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HARRY POTTER
ET LA CLEF DE LA PAIX
CHAPITRE 107 – LA SIGNATURE SOUS IMPERIUM
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Le repas avec les Weasley qui était aux yeux d’Harry un vrai repas de famille, lui avait fait un bien incroyable. C’était un peu comme une courte pause de détente au milieu d’une semaine harassante qui était malheureusement loin d’être finie.
L’édition de la Gazette du Sorcier du jeudi 14 novembre contenait énormément d’informations et Harry se demandait si ce n’était pas le numéro le plus épais jamais publié. Il y avait une longue interview de Rogue qui s’étendait sur plusieurs pages et qu’Harry avait préféré ne pas lire, car il s’imaginait très bien son contenu. Il y avait aussi de nombreuses photos des manifestations de la veille et Harry put constater l’ampleur de ces manifestations. La cour du Ministère de la Magie avait été envahie par des dizaines de sorciers qui avaient allumé un immense feu en son centre. Des banderoles étaient déployées, répétant des slogans des plus choquants tels que « Potter criminel » ou « Non à la dictature de l’Ordre du Phénix ! ».
Il y avait également un dossier complet récapitulant les raisons de la crise entre le Ministère et les Gobelins qui accablait Fudge et Harry se demandait si le Ministère allait résister à une telle charge.
Enfin, et c’était l’information la plus grave, un article accusait l’Ordre du Phénix de vols à la Banque Gringotts qui auraient été orchestrés par Fudge et Harry pendant leur réunion à Poudlard.
A côté de cela, l’édition du jour du Londonien paraissait bien maigre, en fait, ce journal ressemblait plus un tract et sa crédibilité semblait bien faible.
Ainsi, les évènements relatés dans la Gazette du Sorcier avaient été au centre de toutes les conversations ce matin et Harry fut inquiet de voir de nombreux regards quelque peu perplexes à son égard. D’ailleurs, à chaque fois qu’il surprenait ces regards, les élèves tournaient la tête faisant mine d’avoir été en train de parler d’autre chose.
Hormis Harry, l’autre sujet de conversation était le retour de Rogue à Poudlard qui était annoncé pour le début de la semaine suivante dans l’interview.
Cette information avait eu pour effet de faire apparaître des sourires narquois sur les têtes des J.M.P., ce qui contrastait avec leur calme inquiétant de ces jours derniers.
– Regardez les, ils sont en train d’essayer de convaincre tous les Serpentard que Rogue est un bon professeur, pesta Ron.
– Ronnie, ignore-les, lui répondit Hermione, sortant un instant la tête de son journal. Ce n’est pas en râlant à distance contre eux que ça va les en empêcher, au contraire, il faut que nous continuions notre travail avec l’A.D.
Harry était resté cependant perplexe à en voir les éclats de rire qui émanaient de la table des Serpentard. Les J.M.P. avaient une faculté de persuasion indéniable.
– Qu’est-ce qu’on a aujourd’hui ? demanda Harry qui n’avait pas eu l’emploi du temps de la semaine.
– Cours théorique de métamorphoses le matin pendant quatre heures, dit Hermione, et travaux pratiques tout l’après-midi. Apparemment, on va être évalués. C’est une préparation pour l’épreuve pratique des ASPIC.
Harry n’était pas enchanté à l’idée d’avoir un même cours toute la journée, mais après tout il trouvait les métamorphoses de plus en plus intéressantes.
Ils se rendirent donc dans leur salle habituelle, en compagnie des Serpentard avec qui ils auraient cours.
– Alors Potter, content du retour de Rogue ? railla une voix féminine. Quelque chose me dit que les Gryffondor ne vont plus pouvoir autant faire les malins…
Harry fut très surpris d’entendre Pansy Parkinson lui parler sur ce ton. En réalité, ils ne s’étaient quasiment plus parlés depuis qu’Harry l’avait envoyée à Ste-Mangouste pour un bon moment à cause d’un maléfice de Distillation Sanguine. Et Harry fut même décontenancé par l’inconscience de Pansy.
– Tu as peur de répondre, Potter ? répéta Pansy sur un ton narquois.
Elle était entourée de sa bande habituelle et notamment des deux élèves les plus idiots que Poudlard n’ait probablement jamais connus, Crabbe et Goyle. Harry sentait Ron bouillir de rage à côté de lui et vit qu’Hermione le retenait par le bras ce qui était plus sage.
– Fais attention à ce que tu dis, Parkinson, répondit Harry, tu n’as sûrement pas envie de faire un nouveau séjour à Ste-Mangouste.
Mais Lupin et Tonks arrivèrent à ce moment-là, discutant sérieusement.
– Rira bien qui rira le dernier, lui murmura alors Pansy avec un sourire qu’Harry perçut comme un sourire cruel.
Harry regarda ses amis, un peu inquiet, le changement soudain d’attitude des J.M.P. ne lui disait rien de bon, et à la réplique que lui avait adressée Pansy, il avait l’impression qu’ils étaient sur le point de faire un mauvais coup.
– Harry, on ira en parler au professeur Fitz ou à Lupin tout à l’heure, dit Hermione, tu devrais oublier ça un instant et te concentrer, ce cours doit être important.
– Un peu de silence, s’il vous plaît ! Merci, dit Lupin.
– Une journée chargée nous attend, poursuivit Tonks. Je ne suis pas très satisfaite, nous avons pris du retard dans notre programme et il semblerait que ce soit le cas dans de nombreuses disciplines. Le professeur Fitz nous a convoqués ce matin dans son bureau ainsi que tous les professeurs pour faire le point et nous a demandé d’accélérer le rythme. Ainsi, malgré l’agitation qui règne dans notre communauté comme dans l’école, nous vous demandons une grande concentration pendant tous les cours. N’oubliez pas que c’est une année cruciale pour vous, d’autant plus que la mise en place des nouveaux programmes est très perturbante. Vous devez donc travailler d’arrache-pied si vous voulez obtenir des résultats convenables aux ASPIC.
Les élèves n’appréciaient pas vraiment ce genre de discours de la part de leurs professeurs, en général, c’était le signe d’une augmentation du nombre de devoirs. Mais il était vrai qu’ils avaient été épargnés ces derniers temps.
– Nous avons donc une longue journée devant nous. Ce matin, nous allons commencer par un cours théorique sur l’utilisation du sortilège Protéiforme, nous aurions dû vous donner un travail dessus préalablement mais cela nous est sorti de la tête. Tant pis, on espère que certains d’entre vous pourront nous en dire quelque chose quand même. Ensuite, nous étudierons le sortilège Têtenbulle et enfin le Charme de Parkinson…
Crabbe et Goyle ricanèrent bêtement de manière audible.
– Cela vous fait rire ? demanda Tonks sur un ton aussi sec que possible. Harry ne l’avait jamais vue sous ce visage et elle était plutôt impressionnante. On aurait dit que des éclairs jaillissaient de ses deux yeux en direction de Crabbe et Goyle.
Il y eut un silence de mort pendant quelques instants et Harry se réjouit en voyant l’air bête des J.M.P.. Tonks reprit alors ses explications.
– Le Charme de Parkinson vous sera utile de nombreuses fois pour la préparation de potions. Il a été inventé par Charles Parkinson au XVIIe siècle et permet d’extraire de fines particules d’or à partir de potions qui ont été préparées dans des chaudrons en argent.
Ces trois sorts de métamorphoses sont très importants, ce sont des sorts classiques qui sont régulièrement l’objet de questions aux ASPIC. Nous avons choisi de vous les présenter tous les trois en même temps pour une raison particulière, est-ce que quelqu’un a une idée ?
Dean fut le seul à lever la main ce qui cloua Hermione et Egogonde qui étaient prêtes à se livrer une nouvelle lutte acharnée.
– Le sortilège Protéiforme concerne les métamorphoses sur des objets, le sortilège de Têtenbulle fait partie du domaine des autométamorphoses et le Charme de Parkinson est du domaine des métamorphoses théoriques. Ainsi on étudie trois domaines fondamentaux des métamorphoses.
– Très bien Mr Thomas, j’accorde cinq points à Gryffondor. C’était une réponse parfaite, claire, complète et concise comme on vous le demande. Nous allons commencer par la théorie, prenez des notes.
Le sortilège Protéiforme ou plutôt les sortilèges Protéiformes, étaient terriblement compliqués. En réalité, il en existait plusieurs en fonction de l’objet affecté et de l’effet voulu.
Hermione, qui avait étudié particulièrement ce sortilège au cours de leur cinquième année lorsqu’elle avait transformé des Gallions en moyen de communication pour l’A.D., avait largement distancé Egogonde dans ce cours, ce qui agaçait de manière très visible cette dernière puisqu’elle donnait à chaque réponse d’Hermione des coups sur sa table.
– Ca va bien, Miss Dazzle ? s’emporta Tonks qui était visiblement d’une humeur fracassante, après qu’Egogonde eut donné un coup plus prononcé sur sa table. Cinq points de moins pour Gryffondor et vous avez une retenue ce soir après ce cours.
Hermione ne cacha pas son air satisfait.
– Bien, on va faire un récapitulatif car ce cours était très compliqué et un peu de répétition ne vous fera pas de mal. Lorsque vous voulez qu’une modification d’un objet entraîne la modification identique d’un objet strictement similaire, nous sommes dans le cas des sortilèges Protéiformes Doublants. Si ces deux objets sont à proximité l’un de l’autre, disons que vous pouvez les voir, il vous faut vous imaginer très fort la modification que vous voulez lui imprimer et l’appliquer sur l’objet de départ puis l’expulser vers l’objet d’arrivée tout en prononçant la formule proteomorphis. Ce cas s’applique par exemple à la modification exactement identique de deux objets, voire de plusieurs si vous savez généraliser le sortilège.
Si les deux objets sont voués à être éloignés et que vous souhaitez ainsi pouvoir modifier l’un d’eux à distance en modifiant par exemple l’autre que vous garderiez sur vous, il vous faut préalablement créer un lien magique entre ces deux objets avec la formule homeomorphis. Par la suite, pour modifier la forme des objets, c’est toujours la formule proteomorphis en pensant bien à canaliser le sortilège dans le lien magique. Cela n’est pas facile mais nous verrons comment faire tout à l’heure.
Nous ne verrons pas l’utilisation des sortilèges Protéiformes Doublants dans le cadre de la réaction à une affectation par sortilège, c’est bien au-delà du niveau des ASPIC du point de vue pratique, cependant on pourra vous demander d’en donner l’utilité.
C’était le cas pour une application sur des objets non magiques. Si vous voulez l’appliquer sur des objets qui possèdent des propriétés magiques, il faut faire en sorte que le sortilège Protéiforme n’altère pas les propriétés magiques de l’objet, cela pourrait le dénaturer totalement et le modifier ce qui serait un effet secondaire regrettable. Il faut donc en plus de cela appliquer préalablement aux deux objets un sortilège de Séparation Homéomorphique dont je vous rappelle l’incantation homeomorphis dualis.
Passons maintenant au cas où vous voudriez simplement modifier un objet à distance, à condition, et c’est nécessaire, de savoir très exactement où il se trouve. N’essayez pas d’appliquer ce sortilège sur un objet en mouvement, cela ne servirait à rien. C’est donc le cas du sortilège Protéiforme Passif. Il vous faut d’abord créer un lien avec cet objet qui sera brisé en cas de déplacement de l’objet. Cela se fait grâce à la formule morphis imperatis. Ensuite, pour modifier la forme de cet objet, il vous faut imaginer très fort la forme que vous voulez lui donner et prononcer la formule proteomorphis. Et dans le cas d’un objet magique, il faut là encore utiliser le sortilège de Séparation Homéomorphique.
Si jamais l’objet subit un mouvement bien précis, par exemple une oscillation que vous vous représentez bien, il est possible d’utiliser le sortilège Protéiforme Défini qui en tout point le même que précédent, après avoir appliqué à l’objet la formule mobilis imago fixatis. Si le mouvement de l’objet est modifié ne serait-ce que très légèrement, le sort sera brisé.
Enfin, et c’est le dernier cas que nous allons pratiquer tout à l’heure et qui est à votre programme, c’est le sortilège Protéiforme de Transfert Métamorphique qui permet d’appliquer un sortilège de Métamorphose tel, par exemple, un sortilège de Transfert, à un objet à distance en l’appliquant à un objet que vous possédez. Il faut dans ce cas revenir au cas du sortilège Protéiforme Doublant dans le cas de deux objets éloignés et d’ajouter au lien homeomorpis un deuxième lien que vous pouvez créer grâce à la formule metamorphis relinquis. Il vous faudra alors ensuite prononcer l’incantation du sortilège de métamorphose que vous voulez transférer à l’autre objet suivi de l’incantation proteomorphis.
Vous pouvez généraliser le sortilège Protéiforme de Transfert Métamorphique à un objet à distance sans posséder l’objet vous-même à condition qu’il soit fixe, c’est le cas Passif, ou à mouvement connu, c’est le cas Défini et cela peut être l’objet d’un exercice d’approfondissement du cours lors des ASPIC.
Nous allons revoir tout cela tout à l’heure en le pratiquant, néanmoins, je vous demande de faire ce soir un tableau récapitulatif sur les sortilèges Protéiformes à déposer demain matin à la salle des professeurs.
Ce cours théorique avait été l’un des plus indigestes de l’année, et Harry aurait décroché facilement si Hermione ne lui avait pas donné fréquemment des coups de coude pour le forcer à écouter.
Le sortilège de Têtenbulle était le plus simple puisqu’il n’y avait qu’une seule formule qui était oxygenis bocalis. Cependant il n’était pas facile de le réaliser en pratique d’après Tonks.
Enfin, le Charme de Parkinson avait pour formule argentis aurum.
Ils n’avaient eu qu’une petite heure de pause à midi pour le repas, pris dans une ambiance toujours aussi lourde. Harry n’avait cessé d’observer les J.M.P. mais ceux-ci ne le regardaient jamais dans les yeux, ce qui faisait qu’il n’arrivait pas à essayer de capter leurs pensées sans avoir à entrer totalement dans leur esprit.
Harry était aussi très inquiet de l’absence de plus de la plupart des professeurs. Seuls le professeur Tanghudaï, le professeur Chourave et Hagrid ainsi que d’autres professeurs dont il avait oublié le nom avaient été présents.
Lupin et Tonks arrivèrent quelques minutes plus tard pour le cours et Harry les vit souvent discuter sur un ton sérieux pendant que la classe pratiquait les sortilèges. Harry, comme d’habitude, avait été le premier à les maîtriser tous totalement.
– C’est très bien, Harry, lui dit Lupin en passant à côté, je sais que tu voudrais partir mais cela ferait suspect, profite-en pour commencer ton devoir.
– Comment s’est passée la manifestation ? demanda Harry…
– Après, Harry, lui répondit Lupin, plein d’inquiétude dans son regard, ce qui n’avait rien de rassurant.
– Bien, en plus du tableau récapitulatif sur les sortilèges Protéiformes, nous vous demandons un essai de cinquante centimètres de parchemin sur le sujet « utilisations du Charme de Parkinson dans les potions de soin », c’est un sujet très large et il y aurait des pages et des pages à écrire c’est pourquoi vous ne détaillerez que quelques exemples. Vous rendrez cet essai lors de votre prochain cours de potion. Enfin nous vous demandons de faire des recherches par groupes comprenant entre trois et cinq élèves sur un domaine des métamorphoses qui vous intéresse. Il est inutile d’y passer trop de temps puisque votre exposé ne durera que dix minutes. Cependant, nous vous demanderons également une trace écrite. Vous pouvez approfondir un sujet déjà traité en classe ou au contraire un sujet dont on n’a pas encore parlé. Nous vous laissons une semaine.
Les élèves restèrent sous le choc devant la charge de travail qui venait de leur être imposée.
– Harry, si on se met avec Hermione, comme d’habitude elle fera tout et ce sera parfait, lui murmura Ron.
– C’est un travail tellement intéressant, s’enthousiasma Hermione, il y a tellement de thèmes possibles !
Ils attendirent que la salle se vide pour aller voir Lupin et Tonks.
– Vous avez dû le comprendre… commença Lupin.
– A votre tête, en effet, quelque chose ne va pas, répondit Harry.
– Oui, la manifestation a été bien plus grande que la veille, une grande partie des membres du Ministère s’y sont joint pour protester contre Fudge… Des personnes malveillantes ont fait circuler des lettres de Fudge comme quoi les salaires seraient réduits sévèrement, et que tous les employés devraient subir des interrogatoires sous Veritaserum sur leur vie privée…
– Tu oublies Stridus Shiner, Remus… il s’est rangé du côté des manifestants pour demander la démission de Fudge, les gens ne lisent même pas le Londonien, et les manifestants ont voulu forcer le passage pour venir à Poudlard manifester contre Maugrey. A midi, les Aurors avaient bloqué les accès à Poudlard et les manifestants étaient contenu, nous allons voir ce qu’il en est maintenant… venez avec nous…
– Avant d’y aller, j’ai remarqué que les J.M.P. ont changé d’attitude, cela faisait longtemps qu’ils se faisaient discrets, mais depuis ce matin, ils ne cessent de nous lancer des regards défiants, on dirait qu’ils ont fait un mauvais coup.
– Rien de suspect n’a été observé ces derniers temps, ils sont restés dans leur salle commune la plupart du temps. Ils n’ont pas traumatisé d’élèves dans leur salle commune d’après le professeur Slughorn, mais merci de nous le signaler, je vais en toucher un mot au professeur Fitz après…
Quand ils arrivèrent au Ministère de la Magie, ils entendirent des cris puissants qui émanaient de la cour.
– Par la Barbe de Merlin ils sont encore plus nombreux que tout à l’heure ! s’exclama Lupin en regardant dans la cour par l’une des fenêtres dans les escaliers.
– Rogue ? s’exclama Tonks.
Tonks montra du doigt une sorte d’estrade sur laquelle se trouvait Rogue. Il s’adressait à une foule en liesse et était entouré d’Aurors qui semblaient le protéger. Harry reconnut également le crâne chauve de Joe Jigger ainsi que Stridus Shiner.
– Le traître ! Je vais le tuer ! s’exclama Harry, faisant semblant de s’emporter devant Lupin et Tonks.
– Non Harry, il ne faut pas avoir de réaction démesurée, allons voir Fudge et ensuite on avisera, ce serait bien de savoir pourquoi les Aurors le protègent alors qu’ils devraient essayer de l’attraper.
– Stoppons Harry Potter ! s’exclama alors Rogue.
– A bas Harry Potter ! s’exclama alors la foule.
– Tu vois, Harry, si tu vas devant eux, tout le monde va se retourner contre toi, il faut agir prudemment.
– Je ne peux pas le laisser proférer de tels mensonges ! cria Harry qui était rouge de colère.
Ils empruntèrent un couloir caché qui les mena directement dans le bâtiment où se trouvaient les bureaux du Ministre et de ses assistants.
– Comme se fait-il que les Aurors protègent Rogue ? demanda Lupin d’une voix sèche à Fudge qui était en train de donner des ordres à un groupe d’Aurors.
– C’est la branche dissidente des Aurors, répondit Fudge, et il semble qu’ils ne soient pas tous seuls…
– Comment ça ?
– On ne sait pas, Rogue est arrivé accompagné de ces personnes habillées comme des Aurors…
– Ce doit être des Mangemorts ! s’insurgea Harry, il faut les attaquer !
– Nous sommes en sous-nombre, répondit Fudge, il y a eu dix-huit attaques de Détraqueurs depuis ce matin rien que sur le Chemin de Traverse, les Aurors sont débordés, nous n’avons pas pu savoir par où ils sont passés… Malheureusement, nous avons plusieurs Aurors à Ste-Mangouste, ils récupèrent après avoir subi des Imperium très violents…
– Comment ça ? demanda Harry.
– Disons qu’ils ont été soumis à l’Imperium par des personnes qui ne maîtrisaient pas totalement ce maléfice, ils ont eu des séquelles… Nous sommes en net sous-nombre et nous ne pouvons pas nous permettre d’attaquer alors que toute cette foule est présente, il y aurait trop de morts.
– Je vais aller parler à cette foule, alors, dit Harry.
Tous lui adressèrent un regard sceptique.
– Harry, ils avaient amené des tonneaux remplis de tomates, répondit Fudge. Je ne sais pas s’il leur en reste mais quand j’ai essayé de leur parler, je n’ai pas pu rester plus de trente secondes…
– Tant pis, répondit Harry, déterminé, on doit tout faire pour empêcher cela…
Et il sortit dans la cour, le pas déterminé, suivi de ses amis qui ne savaient pas comment réagir.
– Harry, n’oublies pas que ce sont des Mangemorts, lui dit Lupin d’une voix forte, ils peuvent mal réagir et tuer des dizaines de personnes, ne t’emporte pas !
Harry fit le tour pour essayer de rejoindre la sorte de scène mais il fut rapidement aperçu et une énorme foule se dirigea vers lui en criant des mots incompréhensibles. Harry tenait de manière visible sa baguette et la foule s’arrêta à quelques mètres de lui. Il monta sur un muret pour voir le plus loin possible et s’amplifia la voix.
Quelques mètres plus loin, Rogue et les Mangemorts parurent décontenancés, ils s’étaient rapidement retrouvés tous seuls.
– S’il vous plaît ! cria Harry.
– Boooooooooouhh !!! hurla la foule, ne le laissant pas parler.
Plusieurs personnes lui envoyaient des tomates et il essayait tant bien que mal de les esquiver.
– LAISSEZ-MOI AU MOINS PARLER ! hurla-t-il alors, s’entourant alors d’un halo vert pâle.
Le silence se fit alors immédiatement. Harry n’avait jamais autant brillé et plusieurs sorciers semblaient un peu terrifiés de voir ce halo l’entourer.
Harry respira et reprit la parole.
– Je ne suis pas un menteur, je ne suis pas là pour prendre le pouvoir, je ne suis pas là pour me pavaner comme certains le prétendent. Mes parents ont été tués par Voldemort et j’aurais préféré être quelqu’un de normal comme tout le monde. Tout ce que je demande c’est que justice soit rendue et que mes parents ne soient pas morts pour rien, ça peut se comprendre, non ?
Harry avait parlé sur un ton sans appel et il régnait un silence de cathédrale, même les oiseaux s’étaient arrêtés de chanter.
– Il y a deux ans, tout le monde a essayé de me faire passer pour un fou quand j’ai dit que Voldemort est de retour. Fudge s’en est excusé, cette histoire est terminée. Maintenant, nous devons nous unir pour l’empêcher de s’emparer de toutes nos libertés. Voldemort publie tous les jours des mensonges grotesques dans la Gazette du Sorcier dans le but de faire tomber le Ministère, il utilise tous les moyens possibles pour pouvoir remplacer Fudge, et vous vous laissez berner en venant manifester ! Dénoncez l’emprise de Voldemort sur notre communauté ! Dénoncez les mensonges qui sont proférés et les fausses rumeurs qui circulent ! Mais ne vous jetez pas dans la gueule du loup aussi facilement ! Unissons-nous et réfléchissons avant d’agir pour nous sauver du sort qui nous attend si nous laissons carte blanche à Voldemort !
Le silence resta toujours aussi lourd, ce qui mit Harry un peu mal à l’aise, il s’attendait à toutes les réactions possibles, certains semblaient prêts à le huer, d’autres semblaient avoir été convaincus.
Et soudain quelqu’un hurla !
– Menteur !
Le silence se rompit instantanément et il y eut un concert de protestations. Harry n’arrivait pas à savoir si c’était contre la personne qui avait crié ou contre lui. Il reçut encore plusieurs tomates mais se rendit compte que certains sorciers se disputaient âprement en s’échangeant des noms d’oiseaux.
C’est alors qu’Harry remarqua qu’un combat beaucoup plus intense avait lieu de l’autre côté de la cour, les Aurors qui étaient resté du côté du Ministère faisaient face à Rogue, Joe Jigger, Stridus Shiner et les Aurors dissidents qui étaient en large surnombre.
Le combat tourna d’ailleurs malheureusement très largement à leur avantage et Harry vit à sa plus grande horreur plusieurs corps par terre. Il se décida donc à abandonner la foule en furie pour sauver ses amis.
Fort heureusement la foule ne le vit pas partir, trop occupée à se déchirer, et elle fut d’ailleurs rapidement haranguée à nouveau par plusieurs personnes qui se disaient de la Gazette du Sorcier et qui racontée des mensonges indescriptibles.
Finalement, Harry se retrouva nez à nez avec Rogue et Joe Jigger qui étaient en train de courir vers le bureau alloué au Ministre.
– Potter ! balbutia Rogue.
Harry resta sans réaction, il ne savait pas comment réagir. Rogue et Jigger étaient de son côté, mais les laisser faire signifiait la fin de la communauté magique. De plus, il devait agir comme s’il devait les repousser pour préserver le secret. Il vit d’ailleurs que ni Rogue ni Joe Jigger ne savaient comment réagir.
Plusieurs Aurors coururent vers eux et, ne sachant pas de quel camp ils étaient, ils commencèrent alors à combattre.
– Dégagez de là, espèce de bon à rien ! hurla Rogue. Expelliarmus !
– Protego !
Harry sentit alors quelqu’un entrer dans son esprit, c’était Joe Jigger.
– Laisse-toi faire ! lui murmura Joe Jigger d’une voix qui inspirait la confiance.
Harry resta tellement sans réaction face à cet ordre qu’il ne vit même pas un éclair de Stupéfixion d’un Auror foncer vers lui.
Il tomba par terre, inanimé.
Quand il se réveilla, quelques instants plus tard, réanimé par Lupin, il y avait toujours des cris de panique.
Les Aurors fidèles au Ministère avaient réussi à créer un nouveau cordon pour empêcher l’accès aux bureaux les plus importants.
Joe Jigger, Rogue et Stridus Shiner avaient dû rebrousser chemin, et étaient coincés entre la foule et Harry et ses amis.
– Ils veulent nous arrêter parce que nous défendons la paix ! s’exclama Rogue après s’être amplifié la voix.
Le concert de protestations s’intensifia et plusieurs feux d’artifices provenant de chez Fred et George furent tirés. Harry en esquiva d’ailleurs plusieurs de justesse. Ils durent véritablement faire apparaître un mur de sortilèges pour s’en débarrasser.
Cependant plusieurs morceaux de murs explosèrent et de la fumée commença à s’échapper dans la nuit qui était maintenant presque tombée.
Entre les explosions violentes des feux d’artifices, qui devaient résonner jusqu’à Poudlard, les cris, la fumée, et l’obscurité, il devenait quasiment impossible de se voir ou s’entendre.
Lorsque la fumée commença à se dissiper, ils purent voir que Rogue était remonté sur la scène et lançait d’autres messages à la foule.
– Le pire a été évité, dit Lupin…
– De toute façon officiellement ils n’auraient rien pu faire, à part envahir les bureaux… remarqua Hermione.
– Oui mais il y a des informations secrètes très importantes, répondit Lupin.
A ce moment-là Arthur Weasley arriva.
– Ah, Arthur, tout le monde va bien ! Comment s’est passée la réunion ? demanda Lupin.
– Bien, bien, d’où vient cette fumée, ils ont encore fait brûler le Londonien ?
– Non, simplement des feux d’artifices, répondit Lupin.
– J’avais dit à Fred et George de ne pas les vendre à n’importe qui ! râla Arthur. Bon, où est passé Fudge ? Je dois lui parler…
– Fudge ?
Tous regardèrent partout autour d’eux, Fudge avait disparu lorsque la fumée les avait envahis.
– On ne l’a pas revu depuis plusieurs minutes, répondit Lupin, très inquiet, ils ne l’ont pas enlevé j’espère !
– Je viens de croiser Shiner dans le couloir de la Justice Magique, il attendait devant les portes du Magenmagot, dit Arthur. Je lui ai demandé ce qu’il faisait là, il semblait gêné, vous ne pensez pas qu’il…
– Allons-y ! s’exclama Lupin d’un ton brutal qui surprit Harry.
– Mais quel est le rapport ? demanda Harry, courant derrière Lupin.
– On se doutait que Shiner n’était pas réapparu comme ça pour rien… commença Arthur.
– Il a dû forcer Fudge à aller démissionner devant le Magenmagot… Vite ! Dépêchons-nous !
Ils coururent le plus rapidement possible, Lupin et Arthur savaient exactement où ils allaient.
Au détour d’un couloir, ils tombèrent sur Shiner qui se retourna brusquement et devint tout rouge.
– Imperus deliberum ! hurla Lupin.
Un gros éclair blanc fonça sur Shiner qui fut projeté une dizaine de mètres plus loin dans le couloir, allant s’écraser contre une armure qui tomba dans un bruit de ferraille.
Lupin fit exploser la porte devant laquelle se tenait Shiner et ils entrèrent brusquement. Il y avait plusieurs bureaux et deux Aurors montaient la garde.
Ils passèrent tellement vite qu’ils n’eurent pas le temps de bouger.
Dans la salle suivante, Fudge était entouré de plusieurs membres du Magenmagot l’air abasourdi. Il se retourna vers eux, avec l’expression de quelqu’un qui venait de commettre une énorme bourde.
– Ne me dites pas que… commença Tonks, dont les cheveux avaient pris une couleur fuchsia sous l’effet de la colère.
Fudge acquiesça. Il était d’une pâleur inquiétante.
– Mais vous êtes le Ministre de la Connerie ! s’exclama Tonks ! qui était dans un état de colère indescriptible.
Elle était de plus déjà de mauvaise humeur avant d’arriver ici.
– Je ne sais pas… balbutia Fudge.
– Il devait être sous Imperium, Tonks, se lamenta Lupin, il n’y est pour rien.
– Alors vous avez démissionné ? demanda Lupin. Vous avez signé ?
Fudge acquiesça encore.
– Par la Barbe de Merlin, faites que ce soit un mauvais rêve, dit Tonks qui s’était assise dans un fauteuil, ne tenant plus debout.
– On ne peut pas déchirer la signature ? demanda Harry.
– Harry, répondit Hermione sur un ton de lamentation, le Ministre est lié à sa fonction par un acte magique… S’il est détruit par une signature, ce n’est pas en la déchirant qu’il va revenir…
– Exactement, répondit un membre du Magenmagot sur un ton complètement neutre.
– Oh fermez-la vous ! hurla Tonks. Si vous n’êtes pas capable de vous rendre compte qu’il est sous Imperium ! Vous n’êtes que des incapables, quand je pense que le pouvoir repose sur vous.
– Il était tout à fait dans son état normal. Nous vous prions maintenant de quitter cet endroit, dit alors un autre membre du Magenmagot, sur un ton froid. Le Magenmagot va se réunir pour nommer un nouveau Ministre.
– Vous n’allez pas nommez Jigger quand même ? Vous ne pouvez pas nommer Jigger ! hurla Tonks.
– Tonks, cela ne sert plus à rien, sortons, maintenant, dit Lupin sagement.
Ils ressortirent dans le couloir, tous complètement choqués. Harry avait du mal à réaliser ce qui venait de se passer.
C’était la fin, Fudge venait de poser sa démission, Joe Jigger allait être nommé Ministre de la Magie et Voldemort aurait définitivement le contrôle de la communauté. Il pourrait mettre les Aurors aux trousses d’Harry pour le capturer et le tuer. Harry ne serait plus en sécurité nulle part, puisque les Aurors seraient même à Poudlard. En fait, il n’aurait alors qu’à retourner chez les Dursley, mais malheureusement, ils n’étaient plus là, et il allait donc finir assassiné par Voldemort un jour ou l’autre, ainsi que tous ses amis.
C’était les déductions qu’Harry venait de faire dans sa tête, et il ne voyait pas d’échappatoire.
– Bon, il ne faut pas totalement perdre espoir, dit Lupin. Si le Magenmagot te nomme Arthur, nous sommes sauvés !
– Quelles sont les chances ? demanda Hermione.
– Je dirais qu’elles sont bonnes, répondit Lupin à leur plus grande surprise. Je pense que le Magenmagot s’est bien rendu compte de la situation, ils ne nommeront jamais Jigger maintenant. Arthur a fait le maximum ces derniers jours pour montrer qu’il était prêt à prendre la fonction de Ministre et le Magenmagot l’a bien compris.
– Il n’y a pas moyen de les convaincre ? demanda Harry, perplexe.
– Non, Harry, il ne vaut mieux pas s’essayer à cela, le Magenmagot déteste subir des pressions.
– Sauf quand elles viennent de Voldemort, c’est ça ? répondit Harry ironiquement.
Lupin resta interdit un instant.
– On ne peut rien faire, rentrons, conclut-il finalement.
En rentrant, ils passèrent devant le bureau de Fudge. C’est alors qu’ils aperçurent que Rogue et Jigger étaient dedans.
Harry se précipita pour leur bloquer l’accès, baguette pointée sur eux deux.
– C’est fini maintenant ! dit-il. Vous allez le payer d’avoir tué Dumbledore.
– Potter, répondit Rogue sur un ton narquois. Que voulez-vous ? J’ai été blanchi... et c’en est fini de ce crétin de Fudge, bientôt nous nous retrouverons à Poudlard… Lupin, tiens donc, on peut dire que nous sommes à nouveau collègues, bien que cela risque de ne guère durer longtemps, je suis déjà en train de m’occuper de votre renvoi. En attendant, on a besoin de calme… arvadeus !
Une explosion accompagnée d’un gros souffle les repoussa tous d’un coup et quand ils se relevèrent quelques instants plus tard, la porte du bureau avait disparu, remplacée par un mur en pierres épais.
– On peut transplaner dedans ? demanda Harry.
– Non, répondit Lupin… on va placer un bataillon d’Aurors devant jusqu’à ce qu’ils sortent. Vous devriez vraiment retourner à Poudlard, il ne doit rien vous arriver. On va gérer tout ça très bien. Si le Magenmagot nomme Arthur, nous les arrêterons, si jamais ils nomment ce Jigger, nous ne pourrons pas le laisser faire et nous le capturerons quitte à enfreindre la loi.
– On ne va pas rester sans rien faire, répondit Harry.
– Tu ne peux rien faire pour aider, Harry, je te l’assure, on ne peut qu’attendre. S’il vous plaît, on ne veut pas risquer d’avoir des ennuis supplémentaires. Il faut que cette foule se calme et s’en aille pour ne pas que l’on risque des blessés inutiles si nous devons affronter des Mangemorts. Si tu es là elle ne partira pas.
Lupin avait été très persuasif et Harry accepta.
– Et surtout ne parlez pas de ce qui s’est passé à Poudlard. Il est inutile de répandre des fausses rumeurs qui vont semer la panique inutilement. Vos camarades apprendront ce qui s’est passé en temps et en heure.
De retour à Poudlard, personne semblait ne se soucier de ce qui s’était passé au Ministère. Dans la salle commune des Gryffondor, certains parlaient à propos des explosions qu’ils avaient entendues et comme d’habitude, les rumeurs les plus folles s’étaient répandues.
– J’ai entendu les Serpentard dire que c’était une attaque de trolls…
– Neville, tu ne vas pas dire que tu les crois, quand même ? C’était pour se moquer ! répondit Ben.
– Mais non, ils ont raison, gloussa Lavande.
– Comment ça ? demanda Ron, intervenant dans la conversation.
– C’est le professeur Trelawney qui l’avait prédit !
Hermione eut une grimace de dégoût qu’elle ne chercha pas à cacher.
– Moi, le professeur Trelawney a prédit que je trouverai l’âme sœur !
Parvati lança un regard en biais à Scot qui ne le remarqua pas, trop absorbé dans un magazine de Quidditch. Il se passa alors la main dans les cheveux au même instant, ce qui fit glousser bruyamment Lavande et Parvati.
– Hum… Ce n’est pas tout mais on a du travail à faire, dit Hermione.
La rumeur de l’Armée de Trolls s’était répandue à une telle vitesse que l’on pouvait penser qu’elle avait traversé les murs. Ainsi tout le monde en parla pendant le repas du soir, en y ajoutant une bonne part d’exagération.
Les professeurs avaient été toujours aussi absents, seul le professeur Fitz était réapparu par rapport au repas de midi, mais il n’était resté qu’une dizaine de minutes, et n’avait fait aucune annonce concernant la situation au Ministère.
Harry passa la soirée à culpabiliser, il se demandait ce qui se passait en ce moment-même au Ministère. Peut-être que la situation s’était aggravée et qu’il y avait besoin d’aide.
C’est donc en pensant à tout cela qu’il fit son devoir sur les utilisations du Charme de Parkinson dans les potions de soin, et cela s’en ressentit lorsqu’il fit sa relecture : il y débusqua de nombreuses erreurs d’inattention.
Finalement, au moment où il voulait aller se coucher, aux alentours de minuit, Abelforth l’appela à l’aide du Gallion et Harry s’y rendit seul avec Dobby et Fumseck, espérant qu’Abelforth ait des nouvelles du Ministère.
– Bonsoir Harry, je sais bien que ce n’est pas une heure habituelle pour s’entraîner, mais ce sera aussi l’occasion de te donner quelques nouvelles…
– Du Ministère ?
– Oui…
– Vous êtes au courant ? Rogue vous a dit ? pressa Harry.
– Oui, Severus m’a d’ailleurs dit que tu as très bien réagi face à lui, mais malheureusement, ce n’était pas vraiment le problème… Shiner s’y est pris intelligemment, on doit l’avouer, et même Severus qui était plus au courant que nous de son plan ne s’était pas attendu à ce qu’il utilise une telle méthode. Nous attendons donc le verdict du Magenmagot.
– Et Rogue et Jigger, quand ils se sont enfermés dans le bureau de Fudge, qu’est-ce qu’ils ont fait ?
– Ils ont dérobé des dossiers importants pour Voldemort et ont placé des enchantements pour en bloquer l’accès en attendant que Joe devienne Ministère. Bien sûr, c’est une catastrophe.
Harry fut un peu choqué qu’Abelforth semble prendre cela sur un ton si léger, même s’il avait compris la gravité de la situation.
– Quoi qu’il en soit, quand Joe sera nommé Ministre, il faudra qu’avec l’Ordre du Phénix et vos alliés au Ministère, vous vous opposiez au maximum à lui.
– Vous pensez qu’il sera nommé ?
– Je pense que oui, répondit Abelforth. Mais même si ce n’est pas le cas, c’est toujours bien d’avoir envisagé les pires cas pour y être préparés car cela pourra se produire plus tard si l’échéance est repoussée.
L’entraînement ne fut pas très long, Harry ne s’entraîna qu’à augmenter la puissance de son enchantement de Déchaînement de l’Ire. Il arrivait maintenant très bien à concentrer de la colère, mais il y avait toujours beaucoup de pertes quand il la relâchait, ce qui faisait qu’elle n’était pas vraiment puissante.
Mais Abelforth avait semblait très satisfait, et Harry alla se coucher content de ses progrès : dans peu de temps, il maîtriserait parfaitement cet enchantement si compliqué.
Il prit bien soin de vider son esprit avant d’aller dormir pour ne pas se torturer à propos du verdict qu’allait rendre le Magenmagot.
Ce verdict, il fut rendu dans la nuit, et les élèves de Poudlard le découvrirent le matin. La Gazette du Sorcier du jour affichait une photo de Joe Jigger avec un grand sourire sur toute sa première page, avec le gros titre « ENFIN ! ».
Les réactions des élèves avaient été très contrastées, les J.M.P. affichèrent évidemment leur joie d’une manière un peu trop bruyante. Cependant, les professeurs étaient tellement absorbés dans leurs discussions, avec un air catastrophé, pour se rendre compte de ce qui se passait sous leurs yeux.
Beaucoup d’élèves étaient contents du départ de Fudge, tous en avaient gardé une très mauvaise image, malgré son changement d’attitude soudain des derniers jours. Ils ne se rendaient pas vraiment compte de ce que cela impliquait : le Ministère était maintenant sous les commandes de Voldemort.
Ceux qui l’avaient compris, eux, n’étaient pas aussi nombreux qu’Harry l’aurait espéré ; ils se repéraient à leur tête d’enterrement.
Les professeurs avaient fait tout leur possible pour faire leurs cours comme si rien ne c’était passé, mais leur tracas se lisait sur leur visage.
Le cours de Réactions face à une situation périlleuse que les septième année devaient avoir ce matin-là avait finalement été assuré par Hagrid et le professeur Chourave, en remplacement de Maugrey qui avait encore été absent.
Hagrid avait un peu les larmes aux yeux, et le professeur Chourave avait passé le cours entier à essayer de le consoler, sous les rires des J.M.P.. Apparemment, Hagrid pensait qu’il aurait à quitter Poudlard si Rogue venait.
Le manque d’assurance des professeurs eux-même n’avait évidemment pas rassuré les élèves qui avaient été très distraits, de nombreuses fois, ils avaient laissé s’échapper les tarentules géantes desquelles ils devaient extraire le venin sans que leurs professeurs ne réagissent.
Ron, lui, était allé se cacher dans une salle voisine et n’était finalement pas revenu avant la fin du cours, profitant de l’inattention des professeurs.
Hormis la récolte du venin des tarentules, ils avaient étudié une nouvelle plante magique très dangereuse, la Vulnérable qui était une plante avec une unique fleur bleue qui envoyait dans l’air un poison mortel dès qu’elle était en danger.
Il fallait utiliser un sortilège de Respirair dont la formule était purificatus respiram afin que le poison n’ai plus d’effet. Pendant la fin du cour, ils avaient récupéré ce poison pour le professeur Slughorn.
– Pour la prochaine fois, vous ferez un essai de quatre-vingt centimètres sur les Champignons Hallucinogènes, s’il y a une prochaine fois.
Tout le monde avait noté ce dérapage du professeur Chourave, qui avait été son premier depuis le début du cours.
Ils retrouvèrent Ron à midi, qui était allé voir Fred et George. Les jumeaux étaient venus faire un tour pour voir leur mère Molly.
– Ron, non mais tu te rends compte ! s’exclama Hermione. Tu aurais pu être exclu si les professeurs s’en étaient rendus compte…
– Hermione, tais-toi, dit Harry alors que le professeur Chourave passait à côté d’eux.
A la fin du repas, le professeur Fitz fit une annonce que tout le monde attendait.
– Bonjour, vous êtes au courant de ce qui s’est passé cette nuit au Ministère, Fudge a été remplacé par Joe Jigger. Je ne vais pas m’attarder sur les circonstances de ce changement car nous ne pourrons rien faire contre, sachez seulement qu’il s’agit d’un coup d’état orchestré par Voldemort. Les conséquences sont catastrophiques, Voldemort a maintenant le contrôle du Ministère, par le biais de Joe Jigger qui lui est fidèle. Cela se traduira à Poudlard par un changement de la plus haute importance…
Les élèves buvaient les paroles du professeur Fitz avec gravité. Seuls les J.M.P. avaient un air totalement excité.
– Severus Rogue sera de retour à Poudlard dès demain, samedi. Il entrera en fonction en temps que Directeur de l’école. Cela ne doit pas vous faire croire qu’il est innocent, c’est bel et bien le meurtrier d’Albus Dumbledore, mais le Ministère ne veut pas l’entendre, ou du moins le cache avec de faux témoignages honteux. Nous aurons du mal à lutter contre cela, aussi, je préfère vous prévenir. De nombreux professeurs seront renvoyés, voir arrêtés dans le pire des cas, et seront remplacés par des Mangemorts. Nous pensons que vous ne devez pas quitter Poudlard pour autant, mais il vous faut rester unis, lutter contre cette nouvelle direction qui vous sera imposée. Ce n’est que comme ça que nous aurons une chance de la renverser.
Les cours sont annulés cet après-midi car les professeurs vont se réunir pour prendre les mesures qui s’imposent. Nous vous tiendrons au courant ce soir en vous expliquant les mesures qu’il faudra prendre, et vous pourrez nous poser vos questions.
Sachez que bien sûr nous avons une chance de nous opposer à l’arrivée de Severus Rogue à Poudlard grâce aux Aurors qui nous sont restés fidèles, mais celle-ci est très faible. Nous vous souhaitons une bonne après-midi, profitez-en pour vous aérer et pour vous distraire.
Les visages n’avaient jamais été aussi graves parmi les professeurs et les élèves semblaient avoir compris enfin les conséquences de la nomination de Joe Jigger en tant que Ministre de la Magie. Harry entendit certains dire qu’ils ne reviendraient plus à Poudlard.
– Il faut réunir l’A.D., dit Harry.
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