HARRY   POTTER 

 ET   LA   CLEF  DE   LA  PAIX

 

CHAPITRE 82 : LA PROTECTION DE LA PROPHETIE

 

          Harry resta fixe, sa baguette fermement pointée vers Voldemort, mais il avait la gorge nouée.

          Il ne pouvait pas l’expliquer, il ne se sentait pas aussi à l’aise que les autres fois, alors que Voldemort était très calme, impénétrable.

          Harry ne le regarda pas dans les yeux, cela lui faisait trop mal à sa cicatrice.

          Il était affaibli par la mort de Scrimgeour et Kingsley qui venait de se produire devant ses yeux.

-          Au secours, Voldemort est là ! hurla Mrs Weasley derrière lui.

          Voldemort la regarda, au bout du couloir. Harry ne se retourna pas et resta fixé sur lui. Dobby était à côté de Harry, tout petit, il avait l’air si fragile.

          Harry et Voldemort commencèrent à se fixer et Harry reprit de l’assurance. Tous les deux levèrent leur baguette.

-          Vais-je te tuer ? murmura Voldemort.

          Harry était en sueur, sa cicatrice lui faisait horriblement mal, et il tentait tant bien que mal de fermer son esprit.

-          Non, pas maintenant, reprit Voldemort.

          Une dizaine d’Aurors arrivèrent en courant dans le couloir derrière Harry.

-          Tuez-le ! ordonna l’un d’eux, ne perdez pas de temps.

-          On se reverra ce soir pour ta mort, Potter, cracha Voldemort.

          Et soudain, un épais mur de pierre apparut devant eux.

-          Où est-il ? demanda un Auror bêtement.

-          Derrière le mur, répondit Harry, d’une voix tremblante.

-          Rufus, Kingsley ! s’exclama un autre Auror.

-          Ce n’est pas possible…

-          C’est… Voldemort ?

          Harry acquiesça.

          Il contempla les deux corps étendus par terre devant lui, sans pouvoir bouger.

          Un Auror les avait enjambés et tentait de faire disparaître le mur qui coupait le couloir, en vain.

-          Comment va-t-on faire pour communiquer, maintenant ? demanda un Auror. On ne sait même pas ce qui se passe au Ministère, qui donne les ordres !

-          Fions-nous aux plans prévus ! répondit un autre Auror d’une voix grave.

-          On peut transplaner de l’autre côté, dit Harry, sortant de sa torpeur.

-          Comment ça ?

-          Les protections ont disparu, expliqua Harry. On peut transplaner n’importe où au Ministère. C’est Scrimgeour qui l’a dit, juste avant…

          Harry tenta de sortir de cette situation terrible. Il n’arrivait pas à croire que Scrimgeour soit vraiment mort. Il n’était plus seulement un Ministre qu’il devait convaincre, il était devenu un ami à qui il n’avait jamais vraiment eu le temps de parler d’autres choses que de Mangemorts et d’attaques.

          Il retourna à Poudlard, laissant les Aurors transplaner pour passer de l’autre côté et tenter de capturer Voldemort.

          Il savait que de toutes manières, ils ne réussiraient pas. Il passa par la Porte à Transplaner, espérant ne pas rencontrer d’autres mauvaises nouvelles à Poudlard.

          Le combat faisait toujours rage dans le couloir du deuxième étage. D’autres Mangemorts étaient arrivés par le parc et ses amis étaient attaqués des deux côtés.

          Mrs Bett avait perdu sa baguette magique qui était dans les mains d’un Mangemort. En dernier recours, elle avait sauté sur le Mangemort et était en train de l’étrangler. Celui-ci agonisait, la face complètement rouge.     

          Mrs Bett récupéra sa baguette et stupéfixa le Mangemort puis le poussa de la scène du combat à grands coups de pieds.

          Harry était surpris qu’il n’y ait pas eu de morts. Seul Neville semblait très mal en point, le visage couvert de sang, mais la blessure n’était pas grave.

          Il s’engagea dans le combat pour aider Dean et Paul qui combattaient contre le plus grand des Mangemorts avec énormément de difficultés.

-          Endoloris ! dit le Mangemort, en voyant arriver Harry.

-          Surdoloris ! répliqua Harry, et le Mangemort tomba.

          Mais il ne voulait pas le faire souffrir alors qu’il lui suffisait de le stupéfixer.

          Tous les trois allèrent combattre d’autres Mangemorts.

          Ginny luttait à elle seule contre deux Mangemorts. L’un d’eux lui envoya un sortilège de Mort.

          Harry fut pris d’une colère terrible en voyant cela et s’entoura d’un halo de lumière blanche que tout le monde vit à part lui.

          Le Mangemort se tourna vers lui, surpris, alors que Ginny stoppait le maléfice avec un Bouclier de Cuivre.

          Harry ne savait pas pourquoi, mais il entendait le chant du Phénix dans sa tête, un chant qui lui rappelait à quel point il aimait Ginny.

          Harry regarda le Mangemort dans les yeux et celui-ci tomba sur le dos, raide, la terreur sur son visage.

-          Il est mort ? demanda Ginny.

          Harry s’approcha du Mangemort, surpris de ce qui venait de se passer.

          Le Mangemort bougeait les yeux, mais semblait profondément choqué.

-          Non, il est vivant…

-          Que s’est-il passé ? demanda Ginny.

-          Des rayonnements d’amour très forts…

          Harry se retourna. Le professeur Tanghudaï venait d’arriver derrière lui.

-          Il n’est pas mort, non, dit le professeur Tanghudaï.

          La scène s’était figée pendant quelques instants, mais reprit rapidement de plus belle.

-          Ecartez-vous tous, on va en finir d’un coup avec eux…

          Le professeur Tanghudaï avait parlé et sachant ce qu’il avait fait dans le Hall un peu avant, Harry s’écarta, avec tous les autres, laissant les Mangemorts seuls d’un côté du couloir.

          La situation était beaucoup plus rassurante, lorsque tout le monde combattait avec tout le monde, les risques de se faire surprendre par un sortilège dévié étaient plus grands.

          Le professeur Tanghudaï s’assura qu’ils soient bien reculés derrière lui et se concentra enfin sur les Mangemorts qui lui envoyaient une vague d’éclairs verts mortels qui se transformaient en autant de perruches vertes qui s’envolaient par la fenêtre brisée.

          Harry était vraiment très impressionné et se demandait ce qui allait se passer.

          La professeur Tanghudaï envoya un tourbillon d’étoiles vertes qui entourèrent le groupe des Mangemorts qui étaient en train d’essayer de fuir dans l’escalier.

          Les étoiles les portèrent et soudain le tout explosa, faisant un gros trou dans le plafond, le sol, et les murs.

          Les Mangemorts avaient été projetés dans tous les sens et certains avaient été jetés dehors et étaient tombés le long du haut mur dans un long hurlement suivi d’un choc étouffé.

          Ron se pencha à une fenêtre pour regarder où ils étaient tombés mais Mrs Weasley le tira en arrière.

-          Ronnie, ça serait idiot de tomber…

-          Ne m’appelle pas Ronnie ! répondit Ron.

          Harry savait que Ron n’aimait pas être traité comme un enfant par Mrs Weasley. Mais là, elle venait d’utiliser le surnom qu’Hermione utilisait, et pour lui, elle était la seule à pouvoir l’utiliser.

-          Que fait-on ? demanda Mr Weasley.

-          Quelqu’un a vu Hagrid ? demanda Harry, qui s’inquiétait de son absence.

-          Le professeur Fitz lui avait demandé de s’occuper de s’occuper de débarrasser la grange des araignées dans la cour du château, répondit le professeur Tanghudaï. Il y a des chances pour qu’il ne sache pas qu’il y a eu une attaque.

-          Je vais aller le prévenir ! s’exclama Mrs Bett. Mince, j’ai plus de balai !

          Elle regarda à la fenêtre les Mangemorts qui se battaient avec les Aurors sur leurs balais dans le ciel.

-          Ahaha, accio balai du Mangemort !

          Le balai vint rapidement vers elle, quittant son Mangemort qui commença à tomber dans les airs au loin.

          Mrs Bett attrapa le balai et l’enfourcha, sortant par la fenêtre.

-          Un simple Patronus aurait suffi, mais il faut bien qu’elle se dégourdisse un peu, dit le professeur Tanghudaï.

          Hermione sortit la Carte du Maraudeur qu’elle montra à Harry.

-          On fait quoi maintenant ?

-          Le château a l’air désert, c’est bizarre, répondit Harry.

          C’est alors que Nick Quasi-Sans-Tête apparut à travers un mur.

-          Nick ! Que se passe-t-il dans le château ? demanda Harry.

-          Hein ? Qu’est-il arrivé au couloir ?

-          Les Mangemorts !

-          Les Mangemorts ? Ah, ils devaient finir par s’ennuyer. Aucune idée d’où ils sont, cher ami, je reviens de la bibliothèque secrète.

-          Bibliothèque secrète ? demanda Hemione.

-          Oui, mais n’essayez pas d’y aller, vous ne pouvez pas, il n’y a même pas de porte. Au moins quand j’y vais, je suis sûr de trouver la tranquillité…

          Harry remarqua que la plupart des élèves s’étaient réfugiés dans l’aile Ouest, près de la tour de Serdaigle, accompagnés de plusieurs professeurs et Aurors.

          D’autres étaient dans la salle commune de Poufsouffle et très peu dans celle de Serpentard qui était la plus exposée.

          Harry chercha Hagrid sur la carte du Maraudeur, c’était difficile car il ne connaissait pas la grange dont avait parlée le professeur Tanghudaï et n’avait aucune idée d’où elle pouvait se trouver.

          Il ne le vit finalement pas et tous se rendirent à la salle commune des Serdaigle, où il y avait eu des Détraqueurs.

          Ils marchèrent tous ensemble jusqu’à la salle commune de Serdaigle, d’un pas pressé, ce qui leur permit de parcourir rapidement la distance qui les séparait de la tour.

          Ils empruntèrent un escalier particulièrement énervé qui ne voulait pas les emmenait au bon endroit à cause de Ron qui avait dit une grossièreté au moment où ils passaient dessus.

-          Ron, tu ne te rends pas compte à quel point le temps est précieux ? demanda Mrs Weasley.

-          Ce n’est pas de ma faute si cet idiot d’escalier…

          Il y eut un grondement sourd et l’escalier en colimaçon qu’ils étaient en train de monter se mit à tourner et descendit.

-          Ron ! s’exclama Mrs Weasley.

-          Je ne pouvais pas savoir qu’il était susceptible !

          L’escalier s’arrêta brusquement et ils faillirent tomber.

          Ils se retrouvèrent face à un mur en haut de l’escalier.

          Ils se retournèrent et redescendirent pour se retrouver face à un autre mur.

-          Bravo Ron ! s’exclama Mrs Weasley.

-          Ce n’est pas grave, répondit le professeur Tanghudaï. Il suffit de s’excuser, je pense…

-          Ron, excuse-toi !

-          M’excuser pour un escalier ? Il ne comprendra pas !

-          Ici l’Escalier ! dit une voix grave qui résonna au-dessus d’eux.

          Tout le monde se tut et Ron fit une grimace.

-          L’Escalier est très mécontent ! L’Escalier exige des excuses !

-          Ron, excuse-toi !

-          Oui, c’est bon !

-          Je m’excuse, ronchonna Ron.

-          Je m’excuse, l’Escalier ! insista l’Escalier.

          Fred et George étaient en train de murmurer entre eux, se moquant de Ron.

-          Personne ne doit parler pendant que l’Escalier parle ! gronda l’Escalier.

-          Je m’excuse, l’Escalier ! dit Ron.

-          Très bien, je vous libère. C’est tout, pour le moment.

          L’escalier se mit à tourner et remonta pour les libérer.

          Lorsqu’ils furent sortis, l’Escalier émit un grondement et Fred et George ricanèrent.

          Ils se pressèrent de rejoindre la tour de l’aile Ouest et montèrent au dernier étage où se trouvait l’entrée de la salle commune des Serdaigle.

          Ils affrontèrent une dizaine de Détraqueurs qui ne firent par le poids devant leur nombre et arrivèrent devant l’entrée de la salle commune des Serdaigle.

-          Je ne connais pas le mot de passe, dit le professeur Tanghudaï, en se tournant vers une armure.

-          Je le connais, dit Luna, qui sortit des rangs, c’est vent d’automne !

-          Exactement ! ricana l’armure.

          Elle se retourna et donna un coup de tête dans le mur. Les pierres s’enfoncèrent lentement les unes après les autres, révélant une pièce circulaire au centre de laquelle une grande statue d’une sorcière se tenait, sur un socle en marbre.

 

Rowena Serdaigle

Fondatrice de Poudlard

 

          Ils contournèrent la statue et passèrent sous une arche qui donnait dans un petit tunnel.

          Quelqu’un vint vers eux, c’était le professeur Fitz.

-          Ah, vous êtes là, nous n’avons pas tous nos élèves !

-          Certains sont dans la salle commune des Poufsouffle, dit Harry.

-          Comment le savez-vous ?

-          A l’aide d’une carte qui me montre qui est Poudlard, et où.

-          Vous me montrez ?

          Harry approcha la carte et montra la salle commune de Poufsouffle, qui était remplie d’élèves.

          Le professeur Fitz sortit une liste et cocha les noms des élèves dont il voyait le nom.

-          Ah, ils sont avec le professeur Ombrage, ça me rassure !

-          Il n’y a pas de quoi être rassuré, marmonna Ron.

          Le professeur Fitz leva la tête et le regarda avec un regard intéressé, puis se replongea sur la carte.

 

-          Il y a d’autres élèves dans la salle commune de Serpentard, dit Harry en la montrant du doigt.

          Harry remarqua que deux groupes de personnes étaient face à face dans le couloir des cachots.

-          On dirait un affrontement, dit Harry.

-          Oui, ce sont des Aurors, et en face sûrement des Mangemorts, je ne les connais pas, dit le professeur Fitz.

-          Dix-huit Aurors contre sept Mangemorts, ils ont largement l’avantage, ils vont s’en sortir, dit Harry.

          Il parcourut tous les couloirs un à un pour tenter d’apercevoir d’autres élèves, pendant ce temps, le professeur Fitz notait les noms des élèves qui étaient dans la salle commune de Gryffondor.

          Plusieurs élèves semblaient s’être réfugiés dans des salles de classe désertes.

-          Il y a assez de monde pour défendre ici, dit Harry, je vais aller au Ministère, il ne faut pas que Voldemort détruise tout.

-          Notre pire crainte serait qu’il tente de prendre le pouvoir, dit Lupin.

-          Qui vient ? demanda Harry. Dépêchez-vous.

-          Il ne vaut mieux pas rester sagement ici ? demanda le professeur Fitz.

-          Non, répondit Harry. Le Ministère est en train de tomber, et on ne peut pas laisser faire ça. J’y vais, ceux qui le veulent me suivent. Ma carte, s’il vous plaît…

-          Je crains de devoir la confisquer, dit le professeur Fitz, elle sera très utile aux Aurors.

-          Non, répondit Harry, je la garde.

-          Professeur Fitz, elle lui est plus utile à lui qu’à nous, cette carte appartenait à son père, dit Lupin.

          Le professeur Fitz la rendit, à contre-cœur.

          Harry la récupéra et se mit en avant de la marche. Il était suivi par les Weasley au complet, Hermione, Lupin, Tonks et Maugrey.

-          Revenez-nous vite ! dit le professeur Fitz.

-          Ginny, tu ne crois pas que tu es un peu jeune pour…

-          Non, répondit sèchement Ginny à sa mère.

          Mrs Weasley se mordit les doigts, elle s’en voudrait toute sa vie si jamais il arrivait quelque chose à l’un de ses enfants.

          En chemin, ils rencontrèrent Mrs Bett et Hagrid qui voulaient les retrouver.

-          Ahaha ! Je l’ai retrouvé ! Héhé ! Pot-Pot, tu viens, on va fracasser les Mangemorts !

          Elle tapa sur l’épaule d’Harry qui ne bougea pas alors qu’elle tomba en arrière et fit une roulade sur le dos.

          Elle se releva et Hagrid éclata soudain en sanglots.

-          Qu’est-ce qu’il y a ? demanda Hermione.

-          Graupy, j’ai peur qu’il soit malheureux !

-          Pourquoi ?

-          J’ai dû le ramener dans le château, il vit tout seul dans la cour, j’ai peur qu’il manque d’espace…

-          Mais au moins vous êtes plus près de lui, dit Hermione.

-          Peut-être…

-          Alors, Pot-Pot, on y va ? demanda Mrs Bett.

-          Oui, répondit Harry. Vous avez vu des Mangemorts dans le château ?

-          Deux ! Je leur ai transformé la tête en citrouilles à tous les deux, ils ne se sont même pas déguisés pour Halloween ! Prend ton balai, Pot-Pot !

-          Vous êtes sûre que ça va servir ?

-          Ben oui, y’a grosse baston dans la bibliothèque !

-          La bibliothèque ?

-          Dawlish ! répondit Mrs Bett.

-          Ah. D’accord… Accio Eclair de Feu !

          Ils avancèrent jusqu’à la Porte à Transplaner et le balai d’Harry vint vers lui en quelques instants.

          Ils traversèrent la Porte à Transplaner pour aller au Ministère, déterminés à ne pas laisser les Mangemorts faire.

          Lorsqu’ils passèrent dans le couloir dévasté par le sortilège du professeur Tanghudaï, ils aperçurent des Aurors en train de repousser une armée de Détraqueurs à l’autre bout du parc.

-          Il faut les aider, et qu’ils viennent avec nous ! s’exclama Harry. Attendez-moi ici ou peut-être je vous rejoins au Ministère !

          Il transplana avec Fumseck et tous les deux arrivèrent près des Aurors dans le parc.

          Les Détraqueurs étaient très nombreux, et les Patronus des Aurors se retirèrent tous immédiatement lorsqu’ils virent arriver Harry, comme s’ils étaient sauvés.

          Harry n’avait sûrement pas besoin d’utiliser la Vague de Haas à pleine puissance, et ne l’auraient pas fait pour se préserver pour la suite.

-          Enmageznem !

          Dans un grondement terrible, une vague de lumière blanche fonça sur les Détraqueurs qui furent projetés en l’air comme des chiffons.

          Harry remarqua qu’une énorme muraille d’une quinzaine de mètres de haut avait été construite, du château jusqu’à la forêt, du côté du lac et du côté du portail, et elle devait probablement faire le tour du château de l’autre côté. Sur cette muraille, de nombreuses plantes avaient poussé, et ressemblaient fort à celles que l’on pouvait trouver dans la serre numéro quatre.

          Les Aurors derrière Harry étaient tous tombés mais se relevaient lentement, les Détraqueurs étaient en très mauvais état, et Harry transplana vers la Porte à Transplaner pour aller au Ministère et retrouver les autres.

          Ils se retrouvèrent dans le couloir du Ministère qui était désert. Le mur qu’avait fait apparaître Voldemort était toujours là.

-          On va transplaner de l’autre côté, dit Harry. Soyez vigilants…

-          VIGILANCE CONSTANTE ! aboya Maugrey.

-          Exactement, on ne sait pas ce qu’on va retrouver de l’autre côté. Allons-y !

          Harry se concentra sur l’autre côté du couloir, évitant de penser aux dépouilles de Kingsley et Scrimgeour qui gisaient sur une table dans un bureau proche.

          Lorsqu’il rouvrit les yeux, il était de l’autre côté du couloir.

          Derrière lui, les autres ne tardèrent pas à passer, et ils s’avancèrent dans le couloir silencieux. Il y avait eu bataille dans le couloir qui menait à la prison d’Azkaban, et Harry pensa que les Mangemorts qui étaient toujours enfermés avaient pu s’échapper.

          Enfin, un mur identique à celui qui coupait le couloir avait été placé devant l’escalier qui montait au bureau du Ministre, et Harry pensa que Voldemort devait s’y être enfermé.

-          On essaie d’y aller ? demanda Harry. C’est peut-être le plus important, que Voldemort ne prenne pas le Ministère.

-          Oui, répondit Maugrey. Mais Voldy a dû placer des sortilèges Anti-Transplanage pour ne pas qu’on le dérange… Le seul moyen d’y aller serait peut-être avec Fumseck, essaie !

-          D’accord, répondit Harry.

-          Et s’il a mis une protection contre le Transplanage des Phénix ? demanda Hermione.

-          Et ben il ne pourra pas transplaner, répondit Maugrey.

-          Il n’y a pas de risques ? demanda Hermione.

-          Non, il y a des risques lorsque tu transplanes sans en avoir vraiment la capacité, si le transplanage est flou, que tu ne sais pas trop où aller, ou que tu transplanes trop loin et que tu n’en as pas la force. Il y a aussi le cas où tu résistes à un Transplanage forcé, c’est le plus dangereux. Mais une protection contre le Transplanage te renverra exactement d’où tu viens sans effet supplémentaire.

-          OK.

          Harry confia son balai à Mrs Bett et s’accrocha à Fumseck et ils transplanèrent. Ils passèrent dans une sorte de tourbillon de lumière rouge et or où l’on entendait le chant du Phénix.

          Mais soudain, Harry eut l’impression de se cogner contre un mur violemment. Il eut l’impression d’être tiré en arrière, alors qu’un cri perçant résonnait et qu’il était plongé dans un tourbillon noir.

          Lorsque tout redevint normal, il se vit en face de Mrs Bett qui lui rendit son balai.

-          J’ai eu l’impression de me cogner contre un mur, tout était noir, et il y a eu un cri, un peu comme la voix de Voldemort.

-          Oui, c’est un maléfice Anti-Transplanage très ancien. Il est censé décourager ceux qui ont peur de la Magie Noire, mais toi, tu n’en as pas peur.

          Ils descendirent à l’étage en-dessous, qui était ce qui restait du Département des Sécurités Magiques. Il n’y avait plus personne ici et les murs étaient criblés de trous.

          Ils s’arrêtèrent à tous les étages pour éventuellement trouver des gens à aider, mais il n’y avait personne, tout le monde avait fui.

          Enfin, lorsque les portes de l’ascenseur s’ouvrirent sur l’atrium, ils découvrirent un concert d’explosions.

          Le hall était envahi de Mangemorts, qui tentaient de repousser les Aurors qui voulaient reprendre possession du bâtiment.

          La situation était délicate, les Aurors s’étaient regroupés en cercle et étaient entourés de Mangemorts qui les assaillaient.

          Lorsqu’ils virent Harry, ils laissèrent les Aurors qui purent goûter à un repos bien mérité et se placèrent tous face à lui.

          Dolohov s’avança et sortit des rangs.

-          Potter, il se trouve que le Seigneur des Ténèbres a malencontreusement tué le Ministre… Il y a un poste de libre, peut-être que tu voudrais le prendre ?

          Harry ne comprit pas ce que cela signifiait et il ne répondit pas.

-          Le Seigneur des Ténèbres n’est pas intéressé par le poste, même si c’est maintenant à lui de décider. Je pense qu’il aimerait bien te retrouver.

-          Ah bon ? demanda Harry. J’ai plutôt eu l’impression qu’il avait peur de me rencontrer. Il s’est enfui lâchement après avoir tué Scrimgeour et Kingsley Shacklebot.

-          Lâchement ? demanda Dolohov.

          Et il se mit à rire cruellement.

-          Non, pas lâchement ! Au contraire, tu n’as rien compris. Le Seigneur des Ténèbres avait des choses importantes à faire qui sont plus importantes que d’entendre un petit garçon se plaindre que ses parents sont morts.

-          Endoloris ! dit Harry, terriblement énervé.

          Dolohov fut extrêmement surpris par le maléfice d’Harry et n’eut pas le temps de l’esquiver.

          Harry n’aurait pas pu maintenir sa torture, les autres Mangemorts avaient leur baguette pointée sur lui et il reçut une pluie de sortilèges. Ses amis qui étaient à côté de lui avaient beau essayer de le soulager en esquivant des sortilèges pour lui, il n’aurait pas pu tenir.

          Il avait sa concentration dédoublée et faisait apparaître les Boucliers les uns après les autres, alors que les Aurors avaient recommencé à attaquer les Mangemorts.

          Maugrey tua trois Mangemorts à lui tout seul en quelques secondes avec des sortilèges de Mort.

          Dobby aidait autant qu’il pouvait mais fut touché par un éclair violet et il tomba, inanimé.

          Fumseck le récupéra pendant qu’Harry continuait de repousser les attaques.

          A l’aide du Soleil Fou, il réussi à repousser les Mangemorts de quelques mètres encore pour créer une distance plus confortable.

          Pendant un quart d’heure, ils luttèrent, sans qu’il n’y ait d’autres victimes que les trois Mangemorts et Dobby.

          Mais Harry sentait qu’il allait bien au fond de lui, sans savoir d’où cette impression lui venait. Il continua de se battre, espérant pouvoir revoir Dobby le plus rapidement possible.

          Le combat changea et devint plus intéressant. Le rythme des sortilèges diminua et ils avaient le temps de réfléchir et de choisir les sortilèges les plus efficaces.

          Harry fit apparaître le Serpent de Feu et l’utilisa pour faire apparaître un Dragon qui fonça sur les Mangemorts.

          Mais les nouveaux Mangemorts étaient bien plus intelligents que les anciens et ils n’utilisaient pas que les Sortilèges Impardonnables sans savoir pourquoi.

          L’un d’eux réussit à contrôler le dragon et le retourna sur Harry qui utilisa la Provocation du Ciel.

          Les petits nuages du ciel magique du hall devinrent noirs et envahirent le ciel alors qu’une pluie torrentielle s’abattait sur les Mangemorts.

          Un éclair creva le ciel et fonça par terre, à l’endroit où Mrs Bett se trouvait quelques secondes avant.

          Mais celle-ci s’était roulée par terre après s’être transformée en citrouille et avait roulé vers les Mangemorts qui étaient tombés comme des quilles.

          Dolohov était resté debout et s’était encore avancé face à Harry.

-          Les choses ont changé, Potter, soit tu acceptes de rencontrer le Seigneur des Ténèbres, soit nous te tuerons maintenant.

-          Il ne vous laisserait pas me tuer ! répondit Harry. Il veut me tuer lui-même. Et d’ailleurs même lui ne me tuera pas.

          Harry sentit un léger mouvement d’air autour de lui, qu’il n’expliqua pas.

-          Tu n’acceptes pas de venir avec moi retrouver le Seigneur des Ténèbres ?

-          Non, évidemment ! répondit Harry.

-          Dans ce cas, tu vas devoir mourir…

-          Il ne mourra pas ! s’exclama Ginny, qui sortit des rangs.

-          Ginny, n

-          Avada kedavra !

          Harry se retourna vers Dolohov, croyant que le maléfice était pour Ginny.

          Mais l’éclair vert le heurta et une lumière verte l’envahit.

          Il tomba par terre et heurta le sol dur du hall du Ministère.

          Cela l’étonna, il s’attendait à ne plus rien sentir.

          Il entendait des cris de joie lointains en même temps que des pleurs.

          Mais un profond silence arriva, et Harry sentit à nouveau le souffle suspect.

          Une voix rauque s’éleva et résonna dans le hall.

 

Celui qui a le pouvoir de vaincre le Seigneur des Ténèbres est là… plus fort que jamais…

Le Seigneur des Ténèbres ne doit pas contourner la prophétie…

S’il veut remporter le duel qui l’oppose au Survivant, il devra en venir à bout par sa propre main…

Désormais, quiconque tentera de contourner la prophétie sera sacrifié inutilement…

Car l’un d’eux mourra de la main de l’autre et pas d’une autre…

Celui qui a le pouvoir de vaincre le Seigneur des Ténèbres est là… plus fort que jamais…

Mais aucun d’eux ne pourra vivre… tant que l’autre survit…

 

          Harry n’avait pas vu la scène, il avait les yeux fermés, étendu sur les dalles froides et humides du sol.

          Il aurait été incapable de dire ce que signifiait cette nouvelle prophétie, il commençait à réfléchir, et il avait mal au dos.

          Il se demandait où il était, s’il était mort ou vivant. Peut-être entre les deux. Mais il était sûr que les morts ne pouvaient pas avoir mal et ne pouvaient pas réfléchir.

          Les Mangemorts, ses amis, et un homme qui venait de faire son apparition dans le hall, avaient assisté à un phénomène rare.

          L’apparition de cet homme avait été surnaturelle, et les Mangemorts l’avaient regardé, abattus, alors que les amis d’Harry avaient été tout aussi surpris.

-          Qui êtes-vous ? demanda un Mangemort.

-          Un vieil homme…

          L’homme avait une barbe grise argentée et était vêtu d’une longue robe de sorcier bleu nuit avec des étoiles argentées dessus.

-          Dumbledore ? demanda un Mangemort.

-          Oui, répondit le vieil homme, en acquiesçant, et en lui lançant un regard perçant au-dessus de ses lunettes en demi-lune.

         

          Lorsque l’éclair vert avait heurté Harry, une silhouette virtuelle était sortie de son corps et s’était élevée au-dessus de lui.

          Cette silhouette était celle de Sibylle Trelawney, qui avait énoncé une nouvelle prophétie devant tout le monde.

          Antonin Dolohov était resté stupéfait, c’était la première fois qu’un tel phénomène se produisait lorsqu’il tuait quelqu’un.

          Lorsque la prophétie s’était terminée, il était tombé, mort, l’expression de surprise se dessinant toujours sur les traits secs de son visage.

          Il ne saurait jamais que le Survivant venait de rouvrir les yeux, toujours couché sur le sol du hall du Ministère, regardant les nuages noirs qui envahissaient le ciel.

-          Dumbledore ? murmura-t-il.

          Il se releva doucement, encore surpris.

          A sa grande surprise, les Mangemorts ne profitèrent pas de sa faiblesse pour l’attaquer, ils s’étaient regroupés, et s’étaient reculés terrifiés.

          Plus personne n’essaierait de l’attaquer. Celui qu’on appelait le Survivant venait encore une fois de survivre à un sortilège de Mort, pour accomplir sa destinée.

          Harry se tourna vers la cabine téléphonique. Elle était là, inébranlable, d’un rouge pétard qui contrastait avec l’ambiance surnaturelle du hall.

          Après tout, il avait résisté à un sortilège de Mort, alors pourquoi pas Dumbledore ?

          Trois autres personnes firent leur apparition dans le hall, par les ascenseurs.

          Celui du milieu ne semblait pas humain, il était grand, il avait une tête qui ressemblait à un serpent, avec une face livide, et flottait au-dessus du sol, pour ne pas marcher à cause de ses jambes atrophiées. Ses pupilles étaient en forme de fentes verticales, et ses narines étaient aussi verticales.

          A sa droite, l’homme était plus petit, il avait un air sombre, et sa face blanche était un peu cachée par des cheveux noirs graisseux. Son visage était impassible, et ne manifestait aucune expression.

          De l’autre, l’homme était grand, chauve, et avait des yeux bleus profonds qui ne laissaient rien paraître. De loin, il ressemblait un peu à l’homme du milieu, une face très pâle au-dessus d’une cape noire. Il avait la mine sombre, comme si une très mauvaise nouvelle venait de se produire.

          Les trois hommes s’arrêtèrent pour regarder la scène.

          Dumbledore faisait de même, près de la cabine téléphonique, il était accompagné d’un Phénix qui était perché sur l’épaule d’un elfe.

          Voldemort s’avança, et écarta les amis d’Harry Potter pour passer. Il n’aurait pas songé à les tuer à cet instant. Trop de choses importantes lui passaient par la tête.

          Pourquoi ses Mangemorts étaient-ils agglutinés contre le fond du hall, comme s’ils avaient eu peur d’Harry ? Que faisait Dumbledore ici alors que l’homme qui était à sa droite l’avait tué devant plusieurs témoins ?

-          Dumbledore ! cracha-t-il.

-          Exact, mais peut-être pas celui que tu crois, Tom.

          Harry se releva, quelque chose n’allait pas, le Dumbledore présent était trop petit pour être Albus Dumbledore.

          L’homme baissa la tête et lança un regard par-dessus ses lunettes à Harry qui le reconnut.

          Abelforth était venu pour les secourir, et avait sûrement sauvé Dobby.

          Fumseck avait volé vers Harry et s’était posé sur son épaule, et Dobby était venu à côté de lui.

          Face à lui, ses amis s’étaient reculés et étaient en larmes, immobiles. Les émotions avaient été trop fortes pour eux.

          Voldemort, Severus Rogue et Joe Jigger étaient face à lui, à quelques mètres.

-          Son frère ? demanda Voldemort en regardant Abelforth.

-          En effet, mais qu’est-ce que cela change ? Tant qu’il en reste un, tu es en danger, Tom.

-          Ne m’appelle pas Tom comme ton sale frère, tu as vu où ça l’a mené.

-          J’ai vu, à ma plus grande tristesse… mais comment pourrais-je éviter de t’appeler Tom Jedusor ? C’est tellement surprenant de voir quelqu’un qui méprise les Moldus à ce point alors que son père en est un…

-          Tu mens ! Avada kedavra !

          L’éclair vert fonça sur Abelforth qui fit apparaître une flamme orange qui s’enroula autour de l’éclair vert et le fit disparaître.

-          Aussi chanceux que ton frère, mais comme lui, tu ne pourras pas durer éternellement… Mais bon, je ne vais pas m’emporter, je ne suis pas là pour tuer ce soir, ce sera ma récompense lorsque mon travail sera accompli…

-          Potter, explique-moi gentiment ce qui s’est passé…

-          Dolohov est mort, répondit simplement Harry.

-          Mort ? Et qui l’a tué ?

-          Il est mort tout seul…

-          Tout seul ? Ce n’est pas une grosse perte, mais je doute qu’il soit vraiment mort tout seul.

          Un Mangemort s’approcha et se mit juste devant Harry.

-          Yaxley, qu’as-tu à me dire ?

-          Dolohov a voulu tuer Potter, mais c’est lui qui est mort à la place… une femme est apparue et a dit des mots bizarres…

-          Qui ça ? demanda Voldemort furieusement.

-          Peut-être celle que vous vouliez capturer un jour… celle qui a fait la prophétie qui vous cherchiez au Ministère…

-          Cette idiote de Trelawney… Qu’a-t-elle dit ? demanda Voldemort, inquiet.

-          Elle a dit que personne d’autre que vous ne pourra tuer Potter, tous les autres mourront.

          Joe Jigger s’avança.

-          Oui, Joe ? demanda Voldemort.

-          C’est ce que j’avais supposé un jour, que la prophétie initiale confère une protection à Potter, tout comme elle vous confère une protection, mon Maître.

-          Tu m’en avais parlé, en effet, Joe…

-          A-t-elle dit autre chose ? demanda Voldemort en se tournant vers Yaxley.

-          Non… à part « aucun d’eux ne peut vivre tant que l’autre survit ».

-          Oui bon ça je l’ai compris, répondit Voldemort.

-          Et bien il est temps d’accomplir la prophétie, dans ce cas… Potter, tu ne voudrais pas faire attendre tout le monde ?

          Quelqu’un apparut par l’ascenseur.

          A la surprise générale, Sybille Trelawney venait de faire son apparition dans le hall. Toujours vêtue de nombreux châles qui lui couvraient le visage. Ses lunettes aux gros verres lui donnaient l’expression d’un gros insecte.

          Elle tenait dans ses mains des cartes qui l’aidaient à prédire l’avenir.

-          Que fais-je ici ? demanda-t-elle.

-          Tu viens mourir, répondit Voldemort. C’est toi qui a masqué ma domination en faisant apparaître cet Elu, ce Survivant ! cracha Voldemort.

          Sibylle Trelawney s’arrêta et regarda Voldemort sans crainte.

-          Que dites-vous ? demanda-t-elle.

          Elle sembla soudain entrer dans une sorte de transe et parla d’une voix rauque. Tout le monde savait ce qui allait se passer maintenant.

 

Le Seigneur des Ténèbres et le Survivant rechignent à suivre la prophétie…

Il est grand temps que la destinée s’accomplisse…

Si ce soir à minuit… l’un d’eux n’est pas mort de la main de l’autre…

Alors les choses se compliqueront pour tous les deux…

Car rien ne pourra empêcher…

Que l’un d’eux meure de la main de l’autre…

Aucun d’eux ne peut vivre… tant que l’autre survit…

         

 

 

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