci déploya ses branches et essaya de lui arracher la main.

          Harry se précipita pour libérer Abelforth mais celui-ci lui dit :

-          Non ! merci Harry, je vais me débrouiller tout seul.

          Il sortit sa baguette et tapota avec sur la plante qui se transforma en fumée noirs qui se dissipa, libérant son autre main.

-          Hum, il ne vaut pas mieux se frotter à ses plantes-là, dit Abelforth amusé.

          Ils reprirent leur chemin et s’enfoncèrent plus profondément dans la forêt. Le sol n’était plus plat, il y avait des branches d’arbres basses qui rendaient leur progression difficile, et des rochers énormes qu’ils devaient contourner. Les arbres étaient immenses et il était désormais impossible d’apercevoir le ciel à travers leur branchage. Ils avaient dû depuis longtemps maintenant allumer leurs baguettes.

-          Sois vigilant, Harry, l’endroit n’est pas très sûr, murmura Abelforth.

          Après quelques minutes de marche difficile, Abelforth annonça :

-          Ah, nous y sommes presque, il était temps !

          Quelques pas plus tard, Abelforth s’arrêta et une voix demanda :

-          Qui est là ?

-          AD3 et AD2, et vous ? Qui êtes-vous ?

-          AD4.

-          Parfait, parfait ! dit Abelforth.

          C’est alors que Rogue apparut, vêtu d’une cape de Mangemort, son visage à peine reconnaissable à cause de l’ombre.

-          Il ne va pas falloir être entendu, dit Abelforth. Insonorizam loco !

          Une coupole translucide apparut au-dessus de la clairière dans laquelle ils se trouvaient. Le bruit des oiseaux avait soudain disparu, et il n’était possible d’entendre que ce qui se disait sous la coupole.

-          Bien, il y a tellement de choses importantes, dit Rogue qui n’avait même pas fait attention à l’apparence nouvelle de Harry. Le Seigneur des Ténèbres va vite en besogne, il a déjà capturé cinq personnes, il ne semble pas que toute le monde s’en soit rendu compte. Deux sont emprisonnés et trois sont retournés à leur vie normale mais sont sous Imperium et sont surveillés en permanence. Le Seigneur des Ténèbres m’a demandé de préparer une puissante potion de Neutralisation, j’ai réfléchi à ce que je pourrais faire pour atténuer son effet, mais rien ne va être possible car lui-même connaît bien cette potion pour l’avoir déjà utilisée.

-          Ce n’est pas grave, Severus, il ne faut pas que vous preniez de risques. Je m’occuperai moi-même de m’arranger pour que les victimes boivent l’antidote. Et sinon, comment va sa santé ?

-          Trop bien, malheureusement. Je trouve cela inquiétant. Sans que l’on ne fasse rien, il a récupéré trop facilement d’une blessure si grave. Je crains bien que tout cela ne l’ait que fortifié. Dans deux jours, il aura capturé suffisamment de personnes pour constituer la base d’une armée, et il reviendra s’installer aux abords de Poudlard. Il nous a interdit de nous faire remarquer, il veut faire un retour fracassant. Je pense que le mieux serait qu’il y ait une attaque pour rappeler au Ministère que la situation n’est pas aussi merveilleuse qu’il le croit. Il va falloir empêcher le plus possible qu’il ne capture des personnes du village, il veut leur modifier les pensées pour qu’ils finissent par ne pas lui obéir seulement par crainte, mais par conviction. La tâche sera difficile pour vous plus que pour moi, vous devrez convaincre tous les villageois qui reviendront de la forêt de ne pas y retourner. C’est Pettigrow qui se rend chaque jour au village pour y rencontrer des gens. Potter, vous m’entendez bien, si jamais vous le rencontrez, vous ne devez rien lui faire, peu importe ce qu’il a fait, c’est d’accord ?

-          Oui, répondit Harry, je ne lui ferai rien.

-          Très bien, je vous fais confiance. La principale difficulté est de repérer Pettigrow, il se promène sous forme de rat et disparaîtra à tous les coins de rue pour brouiller les pistes. Je ferai tout mon possible pour vous fournir les noms des personnes abordées. Je viendrai vous mettre de temps à autres l’antidote de la potion de Neutralisation que je cacherai dans cette clairière, et peut-être des instructions si l’on ne se voit pas. On s’y retrouvera toujours ici lorsqu’on voudra se voir, c’est un endroit totalement perdu que les gens contournent car les bois peuvent être parcourus plus facilement un peu plus loin. Mais faites très attention à vous, l’endroit est loin d’être sûr, et j’y ai vu des créatures très bizarres, des sortes de Centaures croisés avec des Détraqueurs, je les ai observés en train de tuer un sanglier, c’était horrible. Je ne sais pas comment on a pu arriver à ce genre de créatures, mais je peux vous dire qu’elles ne sont pas inoffensives ! La chose la plus importante que je peux vous dire pour le moment est qu’un certain Mr Mold est sous Imperium, c’est un pilier du plan du Seigneur des Ténèbres, il gère un café en plein dans la partie la plus isolée du village, où tous les plus mauvais sorciers se rendent fréquemment. Il va falloir l’empêcher de faire boire à tout le monde la potion de Neutralisation. Vous devez le trouver rapidement et le surveiller. Je viendrai mettre ici l’antidote dans la nuit. Pettigrow devrait lui fournir la potion dès ce soir… Profitez-en pour repérer les lieux et les habitudes de Mold. Je vous donne d’autres informations dès que possible.

-          Serait-il judicieux de tenter de casser l’Imperium ? demanda Abelforth qui semblait réfléchir à des solutions sérieuses.

-          Si vous le pouvez, ce sera toujours une bonne chose, car le Seigneur des Ténèbres perdrait du temps et nous en aurions un peu plus pour agir. C’est à vous de voir… je ne peux malheureusement pas m’absenter plus longtemps, faites du mieux que vous pouvez, bonne chance.

          Rogue transplana et la coupole se brisa.

-          Bien, rentrons, dit Abelforth.

          Ils transplanèrent sur le chemin qui traversait le village de Beghlez.

          Ils retournèrent dans le village et Abelforth commença à chercher le bar de Mr Mold. Celui-ci se trouvait, comme l’avait justement suggéré Rogue, dans le quartier le plus sombre du village. Tous les sorcières et sorciers qui y entraient étaient totalement cachés sous des capes et la pénombre ne permettaient même pas d’entrevoir leur visage.

          Le bar était situé dans une ruelle très étroite et sombre, où il y régnait une forte odeur de moisissure.

-          Un rat ! murmura Harry, montrant du doigte une petite ombre qui était partie se cacher derrière une caisse en bois fracassée.

-          Oho, dit Abelforth, cela ne nous aide pas beaucoup.

          Il donna un grand coup de pied dans une poubelle qui se renversa et d’où sortit une douzaine de rats qui ne furent même pas effrayés.

-          Tu vois, c’est un camouflage idéal, John, remarqua Abelforth. N’entrons pas là-bas vêtus comme ça, il nous faut des vêtements plus ressemblants à ceux des habitants pour ne pas paraître suspects, il ne faut pas oublier qu’aucun voyageur normal ne viendrait dans ce genre de bars.

          Vingt minutes plus tard, Harry et Abelforth ressemblaient à de parfaits mages noirs, ils avaient trouvé des tenues pas chères dans une boutique voisine.

          Le bar était très sombre, plus que la rue. En fait, même s’il n’avait pas changé d’apparence, Harry n’aurait pas été reconnu, car on ne pouvait distinguer que les  silhouettes de manière grossière.

-          Asseyons-nous à une table directement en face du comptoir, il faut minimiser les interférences…

          Ils s’installèrent à la première table libre qu’ils trouvèrent. Abelforth observa tout autour de lui alors qu’Harry attendait des instructions. Les gens étaient très bizarres, et à la table voisine, une vieille sorcière buvait un liquide qui émettait une fumée rouge, éclairant sa grosse touffe de cheveux gris qui dépassait de sa cagoule.

          Quelques minutes plus tard, un des serveurs leur demanda ce qu’ils prendraient. Abelforth prit quelque chose au hasard après avoir rapidement parcouru des yeux la carte.

          Cette boisson était véritablement infecte, et tous les deux faisaient semblant de boire. Mais là n’était pas le problème, il fallait surveiller les gestes de Mr Mold, et Harry ne l’avait toujours pas identifié.

          Enfin, Harry remarqua qu’Abelforth faisait des légers mouvements avec la baguette qu’il avait cachée dans le manche de sa cape. Il visait un grand homme qui était assis derrière le comptoir et qui lisait quelque chose qu’ils ne pouvaient pas voir d’où ils étaient.

-          Je n’y arrive pas, dit Abelforth. Le maléfice est trop fort et je suis trop loin.

-          Ne peut-on pas se rapprocher ? demanda Harry.

-          Je vais essayer d’aller lui demander une autre boisson…

          Abelforth se leva et s’approcha de lui. Harry ne pouvait pas entendre ce qu’ils disaient, mais l’essentiel était ce que tentait Abelforth, et sa manche bougeait doucement, ce qui montrait que ce dernier était toujours en train d’essayer de briser l’Imperium

          Après quelques instants, il revint et donna des nouvelles à Harry.

-          J’ai partiellement réussi, il me semble que pour certaines choses, il est capable de décider par lui-même, mais il est clair qu’il est toujours soumis à l’Imperium… il n’est pas dans son état normal, cela se voit, même si je ne l’ai jamais connu. Attendons encore un peu et observons chacun de ses faits et gestes.

          Mr Mold avait l’air tout à fait normal pour Harry, il discutait avec certains clients qu’il connaissait, et leur servait des verres de boissons diverses, qui n’avaient pas l’air de leur faire beaucoup de mal.

          Ils attendirent ainsi longuement sans qu’il ne se produise rien de notable. Mais enfin, un petit homme entièrement caché sous sa cape et sa cagoule fit son entrée dans le bar. Jusque là, rien d’anormal. Mais cet homme est allé voir Mr Mold et ils sont partis dans la réserve derrière le comptoir.

-          Harry, tu as ta cape d’invisibilité sur toi ? demanda Abelforth.

-          Euh, non, monsieur…

-          Je suis Arnold, John, désolé d’avoir oublié de te préciser ce détail.

-          D’accord, répondit Harry.

-          Il va falloir que tu ailles vite la chercher à l’auberge et que tu reviennes ici en transplanant, fais vite !

          Harry transplana dans la chambre d’hôtel au moment exact où il franchit la porte du bar.

          Son sac à dos était toujours sur son lit et il sortit la cape d’invisibilité, l’enfila, et transplana à nouveau.

-          Bien, tu sais quoi faire, ne te fais surtout pas repérer, murmura Abelforth lorsqu’une forme invisible lui toucha l’épaule.

Harry regarda autour de lui avant d’y aller, la voix était libre jusqu’au comptoir. Il se faufila mais ne risquait pas d’être vu de toute façon à cause de la pénombre si ses pieds avaient dépassé à un instant de la cape d’invisibilité.

            Il passa derrière le comptoir et entra dans la réserve où étaient allés Mr Mold et l’homme.

            La pièce était très poussiéreuse et il y faisait presque totalement noir, seule une petite fenêtre crasseuse laissait passer un rayon de lumière.

            Le petit homme était en train de fouiller dans une poche de sa cape. Immédiatement, Harry reconnut la main en argent.       

            Il était en face de Queudver, le traître qui avait dénoncé ses parents, et à cause duquel Sirius était mort. C’était également lui qui avait permis le retour de Voldemort et toutes les morts qui s’en étaient suivies, et notamment celle de Dumbledore.

            Mais Harry ne pouvait pas se permettre de l’attaquer, il se devait d’attendre. Si la situation s’était produite l’année précédente, il n’aurait pas hésité une seconde pour le capturer malgré l’interdiction de Rogue. Mais aujourd’hui, il savait que la mission était la chose la plus importante.

-          Voilà le flacon, couina Queudver, affairé.

-          Et alors ? demanda Mr Mold d’une voix tremblante.

-          Comment ça ? demanda Queudver.

-          Je vous demande ce que vous voulez avec ce flacon… c’est quoi ?

-          Vous le savez bien.

-          Non, je commence à me demander qu’est-ce que vous me voulez ! Qui est l’homme qui m’a parlé avec cette voix si bizarre ?

          Queudver apparut totalement décontenancé, il ne comprenait pas bien ce qui se passait. Harry, en revanche, comprit rapidement que l’effet de l’Imperium avait cessé.

-          Vous m’attendez ici, c’est compris ? menaça Queudver.

-          Je dois travailler, moi ! protesta Mr Mold.

          Queudver pointa sa baguette sur lui.

-          Dois-je me faire comprendre autrement ?

-          Je vous dis que je dois travailler…

-          Vous savez, je serai revenu dans cinq minutes, dit Queudver qui avait décidément changé de stratégie, et qui préférait ne pas avoir à utiliser sa baguette.

          Cela fonctionna et Mr Mold s’assit sur une chaise branlante qu’il tira de sous une table. Il examina le flacon que Queudver avait posé par distraction sur une vieille table, à côté d’autres flacons. Il l’ouvrit, le sentit, et le reposa après avoir fait une grimace.

          Harry retourna rapidement expliquer à Abelforth ce qu’il avait vu avant d’aller se cacher à nouveau dans la réserve.

          Soudain, il éprouva une forte douleur à sa cicatrice et pensa immédiatement que Queudver était allé chercher Voldemort. Il eut l’idée de fermer son esprit à la seconde.

          Il ne s’était pas trompé, le petit homme était accompagné d’un autre plus grand. Harry ne s’était pas trompé, Lord Voldemort venait en personne régler ses propres affaires.

-          Vous ! s’exclama Mr Mold.

-          Parfaitement, dit une voix glaciale.

 

 

 

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